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mercredi 18 janvier 2023

Chaykin I


Si la plus récente prod de Chaykin évoquée vendredi dernier ne vous a pas dégoutté mais plutôt donné envie de creuser, bienvenue dans ce qui ne peut être qu'un survol, même en deux parties, tant la carrière est impressionnante

Autant le dire tout de suite pour moi Howard Chaykin est un meilleur scénariste que dessinateur, mais il y a de jolies choses au dessin

Il a 72 ans et dessine en pro depuis le milieu des années 70, c'est dire le nombre de pages faites

Si à ses débuts il a travaillé, tout jeune, dans le studio de Wallace Wood et aidé Gray Morrow il est surtout connu pour avoir été l'assistant de Gil Kane à qui il a emprunté énormément de choses, en terme de compo, de narration et de construction, avant de s'en éloigner

Avant 30 ans il brille sur un titre phare, Star wars


ce qui est amusant, c'est de voir que lors de la réédition de ces pages, il y a une mise en couleur TRES moderne, refaite, complètement raccord avec  ce que veut et fait Chaykin ces dernières années (on en parlera dans la partie II) et qui rend les pages actuelles juste de ce fait


Il aide son mentor, malade, anonymement sur son strip Star Hawks et même si l'école est la même on reconnait son trait


Lorsqu'il travaille avec le Crusty Bunkers (Giordano, Neal Adams et ses assistants) il est jeune et méconnaissable, que ce soit sur Conan ou le titre sur lequel il fera briller Mignola des décennies plus tard, Fafhrd and the Grey Mouser



Il a dessiné énormément de pages pour Warren et autres éditeurs indé dans sa jeunesse (il a même bossé avec Joe Kubert)


Sa série principale, sa création, c'est American Flagg, une histoire très avance sur son temps (qui sera éclipsée, des années plus tard par Dark Knight et Watchmen) critique acerbe, comme il en fera souvent ensuite, des usa

Dommage qu'il ait laissé le dessin puis le titre à d'autres ensuite




Sa seconde série emblématique, encore plus transgressive, c'est Black Kiss : du porno et de la provoc, avec un fond de critique sociale



J'aimais bien ce qu'il faisait en couv peintes



En dehors de ses créations perso citées, ce qui l'a fait reconnaitre, c'est essentiellement deux choses, deux reprises scenario/dessin, sur lesquelles son sons sens du découpage fait mouche:

Black Hawk qui joue avec des thèmes qu'il aime : l'image, les médias, la perversion, la société, le culte du héros...




Et sa reprise du Shadow, un personnage qui colle parfaitement à son approche graphique anguleuse et sombre







un perso qui lui va encore, sur des com ou couv des années plus tard



et à qui mieux associer cette ombre vivante qu'à son descendant, à cape



un chevalier noir que Chaykin anima, peu mais bien, le temp de récits courts et sans couleurs


Chaykin s'est formé, il a créé deux titres qui on été des coups de poings (Flagg et Black Kiss) il a remis au goût du jour un héros de pulp...il ne pouvait que être sollicité par les deux gros mainstream editors, pour faire du super héros


A suivre, vendredi prochain



18 commentaires:

Laurent Lefeuvre a dit…

Yeaaah !

"Là, c't'un grand OUI pour moi"
(dit avec l'accent québecois d'un jury d'émission sur TF1)

C'est marrant que le nom Frank Miller n'apparaisse pas dans ton copieux post, car TOUT m'y évoque chaque grande période de FM : les coupes de Matt Murdock sur Star Hawks, les poses des personnages en pied de Chaykin sur Flagg qui rappellent nombre de cases de DKR. Dark Knight encore pour le Shadow (mise en page, usage des onomatopées de coups de feu) ou sur Flagg, où là aussi, les mises en couleur rappellent celles de Lynn Varley sur Elektra lives again ou DKR, et puis bien entendu, le parallèle Black Kiss/Sin City.

Pour prolonger ce qu'on disait hier sur les liens Golden/Pearson... Chaykin serait une sorte de grand frère passeur de plats pour Miller (ils ont 7 ans d'écart), ce qui en fertait une sorte de trait d'union entre Gil Kane, Steranko d'un côté... et Miller de l'autre.

L'Anonyme a dit…

Bravo pour ce tour d'horizon très complet, Phil.

Il manque peut-être juste à ton inventaire un comic pas très connu, à la charnière entre les Chaykin des débuts et le Chaykin des 80's : "Man of war"

Dans cette série mensuelle (c'était une anthologie), Chaykin reprenait la série Enemy Ace et il en faisait quelque chose de très intéressant.
C'est bien que Laurent parle de Miller car, justement, j'y vois du Miller dedans !

Les planches de cette série sont rares et très traquées au USA.
Celle-là, très intéressante, s'est plus que bien vendue il y a peu : https://photos.auctionanything.com/x/9184/214040.jpg

Franck.Biancarelli a dit…

Dans le milieu des années 80, il a fait des trucs en couleurs directes, absolument somptueux.

Philippe Cordier a dit…

Oui sa couleur directe est épatante

je ne connais pas du tout ce Man of war, ca renvoit un peu, en plus abouti, aux coups de mains donnés à Kubert sur Enemy Ace, de mémoire

Laurent tu as parfaitement raison pour Miller J'ai juste indiqué que DKR avait éclipsé American Flag, mais c'est vrai que Chaykin a été beaucopup regardé par un Miller en construction
jeune, personnellement, Chaykin me laissait froid, pour le peu que j'en connaissais en vf, en comparaison avec Miller, d'où l'apport énorme de janson, sur le rendu de Miller, qui me rendait ce dernier fascinant, alors que leur base commune, Gil Kane, est évidente

Laurent Lefeuvre a dit…

Oui, et j'ai même la sensation que l'apport de Klaus Janson au crayonnés du jeune Miller que DD (ce qui n'était pas prémédité par Miller, car Janson était déjà l'encreur attitré sur DD) lui a servi à accentuer cette patte "chaykinesque" ou "GilKanesque" (pardon pour les barbarismes) dont il se revendiquait plein pot.

Choix logique de choisir Miller, puisque (par intermittence avec Gene Colan), Kane dessinait le titre juste avant lui.

Dans le groupe Comics Swipes sur Facebook (où je vois quelques membres d'ici comme Phil, Fred ou Paul Raffy), quelqu'un a pointé quelque chose que je n'avais jamais repéré : le jeune Jim Lee a "pompé" des poses de American Flagg pour dessiner son Mandarin (sur le Acts of War, X-Men) et avait alors déclaré dans un magazine (de mémoire) : "Personne ne dessine les costume 3 pièces aussi bien que Chaykin."

Tiens ! J'avais oublié de citer Ronin, mais en voyant certains planches de Chaykin ici, ça me renvoie aussi à Ronin.

Philippe Cordier a dit…

parfois même davantage que sur DKR oui (Ronin)

Jerome ZeFrenchGeek a dit…

On s'est souvent ébaudit sur les trouvailles narratives de Miller dans DKR, sur son utilisation des médias, mais c'est Chaykin le premier qui a utilisé des écrans de télé avec des journalistes-potiches pour faire avancer son histoire, dans American Flagg!

Philippe Cordier a dit…

C'est vrai
Mais en dehors du fait que Miller a bien sur bénéficié d'un perso iconique, Chaykin n'a pas été gaté par la prod/colo et surtout il n' pas fini son récit, le laissant à d'autres
Aucune chance donc, pour lui, d'accéder au même rang
Mais il a en effet apporté beaucoup de choses, avant Miller

Jerome ZeFrenchGeek a dit…

Oui, tout à fait. Au sujet anecdotique dont tout le monde se ballec, j'ai tendance à confondre visuellement Howard Chaykin et Michael Golden, à leurs débuts. Peut-etre parcequ'ils avaient tous les deux un style un peu angulaire ?

Philippe Cordier a dit…

le ballec topic : le côté anguleux est clair chez les 2 (selon la période pour Golden), et tu ne confonds pas aussi avec Simonson? parce que question anguleux...

Jerome ZeFrenchGeek a dit…

Ah non, Simonson c'est "Monsieur Angles" pour moi, il est une catégorie anguleuse à lui tout seul, ha ha
(En continuant dans le hors-sujet) je trouve que ce cher Walt a un style qui correspond parfaitement aux fresques science-fictionnesque à la Thor ou 4th World, mais pas du tout à des séries légèrement plus terre à terre genre X-factor ou les FF. Peut-etre, justement, à cause de son style tout en angles qui est parfait pour dépayser et donc dépeindre des univers inconnus mais ne marche pas, à mon gout, pour les histoires mettant en scène des humains (plus ou moins normaux, on est d'accord)

Philippe Cordier a dit…

moi son style m'a fait l'effet inverse, ce qui ne veut pas dire que tu te trompes car en effet son style colle à la sf mais justement c'est ce décalage qui m'a intéressé sur X Factor et FF

Et je réalise maintenant que cette entrée, Chaykin, du vendredi est sortie jeudi! J'ai la flemme d'en décaler une autre pour ce jour tant pis, tiendrez vous jusqu'à lundi : )

Vinc a dit…

Ah,ah, oui, je pense qu'on tiendra. On s'est rafraichi la mémémoire en nous rappelant que Chaykin était passé à côté de son destin.
C'est quand même fou de toucher quelque chose qui au final lui a échappé…

Philippe Cordier a dit…

probable que ça lui ait servi de leçon car si je ne connais pas toute sa prod il me semble que sur la suite il fut soit scenariste, soit simple "art robot" comme disait Byrne, soit co créateur et avec du contrôle

L'Anonyme a dit…

Le problème majeur de Chaykin est sans doute qu'il n'était pas vraiment dans le courant majoritaire US des années 70 à début 2000 : le super-héros. Pour moi, son malheur est d'être né trop tard... ou trop tôt !
Il aura dû faire avec les super-héros longtemps dans sa carrière, ce qui est très différent des les avoir "embrassé" dès le début comme tant d'autres, notamment la "sainte trinité" qu'il cite volontiers sur le sujet (l'expression est de moi ici, pas de lui) : Byrne, Miller, Bill Sienkiewicz.
Et il a de plus lâché Flagg totalement trop vite (deux ans aux dessins, seulement trois au scénar et encore... je ne parle même pas du reboot en V2 où c'est Mike Vosburg qui le clone. Je dois avoir quelques numéros dans ma collection dont le #1, il faudrait que je m'en débarasse)

Philippe Cordier a dit…

et on sent bien que le pur super héros n'est pas sa tases de thé
cf entrée vendredi prochain :)

L'Anonyme a dit…

Clairement, et vivement vendredi prochain que tu nous développes tout cela ! :-)

Reuben a dit…

Chaykin a toujours eu l’honnêteté de reconnaître ses lacunes en dessin et sa délicate position dans l'histoire des comics, entre les vétérans de l'âge d'Argent et les jeunes stars des années 80-90 ("I'm too underground for the mainstream guys and too mainstream for the underground guys").
Bien que difficile à lire, même pour les anglophones, American Flagg! reste SON chef d’œuvre.
Quant à ses peintures des années 70-80, difficile de savoir a quel point il en a été l'auteur quand on sait qu'il est daltonien..!