dimanche 17 octobre 2021

Ronin



 Autant d'entrées sur l'une des mes idoles majeures, et aucune sur Ronin!!!

Vite, corrigeons cela

Mais d'abord, pourquoi?

Je ne suis pas fana de manga, de combats de samurais...donc le thème ne me parlait pas plus que ça

Ensuite, et surtout, je l'ai découvert après DKR qui m'a mis une telle claque que celle ci est bien moindre, alors que si je l'avais lu à sa sortie, il y aurait eu "palier dans la claque"

Enfin, j'ai cette compil là qui n'est peut être pas la meilleure et qui n'a pas de couv exclusive, réutilisant une page intérieure, ce qui me chagrine (Miller était en froid avec DC lors de cette compil)


L'histoire n'est pas du tout le boulot de Miller que je préfère, mais il faudrait que je la relise

J'ai voulu évoquer ce titre en voyant des com récentes...



et surtout en voyant des vidéos de cet énorme artifact edition, que je ne peux pas m'acheter (cheeeer) mais qui m'a fait baver


Graphiquement c'est monstrueux

Miller sort de son run DD et veut montrer qu'il n'a pas besoin de Klaus Janson pour briller + il est sous influence manga (Lone Wolf and Cub), européenne (Munoz, Moebius) + il a des choses à sortir, il est sous le feu des projo mais n' a pas encore atteint la stratosphère avec DKR, il obtient le droit d'avoir un prestige format avec une repro de grande qualité...et carte blanche

Les étoiles sont alignées et il fait tout péter

Le travail de Varley m'a tellement scotché sur DKR que je fus déçu, découvrant quelque chose de plus tradi, plus en aplat, alors qu'à revoir c'est très intéressant

Voici la première séquence (vf pour la page 1) avec quelques comparaisons du n et b 














allez, encore une



Il y a absolument de tout dans l'encrage de Miller au fil de ces 6 comics : de la folie à la Darrow, du pointillisme, de l'encrage "à l'arrache" à la plume sans volume (tel qu'il en fera sur DKR, réencrant des planches après Janson), du pinceau, de la trame, du duo shade, des aplats, des pages sans noir comme il fera sur Elektra Lives Again...de tout



Cette double page m'avait marqué


me renvoyant directement à l'ambiance, deux ans plus tôt, de ce Daredevil, dans les bas fonds à la recherche de Vanessa Fisk 


Ces scans viennent d'une version digitale bien trop pétante, pour lesquelles la colo de Klaus Janson n'est pas faite mais on voit quand même la qualité de son boulot (notez le color hold avec l'ombre de DD sans trait avec comparaison n et b)






Pour revenir à Ronin, en voici l'influence majeure (Miller en a fait les couv de rééditions/trad us)



Terminons avec des couv us, superbes, de Ronin, avec des citations de personnalités pour le moins ...postives!





Maintenant, si vous avez chez vous cette énorme édition fac similé, et qu'elle prend la poussière, mon anniv est dans moins d'un mois : )

22 commentaires:

  1. Effectivement, le drame, pour nous autres français, est d'avoir découvert cette MS à l'époque trop tardivement...
    Ronin a toujours eu un petit goût d'inaperçu (il y a quelques années encore, il suffisait de questionner les lecteurs de Miller pour voir qu'un grand nombre ne connaissaient pas l'existence de cette oeuvre).
    Du coup, c'est très bien d'en parler et d'en montrer les qualités.

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  2. Druillet !
    Il faut aussi citer Druillet dans les influences de Miller période Ronin.
    Je pense à l'album "LA NUIT". Son chef-d'œuvre sans doute.

    Il me fait l'effet d'un auteur à l'œuvre injustement snobée, par rapport à Mœbius, sans doute par le caractère "brut", brouillon, anarcho-punk.

    Druillet, c'est un cri dans la nuit. Un coup de poing.

    Mœbius, c'est un rêve infini et multiforme. Plus facile à commenter.

    Quand j'ai lu Ronin pour la première fois, c'était en 2018, en Irlande, dans un camping où la lumière du jour en été me réveillait à 5h.

    J'ai pensé à Brazil (le thème du Samouraï géant - réel ou fiction ? - qui intervient dans une société du futur qui étouffe l'individu jusqu'à la briser.

    J'ai aussi beaucoup pensé à Matrix. Les niveaux de réalité, les arts-martiaux, la Matrice... tout y est.

    Pas étonnant qu'ils aient cherché Geof Darrow pour les designs, lui dont la filiation avec Métal Hurlant et Mœbius est notoire, comme elle l'est avec Frank Miller à l'époque.

    Après, nous sommes français, et voyons midi à notre porte.

    Exemple avec le Alien de Ridley Scott : En France, on dit que c'est Mœbius qui a signé les costumes. En Angleterre, on rappelle que c'est Chris Foss qui a designé les vaisseaux, l'intérieur et extérieur. En Autriche,c'est Giger qui est célébré pour la créature et son univers (œufs, planète, etc.). Enfin, aux États-Unis, c'est Ron Cobb (Retour vers le Futur, Conan, Alien, Star Wars) qui ressort.

    Au final, c'est bien Ridley Scott qui (avant de réitérer avec Syd Mead pour Blade Runner) réunit ces talents sous son nom à lui.


    Ronin, c'est la même chose à mes yeux : du Japon, de l'Europe, des États-Unis (K. Dick !) qui est réuni ici.

    On ne crée jamais à partir de rien.
    C'est de la diversité des sources que naît un résultat intéressant.

    Vive la créolisation !

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  3. L'influence évidente, que j'ai oublié de noter, de Druillet, est, avec l'aspect central japonisant, ce qui m'a aussi tenu éloigné de Ronin en son temps
    je suis tellement, mais alors tellement hermétique à tout ce qu'il dessine que même une influence perceptible chez un autre auteur me pousse de côté

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  4. Alors moi, c'est une vidéo récente de Riad Sattouf (genre balade en librairie BD à la Vincent Josse sur France Inter) qui m'a aidé à (re)percevoir Druillet comme quelqu'un d'important.

    À défaut d'être réellement client de ce qu'il fait (j'avoue aussi !), je vois son importance, et sa singularité dans le panorama mondial de la BD.

    Bref.

    Entrée copieuse, que celle de ce jour, en tout cas !

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  5. Pour expliquer la couleur très "tradi" de Lynn Varley, je pense qu'il faut tenir compte de la date (82-83) et du fait que la technique a beaucoup évolué de la fin des années 70 jusqu'à l'arrivée de Photoshop début 90s. DK Returns a été mis en couleur en 86, et cela ressemble sur certaines splash pages aux boulots que Steve Oliff ou Richard Ory faisaient à la même époque (1987-1990, couleur composite avec aérographe, craies etc.)

    Je ne suis pas un pro de la colo, mais je suppose que la technique a brusquement progressé entre la première et la seconde moitié des années 80(sans doute la démocratisation d'une reproduction photo plus avancée ?)

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  6. l'importance, majeure, de Druillet, j'en suis persuadé depuis très longtemps, au moins depuis que je l'ai rencontré et "côtoyé" qques jours sur un festival (en...99 je crois), et vu à la fois ses originaux, ses sculptures...et en + le gars est terriblement charmant et charmeur quand il le veut
    C'est vraiment son dessin qui me rebute, quoi qu'il fasse
    C'est comme ça

    Reuben l'explication se tient, même si entre la fin de Ronin et le début de DKR je ne sais pas si l'évolution technique seule explique car il y a un gouffre en 2 ans, mais il y avait forcément des limitations

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  7. >"Il me fait l'effet d'un auteur à l'œuvre injustement snobée, par rapport à Mœbius, sans doute par le caractère "brut", brouillon, anarcho-punk."


    Laurent, je suis d'accord avec le caractère "brut", mais quand tu dis "brouillon, anarcho-punk", cela me fait me questionner...
    J'ai lu sur le tard "Les 6 Voyages de Lone Sloane" et quelques autres bouts de son oeuvre. C'est bien sûr "daté" (je voudrais enlever le côté péjoratif de ce mot, mais ne trouve pas le bon synonyme...) dans la style et le propos, j'ai l'impression que ce qu'il faisait à cette époque n'était pas aussi bordélique que çà (je trouve certaines américains alternatifs de l'époque beaucoup plus bordéliques) mais peut-être que j'ai une vision totalement faussée... Quels albums / quelle époque du coup pour voir cette tendance là ?

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  8. Ronin fut pour moi un choc même supérieur à celui de DKR.
    Ca faisait déjà quelques années que je ne m'intéressai plus aux comics, je consommais exclusivement de la BD franco-belge, lorsque je suis tombé quasi simultanément sur Ronin, DKR et Elektra Assassin.
    Et celui qui m'a le plus impressionné a été Ronin, surement parce qu'il y avait justement plein d'emprunts à la BD européenne.
    Quelles audaces graphiques ! Le style de FM évoluait très rapidement d'un épisode à l'autre. A croire qu'il a dû le dessiner sur bien plus qu'une ou deux années.
    J'ai en tête cette fabuleuse double page presqu'intégralement noire.
    C'est là aussi qu'est apparu pour la première fois (enfin, je crois), son fameux gaufrier à 16 cases, qu'il a largement utilisé sur DKR.
    Je citerait également Hugo Pratt comme influence pour ses encrages à la plume avec des aplats noirs.
    https://i0.wp.com/www.wartmag.com/wp-content/uploads/2009/10/7-Frank_Miller_Ronin_4.jpg?w=700&ssl=1

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  9. découvert dans l'ordre le choc doit être supérieur oui
    Moi, le lisant après DKR je me suis juste dit "ah, ca vient de là, c'était donc bien en gestation"
    ca ça aussi l'intérêt de vraiment suivre un auteur sur la durée, c'est voir son parcours, ses évolution, son chemin...Avec Miller on est servis, c'est rien de le dire

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  10. @ Anonyme :

    Je pense à la période Métal et Rock and Folk (milieu des années 1970), post Lone Sloane/Pilote, donc.

    Au milieu de l'album La Nuit, sa femme est morte. On voit précisément la double-page où, au premier tiers de l'album, de mémoire, sa photo apparaît, et dans les suivantes, parmi le maelstrom de corps, de violence, comme un autel de douleur... de Druillet à sa femme.

    Stupéfiant ! Unique !

    Quant au côté anarcho-punk, de celui qui a sans doute préfiguré Dredd, car les deux camps qui se font face (des rebelles motards en cuir/jean contre une armée policière escadron de la mort fasciste - rien que ça), le mot d'ordre est "À mort la police - et l'État policier qu'elle représente.

    En préambule de l'album, Druillet crie sa haine pour les blouses blanches (docteurs, hôpitaux, etc.) qui lui ont (selon lui) pros sa femme.

    Autnat, je vois la période Lone Sloane comme un clip de rock progressif qui glisse vers le métal... autant je vois "La Nuit" comme un passage au Punk (fait entre 1975 et 1976).


    (Désolé, Phil, c'est total hors sujet avec Ronin, j'essaie de répondre à la question !)

    =;^)

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  11. >"(Désolé, Phil, c'est total hors sujet avec Ronin, j'essaie de répondre à la question !)"

    Et c'est très bien répondu ! Merci Laurent pour l'éclairage ! :-)

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  12. >"Même Simonson ?"

    Bien vu, Lionel.
    Je pensais justement au moins à son "Alien - The illustrated story" (1979), c'est la porte à côté.

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  13. l'essentiel est d'échanger avec passion alors ça me va très bien
    je suis d'accord avec Lionel, Druillet a réussi à passer sur plein de supports, probablement plus que Moebius, mais en effet le petit cercle de la bd lui en a certainement voulu
    Moi c'est presqu'à moi que j'en ai voulu, connaissanct tout ce que Laurent évoque sur La Nuit et sa génèse...voulu d'avoir peut être encore moins aimé que le reste de sa prod que déjà je n'aimais pas
    Il y a définivement un style Druillet qui me rebute davantage encore quee lestyle Bilal :)
    Quant à l'influence sur Simonson, disons que celle de Toppi l'emporte et me le rend plus accessible, mais je ne suivrais jamais tout ce que fait ou a fait Simonson (et Alien étant ce que j'aime le moins de Simonson, je suis cohérent :)

    La différence majeure en terme de but, entre Ronin etDKR est qu'en effet il reculait, testait, DES frontières, sur Ronin alors qu'avec DKR il a pris UN genre, et l'a complètement revisité

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  14. Druillet a vraiment un truc génial. Et il a modifié la BD.
    Il y a un avant et un après, sauf qu'il a influencé des gens plus forts que lui techniquement et qui eux aussi avaient un univers fort, à savoir Moeb et Bilal. Bref il s' est un peu fait vampiriser.
    Mais les 6 Voyages de Lone Sloane, ça reste une pierre posée là.
    Goscinny l'avait senti et l'a publié malgré toutes les faiblesses techniques.
    "Urm le Fou et La nuit" sont aussi "un sacré truc". Du Blain ou du Sfar avant l'heure sur certaines séquences.
    Pour Ronin, c' est particulier.
    Cette histoire est quand même trop longue, je trouve. Mais par contre c' est là qu'il ouvre vraiment les vannes et rien que pour ça.

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  15. Voilà rajoute une couche :) J'ai lu cette histoire de Goscinny le publiant malgré tout, malgré le fait qu'il n'accrochait pas, en fait non je ne l'ai pas lu, je l'ai entendu le dire, Druillet (un conteur génial, en face à face ou à la tv) mais voilà, c'est impossible pour moi

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  16. Concernant la remarque de Franck, je suis d'accord avec lui, c'est vrai que l'histoire de Ronin est trop longue, mais il devait naviguer à vue. Ca lui aura permis d'explorer pleins de pistes qu'il va réutiliser en partie plus tard. Quand même merci à DC de lui avoir laissé carte blanche.
    Sino, le truc de Druillet qui m'a vraiment marqué, un petit truc presque minimaliste et loin de Lone Sloane ou de La Nuit, c'est Vuzz. J'ai lu ça dans Phenix à l'époque.
    https://tst.fo.zoolemag.com/album-bd/vuzz/221958-l-integrale/critiques/presse

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  17. >"Alien étant ce que j'aime le moins de Simonson"

    As-tu lu son passage sur Avengers il y a 10 ans ("A vs X") ?
    C'est du #25 au #30 sur la V4.
    Pour moi, c'est un travail de commande dans lequel il ne s'est pas énormément investi et cela se voit. On pourrait me rétorquer que l'encrage est signé Hanna, mais c'est un peu facile... Pour moi, c'est son pire travail, n'ayant pas l'excuse de la jeunesse si on veut considérer certains de ses travaux pour Marvel dans les années 70. Même certains de ses travaux du milieu des années 90 (je pense à ceux Image et Malibu) me semblent meilleurs.

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  18. ah mais je parle du Simonson d'avant oui, car ce que tu évoques est clairement du cachetonnage, et ne parlons même pas de son X Factor récent

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  19. Oui, il cachetonne beaucoup en ce moment hélas, au détriment de sa série, et je ne parle même pas des "commissions COVID" qu'il termine...

    Pour X-Factor, il est dommage que Bob Wiacek n'ait pas pu être de la partie, car on aurait eu matière, alors, à réelle comparaison avec le run des années 80... Remis dans le contexte de l'histoire de l'époque, je juge toutefois ces deux numéros un peu moins sévèrement que les 6 numéros d'Avengers. Mais ce n'est pas du grand Simonson quand même, on est un peu d'accord.

    Certains de ses travaux de commande peuvent être néanmoins de très bonne facture, comme ce qu'il a fait sur l'histoire courte du "New Gods special" il y a quelques temps.
    Vu la tête du monstre, je ne suis pas trop hors sujet par rapport à Druillet & co ! ;-)
    https://pbs.twimg.com/media/DEzLEviXoAACzER.jpg

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  20. ah oui c'est clair, on est bien là dans le taff d'un enfant de Druillet et de Toppi!!!

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  21. >"Ragnarok ?"
    Oui.
    Ma propre crainte est qu'il termine jamais cette saga du coup, mais je suis sans doute trop pessimiste quand l'âge des artistes entre en jeu (cf "Monsters"...)

    >"Une partie du secret de leur talent, ne résiderait il pas dans le fait d'être ouvert aux autres cultures?"
    De mon côté : j'y crois volontiers !

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