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jeudi 4 décembre 2025

Kevin Nowlan Entretien exclusif II

 Suite et fin du très intéressant entretien JM Jonqua/ Kevin NOWLAN


- Parlons de certains de vos travaux de dessinateur plus « récents ». Je suppose que vous avez été ravi de travailler sur des histoire de l’univers d’Hellboy avec Mike Mignola ? Je me souviens en particulier du one-shot.

 - Kevin Nowlan : Oh oui, c’était génial. Il a écrit une histoire qui était juste basée sur ce qu’il pensait que j’aimerais dessiner. C’est pourquoi il y a une sorte de vache dedans et des choses dans ce genre là. Il l’a adaptée à ce qu’il pensait que j’aimerais dessiner. Donc, c’était génial.


 
 - Ce n’est pas forcément courant, mais vous avez eu l’occasion de dessiner plusieurs fois des vaches dans des comics (rires) parce que si je me souviens bien, dans Jack B. Quick, on trouvait déjà des vaches dans certaines histoires.

 - Kevin Nowlan : Je pense que c’est pour ça que Mike a mis une vache comme personnage du one-shot. Il aimait la façon dont je dessinais les vaches ! Alors, il pensait, bien évidemment : « Bon, si Kevin aime dessiner des vaches, je vais mettre beaucoup de vaches ». Mike est drôle comme ça.

 - En parlant de Mike Mignola, j’aimerais savoir comment vous vous êtes retrouvé associé au logo « Hellboy » en fait parce que vous avez créé ce logo, si je me souviens bien.

 - Kevin Nowlan : Enfin, ils m’ont crédité, plutôt. Je n’ai pas vraiment conçu ça. Mike a fait un croquis, et j’ai fait le dessin final, mais les lettres étaient déjà essentiellement comme il les avait dessinées dans le croquis. Et je lui en ai parlé justement une fois, parce que, même dans le premier film, ils m’ont donné un crédit à l’écran pour cela. Et je lui ai dit : « Mais je n’ai pas vraiment conçu ce logo. »  Mike m’a répondu : « Je sais. J’ai fait un croquis. Nous avons tous les deux fait des aller-retours, mais ça prend trop de temps à expliquer. J’ai juste dit que c’est toi qui l’avais conçu. »

- On peut appeler çà un effort collaboratif ! (rires).

- Kevin Nowlan : C’est sûr que c’est mieux d’avoir trop de crédit, au lieu de pas assez de crédit, car c’est plutôt généralement ce qui se passe.

- Auriez-vous aimé rejoindre l’équipe des « Legends » pour Dark Horse Comics à un moment donné ?

- Kevin Nowlan : Eh bien, pour moi, je trouve que  « Legends » n’a pas duré très longtemps si vous y réfléchissez. Vraiment. Mike (Mignola) a fini par être le seul à y rester. Tout le monde est parti à un moment donné, et seul Mike tenait cette enseigne. John Byrne est resté aussi quelques temps avec ses Next Men, mais moins longtemps que Mike...

- Oh, à propos de John Byrne, j’aimerais vous poser une question. J’y pense maintenant car je n’ai jamais pris le temps de faire des recherches à ce sujet. Il y a un crédit de John Byrne qui vous est dédié dans un ancien numéro des Fantastic Four. C’est le numéro où She-Hulk se retrouve piégée par des paparazzis sur le toit du Baxter Building. C’est vous qui avez-vous donné l’idée de départ à Byrne ?

- Kevin Nowlan : Non, non. Ca provient d’une pinup que j’ai faite pour Marvel Fanfare. John l’a utilisée et remaniée pour la page au début de l’histoire, celle où elle prend un bain de soleil. Allongée sur le ventre, elle a fini par enlever son petit haut et donc elle a une ligne verte décolorée sur le dos. C’était l’une des pinups de mon lot pour Marvel Fanfare. C’était l’une des premières choses que j’ai faites dans les comics. John Byrne l’a vu au bureau et s’est dit: « Oh, je vais l’utiliser pour la page de démarrage de mon histoire ». L’editor m’a appelé et m’a indiqué que cela allait donc se faire. Je lui ai répondu, « Eh bien, ce n’est pas terrible parce que son histoire sera probablement publiée avant mon dessin. Donc, on dira que je l’ai volé. » Donc, John m’a appelé et ils ont mis cette petite note sympa, vous savez, dans le numéro des FF pour me créditer. Heureusement que cela s’est passé comme çà. Car oui, parfois de mauvaises choses sont arrivées à d’autres artistes lorsqu’ils ont produit quelque chose, un dessin, un planche, etc… Quelqu’un le voit sur le bureau de l’editor, ou bien, vous savez, quelqu’un en fait des copies ou autre chose, et du coup, si rien n’est fait, c’est« volé ». Ils peuvent même pomper l’image et si la leur est publiée en premier, tout le monde suppose tout simplement que le gars qui a copié est la victime plutôt que l’inverse... Heureusement, cette fois-là, au moins l’editor a fait ce qu’il fallait faire, donc...



 

- Il y a parfois des histoires effrayantes sur ce genre de choses. Vous connaissez probablement l’histoire de Barry Windsor Smith et son scénario destiné à la série Incredible Hulk, par exemple.

- Kevin Nowlan : L’histoire sur Hulk ? Oui, exactement. Il en a parlé dans son livre, « Monsters ». Je l’ai lu, c’est vraiment bon. C’est triste aussi, mais j’adore l’idée, parce que je suis en quelque sorte en train de partir à la retraite maintenant. J’adore l’idée qu’il ait passé des années à travailler seul. L’idée que cela se fera quand cela sera fait. Il en a fait sa propre histoire. Ce n'est plus une histoire de Hulk, c'est sa propre histoire, il ne sera pas dirigé par qui que ce soit. J’adore l’idée qu’il ait fait ça.

- BWS est devenu esprit libre. Ce n’est pas très connu, mais si vous allez sur Comic Art Fans, vous pouvez voir que Barry a pris un certain temps, au cours des années où il était « invisible », pour améliorer certaines anciennes pages qu’il avait dessinées jadis pour Valiant ou Malibu, tout en continuant à travailler sur « Monsters ». Si vous recherchez un peu et que vous avez de la chance dans votre recherche, vous pouvez voir comment étaient les pages originales avant ses modifications et ce qu’elles sont devenues. Il apportait des améliorations intéressantes. Par exemple, dans ses modifications, il rompt souvent les limites des marges d’impression initiales de la page, pour atteindre presque les bords de la page.

 



 



- Kevin Nowlan : Vous savez, je ne m’en rendais pas compte à l’époque, mais je sais que quand il a travaillé sur « Red Nails », les dernières pages avaient été terminées par Pablo Marcos. Je me souviens que Barry a fini par les ré-encrer lui-même pour une autre édition. Pablo était intervenu pour des questions de deadline. C’était proche du style de Barry, mais pas tout à fait, et Barry voulait donc réparer la chose. Je comprends ce genre de choses qui peuvent vous hanter du genre « Oh, j’étais si proche d’y arriver »...

 - En ce qui concerne les projets qui ont pris beaucoup de temps à voir le jour, je voulais parler de ce projet avec vous (je lui montre que la mini-série Man-Thing, qui avait été initialement conçue comme une Graphic Novel devant paraître à la fin des années 1980, et qui n’a finalement été publiée qu’en 2012). Il a fallu beaucoup de temps à ce projet pour voir la lumière du jour. La première fois que j’en ai entendu parler, c’était, si je me souviens bien, vers 1990. Je voulais vous demander comment s’est déroulé le projet et pourquoi il a fallu autant de temps pour qu’il sorte.

- Kevin Nowlan : D’accord, bien sûr. Ce projet s’est arrêté plusieurs fois. C’était le dernier récit de Steve Gerber sur le personnage de Man-Thing. Il avait été le scénariste de la série dans les années 70. Au début, j’avais réalisé les trois quarts des planches, mais j’étais lent, puis je me suis retrouvé occupé sur d’autres projets. J’ai dû m’arrêter. Un ami editor qui, à l’époque, était aussi un marchand d’art, m’a acheté toutes les planches, et donc, cela m’a fait un peu d’argent en avance pour me permettre de passer du temps à terminer la Graphic Novel. Sinon, je n’aurais pas pu la terminer.  Il m’a fallu tellement de temps pour faire chaque page que c’était compliqué. Je n’ai jamais pris de leçons de peinture, vous savez, et je pensais que cela devrait vraiment être un comic-book peint, pas dessiné de manière classique au crayon et à l’encre. Je l’aurais fini en moins d’un an si je l’avais fait de la manière habituelle (4). Mais j’ai continué à essayer parce que l’action se déroulait dans au marais... Je suis un peu obsédé par les comics de années 1967 à 1974 et je me suis dit « Il faut vraiment que je fasse çà en peinture », pour qu’on ait l’atmosphère qui va bien et les couleurs. C’était la première erreur. Je ne savais tout simplement pas ce que je faisais. Et puis il y a eu beaucoup de faux départs. Par exemple (il me montre une splash-page), celle-ci est l’une des premières pages que j’ai refaites plusieurs fois. J’ai fait cette splash-page encore et encore, en essayant de déterminer comment la peindre au mieux. Et puis finalement j’ai réussi à en faire une qui me convenait très bien, une que j’aimais beaucoup. Et je l’ai envoyé à Marvel. Ils l’ont aimé. Je leur ai demandé de me la retourner pour que je puisse l’utiliser afin que les couleurs correspondent, dans la continuité, sur les pages suivantes. Normalement, ils gardent les pages qu’on leur envoie, au début, mais j’ai leur ai indiqué : « Non, je ne veux pas être payé, ne me payez pas, mais j’aimerais, par contre, que vous me retourniez la planche. » Ils ont trouvé moyen de la renvoyer à une ancienne adresse. J'avais déménagé, et donc ça a été perdu pour toujours...

- Non ?!

 - Kevin Nowlan : Voilà. Donc, après avoir réalisé cette splash page une douzaine fois et avoir finalement réussi à arriver à un résultat qui me plaisait, j’ai dû le prendre le temps d’en faire une 13ème... Voilà le genre de projet que c’était. Presque tout ce qui aurait pu mal se passer, s’est mal passé. C’était, vous savez, comme si le projet était maudit ou un truc comme çà. C’était juste pour moi un projet très difficile. Vous savez, je ne sais pas si vous l’avez vu mais j’ai fait une histoire Hulk de dix pages il y a quelques années où le tout le contraire s’est produit. Tout s’est bien merveilleusement passé comme par magie. Pourtant il y a eu des tas d’accidents, mais ce n’était que des accidents heureux. Il y en a eu tellement que c’était une vrai joie. Et en plus, c’était seulement un projet de dix pages, pas un projet avec beaucoup, beaucoup de pages. (6)

 



 - Vous savez, je me demande parfois comment les choses pouvaient relativement se passer si bien dans les temps passés, car les pages en cours de conception se baladaient beaucoup aux USA, parfois en long et en large sur le pays même. Et finalement, sur la quantité, il n'y a pas tant de récits que cela, globalement, d’histoires de pages perdues lors de leurs transits ou autres, et les cauchemars que cela engendrait.

- Kevin Nowlan : Je peux vous dire, pour le projet Man-Thing, que c’est l’editor qui a fait la bêtise. Cela faisait trois ans que je ne vivais plus à l’adresse de l’appartement qu’il a utilisé ! Il fallait vraiment se décarcasser pour trouver la mauvaise adresse, et c’est ce qu’il l’a fait. Donc oui, c’était un cauchemar. Donc ce projet, cela a été une suite de problèmes de ce type qui ont continué à se produire. A la publication, cela en a été enfin terminé. Je peux au moins célébrer cela. C’était très difficile de réaliser ce projet.

 - Je suppose que c’est un grand accomplissement pour un artiste quand on a un comic-book qu’on rêve de faire, qui qui se passe mal et qu’au final il finit par voir le jour dans de bonnes conditions. Pour les fans, c’est génial.

 - Kevin Nowlan : Vous savez, il y a beaucoup de projets dans les comics qui n’ont jamais été terminés pour toutes sortes de raisons différentes. Et c’est triste, vous savez, parce que dans votre imagination, vous imaginez cette chose parfaite qui n’existe pas vraiment. Pour l’artiste, et ensuite pour le lecteur. Il faut juste imaginer...

 - Nous parlions de Barry Windsor-Smith. Vous savez ce qu’il a fait à propos de la série limitée sur The Thing qu’il avait commencé dans les années 80, mais n’a jamais terminé ? Il y a sept ans ou huit ans, il a décidé de publier toutes les pages visibles sur son compte Facebook, donc le grand public les a découvertes comme çà, par hasard.

 - Kevin Nowlan : Je ne savais pas qu'il les avait mises sur Facebook. Scott Dumbier, qui produit les Artist’s Edition, voudrait les publier dans un recueil. Il a dit que le contenu de cette GN était vraiment très bien. Mais le problème est que le projet est incomplet…

- Je pense que BWS a posté les planches en ligne car il a perdu tout espoir de publication un jour. Mais d’autres projets de Barry Windsor-Smith n’ont jamais vu le jour. Par exemple, sa Graphic Novel art-déco pour Superman aurait été géniale.

- Kevin Nowlan : Michael Golden a aussi fait un Superman qui n’a jamais été fini.

 - Ah, je l’ignorais complètement. Dommage ! À propos des légendes du monde de la bande dessinée, je voulais vous poser des questions sur Jack B. Quick. Je voulais vous demander si c’était plaisant de travailler avec Alan Moore.

 



 - Kevin Nowlan : C’était une joie, mais c’était un travail très, très dur. Alan demande beaucoup à ses dessinateurs. Il demande très gentiment, mais il en demande des tonnes. Des choses difficiles à dessiner. Et c’était donc difficile à faire. Et je voulais faire les crayonnés, l’encrage, le lettrage et les couleurs, et cela prenait donc plus de temps. Mais sinon, non, je suis vraiment plus fier de ça que de tout ce que j'ai fait parce que les histoires sont vraiment bonnes.

 - Je les ai lus et j’ai beaucoup ri.

 - Kevin Nowlan : Oui, je les aime. C'est vraiment un petit garçon maléfique, mais il est mignon. Adorable et maléfique en même temps, oui, c’est ça.

 - ABC était vraiment une belle société d’édition.

- Kevin Nowlan : Oh oui, même si c'était Alan Moore, ils n'ont pas assez bien vendu pour continuer, donc c'est dommage.

 - Nous les avons aimés en France, mais je pense que nous avons toujours su que, d’une manière ou d’une autre, que c’était une expérience ne durerait pas très longtemps. Sur un autre sujet, j’aimerais vous demander si vous vous souvenez de l’histoire que vous avez faite pour les livres au profit des victimes des évènements du 11 septembre 2001 ? (5)

 - Kevin Nowlan : C’était censé être une histoire anonyme. Vous ne devriez même pas savoir que je l'ai dessiné ! C’était une histoire pour le bénéfice des victimes, donc le scénariste et moi voulions... nous voulions être anonymes. Ils ont laissé le nom du scénariste anonyme, mais ils ont mis le mien dans les crédits...

 - (rires) Comment pouviez-vous imaginer que vous pourriez rester anonyme avec des vignettes comme celle-là où on reconnait facilement votre style ?

 - Kevin Nowlan : Oui, je sais, je sais. Mais c’était juste, c’était l’idée, et donc c’était frustrant de voir qu’ils n’ont pas fait ce que nous demandions. Mais vous avez raison, il était évident qu’on aurait vu que c’était moi qui avais dessiné cette histoire.

 



 - Et c’était une très chouette histoire que vous avez créée ensemble.

 - Kevin Nowlan : Eh bien, lorsque le scénariste a écrit l’histoire, il l’a écrite très visuellement. Il a pensé aux Twin Towers et il l’a donc pensé de manière parallèle, vous savez. Ce qui se passe à gauche est répété sur la page de droite.

 - C’est presque votre « Fearful symetry » à vous (rires) (7)

 - Kevin Nowlan : Oui, oui, exactement !

- À propos d’un autre de vos travaux en tant que dessinateur, je ne sais pas si vous vous souvenez de ce travail, mais vous avez dessiné une jour une histoire d’une page pour un « Big Book » de Paradox Press. Vous rappelez-vous comment ces volumes étaient réalisés ? Parce qu’il y avait deux cents artistes dans ce genre de recueils, alors comment procédaient ils pour travailler avec toutes ces personnes ?


 

 - Kevin Nowlan : Je me souviens qu’on m’avait fourni un script complet. Ils énonçaient très précisément ce qui devait se passer dans chaque vignette. Je ne sais pas comment ils ont travaillé avec d’autres artistes, mais je suppose que c’était la même chose pour tout le monde. Je voulais vraiment faire mon propre lettrage parce que c’est toujours ma préférence quand on me donne le choix. Je l’ai demandé, et donc ils m’ont laissé le faire. Je me souviens avoir mis beaucoup de temps sur cette page. Il y a beaucoup de texte ; c’est presque autant de texte que de dessins. Mais le fait que j’ai dû travailler le lettrage, cela a été aussi très bon pour la gestion de l’espace. Comme cela, vous savez combien il reste de place pour le dessin. Vous ne vous retrouvez pas avec des phylactères qui recouvrent la tête d’une personne. J’étais satisfait de cette page. J’ai aimé la façon dont cela s’est passé. J’y pense, avec tout ça, voulez-vous que je signe l’un de vos comics ?

- Oui. J’aimerai beaucoup une vos couvertures sur un des numéros de Doctor Strange que vous avez fait avec Chris Bachalo. Celle-là ou peut-être plutôt celle-là. J’ai adoré la façon dont ils ont traité le logo sur cette deuxième.


  

- Kevin Nowlan : Oui, celle-ci, prenons là, parce que je l’aime beaucoup aussi. Oui, c’était une belle surprise qu’ils aient fait un effort supplémentaire et modifié le logo pour la circonstance.

 - Vous avez semblé passer un bon moment sur cette série lorsque vous étiez dans cette équipe, en alternance avec Bachalo.

 - Kevin Nowlan : Vous savez, Docteur Strange est mon personnage préféré. J’aime le personnage, j’aime le costume classique et ils m’ont donné beaucoup de liberté pour faire les choses à ma façon lorsque je travaillais sur le titre. C’était une belle expérience.

 - J’ai toujours aimé votre signature. Je la trouve belle à sa façon.

 - Kevin Nowlan : Eh bien, je vous remercie mais cela n’est pas le cas.

 - Vous avez une signature facilement repérable sur les dessins et elle est stylisée, donc j’aime.

- Kevin Nowlan : Vous savez, j’ai vu un jour quelqu’un dans une session chez un éditeur dire, eh bien... en fait, dedans, ils parlaient et ciblaient de jeunes artistes, et ils disaient : « Ne signez pas votre travail comme si vous signiez un chèque pour la banque ». Je me suis dit : « Oh, super. C’est maintenant que tu me dis ça. Quarante ans plus tard. C’est trop tard. »

 - (rires) Je tiens à vous remercier pour nos échanges. Ce fut un réel plaisir de discuter avec vous. Quels sont vos projets maintenant ?

 - Kevin Nowlan : J’espère que ce que je vais faire, c’est dessiner pour davantage m’amuser maintenant. Quelque chose par ci, quelque chose par là.

- J’espère que nous verrons encore longtemps vos œuvres et que vous apprécierez votre séjour en France.

- Kevin Nowlan : Merci beaucoup. Oui, c’est le cas. La nourriture et l’architecture sont merveilleuses ici. Les bâtiments sont si beaux. Cela fait beaucoup d’inspiration pour les comics. Lorsque nous étions il y a quelques années à Paris, ma femme et moi, ils rénovaient encore Notre-Dame. Et j’ai pris quelques photos de la cathédrale Notre-Dame. Je les ai utilisées pour une couverture de Man-Bat. Je suis sûr que vous l’auriez remarqué, ici, mais un seul artiste américain l'a repéré. Man-Bat était en vol sur la couverture, aussi j'avais juste besoin d'un bâtiment gothique de Gotham City en arrière-plan... Et j’ai donc utilisé Notre-Dame. C’était parfait : je l’ai littéralement tracée. Ca a rendu la couverture très facile à dessiner. Tout le dur labeur a été fait par les gens qui ont vécu, quoi, il y a six cents ans ? (8)

 


 - Oui. Puis-je prendre une photo de vous juste pour terminer ?

 - Kevin Nowlan : Bien sûr. Allez-y.

 - Merci encore.

 



Notes de référence :

(4)    Pour les comics, Nowlan s'était déjà essayé, cela dit, plusieurs fois à la peinture auparavant. Il signa, par exemple, la couverture de l’annual des Outsiders et la couverture du Solomon Kane #2 en 1985. A noter que les couleurs de l'original du Solomon Kane sont complètement déformées par rapport à la version publiée. Un problème de repro, sans doute.

(5)    "9-11: Artists Respond, Volume One" & "9-11: The World's Finest Comic Book Writers & Artists Tell Stories to Remember, Volume Two". L'histoire de Kevin Nowlan fut publiée dans le premier tome. Je n'ai pas osé demandé à Kevin Nowlan qui cachait derrière le mystérieux auteur. Je suis indécis sur ce sujet, mais si certains se posent la question de savoir si c’était Alan Moore avec lequel il travaillait à l’époque, pourquoi aurait-il demandé à être anonyme pour cette histoire et pas quelques pages plus loin puisque Moore avait participé à visage découvert au même recueil de cette anthologie avec sa femme, Melinda Gebbie.

(3)  6)  Il s'agit probablement de la deuxième histoire du "Immortal Hulk: Time of monsters" #1.

(4) 7)   Clin d'oeil, bien sûr, au numéro 5 du Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons.

(5)    8)   Couverture alternative du Man-Bat #1 sorti en 2021.