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jeudi 30 septembre 2010

Encreur atypique

Twomorrows publishing publie très régulièrement des tas de revues et livres incontournables : Back Issue, Draw !, Modern Masters… Ils viennent de sortir un bouquin plus polémique qu’à l’accoutumée, sur l’encreur le plus controversé de l’histoire des comics (de l’âge d’or, quand un encreur était quelqu’un qui encrait, et ne traçait pas)


C’est un portrait de Vince Coletta, qui tente, sans toujours y parvenir, de rester assez objectif. Captivant !
Artistiquement je n’aime presque rien de ce que j’ai pu voir de son boulot, mais ce « behind the scene » met en avant deux choses :
-Ce n’était, pour lui, qu’un travail comme un autre, et il s’était spécialisé dans l’encrage d’urgence, dépannant les editors en encrant un comics en un Week End si nécessaire, et se rendant ainsi indispensable en ces temps, bien oubliés, où sortir un comics dans les délais était une priorité .
-Ensuite on voit bien que, s’il s’en donnait le temps, il pouvait être bon (cf ses romance comics)

Si Colletta reste dans les mémoires, ce n’est pas essentiellement grâce à sa production (énorme), mais parce qu’il a longtemps, et beaucoup, encré Kirby (un peu chez DC, et des centaines de pages de Thor). Il était donc scruté par les fans qui, aujourd’hui, ne lui pardonnent pas sa trop grande finesse de trait et, surtout, ses omissions : Hé oui, Coletta gommait des parties de cases, sans encrer. Officiellement il parlait de détails « inutiles » voire gênants pour la narration. En réalité il semblait juste vouloir gagner du temps

Histoire d’en rajouter une couche voici un exemple de ces « gommages »
Close up sur un des deux "oublis"
Plus sur le site du Kirby Museum

Je ne juge pas, car les conditions d’alors n’étaient pas celles de nos jours. Mais quand même, il ne paraissait pas passionné par son job, et d’autres ont travaillé autant, avec plus de qualité finale (cf Joe Sinnott)

12 commentaires:

Cap A a dit…

Eh oui, c'était une autre époque. Il faut dire qu'il n'y avait pas autant d'artistes que maintenant et donc des gars qui pouvaient travailler dans l'urgence avaient toujours beaucoup de jobs.
Ceci étant dit, Coletta était aussi capable du meilleur.
Et pour rebondir sur cette entrée, Twomorrows Publishing est incontournable (comme éditeur) pour tous les passionnés de comics made in US. Ils ont des titres extra: Alter Ego (avec Roy Thomas comme rédacteur en chef), Modern Masters, etc... J'attends mon exemplaire d'un nouveau bouquin qu'ils éditent: Carmine Infantino - penciler, publisher, provocateur. Je me suis offert la version avec un dessin original d'Infantino? je l'attends assez impatiemment d'ailleurs. Je vous invite tous à aller jeter un oeil sur le site de cet éditeur: http://www.twomorrows.com/

Philippe Cordier a dit…

Et je dirais même plus : dès lors qu'on aime les comics et leur histoire, on est certains de trouver qque chose qui nous plaise chez eux. Par exemple Alter Ego ne me parle que très peu, mais Back Issue m'emballe
Quant à Coletta, j'ai toujours trouvé qu'il aseptisait le crayonné

lefeuvre a dit…

Hello.
Personellement, dans la deuxième case (Loki de dos), je trouve la case bien meilleure sans le personnage enlevé par Coletta : La terreur provoquée par Loki n'en est que plus manifeste... la foule moins grotesque et la composition qui sépare les 2 éléments bien meilleure.
C'est ce qu'un copain appelle "faire le deuil du dessin" - c'est à dire accepter qu'un dessin, aussi bien techniquement réalisé que possible, est souvent meilleur quand on en enlève.
Je ne suis pas sur que dans le cas présent, Coletta n'aurait pas gagné du temps en encrant ce perso... plutôt que prendre du recul et décider que la case serait sans doute meilleure sans lui.

Manu a dit…

Je suis d'accord avec Laurent because ça laisse plus de distance entre Loki et la foule, donc ça accentue le fait que celle-ci est terrorisée et détale. On la considère plus en tant que masse, et on voit qu'elle a déjà mis une bonne distance entre elle et la menace.

L'omission du monsieur case 1 sert sans doute à clarifier un dessin assez chargé, de même l'aplat de noir sur le costume à rayure va dans le sens d'une lecture plus simple, ce me semble....

Entre nous, si quelqu'un ne lui avait pas donné raison à un moment donné, il se serait fait casser les doigts par le rédac chef non ?

Je n'ai pas participé au précédent quizz, n'ayant reconnu que Messieurs Frazetta, Giordano, Romita JR, et Kubert, et ayant confondu Byrne et Mitton... ça valait pas la peine... lol....

Philippe Cordier a dit…

je suis un peu d'accord avec la philosophie évoquée là; c'est sur Mais en l'espèce je pense que Coletta voulait le + souvent gagner du temps (peut être pas là précisément) Quant au redac'chef ne te fais pas d'illusion Manu, il faut savoir que ce dernier (Shooter) et Coletta étaient de TRES bons amis, que Shooter laissait carte blanche à l'encreur à qui il donnait raison, par principe, face à un dessinateur; le fait qu'ils soient potes mais aussi le fait que Coletta lui sauvait la mise avec les deadlines. C'est seulement quand un ou des dessinateur gueulait beaucoup et souvent, qu'il acceptait de changer l'encreur
Et quant au jeu/ quizz, tu vas pouvoir te rattraper Manu car j'en ai programmé un second (pour dans 15 j)

Surfer a dit…

Mon avis est un peu différent, je trouve que le personnage retiré exprimait plus que tout le reste la terreur provoqué par Loki. L’idée de Kirby c’était, je pense, de faire un personnage paniqué qui tombe et qui essaye de se relever pour essayer de courir et de fuir avec la foule.

Sinon je ne savais pas que Coletta s’amusait à gommer les dessins des artistes qu’il encrait.
Je trouve que ce n’est pas très respectueux.

Pour en revenir aux contraintes dans le domaine des comics américain et plus particulièrement chez Marvel. L’exigence de faire vite et bien est toujours d’actualité. Certains artistes le font très bien d’autres ont du mal à allier les deux.
Marvel a toujours eu 1 ou 2 artistes qui, en plus de leur boulot, finissaient le travail que certains n’auraient pas pu rendre à temps.
Pour exemple, Neal Adams, qui est un immense artiste a toujours eu du mal à rendre son travail en temps et en heure. (Il devait sûrement vouloir s’appliquer ;-)).
Ses prestations sur Avengers ou les X-Men on bien souvent étés finies par d’autres artistes (J.Buscema par exemple).
A contrario, Kirby, Kane, les frères Buscema, J Romita… On toujours été très prolifiques en fournissant aussi un travail de qualité.

Même chose pour J Romita Jr aujourd’hui. ;-)

Philippe Cordier a dit…

oh cette exigence est bien moindre aujourd'hui
Le but de l'editeur n'est plus de sortir les comics, chaque mois et à temps, c'est d'avoir de beaux tps reprennant un arc et dessinés par un seul artiste, sans fill in, et de haute qualité graphique (ou en tout cas plein de détails). Ca se comprend, les temps changent
Un Colletta, aujourd'hui, n'aurait plus, ou presque, de boulot, car c'était un "dépanneur de l'encrage" Or l'industrie ne cherche déjà quasi plus d'encreurs, et quand il y en a ces derniers sont priés de bien respecter le trait poussé du dessinateur; Un autre monde que Coletta

Philippe Cordier a dit…

J'oubliais un point sur lequel je te rejoins: des auteurs ont toujours été rapides et bons. C'est d'ailleurs pour cela que Coletta essuyait les critiques de Mike Royer ou, surtout, Joe Sinnott qui estimaient qu'il travaillait trop vite, sans attention, alors qu'eux avaient un trait plus soigné, et pas forcément beaucoup moins de planches qui sortaient

Surfer a dit…

"Or l'industrie ne cherche déjà quasi plus d'encreurs"

Oui c’est bien dommage et c’est vrai que l’on voit déjà beaucoup de comics directement colorisés sur le crayonné sans aucun encrage.
Tous ceux dessinés par Doug Braithwaite par exemple.
Mais il me semble que c’est Gene Colan qui est à l’origine du "finished pencils".

Philippe Cordier a dit…

Colan fait en effet parti des premiers "anciens" à rendre du crayonné fini, quasi dès le début de sa carrière (Il faut dire qu'il fut aussi le premier que Stan Lee a autorisé, voire incité, à garder son style sans chercher à copier Kirby ou Romita) Puis la géneration suivante, Neal Adams en tête, à poursuivie dans cette voie

Anonyme a dit…

En fait, le rédac'chef qui appréciait le travail de Coletta et lui donnait du travail, ça a surtout été Stan Lee. Shooter est arrivé bien plus tard que la période Kirby sur Thor.

Philippe Cordier a dit…

Yep, les deux sont cumulatifs : Lee lui a mis le pied à l'étrier, beaucoup
Mais avec Shooter se fut l'osmose