lundi 3 février 2020

DD, Nocenti, et la société

Attention, une entrée lourde en images
 La COP 25 est terminée depuis un bon moment et, comme les précédentes, ne servira à rien puisque l'humanité à décidé de s’auto-détruire
Mais pour ne pas être que pessimistes, utilisons ce constat tel qu'il fut formulé par la géniale Ann Nocenti il y a déjà 30 ans passés, à l'occasion d'un bout sublime du run sublime de Daredevil avec Romita Jr/ Williamson
DD combat des démons mais ne perd pas de vue le combat du quotidien
Alors s'il le peut, et qu'il montre l'exemple, tout espoir n'est peut être pas perdu?
 

 Quand ce numéro est sorti, j'achetais déjà de la vo, mais j'ai repris ces épisodes en vf
 
 A comparer avec le crayonné (la signature fut déplacée pour parution)

Pour ouvrir ce sujet, et après avoir eu le plaisir de re(re)relire l'intégralité de ce run en vf (2 gros pavés Panini) je redécouvre à quel point Nocenti apportait de choses, de fond, sans en oublier le vernis super héros essentiel pour accrocher le jeune lecteur

Nocenti s'est un peu perdue sur des titres postérieurs, trop noyés dans son discours "politique" (Kid Eternity) 
Mais pas là
Son dessinateur compensait certains excès (il n'ont pas la même sensibilité politique) et surtout, son editor (Ralph Macchio) lui rappelait que c'était un titre de super héros.
Ainsi, à côté des batailles, des romances, et d'un aspect soap jubilatoire, elle ma clairement éveillé à plus d'un sujet social/sociétal, du haut de mes 15/16 ans, sans jamais m'ennuyer.

Exemples :
Dès le premier épisode de JRjr (elle était là avant et le sera après, mais je centre sur ces épisodes 250/282) 
Je fus fasciné par l'évocation du nucléaire
 
 
 
 Découverte de l'environnement de travail ultra social, de Matt
 Une grosse entreprise destructrice de l’environnement
 L'un des meilleurs "vilains" de l'univers DD, Bullet, homme de main cynique, mais aimant son fils (traumatisé par le risque nucléaire)
 
 Le monde de la loi, administratif, les combats citoyens/Etat/conglomérats...
 La révolte de certains citoyens, allant loin dans l'action militante, qui préfigurait un peu nos gilets jaunes?
 La condition féminine, les abus de pouvoir, le droit de cuissage, la réponse...
 La femme objet, la bimbo imparfaite, le mythe périmé de la femme soumise...
 
 Les enlèvements d'enfants, la pédophilie...
 L'élevage intensif, notre rapport à la (sur/mal) bouffe...
 
 Et il y en a bien d'autres (gestion de la cécité, pauvreté dans les campagnes, la filiation, la vision judeo chrétienne de l'enfer...)
Je n'ai pas souvenir d'un run, si court, quelle que soit sa (très grande) qualité graphique, qui abordait autant de sujets essentiels, sensibles, polémiques, avec une vraie vision exprimée mais sans manichéisme excessif.
Tout reste malheureusement d'une extrême actualité, et bien des sujets se sont même aggravés depuis.
Ce run a plus de trente ans!!!
Le mérite en revient à l'équipe chargée des dessins/encrage/lettrage/colo, à Ralph Macchio, et surtout à celle qui se présentait ainsi lorsqu’elle écrivait le titre
Vive Ann Nocenti!

16 commentaires:

  1. Eh bien, dit donc, Phil, t'es drôlement à cran ces derniers temps.

    Entre ton entrée "The Hate-Trumper" et celle-ci, c'est chaud !

    Tu penses te présenter lors des prochaines municipales, avec le soutien de Greta Thunberg et de L214 (;-) ?

    J'avoue que j'avais été dérangé par ces épisodes, à cause des passages à tabac systématiques que subissait DD, ses combats toujours perdus, il y avait un aspect tellement désespéré, presque malsain. Une tentative de destruction en règle du super-héro, je n’avais pas compris à l’époque, on était bien loin de l’image iconique habituelle.

    Mais après coup, c’est vrai, une parabole visionnaire de Nocenti.

    Quand on voit que l'écologie est rapidement devenue un argument marketing utilisé par les majors dans le but de toujours encourager la surconsommation et de continuer à amasser des profits indécents, c'est effectivement désespérant.

    Quand on aura fini de détruire cette planète, on ira en chercher une autre. La plus proche est seulement à une petite quinzaine d’années-lumière, 150 000 milliards de kilomètres, une paille...

    Gardons l'espoir, gardons l’espoir… et buvons une dernière bière…

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  2. Je reparcours les deux pavés Panini et la vision de ces monstres aux chailles atroces et au regard fou - le dentiste devenu complètement dingo notamment - est toujours aussi forte.

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  3. je crois qu'à part Born Again et DKR il n'y a pas d'autres titres qui soient "sombres" et qui m'aient autant marqué à l’époque ET aujourd'hui, que ce run
    La qualité, la diversité, l'intelligence, sur la durée (énorme si on ajoute ce qu'a écrit Nocenti avant et après JRjr, et qui mérite autant d'attention) est rarissime à ce niveau de titre mainstream
    Le tout avec du divertissement et une vision

    Le hasard fait que je viens de lire la mini série de toute récente, de Nocenti, Ruby Falls chez Dark Horse/Berger books, et elle n'a rien perdu, bien au contraire
    Son implication dans la société, son regard critique, reste le même, enrobé dans une fiction, et en tenant compte des spécificités visuelles (ce qu'apportait JRjr quand elle l’oubliait un peu) du medium
    Pour moi elle est le pendant, avec moins de Cynisme, de Peter Milligan. Deux scénaristes largement sous côtés et qui valent bien mieux que bien des stars du genre

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  4. Mon modèle d'écriture numéro 1 : Ann Nocenti.

    Devant TOUS les autres.

    Pour CE run.

    S'il y a des trucs qu'on pourra considérer comme "pas trop ratés" dans mon album à paraître à la fin du mois, vous pouvez être sûr que je lui devrai, à elle et Claremont.

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  5. et comme elle a appris de Claremont, et à Claremont, pendant sa période editor tu es donc cohérent ET de bon goût

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  6. Autant de "socialisme " dans un comics grand public ,d'un grand éditeur US ,ça tiens presque du miracle.Ou de la bonne volonté de créateurs et responsables qui profitent certainement d'une porte laissée entrebailleé par le succès mitigé, mais viable,d'un comics qui peut ainsi passer sous les radars des décideurs occupés
    à imposer leurs restrictions ailleurs.

    Vive les succès mitigés, commercialement, qui permettent aux créateurs -Claremont et Byrne sur X-men etc...- de produire des oeuvres majeures,ce qu'on réalise souvent apres,sans trop de contraintes.

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  7. Je ne pense pas que ce soit possible, à ce niveau, aujourd'hui chez DC ou Marvel, mais je ne jure pas car je suis trop déconnecté de ces titres actuels.
    Pour le DD de Nocenti le succès mitigé joue en effet, mais pas que. Il y a également le fait qu'à l'époque la taille de Marvel était différente, sans exécutifs liés au cinoche et donc moins de pression + un editor de très haut niveau qui faisait son travail et qui protégeait son équipe, en la soutenant et en bloquant d’éventuels retours négatifs de plus haut

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  8. C'est marrant, moi j'aurai fait une analyse inverse de la tienne...

    Quesada (et d'autres de son entourage artistiques) disait il n'y a pas si lontemps que les comics étaient la "source", donc à préserver pour le futur, même si le marché des comics en lui-même dégage un CA très négligeable par rapport au CA dégagé par le cinéma (autrement dit, la question de continuer la production de comics Marvel pourrait se poser si on regardait juste l'angle du CA dégagé)
    Sachant que le MCU peut influer du coup sans problème le devenir du MU (question de poids - ex : des personnages apparus dans les films qui finissent par apparaître dans le MU), qu'est-ce qui empêche le MCU d'ignorer entièrement (j'entends par là : ne pas exploiter du tout) des expérimentations effectuées sur tel ou tel titre comics ? Je ne parle pas bien sûr d'une radicalité appliquée à l'ensembe des titres, mais sur tel ou tel personnage, et ses titres ?

    Je me fourre peut-être le doigt dans l'oeil, mais je me pose la question.

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  9. ai je raison, ou pas, je l'ignore, mais la generation qui "gère" Marvel oU DC me semble, au niveau des editor en tout cas, être très jeune, moins de 40 ans, et venir de la culture cinoche donc est ce qu'il ne vont pas, consciemment ou pas, gérer leur titres avec l'idée de franchise potentielle derrière
    Il serait intéressant d'avoir l'avis de personnes du milieu

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  10. Interview d'Anne Nocenti sur DD ici. Très intéressant quant à sa démarche...
    http://www.manwithoutfear.com/daredevil-interviews/Nocenti

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  11. je crois avoir lu, il y a qques années, toutes les itw de ce site tenu par un vrai passionné de DD
    très intéressant car il croise aussi des coloristes, des editors...

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  12. Je ne comprends pas qu'il ait à ce point laché le dessin. C'était vraiment bien cette période même si Williamson devait un peu corriger à l' encrage.

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  13. on se rejoindra pas sur ce point
    Il n'a absolument pas lâché le dessin, il a évolué dans un sens qui te parle moins
    Il a progressivement "quitté papa, pour Kirby, en résumant sans nuance
    Par contre Williamson ne corrigeait rien, ou presque Il apportait une finesse magique, une fragilité au trait, mais il ne changeait rien au dessin et à sa construction

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  15. Il faut que je m'explique.
    "Quitté le dessin" car il fonctionne sur des codes qu'il a mis au point et qui n'ont plus qu'un objectif, servir sa narration.
    Je pense qu'on pourrait faire une cartographie de son travail.
    Vérifier qu'il a un nombre limité de positions pour un visage, un nombre limité de façon de faire les nez ou les bouches, un nombre limité d'expressions. Peut-être même qu'on pourrait vérifier que par double page, il y a toujours le même nombre de gros plans et de plans larges. Il n'a plus qu'une seule façon de faire les plis. On pourrait même dire "de ne plus faire les plis".
    Tout ceci constitue donc un vocabulaire avec lequel il écrit plus qu'il ne dessine.
    Je m'amuserai à vérifier si j'ai raison jusqu'à sa façon de composer les doubles pages, sur ses dernières productions.
    Dire tout ça n'enlève pas l'intérêt qu'on peut lui trouver.
    La bd ce n'est pas que du dessin.

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  16. je comprends...mais....je pense que ce nb limité de... s'applique à 95 (99?) % des dessinateurs, de comics ou autre
    Il utilise des raccourcis, c'est sur, mais plutôt moins que la plupart des gars que je vois aligner moitié moins de pages par mois
    Il se pose encore des questions de narration, pas tjs mais ça se voit, comme sur son sup avec Miller, en tout cas quand le scénariste en lui laisse la place
    Selon les boulots il joue avec les codes du genre. Pour citer du post DD prend son Iron Man avec Byrne,il y a au moins autant de dessin tel que tu le décris, je crois

    Je le vois fonctionner en pilote auto, régulièrement, mais pas tjs,preuve qu'il peut encore

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