A Paris je n'ai pas pu prendre de photo de l'expo Disney chez Art Ludique, mais le catalogue compense amplement
Chez Gaston, à Pompidou, j'ai pu en prendre quelques unes, sans flash
Quel chouette moment, passé à observer de près tous ces originaux; J'ai toujours énormément aimé Franquin, surtout Gaston et les idées Noires. Relire des gags, tant d'années après, montre à quel point ça n'a pas vieilli.Les dessins, eux, sont encore au sommet bien sur, avec une énergie, une expressivité, incroyable
Il y a avait quelques beaux crayonnés
Un encrage incontournable
même des originaux en couleurs
La photo est floue mais je la mets juste pour montrer la taille, réduite, de l'original sur lequel Franquin a dessiné 1000 têtes de Spirou (et un Gaston glissé au milieu)
Ces couleurs de 4ème de couv d'albums, ou promo, destinées à accueillir des miniatures d'albums parus, est probablement l'une des plus belles choses vues ce jour là. Quelle créativité!
Si vous prenez le catalogue d'expo vous aurez une majorité des doc vus sur place, et quelques autres...
mais il n'y a pas de repro de toutes les planches originales exposées, notamment les plus récentes de Gaston! Probablement un souci de droits puisqu'elle sont la propriété de collectionneurs privés. Fort dommage mais du coup je mets les rares photos prises, qui montrent qu'en plus d’être un prince du crayonné, Franquin était le roi de l'encrage, qu'il soit au rotring, à la plume ou au pinceau
Une pépite pour la fin, absente du livre également. Un échange de courriers entre Monsieur Dupuis et le redac'chef génial de l'époque, Yvan Delporte, exposant, entre autres, l'ire de Monsieur Charles dans le cadre du splendide trombone Illustré
Savoureux!!!
12 commentaires:
Superbe !
(Que dire d'autre ?)
Édifiant, l'échange de lettres Delporte/Dupuis !
Le "paternalisme" affiché si souvent de Dupuis semble, du coup, bien plus, et plus grave, que ça.
Je trouve Delporte très contenu et diplomate
Je t'envie d'avoir pu aller voir cette expo !
Concernant l'encrage chez Franquin, dans ses entretiens avec Numa Sadoul, il expliquait à quel point c'était une étape problématique pour lui. Toute sa vie, il a testé différents outils, différentes techniques, pour être à l'aise... Et il était rarement content du résultat ! (En vérité, il était aussi rarement satisfait de son dessin en général - et je crois que cette exigence, cette intransigeance, sont la marque des très grands : ils sont leurs plus féroces critiques.)
Dans un n° spécial de "Lire" où était publié une interview, Franquin racontait que durant les années "Spirou" (les années 50, que je considère aujourd'hui comme son sommet : il a alors une élégance et une énergie mêlées incomparables dans le trait) il utilisait la plume mais le crissement sur la feuille avait fini par lui devenir insupportable. Il s'est ensuite mis au pinceau, sans perdre en précision ! Puis plus tard, avec "Gaston" (dont je préfère les premiers années, avec l'apport important de Jidéhem), il a mixé rotring et pinceau, le trait devenant de plus en plus nerveux, jeté : virtuose aussi mais j'ai plus de mal avec maintenant.
Par rapport à Charles Dupuis, il est connu que le brave homme se comportait comme un père de famille avec ses artistes, distribuant les bons points (et les mauvais). "Le trombone illustré" ne pouvait que le braquer. Mais ses avis étaient parfois déroutants (il n'estimait pas Will, trouvait Peyo inégal, ne comprenait pas la popularité de Morris - "Lucky Luke" a quitté le journal de "Spirou" parce que Dupuis ne voulait pas que les albums du cowboy paraissent en cartonné !). Pourtant quand, pour des affaires de gros sous, Franquin a signé pour réaliser "Modeste et Pompon" dans "Tintin", Dupuis a tout fait pour récupérer l'artiste (qui a continué à produire pour les deux revues pendant cinq ans - pas mal pour un "type paresseux" comme il se présentait...).
À propos de l'angoisse de Franquin, et de son éternel mécontement, il me revient cette anecdote :
À une jeune comédienne qui s'étonnait de voir la grande Sarah Bernhardt souffrir de trac avant de rentrer en scène, alors que la jeune lui disait en être totalement dénuée, Sarah Bernhardt répondit :
"Ne vous inquiétez pas. Ça viendra avec le talent."
Ca alors, je connaissais TOUTES vos anecdotes :)
Laurent par hasard, et RDB pour avoir tant lu sur Franquin (dont ce que tu cites) et Morris
Pinceau, plume, rotring...Franquin maitrisait tout mais pour moi c'est au pinceau qu'il gardait intacte toute sa folle énergie du crayonné
Un géant
ca doit faire 5 ans au moins que Sadoul annonce une réed, a priori bloquée pour de soucis de droits...
J'ai souvenir de l'avoir lu, et adoré, en biblio, vers 13 ou 14 ans, et même fait des photocopies de crayonnés (déjà) ¨Pourvu que cete rééd arrive, mais déjà le gros pavé récent est une merveille (et le catalogue est très chouette)
Comme pour RDB, mon Franquin préféré actuel est celui de l'époque Spirou, avec, oui , l'excellent apport de Jidéhem , décoriste et dessinateur de véhicules motorisés exceptionnel.C'est toute l'esthétique de la BD belge d 'une certaine époque qui est ici sublimée, magnifique.
Derrière "monsieur Dupuis"se cachait une famille, une famille de curés, avec plusieurs membres, dont Charles ,le plus fantasque de tous-à l'échelle d' une famille de curés ,attention- qui a pris les rennes du journal Spirou pour en faire jalousement son pré-carré, parfois contre sa propre Famille . C'est lui qui protégeait Delporte, le rédac-chef, contre vents et marées malgré les récriminations de son frère Paul qui reprochait, entre autres, à ce dernier de faire perdre beaucoup d'argent. C'est d'ailleurs pendant des vacances de Charles que la "famille", Paul en l'occurrence, en a profité pour virer Delporte.
Delporte, malgré tout ses mérites, était un personnage complexe ,paradoxal, cultivant son image,centré sur sa bande d'auteurs, pas vraiment tendre avec les jeunes auteurs en tant que rédac-chef de Spirou, peu ouvert aux nouvelles candidatures sur de simples coups de têtes (Cauvin régulièrement rabroué , oui celui qui vendra des millions d'albums et tiendra longtemps le catalogue Dupuis sur ses seules épaules ,en sait quelque chose).A l'époque du" Trombone "(il avait certainement des comptes à régler avec son successeur à la tête de Spirou, Thierri Martens- qui a pas mal ramé pour remettre de l'ordre et fédérer une jeune génération d'auteurs , ce que Delporte n'a pas su , ou voulu faire)il a ostracisé les auteurs réguliers du mag Spirou, Cauvin encore une fois en premier lieu,orchestré une sorte de guéguerre et accéléré de manière significative l'érosion du lectorat du journal.
Il faut donc nuancer les jugements,car malgré ça le Trombone a tenu une trentaine de numéros, certainement avec l'appui de Charles contre sa famille.
Franquin aussi était parfois trouble, on en parle jamais, d'une certaine manière il en voulait à Martens et était très remonté contre une série et son dessinateur , que personnellement j'adore, Archie Cash la série,finalement assez inoffensive ,que Martens supervisait.Il y a eu de drôles de trucs derrière tout ça.
Merci pour ces anecdotes
Quant à la "vérité" historique je regrette que la disparition de tous ces géants fasse que si peu de témoins de première mains soient encore parmi nous (JDM serait presque le seul)
De faire l'apologie de la violence, des armes, avec cette manière de dessiner les muscles qu'avait malik, vu comme le grand Satan par certains à l'époque, sa frénésie visuelle, son style si particulier.Un Malik très influencé par le Hermann des débuts, un autre qui a essuyé quelques déconvenues.
A travers Archie Cash, on reprochait à Martens le rédac-chef (qui avait fait venir son grand ami Brouyère chez Spirou-Martens a signé des scénarios pour Archie Cash sous pseudo, voire même fini anonymement histoires pour Brouyère qui avait de gros problèmes avec l'alcool) son goût pour l'exarcerbation d'une certaine violence et l'iconographie militaire, voire l'esthétique nazie.
Frontalement ou de manière détournée la série Archie Cash était devenue la représentation de tous les maux et travers de la BD, son dessinateur avec .
Aujourd'hui ça fait franchement rigoler.
je peux comprendre, sur le principe, la colère de Franquin (sans citer de série) de voir des séries mettant des armes "en avant" chez Spirou tandis que la bondieuserie était assez présente au sein du même journal (les célèbres histoires de Noël aussi, incontournables chaque année, à la demande de l’éditeur)
Pour un antimilitariste anticlérical ça devait démanger
Martens est resté un rédac'chef très polémique dans l'histoire de "Spirou". Régulièrement dans la rubrique "les aventures d'un journal", son nom apparaît dans des histoires assez absurdes avec le recul. Je crois, sans être un expert, que c'était une période charnière pour l'hebdo, avec d'un côté les vétérans, qui défendaient une BD à la fois grand public et prétendant à devenir plus adulte (c'est aussi ce qui s'est passé chez "Pilote" quand Goscinny a vu qu'il ne pouvait plus contenir les auteurs les plus audacieux à qui, le comble, il avait permis de percer), et de l'autre côté une nouvelle génération, qui ne voulaient pas prendre le pouvoir par la force mais simplement avoir de l'espace pour s'exprimer.
Franquin était au coeur de ce conflit puisqu'il était dans la place depuis un paquet d'années, avec des copains, de nouvelles envies. Delporte s'est servi de lui, tout comme Charles Dupuis. Avec Franquin, en fait, j'ai le sentiment qu'on avait un type qui aurait aimé travailler en s'amusant, mais qui n'était fondamentalement pas assez léger pour ça.
J'y reviens mais quand il parle avec Sadoul, c'est certes passionnant, plein d'anecdotes, mais son insatisfaction, son auto-dénigrement, ses doutes, sa radicalité aussi, mais c'est aussi souvent plombant et agaçant. A titre de comparaison, Toth était aussi perfectionniste mais il l'exprimait avec une vigueur, presque de la rage, qu'il dépassait ses doutes et continuait d'avancer, contre vents et marées (contre lui-même, l'industrie, etc).
Il y a peu de génies de ce calibre qui sont arrivés à appréhender plutôt sereinement leur évolution, artistique et personnelle.
Dans le fameux livre d'entretiens chaque année reporté, Franquin disait qu'après sa très forte déprime il s'est aperçu qu'il avait perdu toute sa virtuosité au pinceau et qu'il n'arrivait plus à encrer correctement. Ce qui explique que ses derniers Gaston soient moins soignés (ça se discute) avec mois d'aplats de noirs ou d'ombre.
Enregistrer un commentaire