Encore eux! Les tous jeunes Frank Miller et Lynn Varley ont déjà été évoqués, souvent, ici! Mais, déjà, je ne me lasse pas de parler de Miller et, pour une fois, je vais parler couleur.
Les 4 numéros du Dark Knight Returns, en 86 furent une révolution. Révolution du fond, avec une histoire qui a encore bien des répercussions de nos jours. Et dans la forme car il a enfoncé le clou d'une révolution de production entrainée par les mêmes Miller et Varley avec Ronin
Le Prestige Format utilisé pour DKR fut si nouveau, et une telle réussite qu'il fut longtemps nommé chez DC "Dark Knight Format"
Pas de pub, un papier intérieur de haute qualité réservé jusqu'alors aux couv de comics...un prix élevé et une énorme attention apportée à la prod
Les couleurs de Lynn Varley étaient excellentes
Voyant arriver les planches originales, le staff DC était inquiet, se demandant ce qu’allaient devenir les nombreuses zones de blanc. Ils furent plus que rassurés en voyant les couleurs
Voici un exemple du travail de Varley sur la classique (et majoritairement désuète depuis l'informatique) méthode du bleu : la planche est reproduite (en gris le plus souvent, mais aux débuts c'était le bleu) sur un papier épais. La couleur est faite à la main, et le film transparent avec le trait noir est ensuite ajouté avant impression. A droite la colo de Varley originale. A gauche le film est ajouté
Bob Rosakis était un (grand) responsable de production chez DC à l'époque. Il raconte en détail le sacerdoce que fut cette grande première. Il allait superviser l'impression à Montréal, souvent de nuit, et régulièrement en présence de Miller (épuisé, qui dormait dans un coin) et de Varley qui faisait des retouches jusqu'au dernier moment (et parfois même après car elle validait parfois des épreuves qui avaient en réalité déjà été imprimées)
Rozakis raconte même que lorsque la coloriste a constaté la pratique (toujours en cours) de juxtaposition de plusieurs pages du comics sur une seule planche d'impression (pas forcément des pages qui se suivent) elle a vu qu'une retouche sur une page de comics avait donc des incidences sur l'ensemble des planches présentes sur la page d'impression. Miller a alors décidé de tenir compte de cet ordre des pages, et a modifié son découpage pour que les pages ayant des ambiances chromatiques similaires soient sur la même page d'impression. Ceci pour le numéro 4 uniquement
Je ne suis pas forcément très clair mais je vous renvoie, pour ce point et d'autres, à l’excellent article de Rozakis paru dans cette incontournable revue
Un autre point commun avec son mentor Will Eisner : S'impliquer à chaque étape de la fabrication d'un comic-book : jusqu'à l'étape d'impression.
RépondreSupprimerEisner avait commencé chez un imprimeur, connaissait chaque aspect d'une imprimerie et même réparer des pièces (comme il le raconte dans la biographie par Bob Andelman "A Spirited Life").
Chaque étape amène une note à la symphonie, l'améliorant ou la réduisant.
Au cinéma aussi, les grands s'impliquent au montage, la musique, l'écriture (Godard, Eastwood, Dolan, Mann, Tarantino...)
Wow... quelle implication de la part des auteurs et de DC !
RépondreSupprimerContinue à parler de DKR, Phil, je ne m'en lasserai jamais...
Aucun doute là dessus
RépondreSupprimerPas mal d'auteurs actuels le font encore, se faisant des trajets pour superviser l’impression de leurs BD (les réseaux sociaux regorgent de p'tites videos de gars regardant les BAT ou l'impression en cours)mais vont ils aussi loin que le couple FM/LV? (ou est ce juste le plaisir de voir sortir leur livre des machines)
Là j'avais une vraie raison, technique, mais je trouverai toujours un biais JP :)
RépondreSupprimerUn très chouette billet, très intéressant ; merci !
RépondreSupprimerCa m'a intéressé de découvrir cette tambouille alors je me suis dis que ça pouvait en intéresser d'autres (c'est d'ailleurs un peu le principe de ce blog d'ailleurs :)
RépondreSupprimerMerci à toi
grand nom dont il est question ici dans une semaine,pour une broutille mais quand même
RépondreSupprimer