J'ai beaucoup aimé cette histoire de Batman. Je ne dévoilerai rien mais l'idée d'inverser Batman et le Joker est intéressante. Murphy ne va pas forcément assez loin, et des revirements sont rapides, mais il n'avait pas 500 pages et il s'en sort très bien
Je vois Sean Murphy un peu comme Enrico Marini, au sens où ils sont à la mode (depuis pas mal de temps), ils ont tous les deux intégré des codes mangas et comics (forcément, pour Murphy) + de l'européen. Ils sont très doués en dessin pur, se démerdent plus que bien en narration, surtout Marini je trouve (et sont tous les deux beaux gosses :) Ils viennent tous les deux de faire leur joli Batman, mais je pense qu'en terme d'histoire l'américain l'emporte
Les couleurs sont de Matt Hollingsworth, et elles sont très bonnes. C'est un excellent coloriste qui se met au service du dessin, ajoute un peu de matière mais pas trop, se fait discret tout en étant identifiable...l'un des bons quoi
Urban propose aussi une version noir et blanc, comme il le fait avec les titres bankable. Je ne l'ai pas vue, mais il est évident que le bouquin doit être très beau car le trait de Murphy se prête à l'exercice
Je sais que des polémiques existent sur le net, quant à l'intérêt de tant de versions n et b, et que certains pensent que cela "dévalorise" le travail des coloristes que de présenter ces versions n et b comme "LA version" (hello RDB)
Le débat me parait assez vain
Oui il y a un effet mode. Oui des "jeunes" se sentent probablement "supérieurs" car "moi je ne lis qu'en noir et blanc"... mais je pense que c'est une minorité; Je préfère voir cette mode comme quelque chose de plus durable, et estimer que des lecteurs sont plus "éduqués" au dessin qu'avant. Ils apprécient de voir, derrière la couleur, et de comparer, ce que j'aurais adoré faire il y a 20 ans mais il n'existait rien de la sorte
Alors evidément ce sont les titres qui fonctionnent qui ont droit à ce traitement double, et tous ne sont pas intéressants à voir sans la couleur, mais en aucun cas le n et b ne dévalorise la couleur. Au contraire, quand un coloriste est bon, il est appréciable de constater que sa couleur manque aux planches nues. Y a t il des abus à voir un livre qui coûte moins cher à produire (nb) plus cher que la version standard? Assurément, mais c'est le jeu de l'offre et de la demande et encore une fois je suis ravi de pouvoir choisir, voire même de prendre les deux, ce que j'aurais fais ici si j'avais trouvé le n et b (et on revient là aux limites de l'effet spéculatif)
Revenons à l'idée de cette entrée : comparer de la couleur et du n et b
Hollingsworth apporte par endroits de la lisibilité à un Murphy qui parfois en fait des tonnes, ce qui est aussi le rôle d'un bon coloriste
Attention, là je ne compare plus, à la couleur, le noir et blanc au trait, tel que proposé par l'editeur, mais le niveau de gris d'une planche originale scannée
Le travail de Murphy est superbe, avec des textures, du rendu qui varie selon la matière, de l'encrage pinceau, pinceau sec, plume, doigts (il a pas mal mis d'empreintes de doigts pour salir). Hollingsworth suit le mouvement, éclaire, en suivant le dessin, les scènes, avec goût
Le travail du dessinateur et celui du coloriste sont vraiment complémentaires
Un dessin chargé, aussi beau soit il, fatigue l'oeil à la lecture, il a besoin d'être apaisé, et c'est ce que propose la colo bien pensée de ce livre
Comparer et un plaisir qu'il ne faut pas bouder, pour qui peut acheter deux fois un même livre, et surtout pour qui trouve la version n et b en librairie (et insistons sur ce gros point négatif qu'est la "rareté planifiée")
Ce qui serait encore mieux serait d'avoir des versions scannées des originaux, comme le fait IDW. Mais l'editeur us fait des livres TRES chers car au format des originaux, scannés en couleurs... Il faudrait quelque chose entre les deux : du niveau de gris, plus petit format et plus abordable (ce que IDW est censé proposer aussi, mais il en a fait très peu à ce jour)
Ca permettrait de voir ce genre de planche,ci dessous, sans avoir à hypothéquer sa maison
Pour finir sur le livre, prenez le comme un elseworld, un peu timide (vous comprendrez à la lecture) mais fait par un auteur qui aime le perso et qui sait bigrement bien dessiner, trouvant son style tout en intégrant d’illustres références (Surtout le grand Jorge Zaffino)
"il est appréciable de constater que sa couleur manque aux planches nues"
RépondreSupprimerC'est l'impression que j'ai eu en voyant les planches de Mignola sur Dracula sans la colo de Chiarello (mais les teintes rougeâtres sont tellement associés au film et à son adaptation qu'il est difficile d'en faire abstraction dans son esprit).
Hey !
RépondreSupprimerje suis ne train de le lire, tout doucement.
Comme toi : j'aime bien, je trouve ça très malin, dans une critique réelle de Batman.
En fait, sous couvert de laisser le Joker dérouler un discours "anti-Batman" (il en fait une sorte de vigilante Trumpiste ("Macronien", serait même plus juste, car Batman reste jeune, séduisant, et "légitime" sur pas mal de points - pas vraiment le cas pour Donald T. - mais Murphy n'a probablement pas cette référence !), ami des milliardaire, des puissants, corrupteur du GCPD, etc. Ce faisant, c'est au final le Joker qui passe pour une sorte de Macron, à qui on est tenté de trouver certaines qualités, tout du moins de la sincérité - je ne m'étends pas sur l'ambiguité sexuelle, l'enthousiasme, l'amour déçu, c'est la nuance qui est intéressante ici.
très malin, en tout cas sur les 4 premiers chapitres lus jusqu'ici.
Je fais partie de ceux qui soutiennent que l'univers DC est fondamentalement de droite (souvent par provocation - et ça marche bien !), et Murphy semble m'emboîter le pas sur ce sujet, tant il lui semble facile de dérouler un discours anti-Batman, avec un discours social... dans la bouche d'un Joker repenti !
Je ne m'éternise pas là-dessus, trop long, trop compliqué/casse-gueule, et pas le sujet de fond (le dessin).
J'ai eu la chance de tomber sur la version noir et blanc, sans la chercher, et sans me rendre compte de la rareté que tu dénonces.
Et si j'aime globalement le boulot de M. Hollingsworth, je ne le trouve pas très convainquant sur Murphy en général.
Pas de sa faute, car il doit rendre clair ce qui est à mon avis, pensé pour fonctionner uniquement en noir et blanc !
En clair, comment alléger quelque chose... en y ajoutant une autre ! Aussi bon soit il, c'est juste mission impossible.
Là où FCO Plascencia (mon chouchou) améliore largement Capullo (déjà très bon, dans le genre "McFarlane narratif"), car il a la place, et le talent pour le faire, Hollingsworth n'a plus d'espace (pour moi), pour travailler.
Idem pour le maître de l'applat noir (Mignola)... dont je préfère pourtant largement les versions couleur par Dave Stewart (chouchou numéro 2).
Alors quand je découvre ici la page de Murphy en niveau de gris... c'est encore plus évident pour moi : Ce n'est pas le cas pour Murphy.
Comme pour Zaffino (que tu cites) ou Toth, ou Pratt. Ou Eisner. Ou Toppi (même si, parfois...).
Je crois que Murphy aime le noir et blanc (tellement plus adapté au thème noir/Batman contre Blanc/Joker, qui plus est !), au point qu'il en zappe complètement le fait qu'un coloriste viendra derrière.
Alors c'est sans snobisme aucun que je me dis : la VRAIE version de cette BD, c'est en noir et blanc !
Et heureusement que Urban nous l'offre comme ça, je ne pense pas que j'aurais acheté l'autre sans ça.
je serais moins catégorique, et pas uniquement par jalousie ne pas avoir eu la version n et b
RépondreSupprimerparce que je trouve le boulot de colo ici très bon.Mes exemples dans cetet entrée ne sont probablement pas les meilleurs. Hollingsworth a un travail bien plus difficile que FCO sur Capullo car le trait de ce dernier est propre, contrairement à Murphy (cf ne serait ce que les fonds et les "doigts encreurs" dont je parlais)
Reste que si je trouve la version sans couleur...
Et j'aime bien la notion d'univers DC de droite!!!
Anonyme, tu as raison pour Dracula, Chiarello manque cruellement, l'intérêt du n et b est là, à titre d'info, et pour voir l'apport de la couleur justement
Les niveaux de gris sont splendides… je ne m'attendais pas à ça. Plus qu'une version n&b, je pense que LA version est bien celle-là !
RépondreSupprimerJ'avais acheté les comics et franchement, je trouvais la couleur parfaite et en même temps subsidiaire, ouvrant sur une autre perception qui ne correspond pas au dessinateur.
J'ai trouvé la version n&b à Central Comics - Sur Paris 12. Il leur en restait encore quelques-uns samedi. Avec un peu de chance…
Toutes les versions niveaux de gris sont LES versions ultimes, d'où les bouquins de IDW qui devraient être remboursés par la sécu
RépondreSupprimerMerci pour l'info Central comics, un poil loin de Lyon à mon goût :) A l'occas sait on jamais...
Tu peux les appeler, ils font VPC.
RépondreSupprimerLeur numéro : 09 52 78 22 71
@ Lionel : On est bien d'accord !
RépondreSupprimerComme je l'ai écrit, j'y vais à gros traits dans mon commentaire (comme toujours dira Phil !)
Pareil que Vinc : eu mon ex. noir et blanc à Central Comics, une nuit il y a 10 jours, vers 2 heures du mat, un verre de rhum à la main (les fins de soirée pendant la Comic Con, enfermés dans un Comic Shop avec des amis... c'est quelque chose !)
Merci Vinc, et pas merci Laurent et son rhum
RépondreSupprimerje vais passer, pour cause de choix de budget...mais si un jour l'occas...
Sean Gordon Murphy, en plus d'être un excellent artiste, est aussi quelqu'un de très intéressant.
RépondreSupprimerEn tant que vieux lecteur, je ne me suis jamais remis de son essai "Why are we slower ?" sur son blog : http://seangordonmurphy.com/?p=514
Ca doit être sympa de discuter avec lui en convention.
Le dessin quand même les mecs ! !
RépondreSupprimerIl va à 1000 à l' heure, joue uniquement sur ses forces, un encrage sur-vitaminé et des tronches grimaçantes mais quand même il bâcle grave.
Personnages pas tenus, cases sans fond, narration elliptique au max du max, décors frontaux les trois quart du temps.
Mon fils l' a acheté en NetB donc j' ai vraiment regardé…
Le mec est bon mais pas assez pour aller aussi vite.
Le mec est malin mais le truc c' est que lorsqu'on est dessinateur, être malin ce n' est pas toujours être intelligent.
T'es très dur Franck
RépondreSupprimerJ'ai des réserves, proches, mais quand même loin de ce niveau: la roublardise n'explique pas tout
Quand il merdouille la narration ça me heurte (cf Tokyo Ghost) mais là on est sur un boulot plus qu'acceptable de narration, et quant au dessin pur, je te trouve très difficile
Je suis d'accord sur le fond ET la forme avec ceux qui ont aimé. Ma chronique parait ce samedi sur BDzoom et je dis beaucoup de bien de cet album, sans rentrer dans trop de détails qui alourdiraient une "simple" chronique. Quant à trouver un dessin "bâclé" sur ce travail...ça met la pression sur tellement d'autres professionnels que je ne peux que rester sceptique face à ces jugements. Ok, il y a de la surproduction, ok certains peuvent être accusés de bâcler, mais là, je n'ai ressenti que du positif, et pas de souci de lecture. (Souvenez-vous bien d'Elektra de Miller à l'époque.. c'était simple à lire ??). J'ai comme l'impression parfois, qu'il ne faudrait que regarder dans le rétroviseur pour trouver des bons dessins.
RépondreSupprimer> On ne saurait donc trouver aujourd'hui notre plaisir que dans de la médiocrité ? Étonnant...
loin de moi l'idée de prendre la défense de Franck (qui est son meilleur avocat, en même temps que son meilleur ministère public) mais il est en partie dans la provoc
RépondreSupprimerEn partie seulement car en étudiant un peu le desin on peut êtrer agacé par des facilités, des tics et des choses qui en font un dessinateur plus de forme que de fond, mais je me dissocie de Franck car 90% des dessinateurs us ont ces travers, et ils n'empêchent pas un bon niveau de dessin
En résumé quand il critique il est dans le fond, avec lequel on peut être d'accord ou pas, quand il parle de baclé, la provoc pointe son nez