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vendredi 10 juillet 2020

Avec ou sans immeubles

Le grand Lee Weeks a partagé le process de cette très récente illustration
Il a modifié le rough, trouvant légitimement que Batman donnait l'impression de sauter sur Superman
 Ce que je trouve intéressant est que sur le crayonné il envisage pas mal d'immeubles en fond, puis à l'encrage il change d'avis et met plus de ciel...
 avant de remettre quelques immeubles à cette étape, la seule faite sur ordi, des gris
 Des gris que la coloriste Elizabeth Breitweiser utilise comme base à sa colo toujours reconnaissable. Ce n'est pas la coloriste que je préfère mais on boulot est intéressant

La semaine prochaine sera une semaine Mike Z.

13 commentaires:

Laurent Lefeuvre a dit…

Cool ! Une semaine Zeck.

Car une semaine Weeks... on tomberait dans le pléonasme.

(et je ne parle pas de Gene Day).

Plus sérieusement, Weeks partage beaucoup de choses intéressantes sur Instagram (je t'y vois liker quotidiennement). Une vraie mine d'informations au quotidien.

Frédéric Steinmetz a dit…

La base de gris permet ici une grande fidélité pour la mise en couleur. Je n' arrive pas à savoir si cette approche est utilisée pour qu'il n'y ait pas d'incompréhension de la part du coloriste ou si c'est vraiment une aide pour restituer l'ambiance souhaitée par le dessinateur.

Laurent Lefeuvre a dit…

Alors la base de gris sert à 2 choses :

1 - que le dessinateur s'assure que les zones d'ombres correspondent à la "réalité" qu'il exprime, inscrite dans un volume (hauteur, largeur... et PROFONDEUR).
Or, peu de coloristes sont dessinateurs, et donc, peu comprennent vraiment ce sens de profondeur.

Un exemple tout récent de ce malentendu dessinateur/coloriste, montré ici il y a quelques jours : image 2 de l'entrée sur José Villarubia - la couv de Batman dans les marais, avec Man-Bat.

La cuisse gauche de Batman est, sur le dessin (à plat, donc), plus près de la lanterne que sa jambe gauche. Le coloriste se dit : la jambe gauche est dessinée près de la lanterne, donc, je l'éclaire, en jaune, sur le côté droit.

C'est une logique "à plat".

Or, du point de vue de Neal d'Adams (qui pense, plus que tout autre à l'époque, en terme de volume, de profondeur, de raccourcis) nous dit que la jambe gauche (en arrière), est LOIN de la lanterne (un bon mètre), beaucoup plus loin en tout cas, que la droite (genre à 30 cm).

Il faut penser à Batman, dans la même position, vu du dessus.


C'est le cas dans les 2 versions de la couverture.
Rien de très gênant dans ce cas là, mais trop souvent, ces erreurs aplatissent le dessin, au lieu de donner le relief que ces techniques modernes (dégradés, reflets, effets numériques) sont censés apporter.

Avant l'informatique, la question se posait peu, car cette "carence" du sens de la profondeur était amoindri par une palette restreinte, et le dessin jouait pleinement son rôle, suivant le talent du dessinateur.

Mais avec la généralisation d'un style réaliste, et des coloristes "lourds" en effets, ça ne pardonne pas.


En indiquant les zones, Weeks balise l'intégrité de son dessin
(là où Adams est aujourd'hui complètement largué).


Ainsi, pour en revenir à l'image de Weeks, poser des valeurs de gris, plus ou moins claires, permet de s'assurer de la luminosité (claire, ou foncée) d'une teinte. Si le gris est léger, la couleur choisie, quelle qu'elle soit, le sera aussi. Si le gris est fort, une fois l'élément du dessin "teinté" (mis en rouge, bleu, violet ou jaune : choix du coloriste !), respectera cette présence.

Clairement, Weeks voulait un décor léger, pour distinguer le premier plan (persos) de l'arrière.

La teinte (couleur) appartient alors au coloriste.
La luminosité est (dans CE cas) contrôlé par le dessinateur.

Il reste le 3e critère : la saturation des couleur(de "fluo" à délavé), qui est aussi la patte du/de la coloriste.

En l'occurrence, le premier plan est saturé (costumes des personnages), et plus on s'éloigne, plus les éléments de décors sont "fades", désaturés, pour accompagner ce contraste avant/arrière.


Laurent Lefeuvre a dit…

(pardon pour la longueur).

Philippe Cordier a dit…

ah mais non, je t'en pris, c'est une brillante explication
à refaire quand tu veux

Anonyme a dit…

Super intéressant, et devant de telles explications, qu'ajouter ?

Ah si : je remarque qu'une fois encore, on voit bien toute l'importance des prélims pour constater et donc régler ensuite des problèmes de compo.
Ca tombe sous le sens, mais j'ai toujours trouvé l'examen des prélims très intéressant pour çà. A posteriori, lorsqu'ils sont bien différents de la version finale, on se rend compte des problèmes qu'a rencontré le dessinateur et donc comment il les a réglé.
Bon, cela dit, certaines fois, le prélim est meilleur que la version finale pour différentes raison, mais çà, c'est une autre histoire (çà peut dépendre par exemple de l'encreur qui finit le boulot...)

JPP a dit…

Suite au commentaire, brillant comme toujours, de Laurent Lefeuvre, parlons technique, perspective, lumière, couleur.

Tout d’abord, j’aime beaucoup quand les perspectives sont respectées. On voit là toute la technique de Lee Weeks avec ces lignes de fuite pour esquisser les buldings, dont il renoncera finalement.
Technique surement apprise à l’école de Kubert (on a vu dans un de tes posts précédents qu’un ses fistons – je sais plus lequel - s’asseyait alégrement dessus).
Mais, moi j’aime ça, je trouve que ça rend les dessins plus forts, plus percutants. D’ailleurs, ton idole, JRJr est également un très grand architecte.

Alors, maintenant, la lumière et les couleurs… Pour rebondir sur la démonstration de LL concernant la colorisation du dessin de Batman vs Manbat de Neal Adams, je dirais, qu’académiquement, il y a des choses bizarres.

Observons le dessin de LW à la loupe, au microscope, du dessus, du dessous, de la gauche, de la droite : on distingue la principale source de lumière venant du bas, orientée vers la droite, c’est flagrant sur l’encrage du bâtiment en premier plan et c’est évident sur Superman, bras droit et jambe droite éclairés par en dessous.

Normalement le Bat devrait être éclairé plein feu, puisqu’il traverse la source principale de lumière.

Pour illustrer, je l’aurai plutôt vu comme ça :
https://comicvine1.cbsistatic.com/uploads/scale_medium/6/62070/1793613-yearoneultimate.png

Je pinaille mais il n’empêche que le dessin le Lee Weeks est fabuleux !

Pour finir, si vous retrouvez vos lunettes spéciales 3D, celles avec un verre rouge et un verre vert, une version en relief :
https://images-wixmp-ed30a86b8c4ca887773594c2.wixmp.com/f/25a25501-fa68-4151-914d-d993c5f82d1c/ddztuq1-5f4ff6e0-fea4-4e00-96f2-2a1578ad0295.png?token=eyJ0eXAiOiJKV1QiLCJhbGciOiJIUzI1NiJ9.eyJzdWIiOiJ1cm46YXBwOiIsImlzcyI6InVybjphcHA6Iiwib2JqIjpbW3sicGF0aCI6IlwvZlwvMjVhMjU1MDEtZmE2OC00MTUxLTkxNGQtZDk5M2M1ZjgyZDFjXC9kZHp0dXExLTVmNGZmNmUwLWZlYTQtNGUwMC05NmYyLTJhMTU3OGFkMDI5NS5wbmcifV1dLCJhdWQiOlsidXJuOnNlcnZpY2U6ZmlsZS5kb3dubG9hZCJdfQ.nLxq9ip3UouSPpG6IeMzhtVkFaOawmVoLtKMStcZ4D4

Philippe Cordier a dit…

Pas d'ordi pdt un temps et pas copier coller mais je verrai ca plus tard. Oui la persp est importante, étrange que Andy K s'en tamponne

JPP a dit…

Copier/coller sur un smartphone, j'ai appris récemment que c'était possible. Ca demande un peu de doigter mais ça se fait.

Si je te mets un lien sur un tuto ça sert à rien...

JPP a dit…

Alors la première image en lien c'est une des couv de Year One où on voit Batman qui plonge éclairé en jaune par en dessous.

L'image 3D, on s'en fout, c'était juste pour le fun.

Bonne déconnexion, ça fait du bien aussi...

Philippe Cordier a dit…

Déconnecté C'est quoi :)
Juste l'ordi en moins c'est déjà ca

Plumoc a dit…

Ce qu'il y a de bien avec Weeks, c'est que ça a l'air simple, à réaliser.

Ouais fastoche.

Franck.Biancarelli a dit…

Le Batman est pas terrible quand même.
Il a une barrique à la place du torse et l' absence de jambe droite est dérangeante.
(Mais Weeks est vraiment fort).