lundi 17 décembre 2018

Ron L

 Je n'en ferai pas une habitude, mais j'ai trouvé les échanges récents sur Rob Liefeld réellement intéressants, alors voici une entrée sur le dessinateur que je considère comme le pire de tous, en mainstream, et travaillant, en pro depuis longtemps, régulièrement.
Ron Lim est à l'opposé de Liefeld en terme médiatique, et sur plein d'autres points. Il parait très sympathique, simple, humble, travaille avec régularité, sans être tape à l'oeil...l'anti Liefeld en somme
Mais le point commun est que je trouve son travail sans le moindre intérêt, d'aucune sorte, quelle que soit la période concernée, le titre, le scénariste, l'encreur, le coloriste...
Il est par moment mauvais, par moment insipide et toujours  sans aucune originalité. Je suis dur mais j'ai vu passer beaucoup de ses travaux, et ce depuis très longtemps. Une constance : un découpage toujours lisible, mais jamais intéressant.
Un travail d'usine
Il a été reconnu, me semble t il, pour son run sur Captain America, mais ça vient du scénario car au dessin, le job était fait, à la Sal Buscema, mais sans apport et moins bien dessiné que le petit frère de Big John.
 Les pages qui suivent sont des originaux donc sans l'excuse de la repro, de la couleur...et couvrent une très large période
Elles sont toutes, au mieux, d'une banalité affligeante, alternant gros plan, plan de côté, d'ensemble... sans recherche
 Spidey a rarement été aussi peu inspiré...
 et que dire de ce Venom, censé être effrayant!?
 Rendre des scènes sans action encore plus plates que ce que le scénario exige? Un talent!
 Découper ce genre de page, à partir d'un plot, C'est du gâchis! Tout est mauvais, et accentué par le fait qu'il servait là de bouche trou pendant les absences d'un très grand : Rick Leonardi! Quel changement!
 Rien à sauver sur ce type de pages

 Parvenir à rendre un Dieu aussi banal, est affligeant
 On me dit qu'après Cap, son run sur le Surfer serait le "mieux"
Argh!
 même sur une pleine page, prétexte à des aliens, et plein de libertés possibles, on a juste des êtres constipés, sans intérêt, mis côté à côté
C'est sur des Thanosseries que je le trouvais le "moins pire"; Et encore, il parvenait à me faire passer George Perez, après qui il dessina un titre, pour un génie (je n'apprécie pas Perez mais il est objectivement dans une autre catégorie que Lim)
 A force de chercher, sincèrement, des choses moins moches, je vois que ce crayonné, sans action ni décor mais avec un perso qu'il maitrise à peu près, est "correct"
 J'essaie de finir sur une touche moins négative. Sur le run génial de Nocenti/ Romita Jr/ Williamson, il y a eu peu de fill in, mais ils était tous bons. Même celui dessiné par Ron Lim était sympa, au scénario. Au dessin je sauve cette page, ou plutôt case (3)
 
Je ne mettais longtemps dans la catégorie de Ron  Lim que Mark Badgey, mais ce dernier a force de régularité et de légères améliorations, m’apparut moins inintéressant.
 Lim sait dessiner, contrairement à Lifeld. Il a une base, mais il n'est absolument jamais allé plus loin que cette base. Il découpe, simplement et tristement, depuis des années, de la même façon. Il dessine de la même façon, prend des plans identiques, a des tics identiques, sans jamais montrer de progrès ou d'efforts. 
Si des travaux, meilleurs, m'ont échappé, je ne demande qu'à les voir et à me tromper

29 commentaires:

  1. Wow ! Sacré défouloir, on n'a pas l'habitude, mais faut se lâcher parfois, ça fait du bien ! ;-) Plus sérieusement, Lim ne m'a jamais emballé non plus, bien que connaisse essentiellement ses travaux sur le Surfer dont je détestais les effets de brillance sur le corps. Bagley, je détestais sur Amazing (vraiment) mais j'aimais beaucoup sur USM (y compris les covers). Après, on a tous un dessinateur qui nous traumatise plus que d'autres : il n'y a pas de trait pire (pour moi) que celui de Pat Olliffe et je ne comprendrai jamais qu'on lui ait finalement donné tant de trucs à dessiner. Une vraie énigme pour moi, jamais résolue.

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  2. Eh ben !
    Ça fait plaisir de te voir te lâcher, non par plaisir de "taper pour faire mal" (tu l'as dit, Ron Lim semble être un type plutôt sympathique), mais pour appeler un chat un chat, et mettre en relief les démarches de ceux que tu mets en valeur, à 99% du temps sur ce blog.

    D'accord avec toi, ainsi que sur Mark Bagley (dont je n'apprécie toujours pas le trait, les tics de visages, l'absence de subtilité dans les expressions, les attitudes, etc., mais qui lui, évolue).

    Ton regard sur Ron Lim me rappelle cet échange entre Irénée, le personnage joué par Fernandel dans le Schpountz (Pagnol), et son oncle :

    (accent provençal) :

    "Irénée (Ron Lim) : Je vois clairement où tu veux en venir. Tu vas me dire que je suis un bon à rien.

    L'ONCLE (Phil)
    " Oh que non ! Bon à rien, ce serait encore TROP dire. Tu n'es pas bon à RIEN, tu es mauvais en TOUT !

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  3. C'est tout à fait ça!
    Nous avons en effet tous des dessinateurs qui nous hérissent le poil, et Bagley en fit partie pour moi, avant d'évoluer un peu
    Oliff moins car il raconte un poil mieux, mais ce n'est pas top
    Lim c'est vraiment le gars constant dans la médiocrité, ce qui est dommage car il semble qu'il soit capable de dessiner, mais n'a jamais cherché à le faire
    Lui a-t-il manqué THE scénariste? LA rencontre? Probablement

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  4. Oh la la, que c'est méchant !
    Non pas que j'ai envie de défendre Lim becs et ongles (Lim -ongles, voyez le rapport ? ah ah...) mais quand même, je trouve son dessin fonctionnel.
    Son meilleur taff, Thanos Quest, avec de chouettes couleurs. On ressentait bien la détresse de Thanos à la fin d'un récit où il avait pourtant conquis le pouvoir ultime.
    Franchement, à l'époque, j'avais plus de plaisir à lire du Ron Lim que du Chris Marrinan ou même du Steve Epting (rappelez-vous la grosse mocheté de la saga de Fratres, même avec l'encrage de Palmer).
    N'étant pas un fin Lim-ier, je ne saurais vous recommander d'autres pistes de lecture mais je pense quand même que c'est loin d'être le pire dessinateur ayant sévi dans les années 90.
    Lisez le crossover "Starblast" par une kyrielle de tâcherons de Marvel et vous verrez si le style impersonnel de Lim est aussi nul que ça...

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  5. Je ne me trouve pas méchant JP. Vraiment
    Il y a eu des dessinateurs pires, car non lisibles, mais soit ils n'ont fait que passer dans le métier, soit ils ont eu différentes périodes, avec des hauts et des bas
    (Epting que tu cites, par exemple) Mais pour Lim, bien que n'ayant pas tout vu j'en ai vu beaucoup, il y a vraiment ce ressenti de la constance évoquée, dans le passable, voire le mauvais
    Si on ne peut le "sauver" qu'en évoquant de chouettes couleurs, dont il n'était pas responsable...:)

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  6. Comme tu le soulignes le vrai soucis avec Lim c'est qu'il n'a jamais évolué. D'un niveau plus que passable à ses débuts - ce que l'on peut aisément comprendre- il n'y a pas une once de progrès au fil des ans. C'en est d'ailleurs désespérant.

    A titre personnel, Bagley est à mes yeux bien meilleur car justement il y a une évolution dans son trait et un niveau bien supérieur notamment lorsqu'il commence à avoir enfin un encreur qui lui convient (Période Thunderbolts). Et surtout, sa narration est bien meilleur (en même temps, celle de Lim est plus que minimaliste mais en effet elle fonctionne !) et graphiquement il tente des choses contrairement à Lim qui se contente finalement de bien peu de plan (Comme finalement un Steve Dillon qui après ses débuts chez VERTIGO plutôt prometteur n'évolue plus voire régresse de mon point de vu !)

    Concernant Oliffe, sans être folle, sa narration fonctionne très bien et si je ne suis pas un fan inconditionnel de son dessin, je me suis forcé à lire ces SpiderGirl , à postériori dans le mag Spiderman, pour Al Williamson (comme quoi, il faut toujours chercher un point d'entré) et j'ai plutôt bien apprécié la lecture. Comme quoi ! ;)

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  7. bon ben voilà, j'ai écrit un commentaire et je l"ai signé Laurent Sieurac :)

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  8. Eh ben ! Toi quand tu n'aimes pas … Tu n'aimes vraiment pas ! Ron Lim … Bof ! Liefeld !! Triple bof ! J'aime certaines choses chez Ron Lim mais pas chez Liefeld. Quand à Mark Bagley, je le trouvais pas mal sur Ultimate Spider-Man ...

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  9. je me répète un peu mais Liefeld est une sorte d'escroc (génial selon certains) avec des fulgurances, pas forcément graphiques d'ailleurs
    Lim est un médiocre au sens où comme dit par deux de nos dessinateurs ici, deux Laurents, il n'est pas seulement pas bon techniquement, ou disons au moins très faible,mais il n'a jamais évolué, pendant des décennies!!!
    Dessinateur est un métier; Un métier très dur qui plus est. Mais quel que soit le métier d'une personne, constater qu'un pro est faible, voire mauvais, dans son domaine et TOUTE Sa CARRIERE, ce n'est pas être méchant, en tout cas pas gratuitement, c'est un constat
    Bien sur il y a un certain goût possible, de certains lecteurs qui associeront certaines pages à des histoires qui leur plaisent, mais techniquement il est indéniable que c'est faible, et constant

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  10. Très franchement je supporte assez Ron Lim et pas du tout Liefeld mais puisqu'on en parle, que penses-tu de Erik Larsen ? Un des membres fondateurs d'Image. IL a succédé à McFalarne sur Spidey et dessine toujours Savage Dragon avec une belle régularité. C'est peut être le plus régulier d'Image …. Perso mon dessinateur préféré chez Image reste Jim Lee : Son Run sur Batman "Silence" est vraiment beau graphiquement avec un superbe encrage.

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  11. Je comprends car je considère les réactions à Liefeld plus viscérales que celles face à un dessin comme celui de Lim.
    Larsen? Il mériterait une grosse entrée
    Quand il arrivé sur Spidey j'ai rejeté car il prenait la place de son pote McFarlane qui m'avait fasciné;Puis j'ai trouvé son travail intéressant, sans savoir que ses encreurs arrondissaient les angles
    Quand il s'est lâché, seul aux commandes il est vite devenu un fiston de Kirby. Il a une patate, une puissance, étonnante. Un trait personnel, une connaissance des bases...Il a une vraie vision mais malheureusement elle me laisse souvent froid car son perso me gonfle vite; J'ai essayé, souvent, et ça me lasse; mais c'est très personnel
    Pour les autres Image boys, je trouve que le meilleur fut Silvestri, mais uniquement pour des X-men et ses Wolverine, car sur la durée c'est Lee qui tient le haut du pavé. Il a fait du bon (X-Men) du très bon (des batman), du mauvais (Wildcats) du très mauvais (Divine Right)mais il a une connaissance technique indéniable, un vrai style, et la capacité de faire bien autre chose que du pin up art

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  12. Tiens !

    J'ai une légère nuance avec toi sur ton dernier commentaire, Phil (Champagne !):

    D'accord pour Silvestri (période Dan Green à l'encrage) en haut de la pyramide, puis, comme toi, Lee en "deuze".

    Mais je mettrais "très bon" sur Uncanny X-Men (du découpage, de la narration, merci Claremont...). Même ressenti que toi pour Wild C.A.T.S et Divine Right, mais là où je diffère, c'est que je mettrai tout juste "bon" pour Silence.

    Aucune expression, que de la pose. Batman est constipé de la première à la dernière case.

    Même quand il sourit, on sent qu'il "pousse à l'arrière" en même temps.

    Ridicule.

    L'histoire est quand même très prévisible (mon vieil ami d'enfance revient, alors qu'un mystérieux ennemi apparaît ?!? mais qui c'est-y bien donc que l'un et l'autre ne seraient pas en toute fin de compte la même personne ?!? Brillant).

    Mais malgré tout ça, je comprends parfaitement que son STYLE séduise.
    Car avec Lee, tous les projets ne semblent se réduire à des prétextes pour refaire encore et toujours la même chose : "Gardez la pose, changez juste les bulles".

    Et c'est vrai que, globalement, Jim Lee, ça le fait !

    C'est pour ça que je garde un "bon".

    Toute la galerie d'ennemis de Batman par Jim Lee, c'est tout de même sympatoche à regarder.


    Mais même d'occase, je n'ai jamais réussi à acheter Silence, car je sais que je vais me dire constamment "Mais pourquoi avoir craqué plus de 2 euros dans ÇA !)

    Silence, ce n'est pas de la BD, c'est un catalogue de poses pour faire des couvertures "trop cool".

    Uncanny X-Men (je pense au 271 en particulier, avec Wolverine et Jubilee qui arrivent à Genosha : c'est à la fois FUN et NARRATIF : PARFAIT !)

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  13. Pour Liefeld on parle souvent d'énergie adolescente. Pour Ron Lim, c est un peu le 3ème âgé: ça bande mou et ça dès ses premiers travaux. En tapant sur Google "Ron Lim 2018", on voit ses cover. C est plutôt réussi si on aime le style cartoons d'Ed Mcguiness.
    Les personnages sont plus expressifs et dynamiques. Le trait est plus racé également. Après je ne connais pas les pages intérieures. Mais comme Lim n'a jamais été un crack en narration ça ne me pousse pas à plus de curiosité.

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  14. C'est vrai qu'il semble y avoir un petit côté mcGuiness (que je n'apprécie pas non plus cela dit)
    Laurent je suis d'accord sur les X-men, en grande partie du fait de Claremont, mais tu est trop dur avec son Batman. Le scenar ok, très bof et prévisible mais le boulot de Lee est aussi narratif, sans aucun doute et sans compter les essais de style lavis...il s'est amusé au dessin, avec de la narration, et son style se prêt bien au sombre chevalier noir
    Il a fait des bouquin de pin up mais pas Batman
    Prend plus de temps pour refeuilleter, si possible la version n et b Urban, superbe
    Il n'y a vraiment pas que du catalogue de pose je t'assure
    une page parmi d'autres
    https://www.comicartfans.com/GalleryPiece.asp?Piece=1196206

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  15. Oui, cette page est au-dessus du lot.

    Mais je ne change pas d'avis pour autant : je trouve ça joli, mais niveau expression, certes Batman est un chevalier ténébreux et ne peux pas sourire ou minauder, mais quand même, à part serrer les dents et tenir sa cape, il ne se passe pas grand chose.

    Mais c'est joli, je te l'accorde. Pas plus.

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  16. Comme Lionel Garcia, je me sens obligé de défendre Pat Oliffe contre Franck.

    Ce n'est pas le plus extraordinaire des dessinateurs, je l'avais détesté sur DC Vs MARVEL Unlimited Access, mais ces dernières années je l'ai vu arriver à plusieurs reprises sur des séries et insuffler une belle lisibilité.

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  17. tatata c'est joli, efficace, bien dessiné, et narratif!! Mais je sais que tu ne changeras pas d'avis

    Mycroft moi je trouve que oliff raconte solidement une histoire mais, comme le regretté Steve Dillon (auquel j'ai tjs préféré le frangin d'ailleurs) c'est souvent le minimum syndical; Mais contrairement au sujet de cette entrée il a fait des choses mieux, plus intéressantes (qques spider girl de mémoire) et quand il était encré par Williamson c'était plutôt chouette

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  18. Je ne connaissais pas Pat Oliffe... et je dois dire que je le trouve... pas mal du tout !

    Certes, le noir et blanc doit aider, mais après tout, il n'est pas responsable des couleurs non plus.

    Des cadrages intéressants (et tenus), des ombres astucieusement placées, quelque chose de classique à la Lee Weeks (le bonhomme est né en 1950, ça explique), sans être au niveau évidemment.

    Rien à voir avec Lim, où, même avec un regard bienveillant (j'ai un peu cherché du coup), je ne sauve définitivement rien.

    Marrant comme chaque sujet, les bons comme les mauvais, nous fait ressortir quelque chose : Il aura bien fallu Ron Lim pour que je connaisse (un peu) Pat Oliffe !

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  19. comme quoi, même sur du négatif, du positif ressort

    demain retour du positif, mais non consensuel j'en ai bien peur

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  20. Jim Lee est un artiste virtuose: il a certes redefini le style superhéros comme le fit John Byrne en son temps. Mais le plus remarquable à mes yeux sont ses experimentations: lavis couleurs sur ce Batman. (Hush ou Silence), noir et blanc contrasté façon Miller sur Deathblow. Sur les videos que Lee poste de temps en temps, il dessine en direct, utilise gouache et aplats à l’encre de chine comme le ferait Sienkiewicz. Le résultat est souvent lisible et agréable.
    Depuis les débuts d’Image, les planches de Lee m’enhousiasme guère. Il faut dire qu il n’est pas aidé par les scénarios soporifiques.
    Sur les Wildcats 10 à 13, le dessinateur est rejoint par Claremont pas rancunier. Le scénariste revampe la série en introduisant un nouveau personnage (Huntsman, décalque de Gambit). Jim Lee retrouve alors une deuxieme jeunesse. Les planches sont dynamiques surtout sur le premier épisode. Apres la suite est assez indigeste. Ce n’est plus qu une succession de planches pin up sans inspiration. Les personnages féminins sont croqués dans des poses cheesecake.

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  21. La première est dans ma collection, avec une pin-up de Catwoman.

    https://www.comicartfans.com/gallerydetailsearch.asp?artist=Pat+Olliffe&GCat=73443

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  22. carrément mieux que ce que j'ai vu jusque là, merci pour les liens

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  23. J’ajoute ma petite pierre à l’édifice concernant Ron Lim pour tenter de le défendre… un petit peu.

    On peut regarder la carrière de Ron Lim sur son ensemble, comme vous l’avez fait, pour en tirer les constats déjà évoqués, ou bien faire un zoom ciblé sur le passé… Je pense que ce n’est pas inintéressant de faire la démarche…

    1990. Je découvre dans ma nouvelle ville un comic-shop où je vais enfin pouvoir m’approvisionner régulièrement. Ne sachant quoi acheter pour ma première visite, mon œil se porte naturellement vers les séries que Lug ne publiait pas à cette époque, et je tombe donc sur le Captain America de Mark Gruenwald, Ron Lim et Danny Bunaladi. La première planche de mon premier numéro acheté fut ceci :

    http://dl.free.fr/nsKXLgncs

    … ce qui n’était pas mal comme entrée en la matière…

    Je trouvais ce que le dessinateur, Ron Lim, n’était pas mauvais du tout. Certes, il dessinait d’une drôle de manière les bouches des personnages, avec souvent une touche tremblotante au bord de la lèvre, mais l’ensemble était agréable à l’œil, et l’ambiance, les plots conçus par Mark Gruenwald, mi-action… et mi-soap (n’ayons pas peur des mots) fonctionnaient bien. Ca plaisait bien aussi au post-ado que j’étais.
    Quelques mois plus tard, démarra la mini-saga estivale « Street of poison » qui me sembla porter un bon coup d’accélérateur (Captain America, un drogué depuis toujours, maintenant en overdose ???), et comme beaucoup de séries estivale de Marvel de cette époque, il y avait un numéro toutes les deux semaines. Suivant les numéros, des choses très sympas, comme ce numéro où Bullseyes projette tout ce qu’il trouve sur son passage sur Cap :

    http://dl.free.fr/f1m7ijLZc

    J’aimais bien les « fantômes » de ses pages d’action, comme ici sur la gauche :

    http://dl.free.fr/fHL0tg9KX

    Je fus estomaqué, en revenant au comic-shop, de découvrir que le type aux dessins était non seulement sur Captain America tous les mois, parfois toutes les deux semaines, mais aussi sur le Silver Surfer qu’il avait repris quelques mois plus tôt. Mais combien de planches ce gars pouvait-il donc abattre tous les mois ?

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  24. Les deux ans que Lim passa sur Captain America plurent à pas mal de monde et, avec sa prestation sur le Surfer en parallèle, il acquit sa petite notoriété. Je n’étais pas le seul à bien l’aimer. Je fus assez surpris de découvrir dans Scarce, revue pourtant sérieuse, que dans le numéro 30, Lim était apprécié par plusieurs collaborateurs. Dans l’article de Jean-Philippe Renoux, je lus que la période actuelle de Captain America « n’était pas la plus inintéressante ». Si les planches de Lim n’étaient pas « des chefs d’œuvres de minuties », « reste alors le dynamisme de sa mise en scène conjugué à la vigueur de son découpage ». « S’il y a une justice pour les bons comics, Street of Poison devrait rester mémorable ». Diable !!! L’ « horrible » fill-in du 379, où Lim avait laissé sa place à un tâcheron fit tellement… tâche que « le retour de Lim et Bulanadi ne tarde pas, et dès le numéro suivant, le charme peut opérer de nouveau ». Bon sang de bois ! Même Scarce !!! J’appris aussi dans ce numéro que Lim travaillait aussi sur une troisième série en parallèle : Conan. Je n’en revenais pas !!!

    Lorsque les planches de Lim sur le Surfer arrivèrent dans Nova que je lisais toujours, ce fut pour moi un soulagement, tant le pauvre Marshall Rogers, qui officiait sur la bande jusque-là, produisait des planches tellement ternes pour mon œil qu’on l’aurait dit lessivé (pour Jean-Philippe Renoux, justement, Rogers était « désormais fatigué » : je n’étais pas le seul à avoir remarqué. J’eu peine à croire, des années plus tard, que ce type avait été un des grands dessinateurs de Batman des 70’s, mais passons… )

    Lim apporta donc beaucoup d’air frais au Surfer, et tout comme Captain America, j’aimais beaucoup le comic. Il y avait vraiment un souffle cosmique dans ces planches, certes aérées, et cela ne fit que grandir lorsque Jim Starlin débarqua pour entamer ses pérégrinations cosmiques, sur lesquelles Lim le suivit en parallèle : Thanos quest, Infinity Gauntlet... On oublie parfois aujourd’hui que Lim resta tout de même 6 ans sur le titre, et fut peu souvent remplacé malgré les autres projets qu’il mena en parallèle !

    Mais quelque chose changea pour mes yeux vers Infinity War, sur la fin 1992. Etait-ce l’encrage sans ambition d’Al Milgrom, désormais attaché comme une teigne à Lim, ou bien la magie semblait-elle pour moi s’être estompée ? Le trait de Lim me semblait être devenu plus simplifié, kilométrique... et la sensation ne fit que s’accentuer dans les mois qui suivirent… A ce moment-là, je vis des choses curieuses sortir du crayon de Lim comme la pauvre tentative de Marvel de pomper Spawn : « NightWatch » (encore Al Milgrom à l’encrage…) ou encore « X-Men 2099 » où la dégradation de son graphisme devint de plus en plus apparente au fil des numéros… De plus en plus simple, de plus en plus bâclé... Un rapide parcours sur l’ensemble des numéros du Surfer, mètre étalon, me permis de voir qu’il semblait y avait eu, là-aussi, mais de manière moins sensible, un appauvrissement avec Infinity War. Dans les années qui suivirent et au fil des projets à côté, je ne retrouvais plus jamais le jeune dessinateur qui m’avait bien plu entre 1990 et 1992… Il était devenu le dessinateur qu’il était aujourd’hui. Pire, le prolifique qu’il était commença à se faire rare…

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  25. Une connaissance avec qui j’échangeais sur le sujet me dit que Lim avait probablement bien été aidé dans cette période 1990 - 1992 par ses encreurs, qui étaient de la catégorie des embellisseurs philippins comme Danny Balanadi sur Captain America, ou des redresseurs de traits comme Josef Rubinstein sur Infinity Gauntlet. Soit. Mais j’avais eu la curieuse impression que le déclin de Lim avait coïncidé aussi avec une période clé de l’histoire du comic book américain : l’arrivée d’Image Comics, et en filigrane, la starification des dessinateurs. Certes, Lim n’avait pas les moyens artistiques des Lee, McFarlane et consort, mais ne s’était-il pas enfermé avec ces années-là, justement, avec sa productivité assumée et sa petite notoriété marvelienne, dans une routine kilométrique de plus en plus fainéante, assuré que les comics se vendaient bien et vite, sous leurs couvertures gadgets ?

    Aujourd’hui, je pense que Lim, tout comme Bagley, firent partis de cette dernière génération d’ « avant ». Celle qui arrivait plein de sève chez Marvel, consciente des conditions de travail mais ravie de bosser sur les personnages qui avaient marqué leur enfance et pour qui animer plusieurs séries en même temps, s’ils en avaient les moyens, était presque un honneur, telle la référence Byrne, qui, corrigez-moi si je me trompe, devait justement animer lui-aussi à ce moment là 2, 3 séries en même temps ?

    Lim et Bagley connurent des destins contraires.

    Bagley, sans doute plus humble vu l’endroit d’où il partait (un héritage assumé de mini-Gil Kane, et aussi une formation « maison » sur des fills-ins et des back-ups, alors que Lim avait été recruté de l’univers indé par un chasseur de tête Marvel, au vu de ses Ex-Mutants et autres Badger), me parut totalement imperméable à l’effet Image. Même son arrivée sur Amazing Spider-Man qui aurait pu lui retourner la tête, lui qui sortait des New Warriors, ne fut qu’une (longue) étape parmi d’autres. Toujours le nez dans le guidon (« I work like a dooooooog !!! », m’avait-il dit un jour en convention), il devint un meilleur artiste au fil des années, sur Thunderbolts, puis sur Ultimate Spider-Man, puis sur les Fantastic Four ou Brilliant, et ainsi de suite… Je suis fier d’avoir certaines de ses planches dans ma collection, bon artiste sous-estimé qu'il est.

    Lim, pour moi, s’enferma petit à petit content dans sa mini-starification, et il semble donc dans les faits, des années après, qu’il n’ait jamais tenté de devenir un meilleur artiste… mais, vu des années 1990-1992, je me dis que peut-être, sait-on jamais, il aurait pu…

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  26. Merci pour cet essai de défense, très intéressant
    je suis complètement d'accord sur le parallèle avec Bagley, et les divergences
    Je pense toujours que le scénario est indéniablement primordial pour la sensation laissée, des années plus tard, au lecteur: la preuve, les 2 titres "supérieurs" cités sont les 2 avec un scénariste béton : Starlin je n’aime pas mais il est bon dans son domaine et a permis un travail "moins pire" sur toutes ces cosmiqueries; Et Gruenwald était un très bon qui laisse, au final, un goût assez agréable au titre (Cap)
    Pourtant,si Lim passait, il semblerait, plus de temps sur ses pages, tous ses défauts, qui seront accentués plus tard, étaient déjà là : prenons les deux planches en vis à vis : sa gestion du bouclier est une cata (il cache 20% du bras qu'il est censé cacher...) il gère très mal les masses noires des costumes qui rendent les perso moins lisibles, la dernière case est une horreur de perspective/proportion...Quant à la planche seule de Cap vs le Tireur elle n'est pas lisible tant les traits de vitesse remplacent, ou sont censés le faire, la narration (passer de la case 3 à 4 juste avec les traits qui disent que le Tireur est censé s'être barré de la poutre!) Bref techniquement je reste sur mon avis négatif, mais j'ai souvenir en effet d'analyse de Jp Renoux plutôt positive, en (très) grande partie du fait de cet effet scénario évoqué je pense

    Très intéressant en tout cas

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  27. Je suis content que Pat Oliffe ait été abordé puis réhabilité dans les commentaires !

    Blague à part, j'aurai toujours une faiblesse pour les Surfer de Ron Lim (l'époque où je découvrais le personnage) mais globalement, oui c'est pas folichon. La palme du pire à son palmarès revient sans doute aux comics Power Rangers du début des 90s où clairement il a pondu ça en automatique (sans doute en marge d'une série mensuelle chez Marvel).

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  28. heureusement que je n'ai jamais eu ça sous les yeux

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