Voilà, en subsance, ce que je ressens, après avoir lu, presque d'une traite, ce livre (une journée de rtt pour plein de choses à faire s'est transformée en une demi journée pour ces choses, et l'autre pour ce livre)
Il s'agit d'une entrée un peu "à chaud" alors soyez indulgents si c'est un poil décousu
Je ne veux absolument rien révéler car je pense que, d'une part, peu de gens l'ont déjà lu, et d'autre part beaucoup attendent la vf de septembre chez Delcourt
Je comprends d'ailleurs un peu car même s'il y a de nombreux jeux de langues, et d'accents (courage à Marc Duveau) il y a tellement de texte, et beaucoup de pages d'un journal donc juste manuscrites, que la vf doit un peu reposer le cerveau
Et il en a besoin, le cerveau, de se reposer
Quelle densité!!!!!
Je ne montre là que des pages déjà vues sur le net, à part celles ci , des débuts, et qui lancent l'affaire
J'ai déjà évoqué la génèse de Monsters, ici
On voit bien que ce livre est avant tout une histoire, à pathos, de l'origine/enfance de Hulk.
Barry W Smith ne tente pas vraiment de le cacher
Il y a quelques coutures apparentes pour faire coller cette intrigue d'origine avec tout ce qu'il a pu ajouter au fil des décennies, mais très fines
Après Hulk il y a aussi du Weapon X, clairement (et du Nuke)
Pour le reste, il en fait un méga récit... d'une noirceur!!!!!!!
Seul un esprit unique (au sens à la fois "seul" et "hors norme") peut créer ça
Les textes, la narration, les dessins, sont tellement imbriqués que je ne vois guère qu'un Alan Moore qui aurait été capable d'écrire aussi précisément certaines scènes sans les dessiner lui même
Et si un autre que le dessinateur avait écrit certaines séquences je pense que le dessinateur aurait eut des envies de meurtre contre son scénariste
BWS est un vrai narrateur
Aucune épate de principe dans son dessin, tout est justifié et s'il y a des morceaux de bravoure (et il y en a un grand nombre) ils apparaissent plus dans des petites cases, dans des découpages, des choix narratifs, que dans des grosses cases ou des pleines pages
J'ai rarement lu quelque chose d'aussi dense, d'aussi noir, d'aussi pensé dans son ensemble et qui mêle à ce point une énorme quantité de textes avec autant de cases, de dessins, mais sans jamais perdre le lecteur
Mieux vaut être en forme pour attaquer Monsters, et prendre son temps croyez moi
Encore une fois en dire plus déflorerait
Je dirais juste qu'il y a deux époques, des protagonistes dont les destins s'entremêlent, et là où tout le savoir faire de BWS apparait, c'est qu'il n'est quasi jamais nécessaire de revenir en arrière pour vérifier qui est qui, ou qui a dit quoi, alors que le fil de cette intrigue se déroule, lentement mais avec beaucoup de choses à suivre, sur 360 pages
Si le rythme est lent, tout compte et certaines cases sont à ne pas rater, aussi petites soient elles
Au niveau dessin, par endroits on se dit "rrrro c'est dommage là il aurait pu faire un truc plus joli" mais en fait non c'est voulu, BWS calme le jeu, et les yeux du lecteur. Par contre, sur la fin je trouve qu'on voit que c'est un BWS qui n'a plus la même pêche (il a plus de 70 ans!) et des cases sont...en apparence baclées
Mais attention, c'est rare et concerne très peu de cases. Je ne les garde en tête que parce qu'elles sont vers la fin, sinon l'énorme quantité de scènes hallucinantes l'emporte évidemment de très loin
J'ai lu ce livre juste après avoir relu 1984, autant vous dire que côté joie de vivre et optimisme, il va falloir que je me lise un Club des 5, voire un Oui Oui (nan, je vais lire les cavaliers de L'Apocadispe de Libon) Le fond du livre, de part son approche de la noirceur de l'âme humaine, est assez perturbant je trouve, mais il est intéressant de se faire bousculer
On va lire partout que c'est le Chef d'oeuvre de BWS (et que c'est l'équivalent du Frankenstein de son regretté ami Wrightson) alors je ne ne le dirai pas, et à titre personnel rien ne passera, dans la bio de BWS, devant Weapon X (et même son Wolverine/ DD flip book en vf comics usa), mais c'est certainement le livre de sa vie
J'ai eu en tête, régulièrement en le lisant, David Mazzucchelli : pour sa grande oeuvre Asterios Polyp, à la longue gestation également, et son Big Man qui renvoie au perso "Hulkesque" de Monsters. Pour le concept d'oeuvre d'auteur, pas pour le livre lui même bien sur
Il faudrait (faudra?) que je le relise, mais le ton est si noir que je n'en aurai pas envie avant un bon moment
Refeuilleter pour les dessins, pour étudier ce travail de narration titanesque par contre oui
Ce n'est pas le ton du livre, toutefois ce que j'aimerais en retenir, ce que j'essaie de faire ressortir dans mon esprit de cette grande oeuvre, c'est ceci
8 commentaires:
Chapeau bas, Philippe. Ni lu , ni commandé. Raison pour laquelle je me suis jeté avec gourmandise sur ton évocation. Parfaite ! Merci. La Vf fera l'affaire pour moi. Merci
Merci Phil. Du matin, ça "nourrit" ;-) idem à Vincent. Cheers.
c'est un livre à lire, aucun doute
maintenant il y aura forcément des excès, étant donné l'attente, le contexte et son auteur
mais ce seront des excès de formulations donc on s'en fout un peu, ce qui compte sera le ressenti, et il va y en avoir : )
Argh !!!
L'horreur : on est lundi matin et mon comic-shop me dit que son fournisseur lui a fait une crasse. Je n'aurai pas mon exemplaire VO ! Argh !!!
Voilà une chronique qui me saliver, que je ne pourrai ni lire, ni commenter !
Argh !!!
patience is a virtue
...and the (mandatory) 2nd printing seems already be scheduled at Fantagraphics...
Un petit entretien de BWS à la NPR qui en intéressera peut-être certains :
https://www.npr.org/2021/05/02/992500125/comics-hero-barry-windsor-smith-is-back-and-hes-brought-something-monstrous?t=1620726241667
merci, une mise en appétit pour ceci, que j'attends de pied ferme
https://cdn.archonia.com/images/1-80277203-1-1-original1/comic-book-creator-25.jpg
et cette phrase explique bien des choses :"The fact is that I was writing Monsters during the same period I was creating Weapon X"
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