J'ai acheté ce album en version luxe parce que je suis fan du trait d'Albert Uderzo, mais aussi parce que celui ci fut à la fois le dernier de Goscinny et mon premier à moi
Le livre présente l'album couleur en grand format, 30 pages de rédactionnel et de documents, et ce qui motiva mon achat : l'album en fac similé de planches , noir et blanc donc. Superbe (moins 3 pages tirées des films car non accès aux planches) les contrastes sont un peu touchés semble-t-il, ce qui est regrettable car on n'aperçoit moins les traits d'encre mais quand même c'est un délice
Tout est bon : dessin, encrage et lettrage
Quand Goscinny est mort tout le scénario était terminé, mais il restait quelques planches à dessiner (on imagine la torture que fut pour Uderzo, en plus d'un conflit avec Dargaud) Il a placé en dernière case un petit lapin qui pleure
Dans les doc il y a ce bel hommage à son ami, paru pour les 25 ans de sa disparition
Je ne suis pas fana des ragopts, racontars, , règlements de compte internes, mais quand même ces infos me perturbent; Il est de notoriété publique que le frère cadet d'Albert Uderzo, Marcel, l'a aidé sur l'encrage et le lettrage de certains Asterix; Il n'en fut jamais fait mention dans les livres (contrairement aux encreurs que Uderzo eut, plus tard) Soit
mais quand même, ce qu'écrit , il y a quelques années (2014) Marcel, est étonnant
Copié/collé d'un forum BD :
[...]Dites-nous
donc Mr Uderzo quelle était l'ampleur de votre participation aux albums de
votre frère, on en dit tout et n'importe quoi ?[...]
MU : [...]Pour répondre à votre question, après avoir travaillé 20 ans dans
l'atelier familial comme luthier avec mon père (confection de guitares), il
arriva le jour où il voulu prendre sa retraite, c'est là que j'ai formulé le
désir de travailler avec mon frère. Tout en travaillant à mi-temps avec mon
père, j'ai dû m'entrainer durant un an chez moi, sans être rémunéré, pour
acquérir les techniques exigées et une bonne pratique afin de le seconder.
Une fois prêt, j'ai travaillé sur "Tanguy et L'Averdure" en traçant
trois albums, tout en oeuvrant sur quelques planches d'Astérix, mais le petit
Gaulois prenant de plus en plus d'importance auprès du public, Albert m'a alors
demandé de m'y consacrer exclusivement en traçant à l'encre sur ses dessins.
J'ai réalisé également les couleurs ainsi que tous les droits dérivés en créant
entièrement des visuels adaptés pour ça (petits livres, papiers peints, verre à
moutarde etc).
Pour résumer, j'ai donc commencé en 1965 sur "Astérix et Cléopatre"
jusqu'à l'album "Les lauriers de César", petite interruption
de deux ans (de 1972 à 1974) j'ai repris avec "La grande Traversée"
et mon dernier album était "Astérix chez les Belges", dont
la dernière page se termine par un banquet final (façon tableau de Bruegel) que
j'ai entièrement réalisé seul chez moi en une journée. Ce qui me fait, je
pense, un total de 16 albums d'Astérix. D'ailleurs, grâce à ma
participation, ont voit nettement que Dargaud sortait deux albums par an au
lieu d'un seul comme au début.
Ensuite, après avoir supporté maints "misères" de mon aîné, j'ai
voulu faire cavalier seul. C'est cette indépendance soudaine que mon frère
n'a pas supportée et ne m'a jamais pardonnée. Depuis, nous ne nous voyons
plus, mais nous nous saluons aux enterrements familiaux.
Petite confirmation au sujet de la planche 35 de l'album Astérix le gaulois,
elle s'était bien "perdue" (peut-être pas pour tout le monde) et
c'est Goscinny qui m'a demandé de la redessiner puis de la tracer car
l'imprimeur se servait d'une page imprimée et, à la longue, elle sortait
légèrement floue. On s'en aperçoit au lettrage qui est plus gros, par la suite
il a été rectifié pour plus d'unité.[...]
[...]J'ignorais totalement que vous étiez l'artisan du tableau façon Bruegel
d'Astérix chez les Belges, jamais je n'ai lu ni entendu votre frère rendre
hommage à votre collaboration et votre talent aussi précisemment, on n'avait
juste l'impression que vous faisiez le lettrage.[...]
MU : [...]Votre étonnement sur le sujet est bien naturel puisque, en accord
avec son scénariste, mon frère ne parlait jamais de moi, ni à l'époque où, par
mon travail je participais à la sortie de deux albums par an, encore moins
maintenant. C'est vrai que je réalisais aussi le lettrage qui complétait
l'encrage des dessins suivit ensuite des inévitables couleurs, cela faisait
partie de mon travail. Depuis, plusieurs avocats m'ont suggéré que c'est
probablement la peur que je leur demande des droits d'auteurs qu'on me
planquait dans les placards, alors qu'à l'époque je ne pensais vraiment pas à
ça, je voulais juste apprendre mon nouveau métier et faire au mieux. Je me
serais seulement contenté d'être reconnu par ces deux auteurs que j'admirais pour
leur talent.[...]
[...]Vous êtes un peu le Jidehem d' Albert. Votre cas est encore plus sévère
car on semble vous effacez de cette histoire. [...]
MU : [...]Je ne sais pas exactement comment s'articulait la collaboration entre
Jidehem et Franquin, mais je pense que la comparaison entre les deux situations
n'est pas si mauvaise.
Au sujet des ventes des planches d'Astérix, non, je n'ai aucun pourcentage sur
elles!… Bien qu'ayant encré plusieurs centaines de planches, jamais mon
frère ne m'en a offert, pas une seule planche. D'autres ont eu plus de
chance que moi.
Bien à vous,
Marcel Uderzo[...]
Qu'il ait raison, ou pas, cet état des lieux, et des relations, me semble bien triste
Voici la scène évoquée par Marcel Uderzo dans Asterix chez les belges
Au final, en dehors d'un conflit regrettable, que ce soit de la main de Marcel ou d'Albert les planches sont magnifiques et cet album reste, pour moi, une superbe, et très drôle, madeleine