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vendredi 13 février 2015

Encrage de Dinosaure

 J'ai déjà eu l'occasion de dire que j'aimais beaucoup Walter Simonson mais qu'à de rares exceptions près (X-Factor et FF) il n'a bossé que sur des perso dont je me moque (Thor) ou chez DC sur des univers trop loin de mes goût (Orion...) C'est un très grand, et je montre ici l'un de ses points forts : l'encrage (dommage qu'à part sur des couv de Byrne il n'ait encré que... lui même)
Evacuons d'emblée l'influence majeure de Simonson : Sergio Toppi, que voici
 Il m'a fait acheter, et apprécier (avec Miller), du Robocop!!!
 A ses débuts son trait était rond, loin de son approche actuelle.
Le même perso "avant/après"

Mais voyons plutôt de l'encrage
Son approche des finitions à la Toppi est visible même sur un simple portrait

 Autre influence : Kirby. Il en est, à me yeux, l'un des meilleurs héritiers : puissance, efficacité, images coups de poings et réalisme minimaliste (mais avec bien sur des finitions à milles lieux du King, Simonson privilégiant l'esthétisme à ce niveau là)

 3 étapes pour un dessin au final ultra détaillé mais à la compo et lisibilité "in your face"


 work in progress
 Il se met au crayon des pense bêtes de textures mais c'est à l'encrage qu'il semble s'éclater

 très bon dessinateur animalier (encore des "finitions Toppi")
 en crobard sur le vif il assure aussi
 Impossible de finir sans la bête qui donna naissance à sa signature
 Et en vraie conclusion, une autre influence européenne, ultra évidente ici : Philipe Druillet

mercredi 11 février 2015

Logan, John et Marc

 Petit focus "passé/ présent" sur un perso vu par les deux auteurs qui, pour moi, sortent du lot tout en ayant bossé à la fois sur la série X-Men et le titre solo Wolverine 
John Byrne est plus qu'emplématique d'une période des mutants, avec la case mythique ci dessus par exemple. En dessous, une suite à cette séquence, encrée par Austin, et qui se passe de bulles
Encrage fin, un peu raide mais complémentaire pour un run qui restera et n'a pas fini d'être revisité ad  nauseam par bien des scénaristes des générations plus tard
 Sur le titre solo dont je suis un fervent (et parfois isolé) admirateur, le boss ne fait que des découpages, finis par Janson.
 
 J'avais montré la CASE mais pas la PAGE : voici la page dont est tirée la seule et unique case, encrée par Williamson avant qu'il ne se retire du projet. Je ne vous ferai pas l'affront de vous dire quelle est cette case. Si? Nooon
Saut dans le temps. Byrne fait des dessins commandes depuis des années. Bien sur qu'on lui demande souvent Wolverine/ Serval. Un exemple qui permet de montrer le crayonné rapide qu'il fait quand il s'encre lui même.
 
Marc Silvestri
Quand il était bon
Wolverine, sur son passage sur les mutants groupés, pour moi c'est ça
 ses planches étaient belles, narratives, élégantes et superbement bien finies par Dan Green
 Le duo a explosé sur le titre solo (avant une terrible chute en fin de run (déjà évoquée)
 
 
Re-saut dans le temps. Re dessin de commande sur le perso. Silvestri n'est plus le même artiste (sur la fin de Wolverine il était tout simplement devenu mauvais, là il est juste différent)
Pour avoir toutes les étapes de cette commande, allez voir la galerie du commanditaire,
Il pousse beaucoup son crayonné, contrairement à Byrne, ne se laissant plus de marge de liberté à l'encrage, mais son type de finition ultra fine en est la cause logique
 
 
 
 

lundi 9 février 2015

Color guides

Pour rester dans le thème de vendredi dernier, sur les coloristes à l'ancienne/pré ordi, voici 2 color guides de Born Again, par l'une des meilleurs coloristes de l’époque, Christie-Max-Scheele
Elle bossait donc sur des repro A4 de la planche, qu'elle mettait en couleur (souvent aux feutres de couleur) en indiquant, comme vu vendredi, le degré des tons qu’elle souhaitait. 
 selon la version imprimée, le type de papier, de repro...le résultat final bougeait, comme ici avec le fond

Quittons cette version pleine page de La Pieta. Ce qui m'intéresse le plus, en dehors de la beauté de la page puisque c'est le Maitre Mazz qui est là, c'est la narration à la couleur. Scheele est à l'opposé de certains coloristes actuels qui montrent tout ce qu'ils savent faire techniquement, sans tenir forcément compte de la page et de son intention. Elle utilise les (grandes) limitations de couleurs de l'époque (64 couleurs max) et raconte une histoire à la couleur. La même que le dessinateur bien sur. Elle joue sur l'ambiance. Un seule couleur sur les 3/4 de la planche, et hop, changement brutal de ton à la sortie du bureau. 
Brillamment simple non?
C'est ce Monsieur qui possède ces color guides

vendredi 6 février 2015

Couleur retenue


Avant l'arrivée de l'ordi et des tous les logiciels dédiés ('toshop..) les dessinateurs avaient surtout le système D pour les effets voulus sur des planches ou couv. D'où les collages de photos (cf Kirby), les papiers spéciaux, les duo tone... Pour la couleur c'était galère aussi : le coloriste indiquait sur des copies, sur chaque zone de couleur, les nuances/pourcentages voulus à partir des couleurs primaires (cmjn) 
Et quid de la volonté d'un artiste de ne pas avoir de trait d'encre sur une partie de dessin, mais un trait de couleur à la place, comme sur la couv ci dessus par Miller/ Janson? Et bien c'était à l'encreur d'y penser, à ce système de "color hold", en encrant la zone concernée en rouge et non pas en noir, puis en indiquant à celui qui viendrait après dans la prod (photograveur) qu'il fallait virer les lignes rouges ce qui, de fait, ne laisserait apparaitre que la couleur
Voici une haute résolution de la couv originale avec dans les marges un message de Miller à Janson (pour encrer en rouge) et un pour la prod (pour virer le trait rouge à la repro)

mercredi 4 février 2015

Un tas de Canete

 J'aime bien Eric Canete. Peu visible car bosse surtout hors comics
Il a un style tordu/torturé très personnel et se fout des modes à suivre, ou pas (c'est d'ailleurs surement un peu pour ça qu'il bosse hors comics) Il n'est pas toujours très lisible en narration mais il a un excellent sens de la compo et du design je trouve
Il a montré récemment un step by step d'une couv Batman
 
 Placement de la plus grosse masse de noir
 Il a viré la "petite main" qui restait à droite de l'image, et c'est un bon choix en terme de composition finale
 J'ai tendance à préférer la version avant colo et il aurait pu en rester là mais la version publiée est sympa quand même

lundi 2 février 2015

Conan, Big John et des encreurs

 John Buscema est probablement le dessinateur des années 60 à 90 qui permet le mieux d'étudier la plus value (ou pas) des encreurs. Il a dessinée des milliers de planches, et fut encré par des dizaines de dizaines d'encreurs différents.
Je prends ici l'exemple unique du perso qu'il affectionnait particulièrement, Conan
Beaucoup montrent sur le net ce genre de découpages, présenté régulièrement à tort comme la base de travail des encreurs. Non, ce n'est "que" un rough/découpage
 Voici le genre de crayonné fini que rendait Big John. Pas fini au sens ultra détaillé des dessins actuels, mais  fini pour l'époque. A droite l'encrage de Bob McLeod
 Il arrivait par contre de temps en temps que Buscema soit clairement embauché pour des roughs/découpages, et pouvoir ainsi abattre plus de pages (comme Kirby le faisait) tout en donnant une base solide à l'encreur qui devient alors "finisseur". Toujours McLeod à droite
 Quand Buscema s'encrait lui même (assez rarement) son crayonné était relativement peu poussée
 Sur Conan, surtout pour des raisons de budget, Marvel/ Roy Thomas a très longtemps fait appel à des surdoués du dessin détaillé, des philippins
Alfredo Alcala en est l'exemple type, transformant en enluminures des dessins parfois assez sommaires
tant sur des pleines pages...
 ...que sur des pages intérieures. Buscema reconnaissait le talent du Monsieur mais n'appréciait pas le rendu  la plupart du temps
 Même principe avec Ernie Chan, probablement à l'origine de la finition de 80% des décors
 Tony DeZuniga était l'un des plus connus de ces auteurs philippins. Il approchait Buscema avec un peu plus de subtilité (selon les planches)
 Approche pas très éloignée de celle du jeune Klaus Janson, rendant un chouette travail de textures
 D'autres duos furent moins heureux, tel celui formé ici avec le pourtant génial Joe Sinnott (cf Kirby) au trait trop propre/rond pour Big John
 et parfois on est clairement dans l'étrange expérience comme avec Kevin Nowlan annulant toute puissance du crayonné pour donner sa fine patte finale
 Buscema sur Bucema, c'est plus brut, sans chichis, mais joli
 Ma préférence va au Crusty Bunkers, sorte de studio d'encreurs drivé par Neal Adams/ Dick Giordano. On retrouve bien le style Adams au final, sur une base plus que solide
 Cette page, toujours par ce même studio, est magnifique
 Le crayonné fut utilisé dans un bouquin sur l'encrage. Un tas d'encreurs en donnait leur version. Je les ai tous montré à l'occasion de ma conférence Malouine sur l'encrage, et je tacherai de poster ça un jour ici,  mais en voici déjà l'un des meilleurs exemples, par Bill Reinhold