Attention spoiler : Daredevil est aveugle! Si!
La cécité n'a pas toujours été traitée avec du pathos, comme ci dessus
Rappelons nous, le bref (mais trop long) passage de Lee/Colan et le "frère jumeau" de Matt, voyant : Mike
Je fais là un focus sur...les yeux vus par la Golden Team de DD, Miller/ Janson
Un perso aveugle mais une attention extrême accordée au regard par les artistes
L'intensité, les jeux de regards furent souvent au cœur des préoccupations de l'équipe, même si c'était moins évident au premier...regard, que les acrobaties du diable rouge
Tous les perso furent concernés,
comme Ben (avec, en "bonus" le regard d'un mort)
Souvenir indélébile que cette Elektra aux grands yeux, presque manga, sauvant Foggy d'une phrase et avec un autre regard, chargé de pleins de sentiments
Intelligemment, Miller (au trait magnifié par Janson) ne cherchait pas à reproduire un certain type de "regard type" d'aveugle; Il jouait suffisamment pour cela avec les attitudes, la gestuelle (une entrée à venir?) Le regard véhiculait une émotion certaine, sans que les yeux nous fixent réellement
Même en trois traits et avec le masque, le regard reste expressif
Idem, l’œil du caïd en plus
Ado, le traitement graphique appliqué par Miller et Janson aux gros plans de regards me fascinait (et toujours aujourd'hui d'ailleurs) Une volonté de réalisme mais qui reste crédible en tant que comics, sans lien photographique outrancier
La définition, en dessin, du miroir de l'âme
le Punisher
Bullseye/Le Tireur avec une case (la 2nde) réutilisée, d'une profondeur incroyable
J'aimerais faire une entrée conséquent, un jour, sur la cécité dans ce titre, mais la tâche est grande
Peut être plus tard, en plusieurs fois
A...voir
Tiens tiens, le regard. "J'aime bien cette vision des choses"...
RépondreSupprimerUne entrée bien vue pour notre héros aveugle qui en a vu de toutes les couleurs.
Le regard avec Miller et Janson évoque (si, si!) la tension externe et interne : celle des événements et des personnages. Car le regard a la particularité d'être à la fois perception du dehors et expression du dedans : un passage tendu entre les deux.
Sur un titre comme Daredevil, l'homme sans peur, cela prend toute son importance ces regards croisés.
D'ailleurs, est-il "sans peur" car ne voyant pas? Ici, ton entrée distingue clairement la vision et le regard, de façon très pertinente.
On pourrait faire un "blind test" sur "à qui appartient ce regard?"...
Un article sur la cécité dans Daredevil? Ça serait intéressant!
Je lis en ce moment là partie 1 du run de Waid et Samnee où la perception de l'extérieur est l'objet d'un traitement particulier aussi : une vision des auteurs qui apporte un nouveau regard...
Pas plus, il m'avait prévenu il y a quelques semaines, sans plus de détails si ce n'est que cette fois il pense vraiment arrêter de dormir :)
RépondreSupprimerEt merci pour tes/vos compliments, j'espère pouvoir faire un article un jour sur la cécité et DD
Pour moi, DD, quand il est traité par des auteurs intelligents, est une série qui aborde moins la cécité de son héros (cécité compensée par ses autres sens et son fameux radar, dont la représentation a trouvé des formes très originales, depuis les fameux cercles concentriques jusqu'à la simulation 3D de Rivera puis Samnee - "radar" auquel, il faut le rappeler, Denny O'Neill, dans ses épisodes, ne croyait pas : pour lui, et c'est une interprétation passionnante, DD faisait corps avec la ville, elle était comme son extension, c'est ainsi qu'il s'y repérait et s'y mouvait)... Donc, disais-je, c'est moins la cécité que la perception : celle de DD avec son environnement mais aussi celle de Murdock par rapport à DD, de ses proches (Foggy, Elektra, Karen Page...) vis-à-vis de sa double identité, de la relation Murdock/DD-Caïd ou DD-Bulleyes.
RépondreSupprimerConcernant le traitement des yeux par Miller-Janson, ça me semble une influence très forte des westerns italiens, en particuliers de Leone qui utilisait ce procédé dans ses scènes de duels notamment (passant allègrement de plans d'ensemble à de très gros plans sur les regards - voir "Le bon, la brute et le truand" ou "Il était une fois dans l'Ouest"). Transposé aux comics super-héroïques, ce procédé souligne encore davantage l'aspect mélodramatique, la tension, etc.
Enfin, pour répondre à OmacSpyder qui se demandait si c'était sa cécité qui rendait DD sans peur, je préfère cette pensée du Caïd dans "Daredevil : Born Again" après qu'il ait brisé sa carrière, détruit sa maison, etc - une ligne magnifique de Miller (un aphorisme comme les scénaristes doivent tous rêver d'en écrire dans leur carrière parce qu'une fois lu, il est inoubliable) : "un homme sans espoir est un homme sans peur."
La dernière image de ton entrée, provenant du run de Brubaker-Lark (mémorable aussi), me rappelle aussi le projet fou du scénariste au début, qui voulait articuler chaque arc à partir d'un des sens de DD. Il a exploré l'ouïe, puis l'odorat, puis a abandonné l'affaire, avouant ne pas savoir comment exploiter les autres.
Je me souviens de cet aphorisme du Caïd en effet, et l'ai toujours pris comme une façon mégalomaniaque de s'approprier l'absence de peur de Matt. Puisqu'ainsi ce seraient les pertes successives qu'il lui a infligés que DD serait désormais sans peur...
SupprimerLà où il a par contre sans doute raison, c'est que l'absence de peur de Matt est liée à la perte : sa vue, sa mère, son père. J'irais bien allonger Matt Murdock sur le divan pour explorer davantage cette affaire!
J'aurais attendu de toi cette planche, dont tu as l'original, s'il me souvient bien, de Mary "Typhoïd", avec ce regard bleu d'eau de Matt.
RépondreSupprimer"Les mains des aveugles sont leurs yeux. Mon père aimait toucher le visage des gens".
Piégé, Matt !
RDB je suis d'accord avec ton approche/Leone, sans aucun doute
RépondreSupprimerje suis également à 100% derrière cette phrase magnifique de l’homme sans peur/sans espoir
mais je mets la cécité de Matt au cœur de l'histoire de DD, même si on est loin de l'approche pédago de Stan Lee avec la compensation des sens...ce handicap, quand il est bien traité et intégré dans l'histoire, est un vrai plus
Laurent ma planche n'est pas de Miller/Kj donc hors sujet :)Et en plus l'approche de Nocenti était, dans la bouche de Mary, un peu trop caricaturale car bien des aveugles ne sont pas forcément enclin à facilement "toucher les visages" mais c'est un autre sujet
Ce qui est certain et pour parler uniquement de l’artiste, dans ceux cités ici, que je connais le mieux, c’est que le regard ainsi que le thème de l’aveuglement est fondamental pour Gene Colan.
RépondreSupprimerIl utilise assez souvent des cadrages sur les yeux que ce soit pour DD le héros aveugle ou pour Dracula le vampire qui vous tient sous son emprise hypnotique.
Souvent dans Dracula les gros plans sur les yeux (il reste d’ailleurs le plus souvent au gros plan et pas au très gros plan) arrivent quand Dracula se transforme de chauve souris en humain ou l’inverse.
C’est amusant parce qu’au fil des années je me suis rendu compte qu’il jouait avec tout ceci pour nous montrer la mince frontière qui sépare l’homme de la créature qui sommeille au fond de nous.
On se souvient de the monster in the miroir où Batman se voit dans un miroir tel qu’il est devenu : un véritable vampire ! La fin de l’histoire était très belle puisqu’il pleure au milieu des gargouilles alors que le jour se lève. Il ne pourra plus jamais être le même maintenant qu'il a vu l'aspect le plus sombre de son âme.
Colan avait déjà essayé cette idée dans une superbe splash page d’un Tales of suspense, dont j’ai oublié le numéro, en se représentant sous la forme d’un type qui voit apparaître à travers ses yeux une créature maléfique qui le possède.
Un dernier pour la route, avec une histoire où justement tout commence sur une route ! Colan dessine les feux d'une voiture dans la nuit comme des yeux inquiétants. Puis il fait un cadrage plus serré sur le chauffeur du véhicule dont on apprend finalement que c’est lui-même...
Pour Miller Janson, vous avez raison, sans doute du Leone avec aussi le fort mélange que l'on connait d'influence du cinéma Japonais. Tout y est : le type, victime d’un handicap quelconque, qui porte de grosses lunettes noires dissimulant ainsi son regard pour mieux nous montrer celui des autres que l’on filme également en très gros plan. Rajoutez derrière tout ça de la neige, des larmes et de façon métaphorique tout un univers mental encore plus vaste (qui passe par des flash-back, des raccords sur des objets très symbolique) on est vraiment dans les films de gangster (yakuza eiga) de l'époque 60/70 que ce soit ceux de la Toei (avec Ken takakura notamment) ou ceux de Nikkatsu production.
Philippe Fadde