Raconter une histoire en dessins, sans aucun texte, n'est pas aussi facile qu'on pourrait le penser, loin de là
Chez Marvel il y a eu cet exemple (je pense que le dessin de couv est de Larry Hama, et l'encrage est à l'évidence de Klaus Janson)
1984. Le titre GI Joe est tellement en retard que Larry Hama, scénariste,
se retrouve avec une semaine pour rendre TOUT le comics. Une semaine!!
Il est aussi très bon dessinateur et décide de découper, comme il le
fait presque toujours, son scénario, mais de le pousser davantage.Leialoha n'a "plus qu'à" qu'à finir. Pas de textes = pas de lettreur donc gain de temps. Le comics est bouclé en 3 jours!
Tout était bien déjà dans le découpage de Hama
Le scénar est assez basique mais le succès est énorme. En 1989 il y a une "suite" mais cette fois Hama scénarise juste et Paul Ryan dessine. Bof
Bien plus tard la bonne idée fut de demander encore un numéro silencieux de ce titre, mais cette fois au grand Mike Zeck. Un bout de couv...
la double en crayonné
des pages intérieures, en mode baston (c'est plus facile pour "du sans texte")
Quelques uns de ses (beaux et lisibles) roughs
Fin 2001/début 2002, Marvel décide de faire un mois entier de comics sans textes. Ces Silent issues appelés 'nuff said (en clin d'oeil à Stan Lee) sont loin, bien loin, d'être tous réussis. A l'époque, c'est le début de cette malheureuse (et durable) mode des scénaristes rois, et pas mal de ces scénaristes, qui ne savent déjà pas tous découper visuellement une histoire, se contentent de livrer une histoire lambda, en enlevant juste les dialogues. On rate donc des infos. Sans intérêt
Exemple avec les FF (dessin de Tom Grummett il me semble)
Ceux qui, pour moi, sont au dessus de la mêlée : Milligan et Mike Allred offrent un délire visuel partant de Doop
JMS et Romita Jr découpent une journée de la vie de MJ et Peter, alors séparés
Bruce Jones et (encore) Romita Jr nous la jouent Bruce en vadrouille à la Ferrigno/Bixby. JRjr prouve qu'il est un maitre du découpage, quel que soit le scénariste. Son père lui a appris à toujours découper visuellement comme s'il n'y avait pas de texte de prévus. cqfd
Enfin, Morrisson permet au grand Frank Quitely de s'éclater
même si le duo triche un peu, avec des textes sous forme de dessins. Brillant
Bien d'autres auteurs ont montré que raconter sans texte était possible, avec du talent (cf Byrne) mais tout le monde n'y parvient pas. La BD est un art du dessin ET du texte