Une chose m'a toujours, mais alors vraiment toujours, dérangé à la lecture des comics de ma jeunesse : les essais, ratés ou pas, d'incrustation de photos dans les pages de comics
Je ne parle pas d'utiliser des références photos, et de les intégrer plus ou moins adroitement, en les encrant à la table lumineuse (en ces temps pré ordi). Je parle bien de collage direct de photos dans les décors (le plus souvent)
A raison ou pas, j'ai toujours trouvé que ça faisait "triche" (mais ça on s'en moque) et surtout moche, avec une rupture de lecture et souvent une sortie de l'histoire
Quel que soit l'auteur, même parmi les plus grands
Exemple avec l'un des premiers à faire ces collages, King Kirby
Neal Adams a toujours intelligemment intégré ses références photos, et tomber sur ce collage m'a d'autant plus surpris
Et que dire de mon idole Will Eisner, si ce n'est que cette superbe histoire du Spirit, qui serait la préférée de son auteur parait-il. Du fait de cette page, cette historiette est loin de rentrer dans mon panthéon perso
John Byrne fut le seul, à mes yeux, à intégrer ces photos dans des pages qui me choquèrent moins, mixant du dessin qui rendait presque la chose acceptable pour moi
Il faut dire que la qualité (mauvaise) de repro aidait à ce que le choc dessin/photo soit un peu atténué
Le choix d'aplats de couleurs fait, par contre, un peu trop ressortir le contraste
La texture collée en fond par Mike Zeck était maline, et estompait là aussi un peu le "choc" dessin/photo mais je trouve ce dessin superbe et un décor à la main m'aurait ravi
La profusion de détails par McFarlane tend à masquer un peu la rupture, mais tout de même, il y a une cassure pour moi
Plus récemment, le choix de Ramon Perez de limiter dans l'espace ce collage en limite aussi les effets, mais tout de même, je sors de l'image.
J'en reviens régulièrement à cet hyperréalisme outrancier, citant un épisode de la série Cyberforce de Silvestri, aux débuts d'Image, avec un dessin au trait et un verre de Whisky au premier plan, entièrement à la colo ordi ultra réaliste, qui tranchait désagréablement avec le reste du dessin (faudrait que je la retrouve cette page).
Ce n'est pas l'outil qui me gêne, du tout, c'est le rendu final et le contraste provoqué, au mieux maladroit, voire désagréable, et au pire qui me sort directement de l'image ou de la page
Mais peut être suis je dans une sorte de minorité râleuse?