Rechercher dans ce blog

lundi 21 mars 2022

DK Cases

 

Une envie de montrer des hautes résolutions de cases scannées des originaux de ce chef d'œuvre qu'est The Dark Knight Returns alors n'hésitez pas à les ouvrir en grand, à part

J'ai mis en avant des cases surprenantes, atypiques, décalées, ou représentatives

Case 2 une surprenante "projection" de l'écriture/vitre du bureau

Lors de la destruction du manoir Wayne, on est à la limite de l'abstraction graphique
Ici à l'évidence le rôle de l'encreur est important car on reconnait sa façon de traiter très rapidement des perso secondaires, à la plume
Chouette rendu de l'incendie en case 1 et un perso (Gordon) plus souple qu'habituellement en terme de traitement/encrage
Peu de trait fin de plume, et plus de pinceau épais pour cette scène clef
Une transition entre deux scènes, guidant l'oeil avec la trainée noire qui "devient" le bras de Batman
Le plaisir de voir passer, presque aussi rapidement que dans le dernier film Spidey, Matt Murdock
Joli découpage de la chute d'un sénateur
Le temps passe entre deux cases identiques, simplement avec une indication de lumière
Le corps en case 1 fait écho à l'affaissement de celui de Batman en case 3 (lui même traité en noir par opposition au premier plan)
Superbe jeu avec les bruits
Un brusque éclairage qui révèle le dessin et la scène à venir
Un surdécoupage qui m'avait fasciné, et fonctionne toujours
Le trouble d'un encrage en case 1, en bas, au trait dédoublé qui donne une sensation étrange de netteté amoindrie (dans un bourbier, logique)
Quel art du découpage dans de le détail, chaque case ayant un bout de la suivante pour finir sur la ville elle même, par la citerne d'eau
La gestion d'un mouvement en deux cases
A la première lecture je me demandais ce qu'était l'avant plan de la case 3 avant que la couleur ne m'éclaire sur le crane du gars
Ici la couleur est importante, pour passer du drapeau flottant au drapeau sur le torse de Superman
La case 1 présente un plan atypique pour un tel mouvement, et l'encrage de la case 2 est théâtral au possible
2 écrans de tv, un original et un qui est copié collé, comme on le voit nettement avec l'ombre (pas d'ordi à l'époque, ciseau/colle)
Enfin, bande fascinante se terminant sur un Joker fou en 3 lignes, et une masse d'anonymes traitée avec une telle rapidité qu'on peut la penser bâclée, mais ça fonctionne parfaitement


Je pourrais en montrer tellement plus, sans jamais mettre une pleine page ou des scènes impressionnantes, classiques, tant l'art du duo est aussi dans le détail, mais ça vous donne déjà une idée et, qui sait, l'envie de vous (re) plonger dans cette BD mythique


10 commentaires:

Fletcher Arrowsmith a dit…

Bonjour Phil,

je l'ai relu très récemment en faux noir et blanc chez Urban. Ce que je trouve fascinant c'est que je n'ai pas perçu consciemment la plupart des particularités cases que tu présentes mais qu'elles ont eu , par contre, les effets décrits. C'est très fort.

Vinc a dit…

J'ai eu la chance le relire récemment en Artist's Edition.
Une chose qui m'avait frappé et que je retrouve dans ton analyse c'est une forme de poésie / décalage que je ne voyais pas avant. Miller choisit de détour malin pour raconter.
Après, dire que DK return ne vieillit pas, je ne sais pas, mais en tout cas, je ne vois rien de vraiment correspondant, même chez Miller à part peut-être son Elektra lives again.

Philippe Cordier a dit…

J'ai retranscrit des impressions que j'avais eu inconsciemment en lisant de nombreuses fois la version classique. impressions confirmées par le faux noir et blanc et plus aucun doute possible à la lecture du artiste édition. Un chef d'œuvre qui supporte toutes les lectures et analyses

Laurent Lefeuvre a dit…

Super !
Le retour en train d'Angoulême se fait tranquillement en ce lundi matin, avec cette entrée inspirée.
Décidément, on n'en finit toujours pas de s'émerveiller de ce bijou noir.

Philippe Cordier a dit…

Exactement
Et merci
Et bon retour (pour moi depuis un bar d'altitude/ski)

Philippe Cordier a dit…

hé Vinc, rapport à Elektra Lives again : j'aime énormément ce bouquin mais pour moi DKr est dans une autrecatégorie, en terme de fabrication, et d'analyses potentielles, pour différentes réisons mais surtout une qui me semble prédominer et qu'on ne retrouve nulle part ailleurs : la "clash" entre Miller et Janson : en dehors de toute polémique il est assez incroyable qu'un livre d'une telle importance ait eu une prod aussi...cahotique" : un dessinateur qui demande, à mi parcours de réalisation, à ce que l'encreur soit "viré", un éditeur qui refuse, un encreur qui bosse avec alors avec un dessinateur, ancien complice très proche, qui ré encre des cases après lui ou même avant...une folie, mais qui fait ressortir des choses du domaine du quasi inconscient, du travail presque automatique, des fulgurances aussi involontaires par endroits que les maladresses
Une merveille à observer en tout cas

Paul Raffy a dit…

Une des idées géniales qu'a eu FM sur DKR, c'est la construction de toutes les pages sur la base d'un gaufrier à 16 cases, technique qu'il avait déjà expérimentée en partie sur Ronin.
Et, selon l'effet désiré, en fusionnant plusieurs cases en une, jusqu'à aller à des pleines pages.
Tout cela rythme la lecture, en décomposant l'action en plusieurs cases successives, en jouant sur des scènes avec un déroulement progressif ou des oppositions telles que celles que tu as montrées, ou encore en proposant des pages choc qui explosent littéralement...

C'est vraiment brillant !

Philippe Cordier a dit…

il utilise pas mal ce gaufrier, surtout au début, mais beaucoup d'autres mises en pages avec un jeu extra des pleines pages et, mon dada perso, une absence de double pages, ouf!
C'est un très grand admirateur de Will Eisner et on voit qu'il ne s'est pas arrêté à l'écume du Spirit ou du formalisme, il a intégré les outils, les astuces narratives, tout en restant dans un cadre classique

Paul Raffy a dit…

Pas uniquement au début pour ce gaufrier à 16 cases, mais jusqu'à la fin.
Avant dernière page :
https://2.bp.blogspot.com/-CUhIDyQ3ABVe9o7vaknTFxTQbEQzPHxdiCdXBxKIlhGuGYwFnsDQesvtetT_9HzdzcyvKko7SIiPy6OTfFtyOq9R5_dYmenG-hE6pBQU_bxPcy2Uo9VaOkObRgfjCVuVMliUtz96w=s1600
Une technique de découpage des scènes similaire a été utilisée par Howard Chaykin dans "American Flagg!" avec lequel Frank Miller partageait un studio à l'époque de Ronin...

Philippe Cordier a dit…

d'où ma phrase "SURTOUT au début" : )
Il est allé encore plus loin sur la fin de la suite "Rises again" avec un surdécoupage incroyable contrastant cette fois avec des doubles pages

Il a pris à plein de monde Miller, Chaykin, Simonson (le studio en effet) Eisner, Kane (Gil, pas l'escroc), Kriegstein, Kojima... toujours en intégrant dans son style qui a pris de plus en plus d'épaisseur, de fond et de brillance