mercredi 29 juin 2016

Des photos dans mes comics!?

Une chose m'a toujours, mais alors vraiment toujours, dérangé à la lecture des comics de ma jeunesse : les essais, ratés ou pas, d'incrustation de photos dans les pages de comics
Je ne parle pas d'utiliser des références photos, et de les intégrer plus ou moins adroitement, en les encrant à la table lumineuse (en ces temps pré ordi). Je parle bien de collage direct de photos dans les décors (le plus souvent)
A raison ou pas, j'ai toujours trouvé que ça faisait "triche" (mais ça on s'en moque) et surtout moche, avec une rupture de lecture et souvent une sortie de l'histoire
Quel que soit l'auteur, même parmi les plus grands 
Exemple avec l'un des premiers à faire ces collages, King Kirby
 Neal Adams a toujours intelligemment intégré ses références photos, et tomber sur ce collage m'a d'autant plus surpris
 Et que dire de mon idole Will Eisner, si ce n'est que cette superbe histoire du Spirit, qui serait la préférée de son auteur parait-il. Du fait de cette page, cette historiette est loin de rentrer dans mon panthéon perso
 John Byrne fut le seul, à mes yeux, à intégrer ces photos dans des pages qui me choquèrent moins, mixant du dessin qui rendait presque la chose acceptable pour moi
Il faut dire que la qualité (mauvaise) de repro aidait à ce que le choc dessin/photo soit un peu atténué
 Le choix d'aplats de couleurs fait, par contre, un peu trop ressortir le contraste
 
 La texture collée en fond par Mike Zeck était maline, et estompait là aussi un peu le "choc" dessin/photo mais je trouve ce dessin superbe et un décor à la main m'aurait ravi
 La profusion de détails par McFarlane tend à masquer un peu la rupture, mais tout de même, il y a une cassure pour moi
 Plus récemment, le choix de Ramon Perez de limiter dans l'espace ce collage en limite aussi les effets, mais tout de même, je sors de l'image.
 
 J'en reviens régulièrement à cet hyperréalisme outrancier, citant un épisode de la série Cyberforce de Silvestri, aux débuts d'Image, avec un dessin au trait et un verre de Whisky au premier plan, entièrement à la colo ordi ultra réaliste, qui tranchait désagréablement avec le reste du dessin (faudrait que je la retrouve cette page). 
Ce n'est pas l'outil qui me gêne, du tout, c'est le rendu final et le contraste provoqué, au mieux maladroit, voire désagréable, et au pire qui me sort directement de l'image ou de la page
Mais peut être suis je dans une sorte de minorité râleuse?

lundi 27 juin 2016

Étrange liberté de Nowlan

Le très bon artiste Kevin Nowlan a souvent été appelé en renfort pour encrer, et améliorer, des dessinateurs moyens. Sur des dessinateurs reconnus c'est plus délicat car soit il ajoute son style, avec plus ou moins de bonheur (sur Gil Kane par exemple) soit il n'apporte que très peu comme ce fut le cas avec le Alien  Salvation de Mike Mignola. Parfois il ajoute juste ce qu'il faut (sur Quesada ou JLG Lopez)
Sur Mignola justement, voici ce que j'ai retrouvé. Avant sa starisation (pré Hellboy donc, sa période la plus intéressante) il fut encré par Nowlan
Comparez bien les deux pages. On sent que Nowlan a compris que la stylisation de Mignola est bien cela, une stylisation, et non pas un dessin à terminer (comme a pu le croire Garzon sur le premier Cosmic Odissey) Alors il respecte le trait. Mais pourtant il se permet trois choses : il ouvre le poing de Batman sur l'avant dernière case. Bon ok pourquoi pas, ca peut coller au script, mais le plus surprenant est la 2nde case sur laquelle il enlève l'ombre du visage du journaliste pour le dessiner à sa façon, et puis la dernière case avec un visage de Batman (contre une sorte d'étron géant) qu'il choisit de compléter, à sa manière. Bizarre

vendredi 24 juin 2016

Miss Hulk vous parle

 Si Hulk veut du fun, c'est vers le titre de sa cousine qu'il lui fallait se tourner
John Byrne a eu deux runs sur She Hulk. Si le second a trainé à se terminer (il aurait dû partir plus tôt) le 1er et une partie du 2nd furent très bons
Il n'était pas le premier à rompre le 4ème mur et à faire parler le perso soit au lecteur, soit à l'auteur, mais il utilisa ces clichés avec jubilation
J'ai particulièrement aimé cet épisode, avec une Miss Hulk qui se balade dans les pages du comics
 
 Digression pour faire passer le personnage d'une case à l’autre (dans une attitude ultra Byrnienne)
 mais c'est ce passage que je retenais alors le plus. Elle déchire le comics, se retrouve dans les pages de pub et le trou montre bien la page d'avant; Ca n'a pas dû être ultra simple à planifier/réaliser en ces temps (sans tpb) de marché du mensuel à flux tendu (et notez le gars qui "se fait mal avec l’agrafe")
 
 Byrne, par le biais de Miss Hulk, résume très bien une certaine philosophie
 A cette époque l'auteur n'était pas aussi aigri que ces dernières années et il savait manier un seconde degré, un sens de la mise en scène fun et du plaisir de lecture. 
Ce genre d'humour n'est pas aisé, et il tourne vite en rond, mais le canadien savait en jouer, bien mieux que ne le firent certains de ses successeurs
 

mercredi 22 juin 2016

MMM

Ou les Merveilleux Mariages de chez Marvel
 Une entrée bien légère
Assez peu de choses me parlent moins que le mariage (si, peut être le foot), mais voir les très nombreux mariages de chez Marvel m'amusaient quand je lisais régulièrement leurs titres, ado
Celui ci fut emblématique, parce que le plus important, le premier "médiatisé" (cf image avec la robe soit disant designée par une vraie styliste) et il concernait bien sur le perso vedette
Cover (s) par John Romita s'il vous plait
 Après un refus glaçant (dessiné par Romita Jr et Coletta) MJ a fini par dire oui (avant que Quesada n'annule ce mariage par magie bien des années plus tard
 Cette version plus dérangeante d'un mariage dans le monde de Spidey m'avait davantage fait sourire
 Tout comme ce sourire, non voulu par les auteurs, quand on voit la tronche que tirent Flèche Noire, Quicksilver et son épouse
 Là aussi il est "amusant" de voir ce mariage contesté par les témoins eux même, quand on sait que toute l'histoire du perso est bouleversée par le fait que Pym soit un mari violent
 La seule et unique famille Marvel méritait bien de nous inviter à un un mariage
Cette version est un poil tristoune
 Alex Ross reste traditionaliste mais  rehausse la scène de sa peinture dans la mini série Marvels
 Bruce Banner se marie, puis dans sa version verte, assiste à un mariage. De l'intérêt des doubles identités
 
 Voici le seul est unique mariage, raté, qui m'a intéressé. J'ai un souvenir vif de la vf dans Spécial Strange (+ rcm Serval pour la case 1), de ce vent que Mariko met à Logan. Partagé entre la surprise et la "colère" de voir ce grand gaillard pleurer pour "si peu"
 
 
 Bon après, ce qui s'est passé m'intéressait moins, je ne suivais guère, donc le mariage de Jean et Scott qui m'aurait probablement interpellé à l’époque Claremont/Byrne, m'est passé bien au dessus...
 Et ne parlons même pas de celui, plus récent de la Panthère Noire avec une Ororo qui, de mon temps, n’aurait pas fait ça
 Je constate que Marvel suit l'évolution des mœurs...
 et je vous laisse avec une dose de DC, ne pouvant quand même pas parler mariage et ne pas citer celui de la grande courgette bleue et rouge
 

lundi 20 juin 2016

Messages cachés

 Une entrée récente sur un message caché par Byrne dans un décor, m'a renvoyé en mémoire une histoire rocambolesque datant de quelques années, et que j'ai pu retrouver
En bref, il y a plus de 15 ans Quesada est devenu editor in chief. Il a ainsi remplacé quelqu'un qui été quasi moins aimé encore que Jim Shooter, mais à mon avis avec encore plus de raisons : Bob Harras
Al Milgrom, qui était un encreur aussi bon que méconnu, un dessinateur "moyen" et un très bon editor, œuvrait à l'époque en staff et en freelance en tant qu'encreur. Il a glissé dans le décor d'un comics (de mémoire, scénarisé par Alex Ross) le message suivant, bien caché mais mis en avant ici par un fan dont je ne retrouve plus trace
 Bien sur, c'est très insultant (même si probablement mérité) mais les versions divergent : certains disent que le comics fut publié ainsi, puis corrigé uniquement dans les réimpressions, d'autres disent que seuls les librairies spé ont reçu la 1ère version pour les précommandes, et la dernière version fait état d'un repenti de Milgrom qui aurait enlevé ce texte avant impression mais une erreur de fichier aurait entrainé la publication par "erreur"
Toujours est il que Milgrom fut viré de sa position de salarié, mais continua a bosser en free lance

Du coup j'ajoute ici un ou deux trucs amusants (ou pas)
Le décor d'un X-Men scénarisé par Morrison. Le "sex" est-il du fait de Van Sciver le dessinateur? Probable
 
 Et Jim Lee qui met le nom de sa femme chérie, Carla, dès qu'il le peut
 
 
 
 McFarlane (encore lui) plaçait à une époque, dès qu'il le pouvait, Felix le chat dans ses cases, mais ce qui m'a clairement amusé ici est plutôt le clin d’œil sur la page du journal. Un dessinateur que n’apprécie pas notre Franck Biancarelli national, qui rend hommage à celui qu'il adore!

vendredi 17 juin 2016

Todd et le cache misère

 On parle à nouveau pas mal du Spider-Man de Todd McFarlane actuellement, puisque son long run est en cours de trad 
J'ai déjà eu l'occasion de dire que son passage sur le titre avec Michelinie m'avait bien emballé, en partie du fait des scénar légers et agréables, en partie par la nouveauté qu'apportait le jeune Todd au dessin, et en partie parce que j'étais jeune
Mais il ne faut pas oublier, maintenant que Todd est une star au melon intersidéral, qu'il n'est pas bon dessinateur. Il est malin, sait jouer de ses forces, mais il n'est pas "académiquement bon"
Ses nombreuses faiblesses se voyaient bien lorsqu'il illustrait des histoires qui n'étaient pas les siennes et l'obligeaient donc à dessiner des choses qui ne jouaient pas forcément sur ses points forts
Un exemple avec une page sans action, pleine de maladresses et de bizarreries
 Il se lançait régulièrement dans ces meta cases avec un visage en gros plan et des inserts narratifs. Ce visage! Argh!!
 Quand il tentait des effets de noir et blanc ce n'était pas toujours bien pensé (cf les 2 premières cases avec des contrastes forcés/artificiels)
 Il n’était pas fait pour les pages non spectaculaires, et parfois seul le scénariste sauvait la scène. Ici David Michelinie émoustillait le lecteur ado malgré une MJ étrangement gaulée (ce visage de 3/4 en case 4 avec les yeux trop espacés!!!)
 Alors que faisait le Toddler pour gruger, masquer ses faiblesses? Pas mal de choses à son répertoire. L'une d'elles consistait à saturer l'oeil du lecteur de détails inutiles mais qui comblent le vide et font "cool" pour le jeune lecteur
 L'autre technique, la plus intéressante, consistait, quand le scénar le lui permettait, à axer sur le tisseur, et à mettre pas mal d'ombre pour aller plus vite
 Car c'était bien là son point fort : le personnage principal qu'il transformait en araignée humaine aux contorsions improbables, mais réellement fun pour le lecteur
 Pas narrateur dans l'âme, c'est sur les splash pages avec son perso qu'il brillait (avec ou sans toiles spaghettis)
 Un exemple de force ET faiblesse de McFarlane. La bande du bas est assez faible, ou en tout cas bien quelconque (que l'on aime ou pas le visage en caoutchouc de Peter et la bouche de Madame) mais la bande du haut est redoutable de coolitude
 Idem ici; Il donne tout dans le "money shot" bien classe, au détriment des 2 cases qui suivent
 Une fois qu'il fut bien starisé et qu'il obtint son propre titre, il devient son scénariste et la cata peut commencer. En dehors même de la faiblesse du Todd scénariste (un peu d'indulgence, c'est un métier, et il débutait) le souci est qu'il se faisait des cadeaux, ne jouant que sur ses points forts.
Découper une page en cases verticales a bien sur souvent sa raison d’être en terme de rythme de lecture...mais encore faut il que les dessins suivent, et là...bof (un bout de  main, un bout de voiture...)
 Il expérimentait avec le lettrage avec plus ou moins de bonheur (il aimait le rythme syncopé des récitatifs de Miller mais ceux de Miller avaient un sens)
Il savait flatter l'oeil du lecteur avec des plans efficaces (encore une fois au détriment de la bande du bas)
Je termine avec un clin d'oeil très apprécié à l'époque, qui est probablement passé au dessus de pas mal de ses lecteurs
 
Je suis un peu dur avec McFarlane, je le reconnais, mais d'une part j'ai déjà concédé qu'il avait apporté un renouveau, et du fun au personnage. Il a laissé sa marque, mais ça ne doit pas empêcher de mettre en avant ses faiblesses. Et d'autre part, pour suivre de loin en loin ce qu'il fait et/ou dit ces derniers temps, il n' a pas évolué/progressé en dessin (quand il daigne dessiner) tandis que son ego a, lui, continué à grossir
Quand on la grosse tête il faut, à tout le moins, en avoir les moyens