Plus je mur...vieillis, plus j'observe et apprécie le génie de Will Eisner
Ce bouquin, je l'ai déjà répété, fait partie de mon tout haut du panier
Je viens de l'acheter, d'occasion, en vf à la fois pour le re re re lire, et pour "obliger" ma chère et tendre à le tenter (j'ai fait pareil avec une 7ème version du Dark Knight Returns, vf récente à 4.90 et ce fut un échec mais c'est une autre histoire :)
Bref c'est ce livre
Déçu par la couv car ce dessin ne vient pas de Life Force, et par l'ajout de pages d'intro qui font tache
J'imagine qu'elles viennent de la vo parue après la mort de Eisner, qui a artificiellement relié les livres en trilogies, et qui a repris des dessins épars, mais c'est dommage car on voit bien qu'il ne sont pas de même facture
Pour le reste le récit est toujours aussi bon, on s'immerge dans une pluralité de vies qui se relient les unes aux autres
Totalement juif et complètement universel
Et le dessin est magistral. Un peu comme pour Signal from Space c'est le meilleur du Spirit avec le meilleur de la maturité post Spirit
Pour le plaisir, en vo une séquence de quelques pages qui vaut à elle seule l'achat
Il y a tellement d'autres choses dans cette histoire
Eisner adapte son trait à certaines scènes, comme cette case où le Bronx doit ressembler à une sorte de zone brouillonne qui rêve de Manhattan
Ou celle ci : en case un il faut ressentir la tourbillon de la gare, l'imprécision des traits des gens...l'encrage est donc rapide, et à la plume, puis retour au pinceau dès que le tumulte cesse
Tout est narratif, tout est pensé
Là, Jacob part, refusant "d'être un cafard" et en dernière case ça grouille de détails, des tas de pierres des immeubles sont dessinées, comme grouillant de ...cafards
Je pense que je n'ai pas terminé de découvrir et redécouvrir Eisner
J'allais en oublier ce qui m'a donné envie de cette entrée : une pub géniale de 1988, en 4 de couv d'un comic Kitchen Sink du Spirit
Le Spirit lit tout simplement une pile de pur chefs d'oeuvres Eisneriens (sauf Hawks of the Sea, intéressant, mais oeuvre de jeunesse)
Il en manque quelques uns, mais c'est seulement parce que lors de l'exécution de ce dessin, Eisner ne les avait pas encore dessinés
Je suis bien d'accord avec ta perception de cette période 70/80 de la production Will Eisner :
RépondreSupprimerLe Spirit était tout en ambiance, expérimentation magique : la jeunesse folle et débridée d'un artiste encore en devenir "d'Homme".
À la fin, les récits sont parfois formellement un peu "décevants" car l'épure de la mise en scène (voulue, au profit des rapports humains).
Mais CETTE période là (Life Force, Big City...) allie fond (mélancolie de l'individu dans la fourmilière) et forme (les meilleures trouvailles de l'époque Spirit, modernisées et décomplexées).
Eisner ressemble à Eastwood.
Les œuvres principalement formelles des débuts (Don Siegel, Sergio Leone et Westerns par le jeune réal Eastwood lui-même) sont suivis d'une grosse décennie où cette forme emprunte au fond (années 1980/2000 - HonkyTon Man, Bird, Impitoyable...).
Lentement, Eastwood se met à filmer "à la papa", mais pour mieux se concentrer sur les enjeux humains.
Passionnant !
pas mal le parallèle
RépondreSupprimerUne différence cependant à mes yeux non spécialiste du Clint : il semble avoir eu une période où il alternait films perso/films ultra commerciaux, période Bird je crois
Ce qu'Eisner n'a pas fait car à partir de Contract with God il n'a fait que du "perso"
je suis en train de me faire toute une série de Spirit en ce moment et c'est assez incroyable de voir de près l'implication, plus ou moins importante qu'il avait selon les périodes, et les conséquences sur le rendu final
Aucun lien, quoi que, mais comme des lecteurs de ce blog ne vont pas sur d'autres réseaux je relaie le projet KI que tu portes avec enthousiasme sur un livre dont j'ignorais l'existence avant que tu n'en parles, qui me rend TRES curieux, m'a fait participer à la campagne (acquise) avec plaisir et dont le sujet ne me parait pas très éloigné d'une approche humaniste à la Eisner
Monsieur Tendre
Absolument. L'alternance box-office d'un côté (Harry, Firefox, Doux Dur et Dingue, etc.) et "film d'auteur" plus perso (Chasseur Blanc Cœur Noir, Bird, HonKyTonk Man, Bronco Billy, etc.).
RépondreSupprimerAvant de lier les deux : Impitoyable, Sur la Route de Madison, Million Dollar, etc.
Sujet 2 :
Gégé (puisqu'on parle de l'auteur de Monsieur Tendre, en campagne, en effet) connaît mal la BD Américaine, mais il avait assisté à ta conférence sur l'encrage, et avait bien apprécié, de mémoire. Sa carrière d'auteur de BD de kiosque, et surtout Le Journal de Mickey pour lequel il aura littéralement produit des milliers de pages de scénar, le rend assez proche du parcours d'un dessinateur/scénariste Free Lance à l'Américaine.
Merci à toi pour la participation !
Juste pour le fun...
RépondreSupprimerJe viens de découvrir que Will Eisner s'était éloigné de son Bronx adoré en créant "Sheena, Queen of the Jungle" en 1937 avec Jerry Iger. Une Tarzane digne de figurer dans les éditions ROA.
Sheena
Finalement peut être sa création la plus populaire.
Elle a inspirée les Ramones en 1977 pour "Sheena is a Punk Rocker"
Sheena is a Punk Rocker
Et été adaptée au cinéma par John Guillermin (la tour infernale, King Kong) en 1984
Sheena the Movie
Etonnant non ? Bien que Will Eisner soit aussi un businessman redoutable, je suis quasi sûr que ça a pas dû lui rapporter un kopeck...
Quant à Monsieur Tendre, une bonne dose de délicatesse dans ce monde de grosses brutes épaisses... Et un projet super courageux et généreux aussi... A ne pas laisser passer...
oui c'est assurément sa création "autre" la plus connue, mais il y en a plein d'autres, quand il packageait des comics clef en main, avec soit des artistes, des assistants, ou des noms de plumes
RépondreSupprimerj'ai l'impression que l'adaptation tv est meilleure que celle, en film du Spirit par Miller :)