Une entrée légère, mais qui me pose question
L'une des couv de Detective Comics 1000
Crayon/encre par Frank Miller. Colo d'Alex Sinclair
Miller a fait pire, et j'aime bien ce dessin, mais là n'est pas la question
Regarder les biceps de Batman...
Maintenant observez l’original (vendu, ou à vendre, par Glen Brunswick...50 000 usd!!!)
Miller a fait son dessin au trait, sans aplats noirs...sauf sur les deux biceps (surtout le gauche)
Aplats qui ont disparu de la version publiée
Peu de chance que Miller ait retouché l'original, car en regardant de plus près cette colo on voit que le coloriste a transformé les masses noires en masses de couleur (on perçoit encore les traits d'encre, en couleurs du coup)
Bon ok, c'est peut être assez cohérent, même si très indélicat, de retoucher un dessin, mais ma question est : qui a refait l'encrage de ces muscles,en moins marqué? Car on voit bien sur la version imprimée qu'il y un encrage par dessus ces masses noirs transformées en couleur.
Sinclair?
Mystère
Je suis plus gêné, au premier regard, par la forme ,le contour des têtes des persos-surtout Batman et ses oreilles,les vraies- les mains et surtout coiffure de Robin ,signes que Miller n'a pas encore totalement récupéré ses moyens Après sa maladie,mais il revient bien.
RépondreSupprimerOui,qui s'est permis de retoucher ainsi un dessin de Miller-avec,sans son accord? - qui assurément n'est pas un petit moineau de l'industrie des comics que l'on ignore?!
Surtout que l'éditorial a laissé passer bien pire,de Miller.
L'esprit humain est une chose infiniment complexe et fragile. Un déséquilibre infinitésimal, une perte du sens de la profondeur des choses (essentiel quand on dessine/peint)... et tout change dans le rendu de l'œuvre.
RépondreSupprimerPendant des années, suite à un problème de réglage de son traitement de la thyroïde (fin des années 1980), Frazetta n'arrivait plus à se connecter à cette porte dans son imaginaire, qui lui faisait sortir ces merveilleuses images peintes en une nuit.
Il témoignant quelques années après (quand le dosage fut affiné, et l'équilibre retrouvé), combien cette période avait failli avoir raison de lui (il avait envisagé le suicide - ce qui est fou quand on sait à quel point c'était un roc, entouré d'un socle familial clanique).
Chez Miller, je me fais la même réflexion : le sens du volume ne semble plus compris. Plus BIEN compris. Comme s'il avait perdu un feeling qu'il avait avant.
La position de Carrie sur son épaule, comme une feuille de papier découpée/posée sur sur une autre feuille de papier plane (Batman).
Les encoches sur la tête de Bats ressemblent plus à de petits triangles dessinés par un enfant, qu'à des entailles qui suivraient, de manière courbes, la forme de la tête (qui n'est pas le carré qu'il dessine, mais la représentation plane d'un VOLUME).
Alors il s'accroche, il donne tous les signes "classiques", les codes qu'il a lui-même inventés (la gueule amochée du boxeur, ces détails d'encrage si identifiables...) mais c'est comme si il ne "sentait" plus les volumes, comme à l'époque de DKR, Elektra lives Again, etc.
Oui, Miller ne nous est pas revenu intact de sa "maladie". Pourtant c'est probablement un tout petit changement dans sa tête qui est à l'origine de cet avant/après. il faudrait montrer ces exemples à un spécialiste du cerveau appliqué à la créativité, ce serait probablement éclairant.
Grand respect malgré tout !
J'en retiens aussi qu'entre ce qui relève d'une récupération et ce qui relève, peut être, d'une évolution voulue, d'une recherche et, par endroits, d'une provocation, Miller trouve toujours le moyen d’être passionnant pour ses admirateurs (dont nous sommes) au sens premier du terme
RépondreSupprimerJe dirai... peu importe. Ce dessin est deguelasse, comme tout ce que dessine miller ces dernieres annees. Il n y a que son aura qui le sauve du lynchage. Imaginez si cette couv etait signée liefeld...
RépondreSupprimerSon aura ne le sauve pas du lynchage, et aurait même parfois tendance à accentuer ce lynchage je trouve (certains aiment bruler leurs idoles)
RépondreSupprimerReste un peu de recul et beaucoup de subjectivité qui donnet des avis, plus nuancés :)
Tutafé.
RépondreSupprimerEt une différence notable (parmi un bon million) entre Liefeld et Miller : Liefeld copie/plagie/vole nombre de ses dessins à des collègues, et arrive encore à les rater magistralement en le faisant. Un exploit difficilement égalable.
Je ne dénie pas pour autant à Liefeld la qualité d'"auteur"... seulement il a une manière si toute particulière de l'être, que la langue devrait s'enrichir d'un nouveau mot pour distinguer "auteur" suivant qu'on parle (par exemple) de Frank Miller... ou de Rob Liefeld.
Comme il faudrait un mot pour distinguer "journaliste" (Pulitzer; Hemingway Albert Londres)... et journaliste (Closer, Gala, Voici...).
Hé bien, je ne veux pas verser dans la provoc, mais j'abonde dans le sens de 2inOne.
RépondreSupprimerCe n'est jamais facile à admettre et à exprimer, mais Miller n'est plus ce qu'il a été, et ça fait quand même un moment. Je reste indulgent avec ça malgré tout parce qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, oublier ce qu'il a apporté, etc. Mais il faut aussi être lucide : c'est un service à rendre à ceux qu'on a admiré.
Jusqu'à "Sin City", pour moi, Miller a été un grand formaliste. En tant que scénariste, "Sin City" charriait déjà son lot de fioritures et autres déchets, mais graphiquement, c'était un choc esthétique puissant. Depuis, je n'ai vu aucune image de Miller (image détachée ou art séquentiel) digne du génie qu'il fut et qui a contribué à dynamiter le média.
Une bonne part vient de l'encrage, qui est abominable. Miller est un mauvais encreur, et comme tu l'as souvent si bien mis en avant, la contribution de Janson était cruciale. Mais cette couverture résume tout ce que Miller ne sait pas faire tout seul (le travail sur le volume notamment). C'est tout de même très laid. Avoir retouché les biceps est étonnant certes (même si je n'incriminerai pas Sinclair, qui est un coloriste respectueux), mais dérisoire par rapport à la totalité du dessin.
J'observe la même chose chez Byrne, qui dessine vraiment désormais en pilotage automatique. la différence, c'est que Byrne sait encrer, et que le rendu est toujours propre, correct. Bon, ça ne sauve pas les meubles, mais au moins ce n'est pas repoussant, il y a encore ce mix de souplesse et de fermeté qui fai que le mec ne se contente pas de dessiner vite fait mal fait.
Mais niveau dessin, Miller me semble tout bonnement cramé. Il n'y a plus d'essence dans le réservoir. Il a tout brulé.
Ah ça c'est autre chose, et je suis d'accord : je crois aussi qu'il est cramé, le père Miller.
RépondreSupprimerLà où Phil parle de rémission, je suis moins optimiste.
De là à convoquer Liefeld... quand même pas !
Le parcours, le bonhomme, les concepts, les scénars, l'apport au(x) média(s).
Bref, comparons le comparable !
C'est sur
RépondreSupprimerAprès cramé, je ne sais pas
On dirait, mais il peut nous surprendre, en tout cas j'aime à penser qu'il le peut
ce qui ne m'a pas empêché de programmer une entrée, for next week, sur un vieux taff de Miller
Il n'a jamais laissé indifférent et aujourd'hui avec cette "évolution" et, j'en suis persuadé également, sa provoc, c'est pire que jamais
RépondreSupprimerIl divise, pour le moins, et je pense qu'il adore ça
Également du même avis que Lionel ,
RépondreSupprimeret comme dit dans un précèdent post, je trouve que Miller a, à une époque, introduit la caricature dans les comics, une approche de la morphologie disproportionnée, une rupture de ton, de cadrage et surtout une réelle absence de concession dans ses dessins et son propos...eh bien tout cela semble désormais à son paroxysme...volontairement ou non.
Mais en tout cas je met plus cela du coté d'une évolution de son travail que d'une "régression".
Et pour faire un parallèle bizarre, durant la longue période ou je m’intéressait au cinéma de manière compulsive. Au bout d'un certain temps, maitrisant bien le sujet de tout les grands films/réalisateurs,etc...eh bien j'ai du prolonger ma soif sur les séries B, Z les plus ultimes (dont certaines peuvent figurer au panthéon du 7éme art).
Je regarde toujours de vrai bon film, mais j'ai désormais tendance à "disséquer", questionner et retenir les autres, ceux qui sortent du lot pour leurs défauts et leur coté atypique, hors norme.
Je pense que quand un sujet est bien maitrisé, on aurait peut être tendance à le faire évoluer vers quelque chose de plus déviant, irrégulier pour en retrouver les fondements même.
Euh, je ne sais pas si je suis bien clair... mais en bref pour moi Miller a eu une telle maitrise du crayon qu'il est désormais entrer dans une autre phase lui permettant de jouer avec ce qu'il maitrisait parfaitement (et dans lesquels il s'ennuyait peut être au final).
Je pense que c'est le concept même de la "création" au sens large (auquel s'ajoute peut être effectivement sa maladie, ses défauts d'encrage,etc...).
Pour finir, mon seul réel problème avec Miller est qu'il abuse réellement sur le prix de vente de ses originaux!!!
Ton parallèle avec le cinéma me paraît vraiment super intéressant. Et nos échanges prouve en tout cas à quel point Miller a été et reste tjs aussi important. Quant au prix surréaliste de ses originaux comme ceux de Jim Lee et, d'autres encore ils sont simplement liés à la spéculation, et ses travers (pléonasme)
RépondreSupprimerProuvent
RépondreSupprimerPour moi Miller n'est pas cramé mais "essoufflé",ce qui peut se comprendre.Mais il retrouve un certain souffle même s'il ne respire pas encore à pleins poumons.Peut-être ne le fera-t-il plus jamais (âge) mais il a refait du chemin depuis son retour.
RépondreSupprimerAprès il ne cherche pas,depuis un certain temps,à faire dans le gracieux au premier degrés,esthétiquement,ce qui le coupe forcément d'une certaine partie du lectorat qui du coup n'aime pas se reconnaître,n'a pas envie,de se mouvoir dans son "monde",ses récits, et reste sur le pas de la porte.
Ce qui au final de la part d'un narrateur donc un communicant-surtout de l'envergure de Miller- pose toujours un questionnement sur la pertinence de cette démarche .
Mais en tout cas cette couv, je l'aime bien,
RépondreSupprimerJ'ai acheté le détective comics 1000 pour elle et elle trône fièrement "encadrée" dans ma bibliothèque.
Et puis quand on aime un artiste on a peut être aussi tendance a accepter plus facilement ce qui est pour les autres de l'ordre de "l'abominable". Preuve en est j'aime réellement Dark Knight strikes again (bien que sa colorisation me pose quelque fois problème :(
tout pareil, sauf l'encadrement (je n'ai pas encore récupéré le comics chez mon vendeur)
RépondreSupprimeridem
RépondreSupprimeren regrettant quand même un peu, nostalgia, Mme Varley
idem,
RépondreSupprimerne serait ce que pour le coté arlésienne du truc et qui finalement arrive! ça fait quand même 10/15/ou peut être plus ans qu'il l'avait annoncé...
Milller a toujours dit, quand il était avec elle, qu'elle faisait ce qu'elle voulait, comme elle le voulait, allant même souvent à l'opposé de ses directives
RépondreSupprimerJe pense à une couv de Sin City : Miller disait lui avoir suggéré un ciel noir, bien sombre, et elle lui a rendu un grand soleil :)
je ne suis pas certain qu'elle ait continué, mais à creuser
RépondreSupprimerDK II en a mis plus d'un, dont moi, sur le cul, et pas positivement
Mais avec le recul c'est presqu'une experience intéressante, psychédélique (si on fait abstraction de ce qu'elle nous avait offert avant bien sur)
Il me semble avoir quasiment écris la même chose sur Romita jr à propos de certains choix qui éloignent certains lecteurs .
RépondreSupprimerDommage que des conteurs de ce calibre perdent un lectorat qui spontanément passe à côté de l'essentiel de leurs immenses qualités narratives.Bien plus efficaces que les "scanneurs de photos"et autres "photoshopeurs"compulsifs au photoréalisme sans unité froid qui passe encore plus mal en imprimé que sur écran.
La comparaison de ces deux conceptions artistiques fini par nuire aux artistes "old school".
Oui c'est ça, mais largement plus marqué chez Miller, qui s'en fout, qui provoque...alors que Romita Jr se fond plus dans le "moule moderne", quitte à passer par un encreur mode comme Miki
RépondreSupprimerPour Miller c'est plus dur car le chemin est long pour le fondre dans un moule et seul le coloriste essaie,sans beaucoup de marge de manœuvre
Ce qui est intéressant avec Miller c'est que bien qu'influencé par la BD de tous les continents il n'est pas du tout dans le style "global" actuel. Il est plus brut,moins aseptisé.
RépondreSupprimerAu delà de l'air du temps.
c'est le moins que l'on puisse dire
RépondreSupprimeret parfois je l'aimerais moins brut (genre, la couv variant de Superman year one)
Pour Xerxes je ne sais pas je n'en ai aucun quasi rien vu
RépondreSupprimermais si on regarde DK II en n et b , début de son "déclin" pour beaucoup, je suis partagé : le n et b montre bien le travail brut, mais on voit aussi qu'on oscille par endroits entre expérimentation et léger foutage de gueule
il faudrait que je relise cette version n et b (pourtant pas bien vieille)
RépondreSupprimerDe mémoire c'est un peu vide mais ça se tient
oh le bon sujet, et vaste
RépondreSupprimerOk la narration et l'intrigue sont essentiels, mais après, quant à d'éventuelles baisses de niveau de dessin durant l'histoire, tout dépend de ce que j'atteends d'un livre/BD : sur de la lecture rapide j'excuse facilement des niveaux divers, mais sur des oeuvres importantes à ma yeux je suis tjs déçu d'éventuelles baisses. je pense, même si ce n'est pas un chef d'oeuvre, à Wolverine Jungle adventure que j'ai tellement aimé mais dont la dernière partie, en costume est nettement en dessous au dessin (du fait d'un Mignola moins inspiré, déjà, par le super héros)
DKR est une exception, j'ai tellement intégré cette oeuvre ave cles années que même les (grosses) imprefections de dessin/finition me plaisent
En Franco belge c'est pareil, j'ai eu l'occasion de parler avec quelques uns des intervenants ici, et un en particulièrement il y a déjà qques années, du fait qu'il était dommage d'avoir des dessins "en dessous", visiblement par manque de motivation sur une séquence, alors que tout le reste est un gros cran au dessus (le dessinateur en question se démasquera peut être de lui même :)
ah mais alors on est d'accord
RépondreSupprimerLe feuitton prime dans ce cas
Et surtout venant de JY Mitton, que l'on ne peut que citer, interrogé sur les plus beaux mots de la BD : "à suivre"
Salut Phil,
RépondreSupprimerje viens de recevoir "Cursed" de Thomas Wheeler et Frank Miller,
Après une rapide lecture. Hum, en fait, j'ai surtout regardé les illustrations de FM et je peux assurer que Frank est à nouveau là, au plus haut niveau.
Ses dessins sont magnifiques, back to Elektra Lives Agins style... Dessins encrés style ligne claire, traits sans épaisseur, mais magnifique, et qui plus est N&B pour la plupart, quelques uns en couleur, superbes,... Encrage et couleur himself, je pense.
Il maîtrise pleinement son trait, fini les effets Egon Schiele destroy!
Seul regret: édition taille comics, soft cover, avec de nombreux dessins coupés en deux ce qui gêne la contemplation.
Mais, pas de doute, he's back!!
Merci de ne pas venir nous casser le r..gnoles avec son retour raté chez Superman, il est au delà et toujours parmi les plus grands (bon OK, je suis un peu inconditionnel, je trouve même que Holly Terror est pas mal et j'ai toutes ses couvertures de Lone Wolf & Cub)
Très bonne nouvelle!!
j'ai plutôt un a priori mais je tenterai, car je reste un fan
RépondreSupprimerQuant aux roubig...cassées, désolé mais si, un peu, demain (nan, c'est plus le dessin, mais quand même)