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mardi 1 juillet 2025

Jim Shooter

 



Décédé cette semaine, à l'âge de 73 ans, Jim Shooter a très légitimement droit à bien des hommages

Si on doit retenir le mot qui revient le plus c'est ...controversé

Et c'est rien de le dire

Peu de critiques sur le scénariste mais énormément sur l'éditeur en chef de Marvel

Personne n'a la vérité absolue, et encore moins nous les lecteurs, même les plus informés, qui n'avons pas vécu la période de l'intérieur

Ce qui est sur est que son management "de fer" a créé bien des conflits et des inimitiés, ainsi que des départs (Byrne, Colan, Wolfman...) mais qu'il avait aussi  bien des soutiens (dont son ami, le décrié Vince Colletta) et que sous sa direction Marvel a gagné en stabilité, en régularité 

Il avait une vision claire et nette de ce que les comics Marvel devaient être. De ce qu'il a pu en écrire j'ai tendance à carrément la partager

Chacun donnera sa version, la mienne est que son Marvel correspond à mon Marvel d'enfance, à savoir DD de Miller/ Janson, Les FF de Byrne, Thor de Simonson... Géant!

Et surtout, grosse madeleine, car si on peut ergoter sur l'intérêt réel du scénario (de Shooter), ce cross over en a lancé d'autres et ce fut pour moi un éblouissement, une révélation, un tsunami, en vf d'abord puis en vo




Son New Universe fut un flop mais je lui suis infiniment reconnaissant pour Star Brand qui a lancé le duo Romita jr / Williamson, qui fera des merveilles sur Daredevil



Il a scénarisé une épisode assez surréaliste avec DD qui retrouve la vue grâce au Beyonder puis qui la refuse

Etrange mais assez poignant


dessin d'un futur génie, en qui Shooter décelait un potentiel mais qu'il avait rembarré avant



Je connais peu sa période Valiant, et, en gros, post Marvel mais je le remercie pour ce que Marvel fut pour le gamin que j'étais

Je suivais, un temps, son blog qui était passionnant

(évoqué )


Deux américains parlent, dans le Shop Talk de notre numéro de Black & White Stories de fin octobre et ils évoquent, en bien, avant sa disparition, les leçons de... Jim Shooter

10 commentaires:

Jean-Marie a dit…

Jim Shooter, paix à son âme, a toujours suscité chez moi des sentiments mélangés...

En dehors de Marvel (comme tu fais le focus ici très naturellement sur la Maison des Idées), je suis admiratif du gars qui fit partie de la cohorte des scénaristes "petits génies", souvent mineurs, qui fleurirent chez DC Comics dans la deuxième moitié des années 60 (pour les autres, je pense comme cela à Gerry Conway ou Cary Bates).
Scénariste de la Legion et soutien de famille à 15 ans, il fallait le faire !

Le Shooter des années Valiant ne me rappelle pas de bons souvenirs par contre.
Je me le rappelle souvent mégalo, tel qu'on le constatait chez Marvel de manière évidente à l'époque du Beyonder.
Comme tous les bons tyrans d'entreprise, lorsqu'il fut viré de sa propre création (là, je pense, dans un tout autre domaine, à Steve Jobs), je me rappelle la deuxième salve de foin que fut Defiant, puis la troisième, Broadway comics ("Fatale", hihi, quelle daube !).

Mais pour sa période Marvel, puisque c'est le coeur de ton article, là, c'est sûr qu'il y aurait tant à dire, en bon et en mauvais !
Moi-aussi, je préfère retenir qu'on eut, du coup, à son époque, Claremont & Byrne sur les X-Men, Byrne sur les Fantastic Four, Miller sur Daredevil, Simonson sur Thor, etc...
Et retenir aussi que si on parle souvent de ceux qui partirent sous son règne, ces mêmes exilés revirent dans les années qui suivirent son limogeage (Byrne, Colan, Kane et même Wolfman, dans une moindre mesure).

Philippe Cordier a dit…

je reconnais que je n'ai ressenti aucun intérêt pour tout ce qu'il a fait après Marvel. Le blog qu'il a tenu assez longtemps, jusqu'à il y a une dizaine d'années, était absolument incontournable Evidemment à son honneur mais si 50% de ce qu'il disait était vrai ça force le respect quant à sa vision. Que autant de run mythiques aient eu lieu sous sa "présidence" est forcément significatif. Il a été le premier "non créatif" (si je ne prends que le rôle d'eic) dont j'ai remarqué le nom, c'est un signe aussi, Le second fut Ralph-pas Karate Kid-Macchio qui, lui en revanche n'a que des louanges de la part de tous les auteurs avec qui il a bossé sur des décennies

Anonyme a dit…

Vous résumez bien l'image que j'ai du bonhomme. Responsable contesté mais à qui l'on doit carrément les plus belles heures de l'ancienne maison aux idées. Il me semble que les comics chapeautés par Shooter ne versait jamais dans la provocation ou dans le scandale. Sa vision éditoriale n'était pas axée sur le buzz comme parfois (souvent ?) avec Quesada. Je me souviens d'un entretien bien lointain (dans un numéro de Scarce ?) où il disait l'importance qu'avait à ses yeux la lisibilité d'un récit. Certains parleraient, aujourd'hui, d'histoires old school, mais qui restent, à mes yeux, intemporels du fait de leur qualité. Finalement, devant le nombre de titres gérés par Shooter et devenus des classiques, le temps a donné raison à sa perception du comic. Perception que je partage également. Lionel :)

Philippe Cordier a dit…

C'est tout à fait ça
Une rigueur absolue, probablement nécessaire à l'époque pour donner un cadre, une direction, rigueur qui a pesé à certains au bout d'un moment mais qui a remis l'église au milieu du village. Sa vision est, semble-t-il devenue dictatoriale (my way or the highway) et causa de gros soucis(Colan l'a detesté à un point incroyable) mais quand je lis, ce matin, Sienkiewicz qui dit "sans lui je n'aurais pas eu de carrière", le gars est forcément aussi un bon

Anonyme a dit…

Pour Colan, je me demande si ce dernier n'a pas été victime "d'un changement d'époque"? Il me semble et tout ce que j'écris est un simple sentiment peut être erroné. Mais il me semble qu'à une époque, chaque titre se devait d'avoir sa propre rentabilité. Il n'était plus question que l'ensemble des titres "essuient" les séries moins vendeuses même si avec des artistes du gabarit de Colan. Encore une fois, tout cela relève d'un sentiment/d'une idée.

"... Sienkiewicz qui dit "sans lui je n'aurais pas eu de carrière". Lui et un certain Neal Adams (sourire). Lionel

Philippe Cordier a dit…

le conflit Colan/ Shooter fut assez documenté. En gros, de mémoire et pour avoir lu les deux versions : Colan estimait que Shooter n'aimait pas son dessin, n'appréciait pas son style ni sa façon de raconter et le lui faisait payer en lui faisant refaire plein de pages sans le payer et sans raison. Shooter lui, disait que Colan, sur la période évoquée (dont je ne me souviens pas) bâclait, se moquait du monde, et refusait des changements qu'il exigeait donc fermement

Jean-Marie a dit…

Il y a eu d'autres personnes à l'époque qui se plaignaient de Gene Colan.
Dans la fameuse interview controversée de Byrne au Comics Journal, il y a bien ce passage où Byrne reprochait à Colan de se faciliter la vie au début des années 80 (pour illustrer, il donnait l'exemple des gens communs dessinés avec des pieds "en forme de patte de canard"). J'ai toujours trouvé cela injuste, du même rang que les critiques faites à des dessinateurs comme Don Heck, dont la carrière est devenue à partir du milieu des 60 une vraie partie de flipper avec le dictat éditorial aux commandes de la machine...

Philippe Cordier a dit…

je dois avouer qu'avant de connaitre son taff antérieur et, surtout, ses Dracula (sublimes), je trouvais moi aussi que Colan était une sorte d' "escroc" avec des pages où le mouvement et les aplats à grands coups de crayon avaient bon dos pour aller très très vite

Jean-Marie a dit…

Je comprends ton raisonnement. Mais par analogie, cela revient à dire qu'un jeune contemporain pourrait qualifier le Mike Mignola actuel, par exemple, "d'escroc".

Philippe Cordier a dit…

non car je ne parle pas d'économie de moyen, de trait, de less is more, ais de planches que montraient Shooter et que je ne retrouve pas sur lesquelles il yavait surtout des traits de vitesses et des esquisses de personnages Je me souviens m'être dit qu'il avait raison, mais que c'était aussi injuste au regard de la quantité de planches superbes de Colan