mardi 27 septembre 2022

Foster Caniff

 


Cette page de Dave Sim est un assez bon résumé, forcément caricatural, de l'apport de trois géants du comic strip, et surtout de 3 écoles

Petit focus sur 2 d'entre eux, ceux qui, pour moi, sont les plus "opposés" et emblématiques, Hal Foster et Milon Caniff

Le prétexte? Cette magnifique lettre de l'ainé Foster envoyé à Caniff

Un bijou de drôlerie fine, de respect et d'admiration


Foster était le prince de la finesse, du détail de la narration subtile
Il me laisse totalement indifférent, mais c'est purement technique, j'admire son trait, mais il me laisse froid

Il est connu pour Prince Valiant


mais je préfère son Tarzan


En couleur, la bande était très jolie également



Le petit cours qu'il donna est très succinct, mais sympa



Un format de planches assez fou



J'ai également beaucoup de mal à lire du Caniff, en grande partie du fait du format, des histoires à rallonge des strips, mais graphiquement je suis très nettement plus client de cette école, son gigantesque apport à cette école du noir et blanc, des masses, des contrastes, me parle énormément

N'oublions pas, bien sur, que Noel Sickles fut en grande partie auteur de ce style avec lui

Les auteurs qu'il a influencé, de Pratt à Samnee, sont innombrables



Pas besoin de couleur avec Caniff, mais s'il y en a il faut des aplats


Contrairement à Foster, le cours qu'il donna ici est plus complet, et très intéressant, même s'il était connu pour ne pas faire ce qu'il disait, ou en tout cas pour régulièrement modifier son process

Il se réservait, pour ceux qui l'ignorent, l'encrage (d'où son importance, et ce blog) Très souvent d'autres étaient au crayon, dont le neveu de Norman Rockwell

Rappel aussi, au passage, de l'importance du lettrage manuel, fait en premier




Je termine avec une très belle photo (années 70) de celui dont l'encrage était merveilleux (mais trop rare) du fait de son admiration : John Romita avec son idole



23 commentaires:

  1. Super intéressant, merci !

    Ton article me fait penser que j'ai découvert récemment une planche de Dick Rockwell pour Marvel. Je pensais qu'il n'avait bossé que pour Atlas, mais finalement pas que.
    Cela dit, il semblerait que cela ait été de très courte durée, car cette splash (qui est en fait ici une recomposition - le texte n'est pas d'origine) est issue d'un épisode dont la version publiée fut dessinée au final par Steve Ditko et George Roussos.
    J'ai été surpris par le style de cette splash, qui semble contraster avec le Marvel d'alors, mais bon, vu que ce n'est pas un travail suffisamment abouti...

    RépondreSupprimer
  2. Je réalise sinon que j'ai le même ressenti que toi pour Prince Valiant, et ce depuis longtemps.

    Quand j'étais gamin, mon père m'avait donné des reliures du journal de Donald des années 50, un vrai journal, en terme de format, qui était en fait une compilation de certains des plus grands strips US de l'époque (pour ceux qui voudrait voire à quoi çà ressemble : à çà)

    Etait-ce l'absence de phylactères ou la narration trop lente, mais à la lecture de Donald, Prince Valiant ne m'emballait guère... A vrai dire, les autres strips trop travaillés, trop "illustration", comme l'ultra-maniéré Rusty Riley de Franck Godwin, ne m'emballaient guère non plus...
    Le Flash Gordon (Guy L'éclair) de Raymond me plaisait déjà beaucoup plus graphiquement, j'y étais sensible bien que, là-aussi, globalement la narration était un poil trop lente pour moi.
    Je leur préfèrais finalement des strips plus "simples" graphiquement comme le Mandrake de Lee Falk, le Brick Bradford (Luc Bradefer) de Clarence Gray et bien sûr les Katzenjammer Kids de Rudolph Dirks.
    Dommage que je n'ai pas croisé les oeuvres de Milton Caniff dans ce journal car la confrontation dans mon esprit de gamin, avec le recul de ton article, aurait été intéressante.

    RépondreSupprimer
  3. Très chouette, cette page de Nick Rockwell, "Anonyme".

    Moi, je suis plus team Foster que Milton Caniff.

    Je vois bien l'apport graphique de Caniff, la maestria du découpage, les astuces pour poser des ambiances de folie avec peu de moyens, mais son genre d'histoires (guerre, espionnage, sidekick ado, femmes fatales clichées) m'ennuie complètement. Et je reste sur ma faim en terme de représentation de la nature, des paysages, des villes.

    Chez Foster, que j'aime LIRE (important !), j'arrive à me projeter dans la découpe hebdomadaire du récit, c'est-à-dire que je me mets à la place d'un gamin des années 1930 qui recevrait UNE page de Prince Valiant par semaine. Alors, comme un bon whisky, je lis ses planches à petites lampées de quelques-unes à la fois, et reste scotché par une telle ambition d'espace, de profondeur de champs, et de réalisme dans les solutions humainement crédibles que son héros déploie pour se tirer de mauvais pas. C'est aussi ce réalisme des situations (Foster savait survivre en milieu hostile, en séjour en canoé en plein Canada sauvage) qu'il nous retranscrit comme personne.

    Un de mes constats dans les comics : plus personne ne semble n'en avoir plus rien à foutre de dessiner une nature qui ne ressemble pas vaguement à un décor de Tic et Tac, noyé de couleurs vert fluo et de textures Photoshop. C'est simple, dès qu'il y a de la jungle, c'est au mieux du sous-Frazetta copié au calque, et au pire une sorte de rayon fougères à Truffaut.

    Je pense à Krakoa, ou les comics en Terre Sauvage, Zabu qui ressemble à une peluche encrée par Jim Lee et je ne parle pas des chevaux...

    Il y a plusieurs raisons à ça.

    Le rythme de production évidemment. Mais pas seulement. Les dessinateurs/trices sont de plus en plus des urbains, qui semblent n'avoir aucune connection avec les lieux sauvages qu'ils sont censés représenter (et dans lesquels nous immerger).

    Et comme les dessinateurs qui leur servent de source sont eux-mêmes de plus en plus déconnectés de cette nature, le phénomène "s'aggrave" de génération en génération.

    Ce n'est pas (seulement) moi qui le dis, mais une étude scientifique aussi passionnante que terrifiante, menée en 2099 par le Museum d'Histoire Naturelle : nos imaginaires liés à la nature s'appauvrissent... car sa représentation, sa diversité, son fonctionnement s'efface peu à peu des œuvres artistiques censées le dépeindre.

    Dès lors, pourquoi vouloir protéger quelque chose... dont on ignore tout !

    (J'ai détaillé cette fameuse étude, basé sur l'étude et la mesure de la représentation de la nature dans les longs métrages Disney, des origines à aujourd'hui puis étendu aux comics, films, jeux vidéos à la fin de l'anthologie Marney, bande dessinée anglaise sur la vie d'un jeune renard, et dont le dessin doit certainement beaucoup à Hal Foster).


    Chaque fois que je regarde Foster, tout en tenant ma mâchoire d'admiration, je pense aussi à tout ce que nous perdons, génération après génération.

    À la fameuse question "Quelle BD emmeneriez-vous sur une île déserte", Mœbius avait répondu "Prince Valiant" !

    Ça laisse songeur.

    RépondreSupprimer
  4. Foster, Raymond, Caniff, je les prends tous, même si j'ai également certaines préférences.

    En premier lieu Foster :) Et je le savoure à ta manière Laurent:) J'avoue que ton étude me fait froid dans le dos. La consanguinité entre artistes associée à cette déconnexion de notre milieu naturel va nous donner des réalisations (du coup, je n'arrive plus à dire œuvre)de plus en plus aseptisées. Et pour aboutir à quoi ?

    Anonyme, je crois que cette narration lente que tu évoques et dont je partage le ressenti participe encore aujourd'hui à mon plaisir de lecture de Prince Valiant. Une lenteur qui ne stoppe pas la lecture mais la nourrit d'une ambiance liée à des personnages réellement incarnés. Des personnages pour lesquels Foster semblait vraiment ressentir une affection. Lionel

    RépondreSupprimer
  5. D'accord, il faudrait peut-être que je m'y replonge, du coup !

    RépondreSupprimer
  6. C'est très intéressant,même si effrayant, cette observation du lien, ou absence de, avec la nature
    je ne me suis jamais posé la question, et ce quel que fut/soit mon âge, en tant que lecteur, car en fait j'étais totalement urbain et dans mes goût, et dans mon mode de vie et dans mes lectures
    Et en y accordant qques instant je réalise qu'une seule bande fut magistrale pour moi, en lien avec cette nature, magnifiquement mais inconsciemment : Rahan par le génial Cheret, dessinateur animalier, humaniste et roi de la nature sauvage

    RépondreSupprimer
  7. À moi, les modèles de représentation intéressante de la nature (et j'entends par là : non aseptisé, "tout ce qui n'est pas homocentrés") est à chercher chez Hermann (Tours de Bois-Maury, principalement). La manière dont il fait ressentir les textures, les saisons : frimas de l'hiver, l'humidité de l'automne, le réveil du printemps, chaleur cuisante de l'été. Tout ça sent le vécu. Même les bêtes, le cul des vaches, les chevaux, les chiens. Tout sonne vrai. Même les odeurs !

    Dans la description et compréhension des animaux, c'est René Hausman qui remporte la palme.

    Dans la justesse des territoires périphériques (autour des villes et villages) : c'est Blast de Larcenet : broussailles, buissons, ponts, friches, abords de champs...

    L'étude en question portait sur la diversité des espèces, aussi sur la place dans le récit.

    J'ai trouvé ce lien vers l'étude en question, pour mieux comprendre ce que j'essaie de pointer :

    https://sfecologie.org/regard/r56-a-c-prevot-disney/

    RépondreSupprimer
  8. et je constate que ce qui m'a parlé, côté nature, était obligatoirement non frontal
    Dans tes exemples je prends Hermann mais pas Hausman Sans rien enlever au mérite et talent de ce dernier je me sentais face à un "cours sur la nature les animaux..." qui me repoussait alors que c'est ton texte qui me fait réaliser que j'ingurgitais la nature made in Hermann presque de façon subliminale

    Villes et villages Larcenet je prends, forcément, et j'ajoute (je sais que tu seras d"accord) Cyrille Pomes, géant aussi là dessus

    RépondreSupprimer
  9. On a tous une BD comme çà une BD "nature sauvage" en tête : pour moi, le Tarzan de Kubert.

    Tiens, d'ailleurs, un bon article de review du Tarzan #207 ici

    RépondreSupprimer
  10. je suis fana de Kubert mais je l'ai découvert bien trop tard pour avoir une connexion émotionnelle à quelque partie de son approche que ce soit (alors que Rahan... :)

    RépondreSupprimer
  11. Tiens, maintenant que tu en parles (questionnement intérieur profond), je me demande, justement, si je n'ai pas lu le Tarzan de Kubert chez Sagedition avant de lire Rahan dans Pif...

    RépondreSupprimer
  12. où il est question que, anonymes ou pas, des commentateurs ont leur âge :)

    RépondreSupprimer
  13. Je confirme : le Tarzan de Kubert était aussi traduit (comme celui par Russ Manning, d'ailleurs), dans les magazines Tarzan de chez Sagédition. Tout n'était pas signé, de mémoire, mais il y a bien eu du Kubert, ainsi que quelques imitateurs, d'ailleurs.

    RépondreSupprimer
  14. Par contre, Laurent, j'aurais bien du mal à retrouver le numéro précis. J'ai égaré mon exemplaire depuis bien longtemps. Je pense que c'était un "Tarzan Géant", mais quel numéro, çà... Je me rappelle avoir lu du Korak aussi, mais c'est flou. Sans doute chez Sagédition également.
    C'est justement parce que j'avais perdu ce numéro, qu'il y a quelques décennies, j'ai fini par acheter le Tarzan #207 en VO et quelques autres numéro en suivant.

    J'ai lu aussi pas mal d'Akim de Mon Journal à l'époque, mais là, pas le même souffle de la jungle à la lecture. :-D
    (en lisant Kubert, le gamin que j'étais sentait la moiteur de la jungle émaner des pages).

    RépondreSupprimer
  15. ah oui avec Akim le ressenti n'est pas le même qu'avec Kubert tu m'étonnes

    malheureusement "mon" Tarzan de Kubert est sur papier glacé
    http://philcordier.blogspot.com/2016/09/grandiose-homme-singe.html
    mais peut être un jour, un artisan edition...

    RépondreSupprimer
  16. Quand j'au vu apparaître cette lette de Foster, j'ai d'abord cru, tant leurs styles sont différents, voire même opposés, qu'il y avait un fond d'ironie.
    Mais que nenni ! J'ai trouvé d'autres témoignages de l'admiration que Foster portait à Caniff : Val et Terry devisant sur leurs auteurs, Une dédicace de Foster à Caniff sur un planche de Prince Valiant et une photo des 2 maîtres réunis

    Et pour faire le lien entre Kubert et Foster, je me rappelle d'un épisode de Tarzan où Kubert avait remonté des strips de Foster en y ajoutant des cases de son cru : Tarzan: the Mine of Hell.

    Je me rappelle même que Kubert s'excusait d'avoir osé touché à la version de Foster, mais je ne retrouve rien dans la version ci-dessus (il n'y a d'ailleurs aucun crédit)

    RépondreSupprimer
  17. cet épisode avec du Foster et du Kubert est dans la compil que j'ai, et ça surprend un peu

    RépondreSupprimer
  18. Ma "BD nature sauvage" s'appelait KALAR par Marco, il me semble. Un dessin luxuriant qui me ravissait. Lionel

    RépondreSupprimer
  19. Et pourtant, une des influences de Tota. Et qui nous vaudra l'aventure hommage de Photonik avec "l'homme gorille" :) Lionel

    RépondreSupprimer
  20. Je regarderai ça

    Et Ciro est fan de Foster, ce qui nous ramène aux auteurs dont on apprécie plus le travail que celui de leurs influences

    RépondreSupprimer
  21. je ne peux pas dire que le trait me parle mais si le site est tjs valable et que tu veux te payer une madeleine pas bien chère

    http://www.fantasmak.com/html/marco.html

    RépondreSupprimer
  22. Un grand merci pour le lien. Lionel

    RépondreSupprimer