Du Joker!
Il y a peu, Urban Comics m'avait déjà fait acheter la version noir et blanc du Killing Joke
ce one shot, quasi renié par Alan Moore, est assez dérangeant, ou en tout cas il l'était à sa sortie, du fait de son traitement noir, "adulte", pervers, d'un personnage de titre jusqu'à alors essentiellement pour ado (sauf DKR)
Je l'ai lu à sa sortie vf intiale, en souple
et en prébub dans ce mythique mensuel. La couv est un rough poussé et encré de Bolland (photo floue en dessous), peint par Liberatore
Ce que j'avais vu sur le net avant de relire cette histoire, me plaisait en terme de comparaison rough/publication
ceci est la case redessinée par Bolland pour le livre que je viens donc de (ré) acheter
Urban, disais je donc, m'a fait acheter le noir et blanc, et aujourd’hui cette version excellente.
Il y a le script complet de Moore, connu pour détailler chaque page, chaque case et chaque angle de vue avec tous les détails inclus. Une folie, même en tenant compte des critères actuels d'un script détaillé. Mais très instructif et intéressant
Le plus passionnant est que le récit est publié 2 fois (trois en comptant le script) :les couleurs d'origine, de John Higgins, qui collent avec leur époque, très psychédéliques, et la version entièrement refaite par Bolland il y a dix ans (il n'a jamais apprécié la version Higgins)
Mes sensations/souvenirs de première lecture me font voir celle d’origine avec nostalgie, mais Bolland propose une version d'un cohérence absolue
Les esprits chagrins diront, comme pour le Last Crusade de Miller/Romita jr (qui offrait les crayonnés), qu'on nous refile le même produit plusieurs fois dans le même livre. Et bien c'est une chance et un bonheur, que de pouvoir comparer
Sans compter que Bolland a retouché des dessins quasi à chaque page, voire redessiné (cf le visage de Barbara vu plus haut dans cette longue entrée)
Encore du Joker!
vf achetée en même temps, qui me faisait de l'oeil depuis longtemps, et qui reprend le très chouette one shot de Timm et Dini, avec en bonus le rough complet de Timm.
Un bonheur
DC a accepté pas mal de choses pour cette histoire plus sombre que le trait de Timm ne le laisserait croire, mais ils ont fait refaire une case, jugée trop explicite, que le rough nous permet de découvrir
Le livre propose aussi la mise en couleur complète de Timm
Car si Rick Taylor est noté comme coloriste également, c'était en fait le "séparateur". Il prenait les colo sur papier de Timm et les "digitalisait", rendait possible leur production/impression. Le vrai taff de création est de Timm
En conclusion, pour moi ces deux récits ne sont pas des chefs d'oeuvre, mais des histoires très solides, puissantes et assez novatrices
La chose étrange est que Killing Joke se voulait à destination d'un public plus adulte. Or c'est l'ado que j'étais qui a apprécié et l'"adulte" que je suis un peu moins
Tandis que malgré un vernis noir, Mad Love s'adressait à un plus jeune public, or c'est l'adulte que je suis qui l'apprécie davantage
Probablement parce que je pense que Miller et Moore ont entrainé Batman, par leur exemple et sans vraiment le vouloir, vers des abus pendant les années qui suivirent, tandis que que Timm (et Dini) nous montrent ce que peut être un tel personnage traité de façon sombre mais en gardant des fondamentaux "tout public"
Toujours du Joker!
Conclusion de la conclusion, sous forme de pseudo contradiction car ce que j’attend d'un comics est à l'opposé de ce que je peux attendre d'un film (pour du Marvel DC j'entends)
Il y a 48 h je suis allé, à reculons, voir Joker
A reculons (et à la demande de ma fille) car les habitués de ce blog savent que les adaptations de comics en films ne m'intéressent plus,depuis des années. Je n'ai rien apprécié, ou presque, à part Logan
Il me faudrait des films de super héros sans super héros en fait.
C'est fait
J'ai BEAUCOUP aimé ce film
Une noirceur incroyable, un nihilisme (dans sa notion la plus superficielle certes mais quand même) surprenant pour un film grand public
Ca démarre noir, bien poisseux, et... ca s'aggrave!
Joaquin Phoenix est hallucinant (tiens, il était aussi dans l'un de mes films favoris de 2018 avec les Frères Sisters!) De Niro est bluffant aussi, malgré/grâce à son cabotinage
Un film dérangeant, qui devrait diviser. On peut le penser incitateur à la violence ou au contraire le voir comme le reflet de ladite violence... Surfant sur la vague des vigilantes ou dénonçant/expliquant une forme de populisme...
Joker prend du fond dans le Killing Joke, de la forme dans Dark Knight Returns (le baiser sur scène entre autre)
Il interroge pas mal sur la société
Si le postulat de base est accepté (un film quasi sans effet spéciaux-
enfin-, tournant tout juste autour de Batman, sur la création d'un "super vilain") tout le reste suit, en tout cas ce fut mon cas
La bo est extra, et visuellement je pense que la génération actuelle tient là son "The Crow" (avec carrément plus de fond cela dit)
Dépressifs s’abstenir, mais grand moment pour moi qui n'en attendait rien
Ca dérange, ca peut perturber, ca fait réfléchir...
Ambiances, jeu d'acteurs, lumière, musique, faux semblants, vrai miroir...je crois que je prends tout