mardi 19 janvier 2021

La Force de Vie

 


Moins connue que d'autres de ses livres, A Life Force est pourtant une oeuvre majeure de Will Eisner.
A la croisée de deux de ses mondes : la flamboyance graphique des derniers Spirit et l'intimité théatrale des oeuvres plus tardives. C'était également le cas de Signal from Space mais Life Force n'est pas dans un genre (sf), il est dans l'intime des livres reconnus de Will Eisner, tout en brillant également graphiquement

J'ai cette version, qui n'a pas la plus belle couv


Je l'ai un tout petit peu évoqué il y a des années, ici

Kitchen Sink fut le meilleur éditeur de Eisner

Il produisait, entre autres, ces merveilleux Quarterly, qui découpaient en tranches les premiers récits matures du grand Will (et y ajoutait plein de belles choses)

Voici les couv, inédites, des revues qui ont serialisé Life Force






Le découpages en "morceaux" fait que ce livre, une fois compilé, a des pages d'intro de chapitres

Des merveilles, dont voici quelques exemples







Ne voulant pas déflorer l'histoire je montre peu de pages, mais tout de même, regardez comment Eisner gère une case introductive à la plume, sans aplats, pour exposer le plan éloigné introductif , avant de revenir au pinceau pour les plans rapprochés


Même lorsqu'il est bavard, il sait ne pas ennuyer le lecteur, visuellement, en l'accrochant d'une manière ou d'une autre, comme ici avec la case 1...


ou là, avec sa célèbre manière de gérer la pluie


Encore mieux lorsqu'il s'agit de donner beaucoup d'infos écrites, sur des lettres, intelligemment intégrées à la page


M'immerger dans une histoire focalisée sur une communauté juive, un juif en interrogation métaphysique plus spécfifiquement, aux USA...me donner l'impression que je fais partie de ce monde et que le narrateur me parle à moi... c'est un sacré tout de force


Un génie/narrateur au travail (dans une mise en scène), bien des années plus tôt


Je fais un ajout de dernière minute à cette entrée programmée, surtout étant donné son titre, pour une pensée pour cet acteur qui nous a quitté trop jeune, et qui était de ceux que j'admirais énormément, Jean Pierre Bacri!

12 commentaires:

  1. >Kitchen Sink fut le meilleur éditeur de Eisner

    Denis Kitchen fut son éditeur, son agent... mais n'était-ce pas aussi tout simplement... son plus grand fan ?
    (je pose la question candidement, suite à des constats au fil des années, car je ne me suis jamais penché sur le sujet)

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  2. Pour être un bon éditeur, il faut commencer par comprendre et aimer l'auteur (ou au minimum, son travail !).

    Ensuite, il s'agit de le prolonger : trouver la bonne façon de le présenter au public (le livre en tant qu'objet, les compléments autour, les idées qui font la différence, etc.).

    Le livre de Bob Andelman (A Spirited Life) consacre un chapitre à cette relation quasi filiale entre les deux (Esiner était un génie innovateur qui a fleuri pendant la grande dépression... Dennis Kitchen un fils de la contre culture des années 1960).

    Passionnante entrée !

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  3. Merci
    Oui la relation Kitchen/Eisner est très intéressante
    le jeune "punk" qu'était Kitchen s'amusait, avec un peu d'ironie, de voir un "vieux has been" (perçu comme tel) arriver vers lui dans les années 70, en costard, pour lui poser plein de questions sur les modes actuelles, les éditeurs, les tendances...
    Puis il est devenu proche, très fan, ami puis quasi fils (c'est Denis Kitchen qui, récemment, a annoncé le décès de Madame Eisner)
    Il en s'est pas offusqué lorsque Eisner a dit vouloir un éditeur "sérieux" pour son premier livre "adulte (A Contract with God) Ils étaient tous les 2 Business men

    Le rôle d'un bon éditeur, au sens américain, c'est à dire plus directeur éditorial en Fr, mériterait des tas d'entrée, mais Eisner avait beau être un géant il demandait un éditeur. Kitchen lui a fait de jolis choses, avec amour, mais sans réel grand rôle éditorial, alors que sur ses derniers livres Eisner avait, en plus de son épouse, des editor dont il attendait un retour critique

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  4. Seule exception : ses bouquins didactiques sur la BD (trilogie en intégrale chez Delcourt), pour qui il était à dessein son propre éditeur (Poor House Press - tout un programme !), et qui lui permettait de garder un pied, et un œil, dans l'ensemble de la chaîne du livre.

    Un VRAI malin, qu'on vous dit !

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  5. Merci pour cette entrée, c'est toujours un vrai plaisir de voir et de (re)découvrir Eisner.

    A ce propos, j'ai découvert très récemment ce blog qui présente les pages de Spirit Jam avec, notamment, une page de Denis Kitchen, mais surtout deux pages de Frank Miller, dont je n'avais jamais entendu parler, et deux pages de Corben.

    Grandiose !
    https://ripjaggerdojo.blogspot.com/2011/06/spirit-jam.html

    J'ai recherché rapidement sur ton blog si tu avais déjà présenté ce numéro mais je n'ai trouvé que cette entrée :
    http://philcordier.blogspot.com/2011/01/spirit-and.html

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  6. il y a même du Byrne/Austin
    je l'ai régulièrement feuilleté il y a des années, très très fun (tiens je ne sais plus où je l'ai rangé d'ailleurs)

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  7. À 5 jours près... l'entrée de ton blog en lien... a 10 ans !
    (25 janvier 2021).

    Si on avait imaginé dans quelle situation on serait aujourd'hui (Covid, Trump qui quitte la maison blanche après une petite tentative de putsch minable...).

    La constante entre les deux : la passion Eisner intacte sur ton blog !

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  8. Ouais, j'ai regardé le départ de Trump de la maison blanche sur les chaînes info et mon Schadenfreude n'a jamais été aussi élevé et jouissif !

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  9. et Miller, Romita Jr, Janson, Zeck, Leonardi, Weeks, Kubert
    t'ain je change pas en fait moi

    argh j'ai raté le départ de l'autre crétin dangereux, je verrai ça en replay

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  10. Philippe je viens d'apprendre le décès de Jean Graton ... Dessinateur de Julie Wood, Michel Vaillant ! Triste année qui commence.

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  11. Et pourtant le Miller Eisner est très décevant, ce dernier n'avait pas bossé son dossier/Miller

    Graton je ne connaissais pas du tout, aucune affinités sur les sujets

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