Loué soit cet excellent auteur qu'est Bruno Duhamel. voici sur quoi je tombe, de lui. C'est tellement vrai!!! L'art du lettrage mériterait un blog entier. C'est tellement important, et tellement sous évalué aujourd'hui. En bonne résolution 2014 j'essaierai d'en parler de temps en temps. Si j'ose une généralité disons que globalement sur ce point les ricains sont un peu plus avancés que les autres, prêtant une attention particulière à cet aspect du dessin depuis plus longtemps (attention il y a plein d'exception dont le plus grand, Franquin)
Combien de planches gâchées par un lettrage inadapté, impersonnel. Je ne dis pas "informatique" car il y en a de bons (si on sait les utiliser) même si bien sur rien ne vaut un lettrage manuel de haute tenue (ah, Remy Bordelet et son lettrage au pinceau...)
Bref, nous en reparlerons de cette bande son qu'est le lettrage, mais jetons quand même un oeil à des maitres qui savaient créer une atmosphère sonore rien qu'en jouant sur les lettres (Eisner, Kubert et Toth pour n'en citer que 3)
et comme d'habitude, de fort jolies choses à voir sur le (tout jeune) blog dédié au travail de Ciro Tota, là
Classe que tout ça !
RépondreSupprimerTu oublies un géant en la matière : Wally Wood !
Jette un oeil sur ses fameux Sound Effects : http://www.forbiddenplanet.co.uk/blog/2013/art-wally-woods-sound-effects-and-much-more/
Sinon, Crumb ou Shelton ont aussi élevé ce domaine au niveau de tes exemples, tout comme Watterson (même si plus discrètement).
Vous avez peut-être entendu cette info très récente : une bonne vingtaine d'Etats d'Amérique n'enseigneront désormais plus l'écriture cursive (l'écriture à la main)!
En bon pragmatiques, il ont en effet conclu que l'écran et le clavier étant partout, écrire à la main devient inutile.
Bien sûr que la typo est du dessin ! C'est de la personnalité, même ! Qui d'entre vous conservera, ou imprimera de vieux mails pour mémoire, comme on garde des lettres ?
Et dire que je dois taper ce plaidoyer avec une vilaine police impersonnelle...
chouette je ne connaissais pas cet exemple de Wood;
RépondreSupprimerJ'ai juste mis mes chouchous parce que des grands du dessin qui sont aussi des grands du lettrage, ils sont légion
Moi je me souviens avoir imprimé des mails, si si, mais c'était vraiment les tout débuts du net! Tu as entièrement raison
Jean Giraud/Moebius avait demandé de faire lui-même son lettrage de bulle lors de son passage sur le personnage du Surfer d'Argent.C'était pour lui une évidence et, il ne voulait laisser personne "désorienter" son dessin avec une autre patte qui intervienne sur l'aspect visuel de ses planches.Le plaidoyer en ce sens,célèbre, qu'il avait fait à l'époque avait marqué beaucoup d' esprits qui toujours s'en réclament.C'est un des gros apports qu'il aura fait au monde des comics.
RépondreSupprimerIl regrettait surtout que, l'anglais n'étant pas sa langue maternelle,le lettrage, moins spontané ,n'avait pas la fluidité voulue.
et encore nous parlons là essentiellement du lettrage en tant que typo "dans les bulles", mais que dire du placement même de ces bulles, confié à une tierce personne (le lettreur) donc parfois effectué contre toute logique
RépondreSupprimerAu moins quand le lettrage était fait sur la planche il intervenait souvent avant l'encrage donc c'était un peu "récupérable" mais maintenant que c'est fait sur info, après encrage...
je ne parle là que de la prod comics
Très belle entrée, le lettrage semble effectivement bien sou-estimé.
RépondreSupprimerMerci pour cette bonne idée.
On peut écrire comme un porc et dessiner correctement. Mou je dis merci l'ordi. Après faut essayer de la choisir en accord avec le dessin. Le m. duhamel, il la fait comment sa colo, à la main, à la gouache ? ;-)
RépondreSupprimeron est bien d'accord, c'est pour cela que je dis que l'outil importe moins que la main qui l'utilise (même si je reste sur ma préférence manuelle :-)
RépondreSupprimerPour Bruno, I don't know, je vais le lui demander
Aucun rapport avec la choucroute, si on y réfléchit bien. Je ne suis pas (encore) un vieux con réactionnaire. Il ne s'agit pas d'un problème vis-à-vis de l'outil informatique (j'aurais le même reproche face à une typographie réalisée avec une vieille machine à écrire), il s'agit d'un problème vis-à-vis d'une technique qui exclut la main de l'homme.
RépondreSupprimerLa couleur à l'ordi ne pose pas du tout le même problème :
- D'une part, pour une mise en couleurs en aplats, la couleur manuelle ne présente aucun intérêt par rapport à l'informatique, puisqu'il s'agit d'une colorisation qui n'inclut ni vibration, ni texture, ni "touché" particulier,
- D'autre part, pour une mise en couleur plus "sensible", l'outil
informatique est aujourd'hui parfaitement capable non pas de reproduire totalement des effets naturels, mais de créer des effets spécifiques MAIS sensibles. La preuve en est qu'il est tout à fait possible d'obtenir des "accidents" avec une mise en couleur informatique. Ce n'est pas pour rien qu'on la réalise avec un Stylet et non avec la souris ou le clavier : c'est un outil gestuel, au même titre que le pinceau. Et même si les accidents ne sont pas exactement de même nature qu'avec les outils traditionnels, ils existent.
Il suffit d'aller voir ce site, entre autres, pour s'en convaincre :
http://www.goodbrush.com/
Ce n'est pas le cas d'une typographie, qu'elle soit mécanique ou informatique.
Pas de déformation possible, pas de vibration, pas d'accident, la typo informatique (au clavier) n'autorise, à l'heure actuelle, aucune variation humaine, tout simplement parce que le geste est exclu de la chaîne. Elle n'a aucun contact avec la main, et donc aucune harmonie sensible avec le dessin, sauf cas exceptionnel, à savoir, par exemple, un dessin qui se veut lui-même mécanique, là, éventuellement, ça peut coller. Ou alors pour faire parler un robot, ou une machine, parce que là, l'aspect impersonnel est justifié, il a un sens.
Par contre, je peux très bien avoir un LETTRAGE manuel avec l'ordinateur : il me suffit d'écrire au stylet, sur tablette graphique. Dans ce cas, il s'agit de dessiner les lettres, au même titre qu'un lettrage réalisé au pinceau. L'outil est différent, le support aussi, mais dans les deux cas c'est la main qui intervient.
Le clavier, quel qu’il soit, ne permet pas ça, du moins à l'heure actuelle.
Après, chacun fait ce qu'il veut, et ce dessin se voulait avant tout rigolo. Mais personnellement, je n'ai jamais eu devant les yeux d'exemple convaincant de typographie mécanique ou informatique.
merci pour ton éclairage rapide ET étayé Bruno
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec Artemus Dada : on peut être un illustrateur à succès et avoir une écriture lamentable et faire 3 fautes par mot (bonjour le temps de correction !) (je ne donnerai pas de nom ! :)).
RépondreSupprimerJe suis lettreur pour un éditeur bien connu. Il est évident qu'un texte manuscrit bien enlevé sera toujours plus expressif mais pas toujours bien placé ou avec les bonnes coupures. Lettreur c'est quand même un boulot qu'on peut éxécuter avec goût et savoir-faire. Il m'arrive de passer trois plombes (j'exagère) sur un mot pour le déformer, faire mon possible pour qu'il soit expressif, lui donner vie.
La typo est importante aussi, certaines ont un rendu plus ou moins mécanique, à adapter au dessin et à l'histoire. Hergé ou Edgar P. Jacobs n'étaient pas très expressifs sur la typo, l'essentiel est dans la facilité de lecture. Il existe aussi des typos comportant plusieurs glyphes (2, 3, 4) pour chaque lettre, ces glyphes arrivent aléatoirement et on peut en changer si ça ne convient pas. Ça donne un aspect plus vivant au texte… mais ces typos sont très longues à fabriquer correctement, et c'est souvent le prix qui rebute l'éditeur ou l'illustrateur.
Quid également des albums traduits ? Est-ce que l'illustrateur doit de taper les bulles en 5 langues ? Il me semble que dans ce cas une fonte basée sur son écriture est la bienvenue. Je passe rapidement sur les mangas traduits en français dont il faut redessiner ces satanées bulles verticales et compléter le dessin…
Il y a quelques dizaines d'années, des studios étaient spécialisés dans le lettrage, réalisé à la main, mais déjà certains auteurs faisaient confiance à ces studios. Il en est de même aujourd'hui, mais les outils ont changé malheureusement.
Merci pour ce commentaire, et ravi d'entendre/lire un lettreur
RépondreSupprimerLe lettrage est le parent pauvre de la prod d'une planche, et c'est bien dommage car cet art est essentiel
Eisner découpait ses pages en "bonhommes patates" et COMMENCAIT par le lettrage; Idem pour Joe Kubert
Côté Fonte il me semble que Delcourt avait, il y a pas mal d'années, digitalisé le lettrage de R Bordelet, je ne sais pas si c'est toujours utilisé mais l'idée est bonne