Après la merveilleuse histoire des Editions ROA, voici un autre
coup de cœur de lecture. Bon, c’est encore quelqu’un qui ne m’est pas inconnu
(au dessin) mais ça ne change rien
Je ne parle en général de mes lectures préférées que s’il s’agit
de one shot ou de série finies. C'est le cas puisque Serge Letendre et
Franck Biancarelli ont bouclé leur
Livre des Destins avec ce tome 5 (Editions
Soleil)
Quelle Aventure, avec un grand A !
Je ne suis pas habituellement fana des séries axées action, en franco
belge, mais là c’est une autre histoire.
Letendre fait partie des rares scénaristes (le seul en fait je
crois) de l’hexagone dont j’achète une grande majorité des livres. Bien sur il
a traumatisé (positivement) une génération entière avec La Quête de l’oiseau du
temps (+ Loisel of course) mais il ne s’est pas laissé enfermé par ce succès.
Je suis, par exemple, sur le cul à chaque fois que je relis ce qu’il a fait
avec Rossi.
Même topo ici. Roman est
dans son monde (de fiction, entouré de ses…romans) Un livre lui arrive entre
les mains, livre dont la particularité est de raconter le passé, le présent, et
l’avenir, de celui qui le lit. Alléchant concept, prétexte aux plus folles
équipées car les convoitises sont grandes. Tous les ingrédients de la grande
aventure sont réunis.
S’il fallait « classer » les tomes, je dirais que le 1,
parrainé par l’esprit de Peter Pan, pose les bases et lance l’action, le 2 est
un Indiana Jones jubilatoire, le 3 (sous l’influence du dessinateur) est un
superbe hommage (fond et forme) aux comics d’antan, et le 4 puis le 5 calment un peu le jeu, ils huilent la mécanique pour terminer
l’histoire avec cohérence et sourire en coin.
Chez Letendre il est toujours question de filiation (Roman est
soutenu par sa mère et incompris du côté paternel) et de transmission (nous avons
là une autre Quête). Il ne prend jamais ses lecteurs pour des imbéciles, mais
ne les gave pas non plus de citations pesantes ou prétentieuses. Il fait « juste »
de la très bonne Bande Dessinée.
Franck Biancarelli est un enfant illégitime, fruit d’une union
originale ayant pour cœur l’adn de Christian Rossi qui serait mélangé avec
celui d’Alex Toth (les t 4 et 5 sont très « less is more ») le tout sous
la surveillance, pour la fécondation in vitro, de Jose Luis Garcia Lopez. De
pires références existent. Il s’amuse avec les codes narratifs, mais reste au
service de l’histoire (nul doute que son scénariste le ramènerait sur le droit chemin
s’il s’égarait dans des vertiges purement graphiques). Mention spéciale à la couleur,
pensée comme un élément narratif en lui-même, et coup de chapeau à Laurent
Gnoni qui reprend, pour le tome 5, une palette proche de celle du dessinateur.
Lancez vous sans crainte dans cette ode aux romans
populaires/pulps, pleine de références digérées. Le plaisir de raconter (des
auteurs) devrait rejoindre sans peine votre plaisir de lecture
Les illustrations de cette entrée viennent du blog tenu par
Biancarelli et Gnoni (le Silverman en noir et blanc est un ex libris, également
paru dans Scarce avec l’aimable autorisation de l’auteur) Foncez en voir plus,
ici
Désolé pour le rouge du texte, blogspot a merdé sur la typo