Je crois pouvoir affirmer que vous ne verrez nulle part ailleurs ces deux couv de livres côte à côte.
Et pourtant...c'est une expérience étrange et fascinante, que de lire comme je viens de le faire ces 2 volumes à la suite. La preuve par l'exemple qu'il n'y a pas de "public cible au sens strict" car j'ai énormément aimé les 2
Je pense que la raison en est simple (outre mon affection pour le travail des deux auteurs) : ces deux récits sont personnels, et leurs auteurs se cachent, plus ou moins, tous les deux derrière leur personnage.
Evidemment il est plus simple pour Nob de se planquer derrière cette adorable Mamie qui a 2 fois son âge, tandis que celui qui connait un tantinet le peu que Larcenet laisse paraitre en interview, voit bien que Polza porte en lui des fêlures que l'auteur parait connaitre de près ou de loin.
Blast est fini. Près de 800 pages en moins de 5 ans. Un récit coup de poing dans le ventre, de la première à la dernière page. Larcenet parait avoir vidé beaucoup de choses. C'est noir. Très noir. Une histoire menée d'un bout à l'autre avec une cohérence absolue.
Une fois la dernière page lue, deux sentiments arrivent au lecteur: l'envie de tout relire, sous un jour nouveau, et celle de ne plus y revenir, de peur de brasser à nouveau des choses
Le dessin est extraordinaire (pour qui adhère bien sur)
Sur les pages "lumineuses"...
... comme sur les plus sombres.
Une magnifique noirceur qui ne peut absolument pas laisser indifférent tant les sentiments sont extrêmes et se bousculent
Apparemment à l'opposé dans son approche, Nob livre un 6ème tome de Mamette aussi bon que les autres (même si ma préférence va toujours aux Souvenirs de Mamette). Sous une gentillesse réelle mais bien pratique, le personnage nous apporte pas mal de choses, et surtout un très agréable recul sur notre vie de tous les jours. Les questions existentielles (la vieillesse, la mort, la différence...) sont abordées "par ricochet", discrètement, presque cachées derrière une belle histoire. Pas de leçons mais des signaux, des fils à saisir.
Cette première page cache bien son jeu car la suite est plus profonde, tout en restant accessible à tous les âges. C'est cette alternance de moments légers, sans message, et de scènes plus chargées en émotions qui fait le charme de cette série (ça + plus un dessin dont on ne peut se lasser)
Allez hop, je pique pour finir, à l'auteur, un making of de sa couv
Lorsque les 2 chefs d'œuvres ricains que sont Watchmen et The Dark Knights Retuns sont sortis en 86, il fut rapidement de bon ton de dire que Alan Moore écrivait avec son cerveau, et Frank Miller avec ses tripes
Et bien je trouve que Nob écrit avec son cœur, et Larcenet avec ses tripes.
Qui lit des BD de nos jours? Nous! Et tant qu'on aura des livres de ce niveau ce n'est pas près de s'arrêter