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vendredi 8 novembre 2013

Leçon en une image

Une seule image aujourd'hui, et je ne sais même pas d'où je la tiens, ni si elle fut publiée, pourquoi comment...
Je sais juste que c'est un condensé de bonnes décisions en un seule dessin, et que tout fonctionne à merveille
En plus du sujet "amusant" (trois malfrats contre un gosse pour lui "piquer son goûter") l’exécution est  "parfaite". Les masses de noir donnent une unité graphique à l'ensemble tout en étant distinctes et en ne perturbant aucunement la lecture de l'image. L'attitude des chacun est visible, la posture évidente (flingue dans la poche...). Le langage corporel est clair, le tout avec un minimum de traits et une maximum d'efficacité
Réalisme et "academisme" sans le moindre excès, digérés
En résumé : Alex Toth

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Un géant tout simplement.
Quand je vois ce dessin, je me dis que son influence sur Mazzucchelli est évidente (l'utilisation de l'ombre sur le visage du type sur la gauche me rappelle fortement la scène de Born Again, où suite à la mort de son fils, le policier intègre que Fisk avait réussi à corrompre, déballe tout ce qu'il sait à Urich).

Surfer a dit…

Tiens, c’est marrant, en voyant ce dessin, j’ai tout de suite pensé à du Will Eisner et je découvre que c’est du Alex Toth !
D’autant plus que le gosse agressé est la copie conforme d’un personnage utilisé par Eisner dans New-York Trilogie. Même silhouette, même chapka !

Philippe Cordier a dit…

ah les "remontées d’influences" j'adore regarder
On aime Samnee ou Lee Weeks, on voit que l'influence du Mazz' est énorme puis on découvre que le Mazz c'est Toth qui déteint dessus à fond, lui même a pris des choses à Caniff, qui digérait Sickles...
et quand les gars sont bons et bien on peut apprécier un d'eux sans connaitre les autres (mais c'est dommages)
Bref oui Mazzucchelli est très "école Toth", évident sur sa période super héros, toujours là mais plus caché, sur son taff récent

Philippe Cordier a dit…

Surfer non non non, où as tu vu autant de masses noires sur Maitre Eisner :-)
mais les 2 savaient raconter en une seule image par contre oui

Anonyme a dit…

http://www.comicartfans.com/GalleryPiece.asp?Piece=645865&GSub=98361
concernant cette page de Born Again, je trouve qu'elle est (en particulier la dernière case) un bon exemple de l'influence de Toth.

Philippe Cordier a dit…

oui c'est carrément flagrant
et ca me renvoie aux propress images de ce livre qui furent copiées par lee Weeks (faudra que je retrouve ça et en fasse une entrée tiens)

Lefeuvre a dit…

A la fois je rejoins les avis des autres (Mazz surtout, un peu moins Eisner)... mais moi c'est le nom de BERNET que me semble hurler ce dessin : La thématique des bandits en Borsalino, tout d'abord. Toth a créé Torpedo, avant de l'abandonner très vite à son fils Espagnol Bernet.

Dans le style aussi : Le type au pistolet à droite. l'ombre sur les yeux, le lacet qui définit les plis du manteau de son bras armé. Le placement des éléments en silhouette (main et pistolet fondus en un), et la gueule quasi cartoon (souvenir du rictus de Torpedo)du malfrat.

Par contre, je ne vois non pas 3 bandits qui détroussent un gosse... mais 2 malfrats qui s'attaquent à un papa et son fiston : Un dans le dos qui lui fait comprendre qu'il n'a pas intérêt à remuer le petit doigt, et l'autre qui le menace lui, et pas l'enfant (le placement des pieds au sol du gosse et du type armé indique que le pistolet est orienté vers l'homme au milieu (et qui lève les mains).

Comme quoi, l'image est parfaitement exécutée, mais le sens n'est pas si évident que ça...

Philippe Cordier a dit…

c'est vrai qu'il y a du Bernet aussi
Je trouve génial de pouvoir interpréter l'image de 2 façons
La main levée et les pieds "rentrés" penche vers ton analyse, mais avec une pointe de mauvaise foi je pense que ma version peut tenir si on analyse de masse noire vers la main du "père" comme étant un pistolet dans une poche ;-)

mais j'ai peu que tu sois toi dans le vrai

RDB a dit…

Toth, c'est le maître.

Quand on lit ses itw, en particulier le long entretien de la préface de l'album "Setting the Standard", on découvre un bonhomme fascinant, qui avait un regard sans concessions sur sa pratique et le métier en général. Mais plus que le côté brut du propos, c'est, en plus d'être un fantastique dessinateur, un fantastique professeur de dessin : on comprend qu'il ne faisait rien au hasard, qu'il avait intégré des influences (Caniff un peu, mais surtout Sickles et Roy Crane) puis en avait tiré la substantifique moëlle.
Plus tard, son passage dans l'animation, comme storyboarder et character's designer, sera encore plus déterminant.
C'était un sacré personnage, mal embouché mais dont d'abord intransigeant avec lui-même. Cela lui donne une grande modernité quand on voit tous les artistes qui se réclament (plus ou moins ouvertement) de lui (Chris Samnee, David Aja, Tonci Zonjic, Goran Parlov ou Jaime Hernandez par ex).

Le seul à l'avoir en quelque sorte "dépassé", en partant dans une direction plus radicale, c'est Mazzucchelli.


Surfer a dit…

"Surfer non non non, où as tu vu autant de masses noires sur Maitre Eisner :-)"

Pas autant c’est vrai, malgré tout Eisner jouait beaucoup avec les masses noires et le lavis.
En fait c’est plus l’allure des personnages, la scène et surtout le gamin du milieu qui m’ont fait penser à New York d’Eisner.

Ici sur ce dessin c’est plus des masses noires dans le style Sin City de Miller. Après je ne sais pas si Toth à aussi influencé Miller (Eisner oui) mais ce dessin le laisse à penser.

Par contre la ressemblance est un peu facile et normale avec Jordi Bernet puisque quant il a repris Torpedo, il a gardé le style de Toth.
En tout cas ce dessin m’a permis de me replonger dans mes vielles revues "Special USA" (je les ai presque toutes). Ou on peut y découvrir tout les artistes cités : Eisner, Toth, Bernet et son fameux Torpédo… et bien d’autres Wrightson, Corben, Wood, Moreno, Russell ….

Lefeuvre a dit…

@ Surfer :

Pas si facile que ça, la ressemblance Toth/Bernet. En tout cas sur cet exemple précis.

Je m'explique. Puisque tu as (comme moi) les revues "Spécial USA", tu verras que les tous premiers épisodes dessinés à la fois par Toth, idem pour les tous premiers signés Bernet, ne ressemblent ni pour l'un, ni pour l'autre à l'image du jour : Les débuts de Torpedo étaient nerveux, raides, secs, sans aucun second degré.

Et c'était déjà proprement génial !

Ensuite est arrivé le personnage de Rascal qui a contribué a alléger le ton. Le dessin de Bernet avec lui.

Il me semble que n'est pas le cas ici.

Ici, c'est au style de Bernet bcp plus récent et cartoon que je pense. Celui de Jonah Hex, ou de American Vampire.

Je pinaille (on est là pour ça en même temps), mais je suis tenté d'en conclure que le style des deux ont évolué dans une même directions, vers une souplesse de leur trait respectif.

Ca me semble assez flagrant sur le bras du bandit, les petits points sur sa veste... solutions graphiques très présents chez le Bernet d'aujourd'hui.

Philippe Cordier a dit…

ces échanges sont l'une des raisons de la tenue de ce blog, j'adore
Et je me demandais ce qui arrivait : une demie journée sans RDB alors que je cite Toth!! C'est comme si je ne répondais pas à une entrée sur Romita jr :-)
@ Surfer oui probablement une influence Toth chez Miller, pas majeure mais présente au sens ou en + de Gil Kane il adorait Kriegstein au style "noir".
Et vous me rendez jaloux avec vos "Special USA" car j'aimais beaucoup, tout comme les USA mag et je n'en ai gardé aucun!!!!!

Surfer a dit…

@Lefeuvre:

Ok pour tes explications et c’est vrai que tu n’as pas tort sur cet exemple précis. Je faisais plutôt référence au Torpédo de Toth (qui n’a duré pourtant qu’un seul numéro). Puisque Bernet à repris très rapidement la série et qu’on lui a demandé de maintenir son aspect graphique, c’est normal qu’il garde cette influence du maître.

Par contre, pour les détails de comparaison dont tu parles, bravo. Seul un œil aguerri aurait pu les déceler ;-).

Lefeuvre a dit…

@ Surfer :

Cinquiou ^^

Pas de mérite cependant : Bernet, et Toth sont deux types que j'adule littéralement, et cette revue Echo des Savanes/USA mag est ma revue fétiche.

@ Phil : tu dois pouvoir te recomposer la collec' sans trop te ruiner. Ne serait-ce que pour relire "l'Appel de l'Espace" de Eisner en Noir et Blanc (la couleur est tellement aberrante là-dessus), ainsi que des histoires courtes de Toth (Jesse Bravo...).

Philippe Cordier a dit…

sachez jeune homme que j'ai l'appel de l'histoire en couleurs vf et je les aime bien moi ces couleurs car c'est un de mes premiers Eisner donc nostalgie de cette découverte là
Et j'ai l'appel de l'espace en vo noir et blanc aussi