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lundi 21 novembre 2016

Une histoire de Ponts

 Amazing Spider-Man 121. Eté 1973. Les lecteurs de comics prennent une claque qui en perturbe encore beaucoup (auteurs et lecteurs) de nos jours: Gwen Stacy, l'amour de Peter Parker, meurt, tombant d'un pont dans le cadre d'un combat Spidey/ Bouffon
Scénario de Gerry Conway, dessins de Gil Kane et encrage de John Romita (+ son assistant de l'époque Tony Mortellaro)
Mais, question essentielle à votre équilibre et santé mentale : de quel pont est-elle tombée!!??
A priori, du Pont de Brooklyn
 Pourtant Spidey évoque le pont de Washington!!
 Stan Lee reconnaitra plus tard avoir mal supervisé cet épisode et ne pas avoir corrigé le texte de Conway alors que les dessins de Kane montrent bien le pont de Brooklyn
La preuve : voici le pont de Washington
 Et voici celui de Brooklyn (ils ne sont pas sur le même fleuve)
 Lorsqu''il revient, avec Busiek, sur ces évènements, Alex Ross est sans équivoque et dessine/peint bien le pont de Brooklyn
 On perçoit en petit, derrière, sur cette planche de Ross, un autre pont. Or seul celui de Brooklyn est à côté d'un autre pont. Il s'agit du pont de Manhattan, que voici
 Romita jr a eu à dessiner, lui aussi, cette séquence mythique (pas très bien d'ailleurs) et il pense bien à mettre cet autre pont visible
 Autre sujet/polémique, rapidement : beaucoup se sont longtemps demandés si Gwen ne serait pas morte uniquement du fait de la toile qui l'a stoppée dans sa chute. Il semblerait que si, comme en atteste le petit "snap" près de la nuque en case 4 de la page montrée au début de cette entrée. Jenkins (dessins de Buckingham) est de cet avis, faisant ainsi culpabiliser Peter des années plus tard
 Millar (dessins de Dodson) a tenté d’exorciser cela avec une remake de la scène, MJ prenant la place de Gwen
 Terminons sur de la technique; Je crois avoir cela en photocopie dans un carton mais je pique cette vue sur le net : le rough de Kane. J'ai beau ne pas être fana de cet auteur (je sais, c'est mal) il savait sacrément bien composer une page, simplement et efficacement

vendredi 18 novembre 2016

Rappel de fondamentaux

 J'ai déjà évoqué ce livre de Will Eisner, décortiquant l'art séquentiel. Il en a fait d'autres mais ce tout premier garde ma préférence parce qu'il rappelle des règles de base et permet au dessinateur débutant de se familiariser avec ces concepts, au chevronné de se rafraichir la mémoire, et au fan de plonger les mains dans la cuisine de son art favori
Mini synthèse en ultra raccourci
La base

 Une évidence, mais que certains auteurs ne respectent pas : "ne dit pas ce que tu montres ou peux montrer". Ou alors il faut que ce soit une recherche de style volontaire (cf Lecureux et ses récitatifs redondants, mais oh combien savoureux, dans Rahan)
 Une même phrase, simple, change selon le langage corporel
 L'art du timing
Ce qui se passe entre les cases est l'essence, et l'intérêt, de la BD. Choisir LA bonne image dans un flux d'images potentielles est la clef


 J'aime beaucoup ce rapprochement entre animaux et humains, manipulé par l'auteur pour que l'oeil du lecteur joue des stéréotypes très rapidement
 J'ignorais ce genre de symbolique
 Passons à des exemples tirés de son œuvre
Il y a plusieurs Eisner :  le businessman, l’homme de studio (qui employa Kirby...) l'éditeur de magazines pour l'armée...Il y en a surtout deux, en tant que narrateur : Celui du Spirit et celui des "romans graphiques " (je n'aime pas ce terme mais il permet de séparer les périodes)
Sur le Spirit, Eisner faisait du cinéma de papier, jouant de cadrages façon Orson Wells (l'une de ses influences). Beau, impressionnant mais très "poseur/frimeur" (avec élégance)
 
 Ca ne l'empêchait pas de jouer de rythmes moins frénétiques bien sur, comme ici pour marquer le temps qui passe
 ou cette célèbre histoire dans laquelle le lecteur découvre qu'un employé de bureau sait voler. Il aurait pu (et il le dit) montrer l'envol sous un angle bien plus impressionnant, mais le choix d'un plan fixe rend la rupture (le gars qui s'envole) encore plus marquée
 En vieillissant/murissant Eisner est passé du cinéma au théâtre, car c'est bien du théâtre que notre BD est l'art le plus proche. Cette planche me ravi, exposant à la fois la simplicité "nouvelle" de Eisner, son art de la mise en page et de la mise en scène, les jeux d'ombre, la métacase et en plus les protagonistes sont sur une scène de théâtre
 Les "plans fixes" furent l'un de ses dadas, et il en jouait habilement
 ce qui n'empêche des expérimentations comme ce récit entièrement "tourné en caméra subjective"
 Il y aurait tant à dire
J'y reviendrai
Je termine par un rappel de ce qui est LE plus grand tous les livres d'entretiens sur la BD qui, à ma connaissance et à ma très grande surprise, n'a toujours pas eu de vf depuis tant d'année!! Une bible compilant des tas d'entretiens entre Eisner et d’autres très grands

mercredi 16 novembre 2016

Leçon de Noir...par Toth

 Je termine ce livre, et c'est un plaisir incroyable. J'ignore s'il en existe une vf, mais cette vo compile toutes les histoires courtes dessinées et écrites ET dessinées par le génial Alex Toth pour les magazines (Warren) Creepy et Eerie. Il était alors, selon moi, au top de son niveau. Toutes ces histoires sont des leçons de "less is more". Tout ce qu'il faut, mais juste ce qu'il faut. Des ambiances, des ressentis... créés par une manipulation habile de l’œil du lecteur. Cacher et montrer en même temps. Du très grand art
Pas mal d'histoires sont scénarisées par l'un des meilleurs de l'époque, Archie Goodwin
 Toth s'amuse avec son style, joue des contrastes, des lignes fines contre des masses... Il confine parfois à l'abstraction, sans réellement y tomber
 Sur quelques unes des histoires il n'est "que" encreur, mais son encrage est si important qu'il ne reste quasi que lui de visible à la fin. Le duo qui m'a plus convaincu est celui qu'il forma, le temps d'une seule histoire, avec Carmine Infantino (je lis un gros pavé sur cet artiste, il faudra que j'en parle). L'une des influences de Infantino était Caniff. Toth est de la même école, et au final la combo se rapproche encore plus du célèbre auteur de strips (cf 2nde planche)
 
 Sur certains récits il est également scénariste. Ce ne sont pas forcément les meilleures histoires, mais au moins ce sont les plus personnelles
Je ne sais plus du tout d'où viennent ces images ni qui posent les questions, mais les commentaires de Toth sont très intéressants
 
 Toth regrette (euphémisme) que la prod interne ait décidé, sans son accord, de transformer certains textes/récitatif blancs, en fonds noirs
 
 Sur ces deux cases le fond noir est mal pensé en effet
 
 Une première image très Mignolienne, et une seconde qui me plait moins pour cause de photo incrustée (le gars sur la lettre demande si c'est bien une photo!?)
 
 
 La page dont fut tirée la couv du livre. Magnifique travail, malgré le saccage des encadrés blancs devenus noirs
Amusant de voir que sur le récit ci dessus les textes sont très/trop nombreux, ce que reconnait  et regrette 
 Toth...
 
 ...alors qu'il a toute sa vie cherché à montrer qu'il faut éliminer, épurer, au maximum. Et sur ce courrier il évoque ce précepte également pour le scénario (avec une génial anecdote sur Twain en passant) Il ne l'appliquait pas toujours pour ses écrits (mais les récits évoqués sont antérieurs à cette lettre)
 Pour terminer, une note plus "people". Il semblerait que sa jeune éditrice, sur la majorité de ces histoires, ne le laissait pas indifférent. Une certaine Louise Jones, qui deviendra la scénariste Louis Simonson (avec un côté Chantal Goya Trash sur cette photo!). Il s'est inspiré d'elle pour l'une des héroïnes, et l'un des personnages masculins ressemble...à Alex Toth (désolé, je n'ai pas la source de ce document qui "traine" sur mon ordi)

lundi 14 novembre 2016

A qui sont ces yeux?

 Petit jeu, très facile
Cette photo date de 1991. C'est du lourd
 Le poilu du torse est peut être celui qui a le moins changé physiquement
Je suis certain que vous pouvez les reconnaitre assez rapidement mais je vous aide en mettant un oeil dessiné par chacun d'eux (mini "piège" pour la 2) 
de gauche à droite :
1
 2
 3
 4

 5
Alors?...

Edité : puisque la réponse fut vite trouvée, et que le but de ce blog est aussi de montrer de belles choses, voici les planches entières desquelles furent "tirés ces yeux"