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samedi 12 février 2022

Nocenti + Aja

 


Petite entrée post lecture du week end

J’ai commencé The Seeds en 2017 puis après deux comics cela s’arrêta (lenteur du dessinateur…)

Ils ont sorti la suite directement en compil us me semble t il

Je l’ai zappé et me rattrape ce jour avec la vf Futuro

C’est une merveille

Je suis le travail de la scénariste (journaliste/essayiste/cinéaste) Ann Nocenti depuis plus de 30 ans, (depuis ses Daredevil) Elle est  des rares scénaristes (très rares puisque seul Milligan en fait partie) à m’avoir fait acheté des bd malgré des dessins très moyens, voire moches (Van Sciver)

J’aime sa pensée, son approche, son humanisme, ses thématiques…tout

Sur Daredevil elle mettait des formes, enrobait ses sujets dans du super héros (avec un énorme talent), mais on avait aussi le nucléaire, la protection animale, l’écologie, la citoyenneté, les medias…Brillante personne

Avec cette BD elle y va franchement

Je ne veux pas spoiler, mais en gros c’est un futur proche, un monde coupé en deux puisque les « anti tech » sont derrière un mur. Une journaliste croit encore en son métier et tente d’aller là bas, mais on/elle va croiser une jeune femme amoureuse d’un…extra terrestre venu, comme les siens, récupérer des semences « de nous » comme ils le font pour tout les peuples condamnés

Si, comme moi, les ET vous font fuir, restez car c’est tellement plus

On a TOUT ce que Nocenti distillait dans DD, mais en condensé, digéré, réfléchi, et c’est du costaud

Le récit n’est pas simple, pas toujours fluide, c’est déstabilisant mais volontaire, il faut s’accrocher, y revenir, relire, et au final quel pied

Pourquoi ? Parce que Nocenti est excellente bien sur, mais aussi car elle a une TRES bonne  éditrice (Karen-Vertigo-Berger) qui lui a fait revoir sa copie, repenser, refaire… et nous fait éviter l’écueil de son Kid Eternity (avec Sean Phillips) dans lequel à trop vouloir en faire, en dire, en montrer, elle en perdait ses lecteurs

Evidemment n’oublions aps David Aja. Il s’éloigne de son idole Mazzucchelli, adopte un trait plus froid, crée plus de distance (l’effet dessin sur ordi ?) avec une seule couleur, un gaufrier très présent  et des jeux d’acteurs minimaliste

La grosse utilisation de ref photos m’a tenu à distance le temps de quelques pages puis la narration l’emporte, les symboles, les clins d’oeils (vous en avez un beau, au Killing Joke, dans une  page que  je vous montre ici)

Le duo fonctionne à merveille, on reconnait l’approche de Aja et Nocenti est bien là tout du long

J’ai lu ce récit après avoir regardé « Don’t look up » et si ce dernier est sympathique (avec une fin assumée) il ne mérite pas forcément d’être traité de chef d’œuvre, alors que ce livre…à voir, après relecture (car je relirai) et passage du temps

Il y a beaucoup de noirceur, beaucoup de pessimisme, mais il flirte avec le réalisme et il y a aussi un peu d’espoir et…de l’amour

Il y a surtout bien plus que ce que j’en dis là et que ce que ces quelques lignes (à chaud) peuvent suggérer

Quelques pages, prises sur la vo, donnant au moins une petite  idée du style






7 commentaires:

Jocelyn a dit…

Je crois que aja ou une de ses connaissances a eu des problèmes de santé, d'où la non tenue des délais et la sortie direct en tpb.

Laurent Lefeuvre a dit…

Dis donc !
Tu donnes rudement envie, là !

Philippe Cordier a dit…

Laurent je pense que, comme toi, tu préferas sur le principe l'approche "subtile" qu'elle a pu avoir sur DD où ces thèmes sociaux imprégnaient le super héros, apprenant/éduquant ainsi, presque au niveau subliminal, le jeune qui lit
Mais ce récit là est une forme vraiment condencée, pour adultes
Une lecture froide, pas évidente et qui demande plusieurs lectures (ou en tout cas pas juste celle que j'ai pu faire, le soir/fatigué)

Jocelyn c'est l'un des seuls intérêt de "writing for the trade" car d'une manière ou d'une autre la compil se fait, avec de l'attente si besoin pour le mensuel, alors que dans les années 80 Aja aurait été remplacé sur le mensuel , ce qui aurait donné une compîl bien moins percutante (cf la mini du Punisher de Zeck dont ,nous parlions, qui commence en coup de poing et se termine en pétard mouuillé par un tacheron)

Philippe Cordier a dit…

préfereras

Paul Raffy a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Paul Raffy a dit…

Je comprends l'enthousiasme qui t'a pris, à la lecture de ce petit chef d'œuvre, de bousculer un peu ton planning de publication sur ton blog.
D'après les notes publiées dans l'édition originale, Nocenti a commencé à l'écrire en 2016 alors que les USA commençaient à plonger dans une de ses pires périodes d'obscurantisme crade, de nationalisme effréné, de replis sur soi et donc de haine.
Ce bouquin est intelligent, généreux, et sous ses côtés sombres et post apocalyptiques, porteur d'espoir et d'humanité.
Vraiment une des meilleures BD de ces derniers mois.
Alors que certains essaient de nous pousser vers ces pistes nauséabondes, je trouve que la parution de Seeds par Futuro en février 22 bien venue. Même si ça ne changera rien, j'en suis bien conscient...
Sinon, pour ce qui est des dessins d'Aja, je trouve qu'il reste malgré tout, sous l'influence de Mazzucchelli. Le côté monochrome et très sombre m'a rappelé l'époque Rubber Blanket. Mais c'est vrai qu'Aja a un peu abusé de photo/réalisme, pour gagner du temps ou par choix artistique ?

Philippe Cordier a dit…

je ne le rapproche du Mazz qu'au sens où il a bougé son trait comme l'a fait le grand Mazz sur Asterios, mais sinon je pense que c'est plus un choix artistique que pour gagner du temps