En Bande Dessinée le "beau pour le beau" ne me passionne pas vraiment. Je regarde, j’admire même parfois, mais j'achète peu et lis encore moins. Emmanuel Lepage est un artiste dont le trait me plait depuis assez longtemps (Névé) surtout en raison de son évolution régulière, mais dont les sujets ou les approches me touchent de façon assez diverses. Bref, je n'ai pas tout lu mais graphiquement c'est souvent magnifique
Ce livre m'a appelé, depuis sa librairie Lyonnaise, et j'ai obéi, avant tout en raison du travail d'un maitre de Lepage, hors du commun, René Follet!
Que c'est beau!!!
Cette forme d’adaptation de l'Odyssée est bien menée même si je n'ai pas toujours accroché au lyrisme. Le sujet est habilement traité, sous différents angles, le principal, pour moi, étant bien sur le voyage tant intérieur qu'extérieur... la quête.
Les planches de Lepage sont magnifiques
Sur ce genre de très beau livres,j'ai souvent deux réserves, et c’est le cas ici : Le lettrage, aussi bon soit il, sort un peu le lecteur de la lecture par un aspect froid, mécanique, au regard de planches chaudes, charnelles. Inévitable? Je l'ignore. Et beaucoup de pages sont des doubles planches, que j'imagine spectaculaires en galerie (l'éditeur, le galeriste Daniel Maghen, en a d'ailleurs fait une exposition) or la "pliure" centrale du livre casse un peu les images sur ces doubles pages et là encore l'effet peut être une légère sortie du livre
Ces réserves mises à part, je me répète, les planches sont souvent splendides
Sans textes le verdict est sans appel
Salomé et Jules, dessinateur, cherchent les œuvres d'un peintre. René
Follet prête sa main, et ses toiles, à ce peintre inconnu. Le travail
d'intégration des œuvres de Follet dans celles de Lepage est superbe,
sans faille.
Follet, 85 ans, a réalisé des dessins spécialement pour l'occasion, comme celui ci.
mais tous sont intégrés dans les pages, dans le livre, sans rupture. Certaines planches sont presque à 100% de sa main, comme celle ci
Ici vous avez une répartition Lepage/Follet (moderne)
Cette intégration touche à une forme de perfection sur ce style
d'ambiance. Lepage, au trait naturellement assez proche de celui de
Follet, se rapproche encore davantage du modèle. Il en devient presque
dur de dire qui fait quoi (a priori Lepage sur la case 1 seulement)
L'intérêt pour ce livre monte encore d'un cran lorsque l'on découvre que Lepage a également utilisé des peintures de Follet datant de 1971 (ainsi qu'un carnet de croquis, superbe, mis en fin de livre, datant de 68 et jamais vu avant). De fait, la nuance Lepage/Follet est alors plus grande, volontaire et assumée, comme ici
En résumé, même pour ceux qui, comme moi, ont une absence de romantisme assez marqué (ou une forme...différente de romantisme :) ce livre est sublime. Les parties du récit qui pourraient vous laisser de marbre (il y en a) sont compensées par une histoire portée, habitée, par Sophie Michel et Emmanuel Lepage, et le dessin polymorphe de Lepage. La présence, TRES loin de l'anecdote, de René Follet fait de l'ensemble un incontournable
Follet...Lepage, deux artistes à l'âme jeune et au regard qui brille
Une déclaration d'amour à une œuvre (l'Odyssée), à un genre (le récit initiatique), à une ambiance (maritime), à la création, et à un artiste trop peu reconnu
Il s'en tire pas mal Lepage malgré ses gros problèmes pour dessiner,problèmes de mains je crois.
RépondreSupprimerPour moi,l'immense René Follet s'est mis à la BD en couleurs directe trop tard.Plus tôt,en pleine force de l'age et de ses moyens,disons les années 70 début 80,il aurait été encore plus énorme dans ce domaine.Mais bon,même là il reste costaud et au dessus de beaucoup.
oui mais note bien qu'une grande partie des "inserts" de ce livre sont constitués du Follet de 71 et là c'est la claque magistrale. D'une puissance hallucinante
RépondreSupprimerCe WE à St Malo on en discutait avec Mme Fournier (oui, Madame, car Monsieur parlait...Spirou :) et elle me disait avoir vu les originaux de 71 et que c'était complètement hors norme en terme de puissance
Une expo Lepage est normalement prévue pour Angoulême,voulue par Hermann le dernier Grand Prix en date grand fan du dessinateur.Hermann qui dit même ne pas être capable de regarder trop longtemps les originaux de Lepage, vite submergé par tout ce qu'ils dégagent et surtout le jeu sur les lumières.
RépondreSupprimerOn peut le comprendre quand on a entendu Hermann dire que le jeu sur la lumière a toujours été l'axe central de son propre travail au fil du temps.En noir et blanc ou en couleurs.
si je parviens à aller à Angou (expo Eisner oblige) je verrai ça avec plaisir mais j'ai déjà vu des originaux de Lepage cette année à Quimper, et c'est très impressionnant en effet
RépondreSupprimerAh oui ! Quimper !
RépondreSupprimerTu es en train de devenir Breton, toi !
Fais gaffe !
mince tu crois? Ah oui St Malo, Quimper, Rennes, Lepage, Fournier...aie
RépondreSupprimerBon après j'ai déjà le teint (et l'envie)
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RépondreSupprimerEst-ce que tu sais que sans moi ce livre n' existe pas ?
RépondreSupprimerPuisque c' est moi qui ai offert à Emmanuel le bouquin dont sont tirées les peintures grecques.
Bon il aurait peut- être existé sans moi au bout du compte. Ce n' est peut-être pas complètement ma faute :)
s'il ne s'agissait de toi, je dirais"merci pour cette anecdote réellement intéressante"
RépondreSupprimerMais comme c'est toi...
Merci pour cette anecdote réellement intéressante :)