Cette semaine marquera ma 2000ème entrée (après demain)
Pour fêter ça, j'inaugure ce qui pourrait devenir une rubrique récurrente, sur une idée initiale de Laurent Lefeuvre (qui aura à participer, j'en fais mon affaire)
Carte Blanche à...
L'idée est donc de laisser la parole à quelqu'un d'autre que moi.
Celui qui inaugure ceci est un philosophe, spécialiste en physique quantique et rhétoricien de la mauvaise foi...
Mais non, tapez donc sur g...gle si vous ne le connaissez pas
Place à Monsieur...Biancarelli
Je me dis que ce
livre est surement oublié voire inconnu pour beaucoup.
S'il existe encore des
Bds exigeantes et grand public, j' ai l' impression que de nos jours il faut
choisir entre "expérimental" et "grand public"
Or, c' est encore
une époque où l'on faisait des livres à la fois dédiés au grand public et en
même temps expérimentaux. - A la première lecture, cette BD semble être une BD
comme les autres. NogegoN est un monde où Nelle recherche son amie disparue
Olive.
En observant la
numérotation des pages, on s'aperçoit que passée la page 36, les pages sont
désormais numérotées de la façon suivante : 36', 35', etc jusqu'à la page 1'.
Tout cet album est
en fait construit comme un palindrome. (Un palindrome est un texte dont l'ordre
des lettres reste le même qu'on le lise de gauche à droite ou de droite à
gauche.)
NogegoN est
entièrement axé sur une symétrie centrale.
A la première page correspond la
dernière qui est son inversion en miroir, à une montée correspondra une descente,
une plongée à une contre-plongée, un mouvement vers la gauche à un autre vers
la droite.
A un sentiment
correspondra son sentiment contraire, etc.
C'est un exercice de
style assez réussi car dans mon souvenir l'histoire se lit très bien au premier
degré.
On peut à ce stade
arguer que ce n’est pas exactement un palindrome au sens ou à partir du milieu
on ne reprend pas "exactement les mêmes cases dans l’autre sens mais on
redessine des cases pseudo symétriques, pour autant..
Si je me replonge
dans l’époque, il n’y a aucune promo qui est faite sur le procédé que les
auteurs essaient de développer dans cet album.
Il leur faut donc
mettre le lecteur sur la voie du "méta-message" contenu dans le
bouquin.
Le folio des pages
est un début de piste et le titre en palindrome "NOGEGON" en est un
autre.
Et effectivement dés
qu'on met (un peu à tort) le mot palindrome sur la situation, alors même qu'il
est dévoyé il aide à mieux faire comprendre le projet
Je ne crois pas que
les auteurs parlaient à l’époque de palindrome
C'est moi, ou
d'autres personnes essayant de faire l’exégèse du bouquin, qui nous saisissons
du titre.
Franck Biancarelli
"...spécialiste en physique quantique et rhétoricien de la mauvaise foi"
RépondreSupprimerDéjà les insultes et la volonté de rabaisser. Je n' ai jamais été spécialiste de physique quantique, voyons.
Quoi ?
RépondreSupprimerC'est tout ?
Mince ! J'attendais Roy Crane, Warren Tufts, et tant d'autres !
ENCORE !
Je n'ai jamais lu cet album. Schuiten (qu'il bosse avec son frère Luc, comme ici, ou avec son compère Peeters) m'a souvent paru trop... froid, architecte, intellectuel, pour que je pense pouvoir en retirer du plaisir.
Et pourtant, la poésie de l'Enfant Penchée, récit paru dans (À Suivre) m'avait plu car il ressemblait à la poésie de Fred (Philémon). Et puis j'ai souvent eu l'occasion de lire ses propos, passionnants, et réfléchis.
Bref, tu me donnes envie, la quarantaine installée, de redonner une chance au produit.
PS : Bravo pour le passage de Denis Robert à "On n'est pas couché" de Laurent Ruquier, samedi soir. Quoi qu'on pense de l'émission (je dis ça, car j'ai lu des gens minauder sur ta page Facebook), c'est une super occasion de toucher un public BIEN plus large, avec un discours toujours pertinent de Denis, et BON DIEU : ça change des 3-4 mêmes auteurs qui trustent les médias (Jul, Sfar, Sattouff, ou Zep).
Je n'ai rien contre eux, mais il y a autant d'auteurs BD, intéressants, avec un propos, un univers à eux, qu'il y en a chez : les chanteurs/chanteuses, acteurs/réalisateurs/comédiens dans leur domaine.
Bref, bravo !
https://www.france.tv/france-2/on-n-est-pas-couche/on-n-est-pas-couche-saison-14/1121845-on-n-est-pas-couche.html
Schuiten est un garçon sérieux. La fièvre d' Urbicande est un bouquin sérieux dans lequel lui et son compère scénariste connaissent exactement ses points forts et faibles pour les faire converger vers un vrai point de vue artistique. C'est ça qui est passionnant avec lui, certes le temps de trois ou quatre bouquins. Après on n' a pas forcément besoin d' aller plus loin car oui tout ceci manque de fougue.
RépondreSupprimerJe te (vous) conseille malgré tout cette "Fièvre d' Urbicande". On lit rarement un bouquin aussi intéressant, adulte, maitrisé et moderne dans sa forme même trente ans après.
Lorsque je vais intervenir, si j' interviens de nouveau, je vais essayer de le faire là où on ne m' attend pas, sur des récits ou des points particuliers que j' estime un peu méconnu. Sinon, le taulier se débrouille très bien sans personne.
je suis 110% hermétique à SChuiten et c'est pour ça que cette première carte blanche m'a carrément intéressé
RépondreSupprimerLa fièvre d' Urbicande en premier.
RépondreSupprimerS'il a plu alors :
-Les Murailles de Samaris et La Tour(Le mieux dessiné selon moi)
Puis si on accroche vraiment Les trois premiers "Terres creuses"
-Carapaces, Zara et Nogegon.
Après ça suffit laaaaargement.
passage dans un rayon bd ce soir et j'ai vu plein de Schuiten, ben j'en ai pris 0 :)
RépondreSupprimerbon ça va, s'il y avait eu celui ci j'aurais peut être tenté
Phil, super cette idée de carte blanche
RépondreSupprimerGrace au commentaire de LL, j’ai regardé en replay l’intervention de Denis Robert dans l’émission de Ruquier et je m’interroge quant à l’équilibre entre l’apport du scénariste et du dessinateur sur une œuvre de BD.
Concernant Denis Robert, il apparait clairement que c’est lui qui amène la trame et le fond de l’histoire, de par son expérience et son vécu, le dessinateur le suit et illustre au mieux ses propos, brillamment concernant FB (j’ai commandé séance tenante leur dernier bouquin) .
Finalement je me pose cette question, par ex. sur DD BA et BY1, Mazz, est au service du scénario de FM, comme l’était, il y a longtemps Robert Gigi sur les histoires de l’Oncle Paul par ex. (il faut que l’on reparle de ce mec, Gigi, je veux dire, qui était grandiose !!!! )
Schuiten, c’est le dessin roi, structurellement impeccable. Mais tellement parfait architecturalement et froid, qu’il n’y a plus d’âme, en phase avec les équations du quinzième degré dont certains scientifiques sont friands… (:^))
Palindrome, c’est quand même plutôt complexe à appréhender, surtout dans le monde des petits mickeys.
Heureusement pour nous, FB est clairement dans un style organique avec ses influences Toth, Mazz et Rossi.
Bon... :)
RépondreSupprimerje ne vais jamais chercher les mêmes choses avec chaque scénariste. Ça prendrait des heures à expliquer. Disons qu' avec Denis on est dans le cadre cinématographique. Il apporte un scénario, je fais la mise en scène, la photo le chef opérateur, le décorateur et surtout le montage. Je décide de garder tel ou tel truc je décide de supprimer tel autre.
Avec Lewis, j' apporte une partie de l' histoire mais nous partageons la mise en scène.
Ce qu'il y a d' intéressant avec Nogegon c' est que c'est une BD qui se comprend comme un art graphique, dans l'image, sa succession, sa lisibilité mais c' est aussi un objet dans l' espace. Donc un art plastique. On peut le prendre en main et se laisser aller à l' intérêt de l' objet et là on redevient le maitre de la narration. Il y a une dimension de plus liée au support, le livre.
C'est un peu comme regarder deux reproductions de tableaux dans un livre. Elles ont grosso modo la même taille, on regarde l' image, son caractère graphique. Mais si on avait en face les deux tableaux on pourrait se rendre compte comme c' est le cas par exemple avec Schiele que certains font deux mètres sur 4 là où d' autres font 20 cms sur 40. Et là on ne les appréhende plus pareil. On ne passe pas d'un tableau à l' autre (plastique) comme on passe d'une reproduction (graphique) de ces tableaux à l' autre.
Je sentais que cette idée de carte blanche était bonne
RépondreSupprimerJe vois que cette BD date de 1990.
RépondreSupprimerLe célèbre numéro 5 de Watchmen "Fearful Symmetry" date de 1986.
On aimait donc expérimenter sur ces voies à cette époque...
Les érudits : d'autres exemples connus ?
Si je devais faire une seconde carte blanche, je la ferais sur "Fearful Symetry" je pense avoir des choses à en dire que je n' ai jamais lues ailleurs. Donc pas trop ressassées.
RépondreSupprimerIl veut vraiment me piquer mon blog :)
RépondreSupprimermais prépare donc si ca te tente, , le temps de faire une autre carte blanche et hop, 2nde opa l'an prochain
Il y a quelques années, j'ai fréquenté une nana passionnée de littérature et j'ai découvert un bouquin dont le titre est "Gradus, les procédés littéraires" de Bernard Dupriez, en poche, je le recommande ! (j'aime bien les dictionnaires de toutes sortes). Plus de 1000 définitions expliquées, dont le palindrome, la mise en abyme, l'épanadiplose, l'anadiplose, ... (je ne me rappelle pas de tout, en ce moment, je révise sur internet). C'est vrai que la BD est également une forme de littérature où ces procédés peuvent être utilisés. La principale difficulté est que cela garde un sens, un intérêt pour le public BD et que, à part la démarche purement intellectuelle, ça s'intègre dans un récit, une histoire, au delà du pur exercice de style.
RépondreSupprimerOh merde, on arrête tout, je viens d'être complètement cueilli, assommé, émerveillé, abasourdit !
RépondreSupprimerJ'ai reçu ce jour un bouquin que j'avais commandé il y a déjà quelques semaines : "Scarlett Dream", de Gigi et Moliterni, état "bon" d'après le site.
La couverture est à moitié déchirée, grand format, gros papier mat et ça sens un peu le moisi (quelle délicieuse odeur !) et c'est GRANDIOSE !!!
Gigi est un véritable génie, c'est monochrome... un chapitre bleu, puis orange, puis vert, puis rouge. Daté de 1967. C'est une merveille.
Les dessins sont fabuleux, école Poïvet assurément, quelque part proche du Mazz de la période "géométrie de l'obsession", encrage rough et équilibre parfaitement maîtrisé !
Phil, tu dois ABSOLUMENT parler de ce mec !
NB: J'ai été con, ça fait quelques années que je lis les BD sur ta belette - pratique en vacances, ça évite de trimbaler des kilos de bouquins, et le case par case amène également un nouveau mode de lecture mais tue un peu la narration, mais je suis revenu au papier à la maison.
RépondreSupprimerSinon, glurp, un nouveau Miller arrive "Dark Knight Returns: The Golden Child". Scoop ?
Vu que Miller n'assure pas les dessins et tant qu'il n'est pas en tandem avec Eddie Murphy sur ce one-shot, il fait ce qu'il veut...
RépondreSupprimerTiens, j'ai du Robert Gigi moi-aussi dans ma collection ! Ses albums documentaires sur les OVNI en l'occurence ("Le dossier des soucoupes volantes", "Ceux venus d'ailleurs" et "OVNI, dimension autre"). J'en ai bavé autrefois pour trouver les deux derniers, et pourtant je ne recommande que le premier, une bonne synthèse du phénomène de 1945 à 1970.
ca ressemble à une chouette découverte, ce Gigi qui, de ce que je glane sur le net, est un mélange étrange, mais classe, entre Forest et Gillon
RépondreSupprimerMerci
Quant au dernier opus de Miller c'est , pour moi, l'un de ses meilleurs
Loin devant le Superman de JRjr (comme quoi...) Le dessin aide, mais il y a d'excellentes surprises de scénar aussi
Très agréable surprise
The Golden Child est aussi pour moi un coup de coeur.
RépondreSupprimerMiller a repris la niaque, et Grandpa est assez épatant sous sa façade simili Quitely
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