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vendredi 12 avril 2013

Mazzucchelli Year One.2

Après avoir brillamment trouvé son "style super héros à la Toth", sur la fin de Born Again, David Mazzucchelli était au top de son jeu sur Batman Year One (Miller au scénar)
Une curiosité, par Richmond-mme Mazz'-Lewis, à la colorisation
Le n et eb

La colo d'origine, en 1986

Pour le recueil, quelques années plus tard, R Lewis a retravaillé, un peu dans le même esprit, sur bleus

ce qui donne ça

Joli. Loin des re- colorisation criardes et pleines d'effets que Neal Adams fait sur ses propres planches depuis des années

20 commentaires:

RDB a dit…

Ah, la colo de "BATMAN YEAR ONE" ! Je crois que c'est la première fois que j'ai vraiment compris à quel point c'était un art à part entière en voyant le taf de Richmond Lewis.
Je me rappelle en particulier de l'effet produit par cette fameuse splash-page où Jim Gordon est assis sur son lit, soupesant son arme, pendant que sa femme dort : les motifs sur le couvre-lit, les draps, la lumière de la chambre... C'est à couper le souffle !
Il y a aussi la scène où Gordon et Sarah Essen partage leur premier baiser alors que le temps tourne à l'orage et que leurs visages sont illuminés par... Un coup de foudre (idée à la fois cliché et géniale) !

C'était vraiment des épisodes touchés par la grâce. Quelle série, quel scénariste, quel dessinateur, quelle coloriste !

Philippe Cordier a dit…

je me disais que si une entrée sur le Mazz ne t'attirait pas autant que moi avec quelque chose sur JRjr... :-)
Je partage totalement ton avis et ton expérience, et j'ajoute que j'ai ressenti ça, sur la même période avec le taff de Sherilyn Van Valkenburgh, sur Fafhrd de Mignola

Lefeuvre a dit…

ce qui m'a marqué, outre les exemples donnés par RDB (couvre-lit de mémé à motifs chez les Gordon, comme un destin inéluctablement médiocre pour l'enfant à venir dans cette ville maudite), c'est le fait que la peinture (c'est plus de la peinture que de la colorisation) de Richmond Lewis ne colle parfois pas du tout au dessin !

Je m'explique : normalement, le trait, les contours de pinceau qui forment une silhouette, un objet, servent de frontière au coloriste. D'un côté, c'est une couleur (ciel), de l'autre, c'est une autre couleur (mur, personnage, objet, décor...).

Souvent, le fait d'appuyer par la couleur les frontières déjà déterminées par le dessin écrase un peu celui-ci. D'où l'appétit pour le noir et blanc chez les esthètes.

Mais ce qu'il y a de génial (et de révélateur pour moi) sur le boulot de Lewis), c'esst que ses couleurs semblent aléatoirement venues d'un tableau qui n'a rien à voir dans son sujet initial avec la case qu'elle colorise, si ce n'est par les teintes.

2 exemples dans Year One : La case 2 de la page 38 - édition Urban , celle où il y a la date du 9 avril) : dans cette case toute en silhouette avec un Batman qui court sur les toits, le fond bleu déborde sur les fenêtres et la citerne d'eau, comme si ceux-ci étaient transparents. C'est évidemment une volonté de Mme Mazz de ne pas écraser la force d'un dessin puissant de son mari, dont la force ressort plus forte. Une seule idée, une seule émotion que rien ne vient atténuer, en quelque sorte.

Le second exemple de cette désolidarisation géniale de la couleur et du trait, c'est l'explosion de l'immeuble (dernier dessin de la première partie).
Idem : une idée forte : le bruit et la chaleur infernale d'une explosion.

Christian Rossi dit : "la couleur en BD, c'est la musique dans un film".

Ici, la musique est brutale, assourdissante et ne mets pas de gants : BOOOOOOOMMMM !

Philippe Cordier a dit…

analyse éclairante (un comble pour le sujet) et super intéressante J'avais perçu quelque chose de relativement proche, sans pouvoir le formaliser L'explosion m'avait marqué. Ainsi que quelques visages aux couleurs belles mais tellement proches de l'aplat qu'on pouvait se demander si elle n'évoluerait pas pour aller jusqu'au boulot d'un Morris :-)
Et je pense que, par moments, Van Valkenburgh, et Varley dans une moindre mesure, avaient cette approche (et du coup j'ai cité mon trio de coloristes vedettes)

Anonyme a dit…

La personne en France qui a le mieux compris ce que dit notre ami Lefeuvre est Jean Philippe BRAMANTI dans Mac Cay, 4 tomes aux éditions Delcourt.
Jean Philippe ne fait plus grand chose depuis à part jouer à la pétanque avec moi mais c' est mon pote et avant tout un des dessinateurs les plus important de la décennie 2000/2010.

numropo 2729

Philippe Cordier a dit…

Merci Franck, je jeterai un oeil à ces livres à l'occasion

Briard a dit…

Amusant, je ne savais pas que dans la première édition, les cases débordant sur les marges avaient été sauvagement rognées.

A ma connaissance, cette version est inédite chez nous (heureusement, sans doute), puisque la première édition française, Comics USA (sous le nom Vengeance Oblige), a déjà la nouvelle colorisation et les pages intactes.

Anonyme a dit…

Non, parus en France sous forme de deux comics... Je les ai eu puis les ai donnés.

Philippe Cordier a dit…

c'est vrai que quand tu dessines aussi bien,en y accordant légèrement toute ton attention,et que tu reçois le comics initial comme ça, on doit avoir un peu mal au ...
heureusement que le succès a fait que la 2nde version a existé, d'autres n'ont pas eu cette chance

RDB a dit…

Fascinant aussi ce qu'on découvre dans les bonus du tpb (et dont, je crois, Phil a déjà parlé ici), quand Mazz' supprime des détails, des traits, parfois trois fois rien (un trait pour souligner la musculature de la cuisse). On voit vraiment que Mazz' veut aller à l'essentiel, comme Toth quand il a travaillé dans l'animation (où il expliquait qu'il fallait débarrasser le dessin de tout ce qui l'encombrait car il ne fallit pas oublier qu'ensuite les animateurs allaient devoir reproduire ses designs des milliers de fois).
Et finalement, quand on lit ASTERIOS POLYP, ça procède de la même démarche : Mazz' n'a pas cessé de "nettoyer" son dessin, de le dépouiller, en s'éloignant du réalisme classique (la fameuse thèse de Scott McCloud comme quoi plus le dessin est simple, plus il devient universel).

Sur DD : BORN AGAIN, Mazz' m'avait impressionné, mais avec BATMAN : YEAR ONE, ça a été un électrochoc à l'époque. J'avais l'impression que le type se découvrait et en même temps démontrait que ce style de dessin était le plus efficace.
"Think more, draw less - and less is more !" comme disait Toth.

Philippe Cordier a dit…

oui j'avais montré des bonus et des photos d'expo d'originaux encore plus flagrants. Sur Born Again on assiste à l'évolution, radicale, de l'épuration, en direct, et du coup moi ça me touche bien plus qu'un Year One "parfait" dans la stylisation et la simplification qui reste gérable pour du super héros. Entre la 1ère page de Born Again, et la dernière ce n'est plus tout à fait le même dessinateur. Le gros bouquin idw de repro de planches met encore plus ça en valeur

Lefeuvre a dit…

Les deux comics de Batman parus en fascicule chez Comics USA en France et qui présentaient bien YEAR ONE avant les deux cartonnés ("Vengeance Oblige") étaient déjà la version remaniée. Le magazine sorti au moment de la Batmania de 1989 s'appelait "Les Chroniques de Batman".

Et si la traduction (de Janine Bharucha)est moins littérale que celle de Doug Headline, elle bien plus fluide.

Pour en revenir à la couleur sur Year One, et sur la même idée de simplification de son dessin au fil des années, on trouve la même démarche de réflexion autour de la couleur, toujours cete histoire de distanciation entre ce que dit l'encrage, et ce que dit la couleur.

Le titre même d'Asterios Polyp illustre et résume à la fois tout ça : sans le rose, les lettres ne se lisent pas et forment un bloc abstrait. Idem avec le bleu. Seule l'adéquation des deux couleurs donnnent sens. Son dessin a finalement abouti à ça, réduit à son minimum. La maxime de Toth citée plus haut par RDB, parfaitement appliquée en somme : "Think More(...)"

Après, comme Phil, je reste plus touché par le Born Again" avec DD, malgré la maestria de Year One.

A la fois par nostalgie, et pour le miracle de voir un excellent dessinateur se transformer en génie épisode après épisode.

Philippe Cordier a dit…

Monsieur Lefeuvre, veuillez sortir de mon cerveau s'il vous plait :-)

Briard a dit…

Et aussi, parce que malgré tout le respect que l'on doit à l'immense Year One, le Born Again a une charge émotionnelle hallucinante.

La nostalgie joue sûrement aussi, mais à la relecture, l'histoire est moins classique, et va plus loin sur beaucoup de plans.

Peut-être le seul comics dont je connais une bonne partie des dialogues par coeur.

Philippe Cordier a dit…

pareil (avec dark knight returns)
"with a voice that could command a god...and does", "on your feet soldier" "a heartbeat can tell you a lot...je peux continuer longtemps de mémoire (on est des geeks :-)
Et je te rejoins sur la charge émotionnelle : Year One est plus maitrisé/contenu,alors que DD fait work in progress, même au scénar
je l'ai relu pas mal de fois, dont récemment chez idw, et dire qu'il tient la route est un euphémisme

Anonyme a dit…

Lefeuvre a dit...
"Les deux comics de Batman parus en fascicule chez Comics USA en France et qui présentaient bien YEAR ONE avant les deux cartonnés ("Vengeance Oblige") étaient déjà la version remaniée"
Tu es sûr de ça ?

taArmal 455

Philippe Cordier a dit…

moi j'en suis quasi certain aussi

Philippe Cordier a dit…

argh, impossible de remettre la main sur ces foutus comics Mais + j'y pense et plus je suis persuadé que Laurent a raison

Anonyme a dit…

Mouais mouais mouais...
ça sent l' arnaque...
M'en vais poser la question à Hubert Mounier...
Il a tout bien rangé lui (Mon dieu, j' ai rien à faire, c' st pas possible).

1815 hnelpfu

Philippe Cordier a dit…

Plus sdre sera ta chute Franck