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lundi 6 novembre 2017

Evolution du Dan

 Dan Green fait partie de cette génération d'encreurs ayant beaucoup travaillé en tant que "finisseurs/embellisseurs" et qui se sont retrouvés nettement moins sollicités, un peu comme Terry Austin, quand la mode est passée aux dessinateurs très précis dans leur crayonné.
A ses débuts il savait être discret, presque méconnaissable, ne laissant paraitre que le dessinateur
Exemple ci dessus avec Sal Buscema, et ci dessous avec George Perez puis Gene Colan (son encrage devenait alors plus rond et collait mieux à Colan qu'à Perez)
 
 Quelques années plus tard, son style, tout en rondeur/pinceau était établi, mais il l'adaptait un minimum au dessinateur. Ici Romita Jr
 On sent qu'il s'applique et le résultat est correct sur Alan Davis (très dur à encrer, seul Neary et Farmer seront retenus)
 Là les choses se corsent. Jim Lee a très vit trouvé un trait dur, cassant, que Scott Williams complète très bien. Green a du mal, il arrondi le dessin, et amoindri l'impact
 Enfin un duo bien pensé (un bon editor fait en sorte que ce genre d'équipe apparaisse)
Marc Silvestri/ Dan Green est, pour moi, l'une des combo les plus réussies
Sur les X-Men...
 puis encore mieux sur Wolverine
 
 Sur ce run il y a eu un souci à la fin. Là où Silvestri était sous une (bonne) influence John Buscema, admirablement suivi par Green, il s'est mis, à la fin, à imiter, servilement et mal, Jim Lee. Le dessin est donc devenu impersonnel, assez mauvais, et par dessus le marché Green a eu le même souci qu'en encrant Jim Lee, c'est à dire un trait de pinceau loin du "cassant" réclamé par le dessin
 Autre évolution, mais plutôt intéressante cette fois. Rick Leonardi et Green étaient faits pour s'entendre, tant le trait rond du dessinateur appelle un encrage du même style
Sur les X-Men Leonardi poussait son crayonné et découpait ses pages avec plus de cases (l'effet Claremont)
 des années plus tard il lui arrive d'expédier plus vite ses planches, et avec moins de cases.
Un certain "effet baudruche" avec un encreur qui va vite aussi, mais je trouve cela intéressant malgré tout
 Je termine avec cette page qui m'a bluffé : un John Byrne en pleine forme sur The Demon, et son ami Green qui se démène pour donner un minimum de rendu organique à la ville. Juste ce qu'il faut de souplesse pour limiter la froideur (par exemple avec des noirs cassés sur l'immeuble de bas de page)

9 commentaires:

Laurent Lefeuvre a dit…

Super entrée !

Je suis fan de Green. Pas grand chose à rajouter à ce que tu dis.

La page par Alan Davis est sans doute pour moi une des plus fortes de toute l'histoire de X-Men : Ce moment où chaque moment présent les personnages semblent trimballer l'ensemble de leur histoire derrière eux.

Serval est fatigué, il doute de son facteur auto-guérisseur, l'âge commence à se voir. Il en a trop vu et n'y croit plus.

Tornade s'est endurcie aussi. On les sent tous plus forts que jamais, et pourtant tous au bord de craquer complètement (Ils sortent tout juste de Mutant Massacre qui a vu l'équipe décimée par les Maraudeurs, Fall of the Mutants, puis Inferno va achever de les briser).

À ce titre, le double-plan de Tornade qui tend la main à Serval qui se lève, comme un soldat, en lui tournant le dos, refusant l'aide qu'elle lui tend, est très émouvante.

à 11 ans (l'âge où j'ai lu ça), j'en arrivait - naïvement - à douter que ces personnages avaient encore un futur. Je n'avais pas encore compris qu'on n'était pas dans un système franco-belge (pour le pire et pour le meilleur), où les persos suivent leur destin.

Peut-être auraient-ils mieux valu qu'ils meurent dans ces années-là. Peut-être le sont-ils, au fond.

Quel dommage que de grands artistes comme Green ne soient plus présents, et que Silvestri soit l'ombre de lui-même depuis 25 ans. Il nous reste ( c'est pathétique, je sais) qu'à refeuilleter les pages de cette période pour se rappeler que ça a existé à ce niveau-là, et rêver à ce qui aurait pu être.

Je retourne à mes planches, tiens.



Fred a dit…

Merci Phil pour cette entrée. Comme Laurent, j'adore Dan Green, et le duo qu'il formait avec Silvestri est encore aujourd'hui l'un des plus beau à regarder. Que se soit les épisodes périodes Inferno ou les 1ers Wolverine de Larry Hama (les épisodes avec les yakuzas sont démentiels, que se soit par la gestion des ombres, des corps et du dynamisme de l'encrage). Green forma aussi un très beau duo éphémère avec Blevins! J'avais adoré cet épisode avec ces personnages aux visages longilignes, et de beaux effets de l'encreur sur certaines pages.

Et merci Laurent, pour ce message où je me suis retrouvé aussi. Sur cette période sombre des X-Men, où j'ai le même ressenti concernant les personnages. Je me souviens d'une page dessinée par Silvestri, où Tornade secoue Serval et lui ordonne de diriger l'équipe pendant son périple avec Forge. Là aussi, de grands moments où les personnages "vivent" et nous font ressentir des émotions...
Une bien belle période.

Philippe Cordier a dit…

C'est vrai que je prenais cet effet "soap" immersif comme acquis, et je suivais naturellement ces histoires de Claremont. Ce n'est que pus tard que j'ai réalisé à quel point cette alchimie tenait à un file, et se perdait vite après Claremont
Ca + l'âge + les goûts qui change... nostalgie ou pas les X-Men ont, pour moi, cessés avec le départ du grand Chris

RDB a dit…

C'est assez troublant pour moi de constater l'impact très personnel qu'a eu Dan Green sur les commentateurs de cette entrée car je suis dans la même situation. Je l'ai découvert quand il encrait Romita Jr sur "Uncanny X-Men" (ou plutôt "Les Etranges X-Men" comme on lisait dans "Spécial Strange") et j'adorai leur association : Green donnait une élégance rare au dessin de Junior (élégance qu'allait porter à son degré absolu Williamson).
Je me souviens également, avec émotion je dois dire, de l'épisode où il encre Davis : un moment très intense, une période incroyable de la série. Moi, on me dira ce qu'on voudra mais Claremont était un immense scénariste : le bonhomme a tenu la baraque pendant 17 ans et quand on fait le point, il n'y a quand même pas grand-chose à jeter. Il a animé la grande équipe de la 2ème génération, y a intégré de nouveaux persos, fait bouger les compositions du groupe, la psychologie des héros était mise à rude épreuve, tout ça avec un sens du feuilleton incroyable, et une bande de dessinateurs en état de grâce. C'était vraiment le conteur dans toute sa splendeur, et il n'y a plus des masses qui soient à la fois aussi attachés à un titre, une collection de séries, et capables de la faire vivre avec autant de passion.

Pour en revenir à Green, ça me renvoie aussi à une époque où je partageais mes revues avec un ami au collège/lycée et qui, lui, détestait cet encreur, qui le trouvait fade (bon, c'était un fou de Miller + Janson, donc forcément, c'était un choc thermique). Quand ensuite il a été associé à Silvestri sur "Uncanny X-Men" et "Wolverine", j'ai montré des épisodes à cet ami pour lui prouver que Green était tout sauf "fade", "lisse", mais il ne lisait plus du tout de comics alors et n'était plus du tout dans le mood pour débattre de ça (j'allais d'ailleurs peu après, moi aussi, arrêter d'en lire pendant un bail).

Mais bon, quand je tombe sur une entrée comme celle-ci, quand je rouvre un épisode encré par Green, c'est le même effet qu'il y a 30 ans - idem avec Wiacek dont tu causais récemment (et j'ajouterai Ordway, qu'on ne voit plus - pas assez à la mode selon DC qui l'a placardisé, et itou chez Marvel qui préfère engager des types à la technique proche du zéro que faire appel à un vétéran qui sait tenir un crayon et/ou une plume). Je ne suis pas du genre nostalgique, "c'était mieux avant", mais pour des gars comme ça, quand même, y a comme une injustice terrible.

Philippe Cordier a dit…

moi j’étais fan absolu de Miller/Janson mais Green me plaisait aussi,même si moins, selon les dessinateurs
Wiacek était moins décelable pour un ado alors que Green avait un encrage automatiquement identifiable et ca rendait facile un début de découverte du rôle d'un encreur

Laurent Lefeuvre a dit…




Phil : "moi j’étais fan absolu de Miller/Janson"


Eh, les gars !
Je crois qu'on tiens un scoop, là !

philcordier a dit…

ca va ca va c'est bon, je pense à haute voix :)



pis j'aime bien Romita Jr

swamps a dit…

bah! en fait, j' ai lus ces épisodes à la même période que vous, mais je n' étais absolument pas fan de ce duo silvestri/ green... :) !enfin, je trouvait silvesrti " nul à chié !"avec d' énormes pin anatomiques, des proportions, et la sauvagerie d' un buscema, n y étais pas, sauf à de rares exeptions près, quand wolvie se laisse aller à trancher à tout va... !reconnaissant en dan green des qualités, certes mais pas à même de sauver les planches de silvestri !
bon, un jugement peu se réviser et je vais étudier çà de plus pres, avec un oeuil plus concerné par les question d' encrage, qu à l' époque... :) !

Philippe Cordier a dit…

il faut des voix dissonantes c'est important :)
Moi je trouvais la force de Buscema mais avec plus de grace et de fluidité, de fragilité
Cela dit si le duo était bon sur les X-Men il était très nettement au dessus sur les premiers Wolverine