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mercredi 8 février 2017

Finitions de Lee Weeks

 Puisque ce début d'année est partiellement axé sur "mes" auteurs fondamentaux, je ne peux oublier
 Lee Weeks
Son récent boulot, sur un numéro de Titans (7) est bien loin d’être son meilleur boulot (et sans intérêt), bouche trou assez rapidement expédié semble t il
Reste une belle couv, et la page d'en dessous que je trouve très belle
 
 Avant que Lee Weeks ne se révèle être un excellent encreur il avait besoin d'aide, et j'ai particulièrement apprécié l'approche de Janson. Que ce soit sur les jeux classiques de contraste pinceau/plume, épais/fin (cf illue Hulk) ou sur un plus grand respect du trait (cf Gambit)
 
 Celui qui a fait, comme presque toujours, très fort, c'est Sienkiwicz, qui se déchaine sur le crayonné tout en le gardant reconnaissable. Super efficace
 Une rareté : un Lee Weeks tout jeune, qui s'encre lui même. Tout frais sorti de l'école de dessin Kubert, il est impressionnant de voir comment il s'est formaté dans le rendu à la Joe Kubert justement. Le style de hachures est tout droit sorti du type d'encrage de son mentor
 Bien des années plus tard il prouve son talent d'encreur, tout en finesse quand nécessaire
 J'aime ce making of, symptomatique d'un dessinateur qui sait qu'il va s'encrer lui même. Intéressant de voir que sur le crayonné il utilise les classiques plans noir/blanc/noir, puis estompe un peu cet effet en remplissant d'un peu de noirs le personnage en second plan. Il garde ainsi cette efficacité du noir et blanc à la Caniff, sans être dans des contrastes aussi marqués

lundi 6 février 2017

Des (jolies) vieilleries

Death and the Maidens est une maxi série du siècle dernier (enfin, presque), dont j'ai déjà parlé il y a longtemps
Je découvre avec surprise que Klaus Janson a récemment fait une nouvelle couv.
Sympathique, avec une colo plus light que d'habitude par Dean White
Je garde une préférence pour les couv d'origine, dont certaines assez atypiques, comme la seconde ci dessous
 
 En ces temps pré numérique, le dessinateur m'avait demandé des photos pour l'inspirer aux décors du prologue. Les curieux et/ou gars du coin reconnaitront ainsi des bouts de rues et de devantures de notre belle ville de Lyon, ou plutôt du Vieux Lyon, au détour de certaines des cases suivantes
 
 

Oldies toujours, ce numéro de Comic Book Artists était passionnant car consacré aux dynasties Romita et Kubert
Pour la partie Romita je pensais initialement que Jr avait crayonné et Sr encré, et il semblerait que non, selon le document trouvé sur le net, en bas, c'est Jr qui a crayonné Spidey et Sr qui a dessiné le reste, et encré l'ensemble. Notez les changement pour DD et une MJ embellie à l'encrage

vendredi 3 février 2017

Old Man Panosian

 J'ai un désintérêt assez marqué pour les adaptations de comics sur grand écran (et sur le petit aussi d'ailleurs, DD mis à part) depuis le Spider-man de 2002. Pour ce que j'ai pu voir, ça va de du fun sans plus (Iron Man) à l'ennui sombre (Batman vs Superman) Mais là n'est pas le propos, un trailer, un seul, me donne presque envie (à part Wonder-Woman, juste car je la trouve craquante) : Logan! Or, dans ce trailer, on aperçoit furtivement un bout de couv de comics, et une page
La couv est l'oeuvre de Dan Panosian. La voici
Bof
 choisie parmi d'autres, que l'on devine à peine sous les coups de "marqueur"
 la page vue dans le trailer est vue ainsi
 En entier la voici. Dessin, sans aucun intérêt, de Joe Quesada. Encrage, à l'avenant, de Panosian, qui dit pourtant avoir lorgné du côté de Williamson!!??
 Guère plus intéressante en noir et blanc
 Pourtant Panosian est bon. J'ai déjà évoqué sa fulgurante évolution,de médiocre encreur à bon dessinateur
Un exemple de son encrage d'antan, sur Romita Jr, sans constance ni méthode (on passe du fin au gras sur un même trait sans lien avec les plans...)
 Pas génial sur du séquentiel mais pas inintéressant du tout, avec un encrage très bien pensé
 En tant qu'illustrateur j'aime bien son boulot
 
 
 
 Très nette influence de son ami Dave Johnson (compo...)
 Il me plait sur ce genre de délire

mercredi 1 février 2017

Evolution d'un Mazzucchelli

 David Mazzuccheli fait partie, de loin, des artistes m'ayant le plus fasciné, à la fois par son talent et par son évolution. Voir ce sketch sur le net (et cette photo ambiance DD/ 80') m'a donné envie de (re?)faire un rapide tout d'horizon de son évolution graphique
 Dès ses débuts, il est dans le découpage clair, l'action lisible. Bon ok c'est méga classique, mais il est jeune et avoir Coletta à l'encrage ne pousse pas vers des prouesses non plus
 Un fill in sur Indiana Jones de la même époque, très simple et aseptisé par un encrage collectif, mais dans l'image deux on constate encore une fois le sens du mouvement
 
 Sens du mouvement qui s’améliore sur ses premiers DD, sous l'encrage un peu lourd de Bulanadi
 Quand il va s'encrer lui même le bond en avant sera phénoménal (ici la pleine page d'intro d'un épisode exceptionnel)
 Gene Colan est tapis dans l'ombre du crayon du Mazz, avec un style personnel tout de même
 L'explosion arrive avec les scénar de Miller, sur LA saga, Born Again
 Un niveau tel que beaucoup pensaient que Miller découpait son scénario visuellement. Que Nenni. Si Miller livrait un scénario poussé, assez descriptif, Mazzucchelli était seul au dessin, et apportait même des idées, comme ces ouvertures systématiques de chapitres sur la déchéance physique de Matt Murdock
 Tout reste très travaillé, même si académique, décors comme personnages, avec un admirable sens du langage corporel
 une efficacité de découpage et de choix d'angles de vues, qui me laissa (et me laisse encore) pantois d’admiration
 Toujours avec Miller, il va sur Batman, pour un passage mémorable. Son dessin a évolué. Les décors sont encore plus poussés mais, par opposition, les personnages se simplifient. Le contraste est saisissant mais particulièrement réussi
 Colan s’éloigne en terme d'influence. Alex Toth est maintenant TRES présent.
 Tout comme Toth Mazzucchelli est passé maitre dans l'art de choisir le moment à "figer" dans une séquence donnée. Et la couleur suit le mouvement
 Silhouette noire/plan rapproché intérieur/vue d'ensemble détaillée/zoom/silhouette noire. Quel talent de mise en scène!
 Dès le découpage au crayon la rigueur, la lisibilité, la narration au cordeau sont là
 Sur la même période il livre son dernier travail "mainstream" pour son seul boulot que je n'ai pas (mais que j'ai lu) Une histoire courte, magnifique, de Ann Nocenti (Marvel Fanfare) Il a changé son trait, plus encore que sur Year One. Simplification qui n'est que le début de son travail d'évolution graphique
 Fini Marvel et DC, Mazzucchelli passe en mode "arty" et qu'on ne lui parle plus de super héros. Dommage en un sens, car il passe d'un groupe marginalisé (les dessinateurs de super mecs) à un autre groupe un peu élitiste (l'indé) mais le plaisir de le regarder grandir encore est là
L'adaptation de Cité de Verre de Paul Auster est relativement proche de son boulot sur Marvel Fanfare, en plus stylisé
 Puis le Mazz continue sur sa lancée, avec beaucoup d'auto productions. Son trait est si loin de ses DD que l'artiste n'est quasi plus le même, sauf en terme d'exigence artistique
 De très jolies choses, aux ambiances choisies
 
 Faire des couv pour le New York se situe entre la consécration et le reniement des ses origines en comics, mais observer son évolution est toujours captivant
 Asterios Polyp est très énervant car présenté comme son chef d’œuvre, LE Roman Graphique (à prononcer la bouche en cul de poule, pour bien marquer qu'un critique ne va s’abaisser à dire "Bande Dessinée")
C'est  magistral certes, somme de beaucoup de réflexions c'est certain, aboutissement de la lente digestion de la forme et du fond, mais Born Again (et Year One dans une moindre mesure) n'en est pas moins un chef d’œuvre également, avec d'autant plus de poids qu'il transcende un genre honni (le super slip) pour dépasser les limites du genre 
S'il n'avait pas passé du temps à dire qu'il ne voulait plus entendre parler de Super héros, avec un petit mépris de mauvais genre, je dirais qu'il touche à la perfection, ayant sublimé différents supports de BD, mais du coup je me dis juste qu'il est dommage de presque renier une partie de son passé, si brillant d'ailleurs
Je trouve que cette case d'Asterios pourrait assez bien résumer l'auteur, tel que je le perçois
Je ne descends pas ce livre pour autant bien sur. Il est excellent même si un peu froid, du fait de son sujet et de sa quasi perfection formelle. Mazzucchelli, pris en entier, dans tout ce qu'il a pu produire et, j'espère, produira, est un très grand, à découvrir et à redécouvrir sans cesse