S'il a fait bien des jolies choses, le boulot que j'aime le plus, d'Alan Davis, c'est Excalibur.
Très bien sur scenar de Claremont, et encore mieux quand il a tout pris en charge.
Je voulais le "prouver" par une seule séquence, tirée du numéro 46.
Il nous permet de nous attacher à des perso objectivement improbables, comme quasi toute l'équipe, et même ce personnage, Kylun
Il se bat dans une autre dimension, perd sa bien aimée, poursuit l'assaillant pour réapparaitre...dans la salle de bain de Diablo/Nightcrawler, qu'il tente de tuer, par erreur, mais son sabre ne tue pas qui est "pur"...
En 5 pages on a de l'action, de l'émotion, de l'humour, de la subtilité, le tout avec un bien beau vernis british de pas de côté (le plâtre, la brosse à dent...)
Il gère tout à merveille, avec une science du découpage tip top
Ces pages viennent, sauf la dernière, de l' incontournable Marvel Age of Comics
Glynis Olivier gérait bien son boulot mais les couleurs étaient limitées
Voici la même scène en n et b
Cette page est spéciale
Avant d'être aigri par ce qu'est devenu l'industrie du comics, Alan Davis râlait déjà souvent et à juste titre la plupart du temps
Il pestait tant contre la repro de l'époque qu'il se disait de mauvaise humeur à chaque fois qu'il recevait son boulot imprimé.
Mais j'ai souvenir d'une itw (Scarce?) dans laquelle il évoquait les rares moments de grâce
Il citait cette séquence, au cours de laquelle Diablo embrasse (presque) Meggan puis s'en veut terriblement
Il disait, de mémoire, chercher, dans la dernière case, à ressentir l'émotion/frustration/colère) de Diablo, et c'est une fois la case dessinée qu'il a réalisé qu'il avait, sans s'en rendre compte, instinctivement enroulée la queue du perso autour de la jambe
J'adorais et j'aime toujours le travail de Glynis Oliver. Il y a un respect du trait et elle savait capter une ambiance. C'était limité mais respectueux des intentions des artistes. Et Mark Farmer était (est toujours) l'un des meilleurs encreurs. Différent de "l'école" Janson/Williamson/Palmer, il possède une élégance qui rend le dessin souple et parfois plein de textures. Ses collaborations avec Davis donc, mais aussi avec Dale Keown ou Adam Kubert font parti de mes meilleurs souvenirs de lecture. Je pouvais passer des heures à admirer ces duos en pleine possession de leurs moyens
RépondreSupprimerLionel je traduis par "aigreur" un peu tout ce que tu notes là
RépondreSupprimerDisons donc "fortement désabusé"
Fred oui Farmer est un très très bon encreur, mais je ne le vois pas associé à tout le monde
Sur Keown c'était magistral, sur Adam K c'était très bien, mais j'ai un souvenir plutôt mitigé avec Byrne
Il a besoin d'un dessinateur qui termine énormément ses planches, car il n'ajoute rien, il embellit le trait existant, lui donne une patine, un arrondi superbe, mais il n'ajoute pas et avec Byrne, il manquait qque chose
Pour aller dans le sens de Lionel, "aigri" caractériserait ce moment où le travail de Davis pâtirait d'un constat déplorable sur l'ensemble de l'industrie. un découragement qui entame le moral à donner le meilleur de soi. Le renoncement, quoi.
RépondreSupprimerOr, Lionel le trouve certes moins bon... mais toujours investi.
Moi, je le trouve un peu l'ombre de lui-même, à mon grand désespoir, à bosser avec Jim Starlin, Paul Cornell, alors qu'il n'est JAMAIS aussi bon que quand il est seul aux manettes.
C'est sûr qu'il n'est plus au top, car tout lui renvoie qu'il ne sert à rien de se faire ch*** à faire les planches comme celles que tu as montrées, quand le scénariste suivant va tout démolir, la majorité des lecteurs n'en rien voir, et se voir préférer des faiseurs.
En ça, je le trouve (malheureusement) assez lucide.
Ce que j'aimerais qu'il fasse un creator owned, chez Image, par exemple !
Le fait que personne n'ait réussi à l'en convaincre est en soi une marque de l'état de l'industrie (et lui donne encore plus raison).
Où sont-ils, les editors, qui devraient le harceler de messages type "Alan ! Carte Blanche !".
Il a la carrure, le talent, les compétences et la notoriété. Il est désormais un "tôlier" pour le faire.
Je ne rêve pas de le voir se limiter avec un Mark Millar... mais ce serait toujours mieux que le voir se contenter de variant covers des Avengers.
Mais sa facette "grumpy" semble malheureusement l'emporter.
Allez... On restera "positif" et on dira "Fortement désabusé" aussi.
et c'est d'autant plus rageant qu'à l'évidence il a toujours le même potentiel de dessin et de narration
RépondreSupprimerIl pourrait nous refaire un niveau Excalibur sans souci je pense
Quelle narration,en effet!Exemplaire.
RépondreSupprimerQuelques images que tu montres me rappellent que pour moi, Davis c'est aussi ces bikinis à cordes,souvent noirs,aux soutifs triangles biens arrimés qui défient l'apesanteur,suspension of disbelief......on est bien chez les super-héros....!
Cependant, j'ai toujours eu une gêne avec Alan Davis,sa rondeur,justement,qui fait que sur la longueur il me dérange ,sans que j'ai jamais pu comprendre vraiment pourquoi.Farmer,pourtant excellent, ajoute encore à ce malaise me concernant et c'est là où j'apprécierais des encreurs genre Palmer,Janson,Sienkiewicz pour affoler le trait ,trop aseptisé pour moi.
Farmer que de mon côté j'ai bien apprécié sur le Byrne plus récent ,justement,sur ce que j'ai pu en voir.Je trouvais qu'il l'améliorait beaucoup,presque son encreur moderne idéal .
De quoi parles-tu de ton côté pour faire partager ton ressenti?
Sur Byrne j'ai le raté Byrne True Brit en tête (raté car ils annonçaient le génial John Cleese qui n'a quasi rien fait dessus je pense)
RépondreSupprimerFarmer arrondissait Byrne, alors que j'aime qu'il soit bousculé par un Palmer, ou Janson, sans que ca ne modifie le sens de son trait
Ces encreurs que tu cites sont bien sur dans mon panthéon perso depuis des années,mais ils ne collent pas à un Davis qui a justement tout misé sur cette rondeur, douceur, ce trait avec une forme de perfection qui doit être mis en avant par l'encreur (sauf exercice de style, pour le fun, comme le BWS/Sienkiewicz déjà vu)
je pensais Neary indépassable, mais Farmer m'a montré le contraire
A part le true Brit il a fait un JLA, court run, pas des plus convaincants, avec Stern au scenar
RépondreSupprimerQuelques ajouts à vos intéressants échanges :
RépondreSupprimer"Starlin a un peu, son propre univers au sein de Marvel. Et je trouve son association avec Davis logique."
Demandé en convention à Alan Davis lui-même : qu'est-ce qui vous a poussé à travailler avec Jim Starlin [sur Thanos, et avant les autres space oddities de Marvel : G.G., A.W...].
Réponse : "Jim asked for me".
"A part le true Brit il a fait un JLA, court run, pas des plus convaincants, avec Stern au scenar"
JLA Classified #50-#54 effectivement. Moi non plus, je ne trouve pas que Mark Farmer convient à Byrne, et ce run en est une bonne preuve.
Association Claremont/Davis sur un creator-owned : j'ai le sentiment que cela ne pourrait ne se faire que chez un imprint Marvel hélas car, effectivement, entre Miracleman et ses projets chez Marvel qui n'ont pas été des grands succès commerciaux (ClanDestine, Killraven...), je sens Davis refroidi. Le problème, d'un point de vue général, c'est que j'ai l'impression que Marvel ne s'intéresse plus guère à Chris Claremont, à Alan Davis, comme à d'autres grands anciens comme John Byrne. Ceci ne peut que les inciter à se refroidir, alors qu'ils ont pourtant plus que de beaux restes... Certes, vous me direz, dans les faits, Davis travaille pour Marvel, mais, en live, son humour anglais peut être ravageur : "I have not had any contacts with Marvel for years".
J'ai bien peur qu'en effet les relations avec Marvel ne soient proches de ce que tu décris, pour lui/eux et d'autres rares anciens qui en auraient pourtant sous le pied
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas True Brit et en effet c'est pas terrible avec un Byrne dans ce qu'il a de pire ces dernières années.
RépondreSupprimerMais je reste sur mes positions concernant son association avec Farmer,effectivement sur JLA Classified.Une asso plus récente que True Brit.
Si Farmer est inégal sur JLA -Byrne l'est encore plus - il y a de belles choses quand même,en noir et blanc,et Byrne retrouve une certaine dimension.Pour moi il retrouve également par moment une certaine élégance et un glamour qui ont totalement disparu de son travail depuis une petite éternité.Auparavant ses grandes forces.
Des promesses donc et de vraies marques à trouver.
J'aimerais voir Davis encré à la plume,plus fermement,sinon,pour moi,c'est du sucre sur du sucre.A petite dose Donc.
Ce ressenti "viscéral" reste un regret ,parce que au delà de ça quel talent !
Justement, Farmer ne "sublime" pas un Byrne en petite forme, comme le ferait Palmer ou même Green (d'avant, en forme) mais ça reste beau
RépondreSupprimerQuelques réactions (tardives ?) en réponse à votre conversation.
RépondreSupprimerLecteur occasionnel du blog de Phil (et client de ses productions) depuis des années, je m’inscrits comme lui dans cette tendance de vouloir me consacrer aux essentiels, lire ou relire avec le regard de l’adulte les runs essentiels ou considérés comme tels. On a le même âge je pense et, c’est une tendance probablement normale et/ou humaine de tout amoureux du medium qui vieillit.
Cela étant, je décèle dans cette conversation de vilains exemples de « c’était mieux avant » sous poudrés de madeleine de Proust nostalgisante.
Sans vouloir donner quelconque leçon, les comics, ce n’était pas mieux avant. Il y avait des tacherons et des monstres de storyellers. Et de nos jours, dans le comics moderne, c’est pareil. Il y a des artistes populaires qui sont pourtant d’assez pauvres storytellers comme d’excellents artistes qui sont d’excellents storytellers (je distingue les deux comme vous voyez), reconnus ou pas. Les comics n’ont jamais été si diversifiés (depuis le boom indé des 80s/90s). Il y a de tout et pour tout le monde.
Pour revenir à Davis, il est pour moi le contre-exemple parfait de l’artiste vieillissant qui « a ou aurait perdu ». Si Excalibur ou Clandestine étaient exceptionnels, il reste aujourd’hui un storyteller impeccable et un artiste incroyable au niveau stylistique et dans l’exécution de son art. S’il devait avoir perdu depuis, je dirai qu’on parle de 5 à 10% de son talent au pire. En ce sens il est pour moi une rare exception à la norme.
Je pense que de cette conversation ressort simplement le fait que pour vous (et moi) le fait qu’Excalibur nous a (tellement) marqué comme ses Thanos ne nous marqueront pas car on ne découvre plus son travail. C’est de l’affect. Parce que dire d’Excalibur que c’était un titre accessible me semble erroné. Mettez ce run entre les mains de quiconque n’a jamais lu du X-Men et il ne comprendra rien. Des terres parallèles, des crossovers, un non-sens assumé et des plots et sub-plots qui s’éternisent (ex : Kylun est introduit dans le 2 et revient dans le 46 après qu’on l’ai oublié).
Quant à voir Davis sur un crea-owned avec Claremont, non merci en ce qui me concerne vu l’écriture de Claremont depuis quelques années qui nécessite 15 minutes de lectures par page au vu de sa prolixité. Pour lui, c’est clair que c’était mieux avant.
Et si Marvel ne fait pas de Davis une super star, il a du boulot en continu, ce dont peu d’artistes de sa trempe et/ou génération peuvent se targuer (Paul Smith, Layton, BWS, Zeck, Byrne…). Donc il est bien mieux traité que bien d’autres et pour ça, je dis merci et salue Marvel de nous offrir son art depuis des années.
En continuant de croiser les doigts pour la sortie d’un omnibus des deux runs de Davis sur Excalibur ^^
Tu as raison
RépondreSupprimerEn ce qui me concerne toutefois ce n'est pas "cétait mieux avant", mais "je connnais mieux avant", ce qui est assez différent
Le "c'était mieux" peut apparaitre quand je remarque des tendance actuelles, dominantes ou importantes, qui em semblent aller contre le medimum même (ex : le pseudo réalisme inspiré des films) mais je ne juge pas au niveau des artistes car en effet il semble qu'il y a aujourd"hui autant de bons que de muavais qu'avant
Par contre je pense que Davis est plus en pilotage automatique de nos jours qu'à l'époque d'Excalibur. Sa narration est plus simple sans être meilleure, il va moins loin dans la subtilité...mais il reste très bon et, comem je le disais, le potentiel est là
Je suis plus, pour les comics des années 80, dans une forme de nostalgie, consciente, que de regret ou d'aigreur
et je crois que blogger déconne mais c'est bien "moi" :)
Merci pour ton bémol (concernant tes goûts).
RépondreSupprimerJe suis aussi un child des 80s mais la passion m'empêche de ne pas explorer les nouveaux artistes, tendances ou autres continents ;)
Encore une fois, la narration de Davis peut paraitre plus simple de nos jours mais elle est probablement plus limpide/lisible aussi (de 4 à 6 cases contre combien durant les 80s pour découper une page d'action ou pas?). Est-ce attribuable à de la paresse ou de la maturité? Impossible de répondre et je pense que même lui aurait du mal.
Fred (qui n'a pas pu signer la première fois, un BUG comme tu dis)
je le sens plus en auto qu'en "less is more"/maturité mais je n'ai aucune certitude
RépondreSupprimerj'aime bien aussi découvrir de nouveaux styles/artistes...mais le temps manque et je préfère creuser les origines, qui vient de qui...et la tache est immense (mais réjouissante)
Phil