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mardi 29 juin 2021

Big Romance

 

Je fais de temps en temps un pseudo mea culpa, culpabilisant que je suis de ne pas bien apprécier Gil Kane

Mais si je ne suis pas fana de ce que je qualifie de maniérisme trop apparent dans ses constructions, je suis fan dès lors qu'il est encré, comme au dessus, par le géant John Romita

Celle ci je l'avais déjà montrée et en dehors des nombreuses modfif l'encrage est vraiment bien


Ce que je découvre ici, merci à Tom Breevort, c'est le boulot de John Buscema sur les romance comics

Il était encré par le roi des Romance, John Romita, mais contrairement à ce que l'on pouvait penser ce n'est pas ce dernier qui transformait le crayonné pour lr faire sien

Le crayonné, très fini, de Big John, était déjà très "Romitien"

Etonnant non?!

On retrouve des expressions, attitudes, de Buscema, mais le glamour à la Romita est déjà potentiellement dans le crayonné





23 commentaires:

Anonyme a dit…

>Ce que je découvre ici, merci à Tom Breevort, c'est le boulot de John Buscema sur les romance comics

Ah !!! Ce n'est pas faute, pourtant, qu'on soit plusieurs ici à t'avoir indiqué, il y a peu, que les romance comics de John Buscema étaient très chouettes ! Tu t'y es enfin mis ! LOL

Plus sérieusement, plus les années passent, plus je me dis que JR SR a eu une influence indirecte profonde sur la production artistique Marvel de ces années-là, c'est-à-dire la charnière des années 60-70. Dis plus simplement : je pense que son dessin et son style était dans la tête de beaucoup d'artistes, aussi je ne suis pas plus surpris que cela par ce que les très bons exemples que tu nous montres ici.

Sinon, oui, Kane/Romita SR, je suis d'accord, c'était une belle combo !


Laurent Lefeuvre a dit…

Cette manière très américaine et propres aux comics, de s'appuyer sur le travail de "l'ouvrier" qui vous précède sur la chaîne pour l'améliorer, c'est vraiment étonnant d'un point de vue européen.

Certes, ce n'est pas toujours réussi (cf. Coletta, rien que sur l'entrée précédente sur Kyle Baker). Mais le principe même de "crayonneur", qui laisse sa place à un encreur, comme un maçon qui poserait la structure d'un mur, tandis qu'un plaquiste puis un décorateur viendrait tour à tour aplanir ce mur, puis l'habiller, voire en arrondir les angles, c'est vraiment étonnant pour nous autres, "auteurs-artistes" !

Certes, il y a eu le modèle des studios à la Hergé ou Peyo pour les Schtroumpfs, mais toujours, avec le "maître/architecte" qui contrôle l'intégrité de la charte graphique du produit fini. Mais quand même ! On n'imagine mal, même si ça commence à se faire chez nous aussi (storyborarders, encreurs...), que quelqu'un vienne reprendre les crayonnés d'un autre, voire les modifie, les peaufine, puis y ajoute des informations à l'encrage (ombres, détails, textures...).

Ça correspond mal à l'idée que l'on se fait ici d'une "œuvre" tenue par son auteur jusqu'à la moindre virgule dans une bulle, ou cheveux sur la tête.

Même sur son Silver Surfer (dont on sait qu'il l'a fait pour le fun de faire un truc à l'Américaine, sur mauvais papier), Mœbius a tenu à faire lui-même son lettrage, manuellement, en vo et en français.

Retoucher les dessins d'un autre, même quand c'est pour le bien de l'histoire, de la narration, ça équivaut souvent ici à changer un mot d'une prose d'écrivain : un sacrilège !

La chose c'est faite sans doute naturellement dans les comics, de par leur nature même : née dans des studios, avec des personnages revendus à des boîtes, la notion de paternité, et donc d'intégrité d'auteur qui va avec, a très vite disparu.

À la place, cette efficacité toute industrielle, la conformité contrôlée du produit, sa lente évolution surveillée, au gré des courbes de vente.

On en a souvent vu ici le meilleur dans ton blog. Des centaines de fois.

Des fois, pour le pire.

Dans ma démarche, je me situe entre les deux continents. À plusieurs occasions, je sais que j'ai pu étonner, voire "agacer" des copains dessinateurs franco-belges (et toujours meilleurs que moi en plus - car la question n'est pas là !) à leur renvoyer une planche par mail, avec une suggestion d'amélioration faite grâce à Photoshop. Des fois certains en redemandent, d'autres, j'ai été maladroit, car on ne me demandait rien... et que ça ne se fait guère !

Là où je veux en venir, c'est qu'en tant que vieux lecteur de comics (bien plus que de franco-belge), cette démarche de studio me semble naturelle, voire confraternelle, et d'ailleurs, j'aime quand un collègue me fait ces mêmes retours (important !) car j'y vois une (éventuelle) chance d'améliorer ma soupe avant qu'elle parte en salle.

Évidemment, ça ne veut pas dire que j'ai raison dans mes suggestions, mais que l'idée d'un regard croisé, des questions fertiles que ça peut générer, me plaisent.

Tout est question de manière de procéder, de connaissance de l'autre, de respect.

Comme toujours dans les rapports humains.


Décidément, j'ai du mal à ne pas digresser dans mes commentaires chez toi, cher Phil !

Philippe Cordier a dit…

mais c'est intéressant
et cette notion d'art vs business est l'un des grands intérêts/débats de notre passion commune

J'ai lu hier une revue sur Uderzo. On voit une photo de son bureau avec deux bureaux/plans de travail. Il disait "là je dessine, et là je paie mes impôts" Ca m'a bien sur renvoyé à ce génie Eisner qui faisait, en gros, pareil : un hémisphère artistique et un autre business

Frédéric Steinmetz a dit…

C'est vrai qu'il y a un caractère sacré dans l'étape de l'encrage qui ne devait pas avoir lieu à l'époque aux États-Unis. Ils avaient une approche d'artisans, là où la notion d'artiste est venue plus tard j'imagine. Je trouve ça fascinant ce résultat à plusieurs mains, mais il fonctionne aussi quand l'égo est mis de côté je pense. Quand on râle sur l'encrage et la colorisation "moderne" appliquée à JrJr par exemple, on suppose que le dessinateur ne voit pas son travail comme nous pouvons le voir ici. La collaboration est une étape avec laquelle nous avons été élevée effectivement, qui est propre à la culture comics. Dans le cadre du fan art, ou de l'amusement (la même chose non ?) , encrer ou réinterpréter un dessin ou une planche, c'est s'exposer à la critique (ça, normal), mais aussi à un certain appriori qui suggère que l'on "sait mieux que"... (je doute que JP Mayer ou Danny Miki aient cette vision des choses)
Processus difficile (pour le côté sacrilège exposé plus haut) et pourtant si enrichissant je trouve !

Philippe Cordier a dit…

Parfaitement. Observer les égos selon les périodes et les auteurs est passionnant. Je viens de programmer une entrée prochaine sur le sujet sur THE duo

Anonyme a dit…

Puisqu'on est dans le mea culpa, je vais faire le mien aussi, tiens.

Je suis totalement fan de cette culture U.S. dessinateur / encreur qui fait justement une partie de la richesse de ce blog.

Toutefois (sans m'étendre sur le phénomène déclencheur chez moi), je m'aperçois que dans la carrière de certains dessinateurs U.S., il y a des périodes où le dessinateur, lorsqu'il est amené pour une raison ou une autre à s'encrer lui-même, cela peut représenter (à mes yeux) une vraie amélioration par rapport à l'encreur qu'on lui avait affecté auparavant ou qu'on lui affecte après, même si c'est un grand nom.
Comme si le modèle U.S. atteignait parfois ses limites dans sa logique d'amélioration, via le travail en commun, et que d'un seul coup, on atteindrait au contraire une situation de dégradation, et que le "modèle européen", par son naturel, en redeviendrait du coup l'option la plus probante (à condition que le dessinateur sache s'encrer bien sûr). Troublant.

Juste un exemple : en 1996, Byrne reprend la série "New Gods". On lui affecte Bob Wiacek, pas manchot du tout pourtant, et pas surbooké à ce moment-là.
Lorsque la série est renommée "Jack Kirby's Fourth World" en 1997, c'est Byrne qui désormais s'encre lui-même, et le résultat est alors bien meilleur !
J'ai d'autres exemples en tête (concernant des noms comme Kane et Buscema justement, Garcia-Lopez, etc...) mais faisons vite.

Philippe Cordier a dit…

mais ca reste l'intérêt des duos mais là le duo est constitué d'une personne :)
J'ai la même réaction avec Byrne J'aimais bien Austin mais sur les FF quand il s'est encré lui même j'ai trouvé cela bien mieux encore

Sal Buscema aussi est un excellent encreur (sur lui même ou d'autres)
Alors que Romita Jr et Alan Davis m'ont tjs déçu en s'encrant eux même

Anonyme a dit…

Pour Byrne sur les FF, c'est vrai que les premiers temps, son encrage était très soigné et le rendu magnifique. On m'a dit en jour (en contemplant une planche de ce magnifique run), que Byrne s'était particulièrement appliqué car il ne voulait pas subir la comparaison (encore fraîche) avec Austin sur les X-Men, voire même avec Sinnott dans l'absolu (qui l'encrait sur son premier petit run, presque tout aussi récent, en tant que simple dessinateur sur les F.F.). Il avait aussi, il faut bien le dire, à ce moment là, plus de temps à consacrer à l'encrage car il ne dessinait plus quasiment qu'une série par mois lors de sa reprise des F.F. (a contrario des deux mensuelles qu'il assurait en 1979-1980)

Pour Sal Buscema, je suis d'accord et pour aller dans le sens de ton post, il est étonnant de voir que le fidèle Sal a dû coup encré fidèlement encore son grand frangin dans la suite de l'histoire précédente ! (je ne viens de ne parcourir son article qu'en zig-zag vu que tu as fait le taf, mais Brevoort n'en parle pas, on dirait ?)

https://1.bp.blogspot.com/-CPZ2jbonyyk/VmBxmqDsJzI/AAAAAAAAWus/YYehfYecNQQ/s1600/MyLoveV2%252304-03.jpg
https://1.bp.blogspot.com/-Q5Z-Xp2JVfs/VmBxmiF6i2I/AAAAAAAAWuw/04d_CVSqhYQ/s1600/MyLoveV2%252304-04.jpg
https://1.bp.blogspot.com/-pSUfaVpaP04/VmBxmyCdF1I/AAAAAAAAWvQ/XzLJLQ5zHTg/s1600/MyLoveV2%252304-05.jpg
https://2.bp.blogspot.com/-y8HiCBnQe7Y/VmBxnAQuUjI/AAAAAAAAWu4/LOXKMTSyiTQ/s1600/MyLoveV2%252304-07.jpg
https://4.bp.blogspot.com/-zLz9SD9qp-k/VmBxnWOIGDI/AAAAAAAAWu8/PaIRUdGqtKQ/s1600/MyLoveV2%252304-08.jpg
https://1.bp.blogspot.com/-mG8j5RIxx7w/VmBxniiR9OI/AAAAAAAAWvI/lfCn3RCN6ak/s1600/MyLoveV2%252304-09.jpg
https://1.bp.blogspot.com/-GPaOxz-Lack/VmBxnqjP3QI/AAAAAAAAWvM/BkUjfmbpZoU/s1600/MyLoveV2%252304-12.jpg

J'y vois ici encore un John Buscema sous influence, même quand Romita n'est plus là !
Et Sal en est le "révélateur", via son encre, en quelque sorte ! :-)

Tu nous avais expliqué le cas de JR JR effectivement.
Par contre, pour Davis, je pense que c'est par contre la perte de la pratique régulière pendant des décennies qui joue (alors qu'il s'encrait dans la première moitié des années 80). C'était quelque part terrible de le voir ramer sur le one-shot Nightcrawler de l'année dernière, après tant d'années passées avec Neary puis Farmer...
Je serais curieux de savoir sur quoi il travaille actuellement par contre.

Philippe Cordier a dit…

Très chouette
Sal Buscema était l'encreur préféré de Big John (dixit ce dernier) Je vois un côté clean qui ne m'a pas toujours emballé mais qui est probablement très fidèle au crayonné, et assez proche du propre encrage de John B par moment

Pour Davis j'espère quil travaille encore, mais je doute un peu
Quant à son encrage il y a certes un manque de pratique (ses Dr and Qunich étaient cool) mais je me souviens bien qu'il disait, il y a des années, que son crayonné était si précis que pour lui s'encrer reviendrait à faire deux fois le même boulot et ça ne lui disait rien

Anonyme a dit…

Oui, pour Davis, on pourrait craindre un peu...
Pourtant, il y encore deux ans, il jurait publiquement qu'il n'était pas encore prêt à partir en retraite... Il donnait l'impression d'avoir encore quelques cartouches en stock, mais, depuis, le Covid, lui-aussi, est passé par là... ou du moins en Angleterre. Et que dire de l'absence de Farmer dont j'ai l'impression que, pour lui, la prestation sur "Antithesis" était une sorte de chant du cygne artistique, ou plutôt une manière de boucler la boucle en encrant Neil Adams, une des sources d'inspiration d'Alan Davis.

Anonyme a dit…

"Neal", désolé...

Philippe Cordier a dit…

je crois avoir lu que Farmer prenait sa retraite
sous réserve

Davis j'espère encore car je suis persuadé qu'il en a encore sous le pied

Anonyme a dit…

Un qui en a encore sous le pied justement, c'est le petit frère dont on parlait.

J'avais remarqué dans le dernier Previews qu'il avait remis le couvert à l'encre pour un nouveau projet.
Voici une interview que j'ai pu dénicher du coup :

https://www.syfy.com/syfywire/sal-buscema-heroes-union-hulk

Grâce à sa bande de potes (l'infatiguable Frenz en particulier), il est toujours là, l'avenir totalement devant lui... à 85 ans.
L'encre, ça conserve.

Philippe Cordier a dit…

j'ai lu ça il y a qques jours et ça fait bougrement plaisir

Philippe Cordier a dit…

Je me suis fait la même réflexion sur le "respect" des scenaristes, en lisant en effet ce qu'a fait Juillard et, surtout, Boucq qui transforme le scenar a sa guise
J'imagine que si les choses sont clairement posées dès l'origine entre les deux ce n'est pas un souci
Pareil dans le comics, si le dessinateur demande à ce que son crayonné, fini, soit respecté, la moindre des choses est qu'il le soit
mais quand il sait, voire qu'il demande, que ce sera transformé alors bingo
j pense à Mignola disant à Klaus Janson "comment m'encrerais tu" et quand Klaus lui dit qu'il tenterait de faire au plus proche de son crayonné Mignola aurait répondu, dans l'esprit "alors à quoi ça sert" :)

Sur Kane je comprends que tu trouves le combo avec Romita moins bien que moi puisqu'il il enlève ce qui me gêne en tant que "non fan de Kaneé

le Davis c'est lui
http://philcordier.blogspot.com/2020/06/alan-paul-demi-teinte-et-espoir.html

Anonyme a dit…

>Sur Kane je comprends que tu trouves le combo avec Romita moins bien que moi puisqu'il il enlève ce qui me gêne en tant que "non fan de Kaneé

... et pour moi qui suit un hérétique et préfère Kane encré par lui-même, je me dis que tant qu'à avoir du Kane transformé, autant que ce soit par Romita Sr !

Anonyme a dit…

(la faute à çà sans doute, issu de nos contrées si on peut dire, et lu étant petit ! :-)

Anonyme a dit…

http://ekladata.com/I2B16zitIihp2Y2YH2ORhb2VHB0@500x695.jpg

Philippe Cordier a dit…

c'est chouette ça!

moi je n'ai quasi pas lu de Kane avant d'être largement majeur, ça explique aussi certainement

Anonyme a dit…

Oui, du Kane dans Tintin, ca pête... :-D

Une histoire sympa à lire, la genèse de cette bande :

http://hillen661.eklablog.com/jason-drum-gil-kane-p1188130

Content d'avoir connu çà "en direct" dans la revue.
Cela dit, si j'avais eu 10 ans de plus, je pense que j'aurai fait des pieds et mains à mes parents pour qu'on m'emmène au festival d'Angoulême en 1981...

Philippe Cordier a dit…

excellente histoire, merci
Et le coup de Franz qui termine du Kane sur scenar de Duchâteau!!!!

Anonyme a dit…

Oui, hi, hi ! A l'époque, je n'avais rien compris à ce tour de passe passe...
J'étais trop petit (et, de tête, il ne me semble pas me souvenir que Tintin ait avoué à ses lecteurs que Kane était tombé malade et qu'il avait été remplacé).

Dans les faits, on m'avait donc retiré sur la fin le type donc les planches de SF/fantasy (et toute sa tambouille habituelle sur laquelle il était fortiche, dans le genre : les dragons, les chevaux, les belles nanas, la tech futuriste, etc...) m'avait tant tapé dans l'oeil...
J'étais content de voir la fin de l'histoire au moins, mais bon...

Franck.Biancarelli a dit…

Romita Senior possédait un très bon bagage technique et avait une pensée très claire.
Kane possédait un bagage technique hors-norme mais sa pensée était souvent compliquée.
Pour moi les deux ensemble ça forme un troisième dessinateur au dessus de chacun des deux autres pris séparément.