Rechercher dans ce blog

vendredi 25 juin 2010

Fegredo aux enfers

Duncan Fegredo a repris le dessin de Hellboy, guidé et drivé par Mike Mignola, tout le monde, ou presque, le sait. Vaste débat que celui de juger, parmi les fans de Fegredo, s’il a vendu son âme, et son style, ou s’il apporte quelque chose au personnage. Sur ses 1ers numéros je penchais clairement pour un virage (de carrière) lucratif mais artistiquement sans intérêt, tant le trait collait à celui de Mignola, dans la composition et dans le traitement. Je viens de lire le 2nde tpb, The Wild Hunt, et mon avis change : Fegredo apporte de plus en plus de lui-même à Hellboy et je trouve ça de mieux en mieux. Le sentiment est fluctuant à la lecture car on a parfois l’impression de regarder du Mignola, puis d’un seul coup on retrouve le trait aérien de l’artiste, bien moins figé que celui du Maître.
Des exemples ?
Une compo des débuts, totalement Mignolienne


Dès lors que la scène est statique, l’influence de Mignola augmente, comme sur la case 1

Idem sur cette page

Sur celle là, il se lâche un peu et la dernière case est un pur visage à la Fegredo, tout juste ombré pour être raccord avec le reste de la page

Une scène de baston très Mignola…

Mais sur celle-ci ca va mieux : la case 2 est une pose style Mignola, mais la dernière est plus vivante et à la Fegredo

Une page qui n’est pas hors du commun, mais qui a le mérite de montrer crayon encre et couleur

Enfonçons le clou avec du Fegredo pré Hellboy. Son point fort est de faire vivre les perso, d’insuffler une vie étonnante et un mouvement, que ce soit dans la case ou dans la narration (et autant au crayon qu’à l’encre)

Ici c’est l’un de ses chefs d’œuvres, Enigma (scénar de Milligan)

Le One Shot Face (même scénariste)

Scarecrow (même quand rien ne se passe, rien n’est figé)

Ultimate Adventures : scène banale qu’il rend intéressante par le cadrage et le mouvement



Il n’y a pas que sur Hellboy qu’il se fond dans un style. Sans aller aussi loin, il avait fait évoluer son trait pour Tom Strong, enlevant les noirs et travaillant les détails

Son travail sur les couv reste l’un des plus bluffant
Que ce soit au trait…

Ou à la peinture/ ici Enigma…



Et Shade (incontournable série) Il parvient à conserver toute l’énergie de son trait, même à la peinture


3 commentaires:

Laurent SIEURAC a dit…

Vaste débat comme tu le soulignes et pourtant, il suffit de voir le visage en case 2 de la planche d'Enigma pour réaliser que les deux hommes ont vraiment le même style graphique.

Ce visage, la manière de poser les traits, l'expression etc est limite en tout point similaire au Mignola que l'on a pu lire sur Corum par exemple ou sur Fafhrd.

j'ai eu l'occasion de feuilleté justement l'un des Enigma ce WE et c'est vraiment quelque chose qui m'a frappé.

Alors, même si Fregredo a évolué en se démarquant, c'est vraiment frappant comme leur deux styles originels sont proches!

Après sa version d'Hellboy est quand même moins styliser que celle de Mignola, son encrage est moins tranché, plus souple, plus subtil.

Bref, pour moi, il apporte incontestablement sa patte à l'univers et la mythologie d'Hellboy!

Philippe Cordier a dit…

d'accord sur l'apport à l'univers HB mais pas d'accord sur le trait proche "à la base" Enfin un désaccord :-))) Pour moi la volonté de Mignola, dès Fafhrd (voire avant) a été la recherche des masses, des formes et du design. Alors que Fegredo focalisait sur l'expressivité, le corps et le mouvement
Non mais
:-)

laurent lefeuvre a dit…

Ce qui m'étonne, c'est de construire et d'équilibrer les masses noir/blanc d'un graphisme aussi basé sur ce principe que celui d'Hellboy... En ne le signifiant qu'avec des croix !
Fegredo imite en ça Mignola sur le premier exemple de crayonné de ton article... puis dans le deuxième exemple (celui où l'on voit crayon, puis encrage puis couleur), on le voit remplir ces zones de crayon. Il serait intéressant de savoir si le deuxième exemple est bien comme je le suppose antérieur au premier, et en tirer la conclusion qu'il s'est mis littéralement "dans la peau de Mignola" pour en exécuter un style très proche... puis qu'il s'en affranchit peu à peu, notamment par ce traitement plus propre du crayonné.