Je n'apprécie pas, et n'ai jamais apprécié, le travail de Jim Starlin. Jamais. Ni en tant que scénariste (bien trop cosmique pour moi) ni en tant que dessinateur. Cela ne m'empêche pas de montrer ce que Marvel considérait (fin des 70/ début 80) comme du crayonné non fini, mais plus que du rough/découpage. Il s'agit à l'évidence d'un crayonné un peu poussé, mais sans aucune indication d'ombre/noirs. Un petit côté Byrne débutant je trouve (surtout la case 1)
Mcleod se charge, fidèlement, de l'encrage (il se contente de changer des détails et de s'amuser, joliment, avec les textures de Spidey en case 3)
Je préfère, et de loin, le travail de Gil Kane, qui est pourtant assez loin de mes auteurs favoris. Il s'agit ici de rough/découpages, mais ils sont, à mon avis, bien plus intéressants et paradoxalement plus complets, que les crayonnés de Starlin. C'est à l'encreur (ici Klaus Janson) de finir les détails, de choisir la source de lumière et de poser les ombres. Ca fonctionne bougrement bien
Pour finir, un retour au crayonné entre deux eaux, à mi chemin entre le découpage et le crayonné fini : Zeck encré par McLeod. Sur l'un de mes 1ers comics vo. Là encore ça fonctionne très bien
"Je n'apprécie pas, et n'ai jamais apprécié, le travail de Jim Starlin. Jamais"
RépondreSupprimerTu ne connais probablement pas tout, un peu jeune peut-être?
Dans les années 70, sur Warlock il à quand même fourni un travail exceptionnel. "The Magus Saga" reste encore, pour moi à ce jour, la plus belle réussite de la maison Marvel.
Le scénario était incroyablement intelligent pour l’époque. C’était profond, cela amenait à la réflexion (la religion, le fanatisme, le sacrifice..). Cela changeait radicalement des scénarios naïfs de tous les comics dont on était abreuvés.
C’est aussi au cours du Run de Warlock que Starlin met en place les fondations de l’univers cosmique Marvel. Tous les auteurs contemporains vont encore y puiser.
Je te conseille vraiment The Magus Saga pour que tu puisses juger objectivement du travail de Starlin. Sur cette histoire il a quasiment tout fait tout seul Scénario / Dessin / Encrage. Simplement aidé par Stephen Lelaloha sur la fin.
Graphiquement c’est superbe les dessins sont fouillés, les décors immersifs et dépaysants, le bestiaire cosmique bien imaginé. Le découpage est aussi très novateur dans la lignée d’un Stéranko ou un Adams.
Je possède la version de cette saga en noir et blanc / VF dans Etranges Aventures, la VO couleurs dans Marvel Masterworks Warlock volume 2 et je ne peux que m’incliner devant autant de talent.
ah, me faire traiter de jeune, ça c'est bien : -)
RépondreSupprimerNon en fait ma phrase est assez résumée mais je persiste, même sans avoir tout lu (du tout). J'insiste sur le fait que je ne remets pas en cause le talent du gars, mais j'ai HORREUR des comics cosmiques (et quelque chose me dit qu'un Laurent L viendra à ma rescousse). Warlock m'ennuyait, Thanos idem, les sagas des vengeurs dans l'espace me tombent des bras...tout juste ai je pu finir le récit de Starlin/ Perez sur le gant cosmique car à l'époque je trouvais la minutie de Perez assez fascinante. Seules les histoires un peu "cosmiques" des FF de byrne m'étaient supportables, parce que Byrne
Mais du n et b bien travaillé comme tu le décris, j'apprécierais probablement...mais peu de chances pour le scenar
je suis irrécupérable je crois (ou alors faut s'appeler Eisner et faire L'appel de l'espace)
J'ai le même ressenti que Phil.
RépondreSupprimerCommençons par dire que je n'ai pas lu la saga de Warlock dont tu parles, que je note donc bien que mon avis n'est pas celui d'un vrai connaisseur de l'oeuvre du bonhomme. J'ajoute aussi que j'ai aimé (adoré, même) la Mort de Captain Marvel, parce que cette histoire échappe aux travers de que je crois voir habituellement chez le bonhomme.
J'ai aussi lu pas mal d'histoires courtes de Starlin dans l'Echo des Savandes Spécial USA, ainsi que l'Odyssée de la Métamorphose (feuilleton dans EPIC, qui, par contre, reprennent à fond ces "travers" (et que je vais expliciter après).
Je vois bien que Starlin pour quelques glorieux aînés fans de comics Français (Jean-Marc Lainé à Bajram, Fabrice Neaud, il me semble, et pas mal d'autres encore) Starlin est une sorte d'"Alpha" du cosmique dans les comics, celui par qui tout commence.
Je suis sans doute un peu trop jeunes aussi (37 ans) pour avoir apprécié au premier degré, les grands concepts métaphysiques de Starlin, qui tentent de rejoindre la philosophie, mais je doute que ça suffise à expliquer cet hérmétisme. Je suis trop jeune pour avoir lu (par exemple) les Batman par Adams de la même époque, mais que j'apprécie néanmoins énormément.
Ce n'est pas non plus en soi un rejet des récits "cosmiques", car certaines histoires de ce type fonctionnent pourtant très bien pour moi, quand elles sont faites plus simplement, par d'autres auteurs (Saga Shi'Ar par Smith/Claremont - Avec Tornade qui fait corps et âme avec ces paisibles baleines interstellaires, les FF dans la Zone Négative par Byrne ou Lee/Kirby, Thor, Silver Surfer...) Moins pompeux, moins prétentieux dans le désir - à mon sens absurde - de chercher coûte que coûte à tout enrober (Dieu, la Mort, Akhénaton, etc...).
Les scénars de Starlin m'ont toujours semblé mélanger tous les concepts métaphysiques (Mort, Eternité...) avec une hiérarchie complètement étrange. Et c'est là qu'il me perd, tout simplement parce que ces thèmes ne me fascinent absolument pas, du moins pas dans sa manière.
Ses personnages sont des archétypes, des statues grecques sculpturales, sans rien d'humain auquel me raccrocher. Autant les thèmes que les persos, la manière dont ils sont présentés me donnent vite le tournis, et me tombent des mains... d'ennui !
OK cependant pour les découpages recherchés, dans la lignée Steranko, Adams. Mais le sens dans lequel ils sont utilisés chez Starlin me semble beaucoup plus vain. Dur d'être plus précis dans une réponse mail, alors que j'ai des tonnes d'exemples en tête (Je me souviens du symbole d'éternité agrandi jusqu'à englober l'univers, et devenir la croix égyptienne - "L'Ankh" - dans l'oeil de Dieu qui se balade dans l'espace... Au secours !
Le fait que je me sente profondément athée (mais pas dénué d'aspirations métaphysiques, bien au contraire !) fait que les concepts de Starlin me semblent emplis... (j'ose) de superstition bigote !
Malgré ces fortes réticences (on aura compris) votre mail, cher Surfer, me rend curieux de dépasser ces forts à priori.
je pense pouvoir reprendre, sans vergogne, à mon compte, toutes tes phrases et ça me donne en plus en partie une explication rationnelle à ce désintérêt perso que je n'avais qu'en ressenti. Bravo
RépondreSupprimer@Phil
RépondreSupprimer"ah, me faire traiter de jeune, ça c'est bien"
Je suppose que tu es plus jeune qu’un vieux quadragénaire donneur de leçons ;-)
Plus sérieusement c’est sûr que c’est difficile d’être objectif et d’apprécier Jim Starlin à sa juste valeur quand on est allergique au cosmique. C’est là ou Starlin est le meilleur.
(J’adore aussi l’appel de l’espace d’Eisner : c’est drôle et pourtant cela parle aussi de choses sérieuses)
@Anonyme
"Commençons par dire que je n'ai pas lu la saga de Warlock dont tu parles, que je note donc bien que mon avis n'est pas celui d'un vrai connaisseur de l'oeuvre du bonhomme."
Dommage tu n’as pas lue sa meilleure histoire et je le répète pour mieux le souligner une des meilleures sagas de tout les temps de Marvel.
J’ai aussi lu L’Odyssée de la Métamorphose dans EPIC et effectivement scénaristiquement ce n’est pas ce qu’il a fait de mieux. Par contre l’utilisation du lavis dans ses dessins N/B est particulièrement réussie.
"Je vois bien que Starlin pour quelques glorieux aînés… Starlin est une sorte d'"Alpha" du cosmique"
Que tu le veuilles ou non Starlin est la pierre angulaire du cosmique chez Marvel ou DC et ce n’est pas pour rien si tous les auteurs actuels y font encore référence. Abnett & Lanning entre autres.
Pour les concepts philosophiques dont tu parles il faut avoir lu The Magus Saga sinon on débat dans le vide et notre échange est vain et vide de sens ! Mais je te l’accorde, ce qu’il a fait de plus récent c’est de la phylo de comptoirs. C’est comme pour tous les artistes il y a des jours ou des périodes de la vie où l’on est plus inspiré que d’autres, on ne peut pas pondre des chef- d’œuvre tous les jours. En l’occurrence pour l’écriture de cette saga il était sous le coup du décès de son père et sous l’emprise de substances illicites. Malgré ou grâce à cela il nous livre une œuvre hallucinée puissante et personnelle.
Sinon, je ne comprends pas bien pourquoi le fait que l’on soit athée empêche certaines choses ou altère le raisonnement d’une personne parfaitement constituée.
C’est sûr que si on part de ce principe j’aurai du mal à te faire changer d’avis. Mais tu sais quoi, ce n’est pas mon but.
je pense qu'on est juste dans une "simple" affaire de goût
RépondreSupprimerAnonyme (que je ne dénoncerai pas) pense en effet peut être que certains concepts sont probablement moins difficiles à appréhender lorsque l'on partage certaines convictions de l'auteur, surtout lorsque le sujet, a priori, ne nous parle pas. Mais c'est un (très) vaste débat
Et si un jour je vois l'occasion de lire cette "Magus saga", je n'hésiterai pas
Le petit Philippe de 40 ans : -)
Oui, je reconnais, balancé comme ça, l'argument de l'athéisme est maigre. (Sinon, pourquoi lire Harry Potter si on ne croit pas à la magie, ou regarder Jurassic Park quand on est Sarah Palin "La Terre a 3000 ans"). C'est juste si profondément ancré en moi, que ces thèmes m'éloignent de l'histoire. Je n'y peux rien !
RépondreSupprimerD'où sans doute ma préférence à d'autres auteurs de comics qui ont abordé le cosmique de manière plus proche de la littérature des explorateurs (récits de voyage vers l'inconnu), plutôt que celle des religieux (on ne peut pas dénier que Starlin est un peu obsédé par ces questions).
Je n'arrive tout simplement pas, même le temps d'un comic-book, à m'y immerger.
Ce n'est pas un jugement de valeur, peut-être un à priori, voire une limite de lecteur !
J'entends bien aussi l'argument que je n'ai sans doute pas lu le meilleur de Starlin (qui n'a pas débattu avec des "sceptiques" sur tel ou tel auteur, alors que nous n'avions pas lu/aimé les mêmes choses de lui).
Evidemment, que personne ne changera d'avis. Je suis juste un peu content de formuler à travers ta (belle) lettre d'amour à Starlin... mon propre scepticisme, car j'ai souvent l'impression qu'il est une vache sacrée, voilà tout.
Sincèrement, pour avoir lu régulièrement tes interventions ici-mêmes (devenues trop rares, d'ailleurs), je prends réellement en compte que quelqu'un qui est plus écclectique que moi, ne peux qu'enrichir mes horizons.
J'arrête, je suis trop long :-)
amen (oops)
RépondreSupprimeret c'est justement l'un des intérêts (pour moi au moins en tout cas) de ce blog que de confronter en commentaires des avis pas toujours en harmonie parfaite
Je ne pense pas que le crayonné de Kane soit le définitif...
RépondreSupprimerUn certain Klaus pourrait-il confirmer/infirmer ?
Bise.
Je continue à lire ce formidable blog et à me régaler de vos commentaires et de vos débats.
RépondreSupprimerJ’ai quelques souvenirs de lecture de Starlin, que je n’ai pas pris la peine de relire depuis hélas depuis trop longtemps, n’étant plus vraiment en phase avec ce type d’histoires. Disons qu’à mes yeux, il fait partie de ces auteurs qui conduisent les lecteurs dans une plongée au cœur d’aventures étranges (petit clin d’œil au passage à la revue en question) et qui font que l’on passe de la préconscience à la conscience. De la réalité à une autre réalité. De l’idée de naissance à celle de mort...
Forcément avec de telles idées, on se sent parfois un peu (beaucoup ?) en décalage avec les histoires. Il y avait cependant de bonnes choses aussi dans le découpage ou dans des idées de narration assez inédites, comme par exemple le fait de nous présenter un récit en forme de cadavre exquis où tous les personnages écrivent tour à tour une partie de l'histoire. Mais cette ambiance surréaliste, avec notamment l’utilisation de la thématique du double, dans un traitement assez proche de ce que faisait par exemple Dali, pouvait séduire les uns et laisser totalement froid les autres.
Personnellement j'avais plus de mal à le suivre dans son obsession à nous expliquer qu’il faut arriver à libérer son esprit. Il suffit de compter le nombre de fois où l'on voit ses personnages liés, prisonniers (physiquement ou mentalement) par différentes entraves…
Quelque part avec Starlin tout l’univers est prisonnier. Je me souviens qu'il avait même dessiné Kronos ainsi !
La folie ou la mort, car les personnages en subissent tous les effets directement ou indirectement, revenait aussi assez souvent dans son dessin (visages tordus, surexposés, en décomposition etc)et semblait être à ses yeux la seule façon de se libérer du monde et de ses conventions…
Tout ceci, chez Marvel et pour les jeunes lecteurs que nous étions alors(et de plus sans connaître l'univers personnel de Starlin) était sans doute un poil trop complexe.
Philippe Fadde
Coucou les amis
RépondreSupprimeramusant, j'aime Starlin en gros pour toutes les raisons brandies en repoussoirs un peu plus haut : les concepts métaphysiques, les statues grecques, tout. Je me sens assez athée moi-même (quoique baptisé et ayant vaguement baigné dans le jus… enfin dans mon cas, c'était plutôt le pédiluve que le grand bain), mais justement, cette cosmogonie foutraque me plaît bien (comme celle du Doctor Strange de Ditko, qui a sur moi un charme comparable.
Après, Starlin, j'aime aussi beaucoup le dessin, y compris récemment. J'aime ses personnages tordus, par exemple. J'aime ses Captain Marvel. Je regarde régulièrement son Death of Captain Marvel avec admiration. Mais plus que le dessin lui-même (un dessin appliqué, dissimulant pendant un temps les faiblesses, dans les années 1970, avant de les afficher dans les années 1980 et suivantes), c'est sa narration que j'admire. Ses compositions de pages, sa manière de gérer les verticales ou les horizontales, d'homogénéiser les séquences…
D'une certaine manière, il m'évoque beaucoup Frank Miller, qui tire une force évidente de ses compositions. Il y a beaucoup de parentés graphiques et narratives entre les deux auteurs, qui d'ailleurs ont grenouillé tous deux dans le Upstart Studios qui assemblait au tout début des années 1980 ce que je considère personnellement comme une grosse partie du gratin de l'époque (Simonson ou Chaykin y ont séjourné, entre autres). La présence d'un figurant appelé "Frank" et arborant le visage de Miller, dans Metamorphosis Odyssey, m'incite à penser qu'ils y étaient en même temps. Et donc je pense que Miller que Miller a absorbé des tics narratifs à Starlin (et aux autres).
Et là, voir ces crayonnés, ça me fait penser aux pages de Daredevil finie par Janson à la fin du run (et reproduite dans l'un des Visionaries) : on voit bien, dans les deux cas, que le dessinateur pose rapidement les choses, que l'encreur complète mais également corrige. C'est fascinant. Je découvre aussi des tics "foireux" que parfois je voyais sous l'influence de tel ou tel encreur (ou quand Starlin s'encrait, je pense au Batman #402, avec plein de visages tordus et d'yeux trop rapprochés), et je me rends compte que ce n'est pas un effet de la fatigue, de l'âge ou de l'usure, mais simplement une composante d'un style que les bons encreurs ont su corriger. "Embellir", comme disent les éditeurs de là-bas.
Jim
salut Jim
RépondreSupprimerJe t'aime bien aussi parce que tu apprécies tout ce que je n'apprécie pas :)
Et plus sérieusement Miller fut en effet très marqué Starlin, et ce n'est pas l'influence que je lui préfère, restant cohérent avec mes goûts donc
En tout cas...commenter une entrée vieille de 6 ans, j'ai bien peur, sauf à méconnaitre les fonctionnalités blogger (ce qui est possible), d'être le seul alerté automatiquement par ton commentaire