IDW est un éditeur qui devrait être déclaré d'utilité publique, tant les gars font oeuvre utile avec leurs magnifiques livres
Côté patrimonial, j'ai tourné longtemps autour de ce livre, avant de craquer. Je l'ai donc lu. Merveille!
Pour qui remonte le "fil de ses idoles", s'il a bon goût il y a fort à parier qu'il arrive assez vite à Noël Sickles
Petit exemple : tu aimes Chris Samnee?... oh mais on dirait qu'il s'inspire d'Alex Toth. Mais...Toth était un fan de Milton Caniff qui adorait...Sickles! Hop, nous y voilà
Ami proche de Caniff, Sickles n'a pas eu sa notorité, en partie du fait de son tempérament, et surtout parce qu'il a vite quitté le monde des strips, pour celui de l'illustration
Canif fut aussi un maitre pour Hugo Pratt et ce dernier reconnaissait s'être donc naturellement également inspiré de Sickles
Revenons à ce livre : Très gros format carré de près de 400 pages!!! 50 usd
Après une intéressante intro par un fan qui a fait son chemin, Jim Steranko, les 140 premières pages couvrent la carrière d'illustrateur de Sickles (la majorité donc)
De la gouache, du lavis, du crayon...il savait tout faire
audacieux , et réussi,choix de couleur
Ce genre de chose est super intéressant
Je regrette juste de ne pas avoir plus qu'une illue (double page quand même) concernant son travail sur l'un de mes livre favoris, Une journée d'Ivan Denissovitch ( de Soljenitsyne)
Tout le reste du livre reprend l'intégralité de ses strips, sur près de 3 ans, de Scorchy Smith!
L'éditeur a la bonne idée de publier d'abord les dernières bandes de la main de son créateur, John Terry, puis la reprise par Sickles (avec quelques pages du repreneur à la fin)
Je ne les lis pas. Les strips, même de grands artistes comme Caniff, me tombent souvent des mains, c'est le dessin qui m'intéresse, et là c'est un festival
Sickles reprend donc le strip des main de Terry, malade, et qui dessinait mal, sans inventivité
Il copie son tyle à merveille , signant du nom de Terry, puis il prend la bande à son nom et va doucement mettre sa patte puis expérimenter, créer, jouer avec le noir et blanc...
Un exemple des fades bandes de Terry
et une bande de Sickles. La dernière case, et la case isolée que je mets ensuite, prouvent à l'évidence l'influence majeure qu'eut l'artiste sur un géant de l'époque, Alex Toth
Sickles aidait/influençait son illustre ami Caniff, comme ce genre de fille le prouve
En caricaturant un peu, avant Sickles, il y avait des bandes "gros nez" et du réalisme fin à la McCay/Hal Foster. En très peu de temps dans le domaine du strip (1933/36) Sickles a tout simplement créé un style, une approche graphique, qui fera école, en passant par des artistes qui, dommage pour Noël/Bud Sickles, surent mieux capitaliser sur leur apport et passer pour les vrais précurseurs (Caniff, Pratt...)
Avec plus de 800 bandes le strip évolue graphiquement sous nos yeux, de la moche copie de Terry au flamboyant usage du pinceau et un travail de clair obscur qui fit forte impression sur Caniff
Un exemple de travail à la plume, au duo tone (ou duo shade-papier imprégné de trame) puis de pinceau
Merci à IDW pour cet incontournable, et je laisse la parole à celui qui le découvrit bien avant IDW, pour la vf qui, aussi mal imprimée était-elle (parait il) fit découvrir le travail de Bud Sickles aux français qui avaient le bon goût de lire du Futuropolis (l'original) : Monsieur Etienne Robial
Enfin, pour continuer à "remonter le fil" il me faudra trouver une jour le temps, la motivation, et la doc, et parler de celui qui inspira Sickles, et Eisner (entre autres) : Billy Ireland