Son nom m'a été suggéré à l'occasion d'un commentaire il y a quelques temps et je trouve le "challenge" intéressant puisque le Monsieur, depuis pas mal de temps, ne s'encre plus.
Aucune prétendue exhaustivité dans ce qui arrive ci dessous, mais une certaine représentativité de l'évolution je pense
Jae Lee a débuté à moins de 20 ans dans les pages de Marvel Comics Presents et c'était...argh!
même si pointaient certains de ses futurs tics sur les persos notamment
C'est sur Namor, à 20 ans et sur scénario de Byrne (puis Harras) qu'il explose
Son influence majeure, évidente à ses débuts, était Bill Sienkiewicz.
Il s'encrait lui même, bossait très très vite et la puissancebrute était au moins aussi présente que l'inexpérience
Il garde cette influence sur d'autres travaux Marvel de la même époque, comme X-Factor. Il copiait régulièrement des cases de Mignola ou, comme sur la 1 de la page ci dessous, Romita Jr. Le but n'étant pas de copier pour copier, mais pour aller vite et garder la pêche
devenu "star" il est attiré par les p'tits jeunes de Image.Il ne change pas son style pour autant et garde l'influence de Bill S.sur des trucs sans intérêt dont le moins grave est Wildcats Trilogy
Le vrai changement c'est avec la création de son titre à lui, rien qu'à lui, sorte de the Crow perso, Hellshock.
Bill est bien là sous la couv, caché
mais à l'intérieur il quitte un peu son style, s'approchant d'un McKean ( élève de Bill d'ailleurs) dans la finition plus propre
Maintenant qu'il s'est trouvé un style plus "clean", même si toujours sombre, il va transformer l'essai en revenant chez Marvel avec son pote Jenkins au scénar, pour Inhumans et Sentry, qui le relancent en star du mainstream
Toujours dans un but avoué de gagner du temps il fait muter son style, travaillant maintenant sur photos, figeant les poses de ce fait, et axant plus sur de l'illustration que de la narration complexe. Il simplifie et joue sur les noirs, dans le sillage de Maitre Mignola. mais ce n'est pas toujours heureux (n'est pas MM qui veut) et le lecteur se retrouve régulièrement avec des palanches vides (même si noires) que ce soit sur son Batman (pas vilain) ou des Captain America (moins bien)
Il est devenu, pour moi, plus un cover artist que narrateur. Lorsqu'il s'encre le trait est sans jeu d'épaisseur, à l'opposé de l'approche de ses débuts
Celle ci est bien inspirée Mignola
Tous ses perso se transforment en statues, figés par les photos et le traitement automatiquement similaire qu'il en fait
Il doit bien le savoir puisqu'il nous présente souvent ses héros sous forme de...statues
il est aujourd'hui reconnu comme "Monsieur Stephen King", aux manettes d'une partie de l'adaptation de la Tour Sombre. Il ne s'encre plus, le trait étant photographique, détaillé, et l'encrage n'apportant rien.
Son plus récent boulot, sur un cross Superman/Batman confirme le virage et cette approche systématique, que je trouve précieuse et maniérée, même si joliment exécutée
Associé à son coloriste fétiche (Villarbuia) le rendu final est joli, mais me laisse froid
Sur son spin of décrié de Watchmen il joue à fond la carte art déco maniéré, et ça marche probablement bien sur ses nombreux fans (c'est tout le mal que je lui souhaite).
Pour moi, nous avons perdu un artisan des comics pour gagner un "illustrateur de romans graphiques"