Je n’aurais pas la prétention d’écrire que je connais bien l’œuvre
de l’un de nos géants de la BD,
Paul Gillon (1926-2011) mais le Monsieur est
trop important pour le passer sous silence sur un blog très axé encrage (au moins pour un maigre survol que voici). Gillon
était en effet sous une (très) bonne influence, celle d’Alex Raymond (re)connu,
entre autres, pour le rendu de ses dessins (Williamson en est l’héritier
direct). Réalisme, académisme maitrisé, utilisation de photos tout en gardant
son style…tout vient de Raymond en ce sens.
L’œuvre est colossale, Gillon ayant produit énormément, pour
tout support (strips/journaux, revues féminines, revues de BD, albums…) Une constante :
le grand format de réalisation (en moyenne compter70/90 cm pour une planche)
Une preuve éclatante de l’influence Raymond (qui digérait à
sa sauce un jeu de n et b à la Caniff) sur ce strip
Un exemple de travaux sur la mode/illu
Idem (Raymond) sur des planches aux références photos
évidentes mais intégrées
Un réalisme poussé des décors, mais toujours lisible
j'aime autant (si ce n'est plus) quand son économie de trait est à l'avenant d'une simplicité narrative
Comme chez beaucoup d'auteurs le rough n'est quasi lisible que par lui, mais instructif
Enfin, je suis friand de ce genre de chose : une illu en cours d'encrage: On retrouve la "méthode Mézières" d'un crayonné succinct fini à l'encre
Maintenant pour être honnête je me dois de dire que si j’ai
lu du Gillon, je ne possède aucun de ses livres chez moi ! La faute à des
histoires qui ne me parlent pas, un dessin parfois trop académique à mon goût
en terme d’objet final (réduction, colorisation...) des travaux de commande qui me
laissent froids malgré le sujet (La Survivante) et des histoires de fin de
carrière sans aucun intérêt à mes yeux (les scénar de Malka sur l’ordre de
Cicéron par exemple) Cela n’enlève rien à l’importance de ce dandy chic de la
BD qui en a dessiné de fort belles pages et dont le talent apparait surtout à
la vision des originaux ou, au moins, de repro n et b
14 commentaires:
Paril : j'ai pas mal "regardé" Gillon, je n'ai jamais lu. Là aussi, le dessin seul (sans couleur) est tellement plus séduisant !
Et puisque tu ne le signales pas, il y a aussi une entrée très éclairante de toi sur le blog de Tota à voir aujourd'hui (lien bandeau en haut à droite).
argh, j'étais sur de l’avoir signalé
Yep, une planche entière décortiquée de m'sieur CT
Merci
Paul Gillon c'est le sommet de l'école réaliste du dessin de la BD française.Ecole dîtes " école Vaillant " du nom de l'ancêtre du journal Pif Gadjet .C'est l'école des Gaty,Nortier,Poivet,Kline....dessinateurs équilibristes du noir et blanc fortement influencés par Alex Raymond en effet.Une école superbe mais un rien rigide, suivant les artistes :qu'un André Chéret ,qui en faisait parti, s'est chargé de dynamiter avec sa narration tendue, vivante et, son prodigieux sens du mouvement.Rahan faisait sa petite révolution.
John Buscema s'était chargé de faire la même chose avec le style et l'école Harold Foster .L'influence Jack Kirby était passée par là.
probablement pour ça que Chéret me parle beaucoup plus (tout comme Big John évoque plus de choses chez moi que Foster)
C'est vrai aussi que Frazetta s'était déjà chargé de bien dynamiser le style/école de Foster.
Il a pas fait assez de BD celui là à mon gout.
je suis passé à côté de Frazetta (chut, ne pas l'ébruiter, Laurent L va en faire une crise) Je reconnais le talent inouï du peintre mais ses bd je les connais trop peu
Grooooooooosse lacune pour un fan d'encrage parce que le diable envoie du lourd.Ça vaut bien une crise....
j'exagère un peu par provocation je connais son encrage, qui a fait école et marque encore des jeunes, mais je suis très peu lecteur et j'ai vu assez peu de choses en narratif de lui
Mais rien que la brute qu'il était en dessin pur force le respect
SYMPA---LES TRAVAUX SUR LA MODE
NON???
oui
et ca fait très 30 glorieuses
J'ai jamais cru une seconde que tu ne connaissais pas l'encrage de Frazetta.il y avait chez moi aussi un peu de provocation.:)
1 partout
mais je reconnais une relative ignorance quand même :-)
Il dessinait sur des pages format grand aigle, du 75X106, c’était l’école d’une époque, c’était aussi une façon de s’autoriser une plus grande liberté graphique. Il n'y a chez lui rien d'inutile et lorsqu'on le croit on se surprend plus tard à lire une idée cachée dans son dessin et qui tout d'un coup devient évidence pour nous. Pas de lourdeur ou d'effet de surcharge inutile, tout est maitrisé et semble comme en suspension sur la page
Mais Gillon c'est aussi l’expérimentation, qui fait de lui un classique finalement très moderne. Un regard trop rapide sur son dessin (d'où il faut arriver à surmonter le côté récitatif au lieu de l'habituelle lecture par bulles que nous faisons) peut nous conduire à le classer dans les artistes au trait dépassé, presque froid. En réalité son trait n’est qu’ouverture, jouant sur l’espace, sur des mouvements qui semblent ne pas être achevés et derrière l'académisme pointe aussi la virtuosité d'un trait et d'une idée graphique qui souvent est un vrai bonheur de lecture. Ajoutez à cela que ses coups de pinceau sont d’une élégance folle, ou comme le dit plus justement encore Stéphane Beaujean, d'un panache éclatant !
Je vous invite à vite acheter (si elle n’est pas épuisée) l’excellente édition de Jérémie (l’intégrale entre 1968 et 1973) réalisée par AAAPOUM avec l’aide de madame Gillon, le tout fort bien commenté par une très belle étude du camarade Stéphane en fin d’ouvrage. Vous y trouverez votre bonheur et certainement l’occasion de revenir parler de Gillon ici…
Philippe Fadde
argh, je lui tourne autour depuis un moment à ce livre "bleu"
Du coup ça y est, commandé, merci :)
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