mardi 12 octobre 2021

Dave & Martha

 


Je n'ai pas beaucoup évoqué le dessinateur (et très bon scénariste) Dave Gibbons
Probablement parce que son trait, solide, clair et efficace, ne me parle pas tant que ça. Un peu trop lisse, passe partout
Mais aussi parce que l'œuvre majeure qu'est Watchmen ne l'est pas tant que ça à mes yeux. Oblitérée par son "rival" de l'époque Dark Knight Returns,  je l'apprécie sans lui vouer de culte

Je suis tombé à la fois sur la photo ci dessus (1985) et des recherches sur Watchmen que j'ai trouvé intéressantes, surtout la dernière page, qui comprend même des essais de lettrage




Gibbons fait partie de ces auteurs dont je reconnais le talent mais que je ne vais pas suivre systématiquement. Cela dépendra du projet, et du scénariste

Je ne pouvais donc pas rater le numéro scénarisé par Moore, qui relança un temps le Spirit
Très bon épisode dont voici la couv, la très maline pleine page et une page de mise en abime




Toutefois le travail de Gibbons que je préfère est l'un de ceux qui est peut être le moins acclamé de son génial scénariste, Frank Miller : Martha Washington/Give me Liberty (Liberty pour la vf que j'ai, chez Zenda)
Il y a longtemps que je ne l'ai pas relu. Mon souvenir des suites n'est pas au niveau mais le récit initial m'avait sidéré
Avec le recul il y avait une analyse, sous le cynisme, extrêmement pertinente, voire visionnaire, de Miller
Cette pub m'avait marqué (dans Dangereuses Visions il me semble)


Cette histoire date de 1990! hallucinant

Trump nous fera comprendre, des décennies plus tard, que le président créé par Miller et Gibbons n'était pas aussi surréaliste que ça
Le Rêve américain prend cher
Gibbons suit Miller. Contrairement à ce que fait, sur une période proche, Mazzucchelli, il ne cherche pas à  se fondre dans une narration à la Miller, il fait du Gibbons, très solide, très agréable. La rondeur de son trait n'en rend que plus noire l'intrigue

Il fait quelques peintures dans le livre


mais c'est son travail au trait que je préfère, avec un beau noir et blanc (pris sur caf, le livre étant en couleur)



Il y a assez peu de temps Gibbons a vendu ce très beau portrait de Martha au profit d'une organisation de soutien aux afro-américains

D'autres artistes ont fait de même, représentant ce personnage très fort (mention spéciale au co-créateur, et à Mignola)


19 commentaires:

  1. Dave Gibbons est un artiste que j'adore de mon côté depuis Watchmen, mais sans être forcément attaché au seul Watchmen.
    Ce qu'il a fait sur Batman, Green Lantern ou Martha Washington (pour ne parler que des oeuvres qu'il a faite sur les années 80) me parle tout autant.
    Je pense que son trait s'est un peu "dilué" depuis cette époque, mais il reste un grand dessinateur.

    Sur "Give me liberty", il était excellent mais j'ai eu la chance de découvrir l'oeuvre en édition Zenda "grand format" à l'époque. Cela pétait !

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  2. PS : à croire qu'Alan Moore était sponsorisé par sa marque de bière préférée...

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  3. C'est vrai qu'il assume bien sur le photo

    Sinon moi aussi j'ai découvert ce premier arc avec Zenda, et je n'ai d'ailleurs que ce format, que cette vf, alors que j'ai les suites en single us, mais Zenda en mettait vraiment plein la vue (comme pour DKR)

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  4. C'est le moins connu de l'ex bande "legend", Paul Chadwick

    Moi le grand format, je ne suis pas fan pour les comics pensé pour le petit format, mais Zenda est à part car j'ai fait des découvertes, jeune, par ce biais, dont Liberty et DKR alors j'adore

    Ronin...
    lundi ;)

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  5. Je pense qu'on a tous adoré Zenda à l'époque : même Marshal Law pétait bien en grand format ! (et c'était du Kevin O'Neill en plus ! :-D )


    J'ai lu tout Martha Washington à l'époque, aussi voici ce qui m'en est resté :
    - "Goes to War" était bien, mais moins fort que l'original sur lequel il s'appuie, parfois paresseusement.
    - "Stranded in Space" et "Saves the World" ne m'ont pas laissé un souvenir impérissable du tout... Leur principal problème, avec le recul, je pense, est qu'ils s'éloignaient de la source qui faisait de cette BD de Miller quelque chose de vraiment spécial. On peut les laisser tomber, je pense.
    Les ones-shots "Happy Birthday" et "Dies", par contre, m'ont laissé de très bons souvenirs. Eux sont bien dans le ton. "Happy Birthday" réimprimait l'excellente histoire que Phil avait mentionné dans son entrée récente consacrée au "DHP Fifth Anniversary Special" (ou du moins, à l'histoire de KJ dedans, je ne sais plus).


    Pour en revenir à l'original, à l'époque, j'étais sidéré par la vision qu'avait Miller des USA. C'était encore la guerre froide (sous la fin de l'ère Reagan et de son clone politique Bush père), même pas encore la mondialisation, et j'avais bien du mal à concevoir qu'on pouvait imaginer les USA comme "une nation divisée". La carte des USA qui va en se fragmentant au fur et à mesure des numéros ( https://2.bp.blogspot.com/iQwKxoPbVfCH7tvTXQ-0lo4LlHAEyeH4a0r7-aqtsFTvGR-tXwMiWhK0HrlqMvlvYbpdHuz2Dc1rDpc4uhOOmMuePVaXPNy0rNZY9hrANu7prfMcEWNRLuA6xOVuUM1gFdLd1A=s0 ) me paraissait une fiction irréelle.
    J'ai détesté Liberty à la première lecture, mais, passé le cap des outrances à gogo, dès la deuxième lecture, j'ai adoré sur le fond. Une grande matière à réflexion.
    Ensuite, de plus en convaincu avec les années, je me suis mis à redouter que cette amérique en vienne à exister. Je n'y ai pas vraiment cru avec Bush Jr, mais avec Trump si...

    En espérant cette fois que 2024 ne sera pas 2012 : https://www.tcj.com/wp-content/uploads/2018/10/Give-Me-Liberty-Election-2012-650x383.jpg

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  6. une exception pour moi et Zenda : Fafhrd/Le Cycle des épées de Mignola que je n'ai pas apprécié en grand J'ai lu tous les Martha et comme M Anonyme je n'ai pas gardé d'autres souvenirs que les one shot, tant le premier arc était auto suffisant (et fort)

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  7. J'ai acheté les VF Delcourt il y a quelques années. Dans une introduction, Gibbons écrivait que c'était lui qui avait incité Miller à partir dans la satire et la parodie, là où son premier script aurait été plus sérieux...

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  8. intéressant
    parce qu'au final c'est du pur Miller quand même

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  9. La force de Watchmen réside dans la création d'un univers cohérent.
    Gibbons a un trait qui recherche l'efficacité et non l'esbroufe, ce n'est pas fou-fou, mais qu'est-ce que c'est bon.
    Maintenant, avec un Miller au dessin, ça aurait probablement eu une teneur bien différente qui aurait frisée avec le génie d'un DKR.

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  10. Moore est un géant et watchmen une oeuvre d'importance majeure mais j'aurais aimé un décalage texte /dessins : Moore est froid, clinique, intellectualisant, et le trait de Gibbons suit

    Sur que le duo Moore/Miller sur Wacthmen aurait été un sommet différent

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  11. En effet, j'imagine mal Moore rester dans sa "zone de confort" si Miller s'était emparé du sujet. On peut rêver…

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  12. J'aime bien, de temps en temps, imaginer ce genre de ré écriture de l'histoire dans les comics

    Et parfois le sujet arrive tout seul, comme avec cette itw de Klaus Janson dans laquelle il dit qu'il adorerait ...attention...mettre en couleur The Dark Knight Returns tel qu'il l'imaginait lorsqu'il l'encrait!!

    Ca envoie du lourd en terme de what if non?

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  13. Ah oui, un What if sous le signe des auteurs, intéressant,… En effet, Janson aurait été autant à sa place que Varley sur ce coup là !

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  14. Intéressant, c'est sûr !

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  15. Moi j'ai adoré Watchmen, pour le scénario, plus que pour les dessins de Dave Gibbons.
    Et puisqu'on en est à refaire l'histoire, celui que j'aurais adoré voir avec Alan Moore sur Watchmen, je pense qu'il aurait été idéal, c'est Barry Windsor-Smith. En 86/87 il était au top de son niveau.
    D'ailleurs, je n'ai toujours pas compris pourquoi ces deux druides britanniques hirsutes et barbus n'avaient jamais réussi à se croiser.

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  16. un chaos d'ego potentiel peut être?
    entre Moore qui décrit chaque angle de chaque bout de case et BWS qui traite un scénario comme une ébauche à retravailler...
    Si graphiquement le choc aurait été moins rude qu'avec Miller au dessin, en terme d'ego et de personnalités j'aurais voulu voir ça

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  17. Et pourtant, et pourtant, ...
    BWS a raconté son admiration pour Alan Moore, qui lui a, apparemment, donné envie de revenir aux comics...
    https://alanmooreworld.blogspot.com/2015/11/barry-windsor-smith-alan-moore-and.html

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