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lundi 15 décembre 2014

Les sens de Daredevil

Mes petites analyses des gadgets de Spidey et de DD ont eu un certain succès, je conclus donc avec les sens exacerbés, et le sens radar de Daredevil
Grosse entrée cette fois encore, visuellement (un comble pour ce perso)
Miller/ Janson font un bon résumé des sens, en deux cases
 Une séquence maintes fois racontée (un peu comme le meurtre des parents de Batman), synthétisée dans la mini série Man Without Fear
 Il y a 50 ans tout fut posé, en terme de sens restants prenant au moins partiellement le relais de la vue (ce qui est vrai pour la grande majorité des aveugles)
 Piqure de rappel, très fidèle, par Miller des années plus tard
 En prenant les sens un à un : Stan Lee est parti sur une extrapolation des sens exacerbés. Pour le toucher je veux bien que la sensibilité permettent de lire du noir (c'est ainsi que se nomme l'écriture "normale" chez les non voyants) mais de là à lire sans enlever ses gants...
 L'audition ultra balèze sera très utilisée, parfois exagérément, et c'est là que les artistes s'en donnent à cœur joie, pour de belles images; Parfois un peu complexes, façon Samnee...
 ...ou très sobre, Romita Jr/ Williamson
 Il entend des battements de coeur irréguliers, indiquant un mensonge (sauf problème de pacemaker, utilisé d'ailleurs par Miller dans des histoires) 
Le strip qui me reste en mémoire (Miller/ Mazz bien sur)
 Ses sens hors du commun font l'admiration de Karen
 mais s'il ne parvient pas à les contrôler (fatigue, stress...) ils virent au cauchemar (Brubaker/ Lark)
 DD dépend des ses sens ultra développés, donc quand ces sens se dérèglent...misère! Janson, avec Miller, a brillamment joué avec son audition détraquée, ici
 Qu'il est tentant de lui faire retrouver la vue, comme bien des aveugles ont du en rêver. Mais souvent pour un résultat pathétique
 Jim Shooter, massacrant au passage Mazzucchelli (visages redessinées par l'équipe de correcteurs de Romita...) utilisa le Beyonder pour qu'il voit à nouveau; c'était..bof (alors que le potentiel est là)
 mais je reconnais que le rejet de ce don, et le retour de la cécité, avaient une certaine gueule visuellement
 Pour gérer au mieux tous ces sens trop développés, les premiers temps DD utilisait un "caisson" (idée vite oubliée, sauf pour le mauvais film avec Affleck)
 Et maintenant...le sens en plus, le sens...radar!
Présenté au début comme un système très succinct, permettant juste de ne pas se manger les obstacles...
 
 il fut vite exposé comme un système plus performant. Le meilleur résumé à mon avis est de Miller : "c'est comme de tout toucher en même temps"
 Il était question, comme pour le radar des chauve souris, de lancer" des ondes et d'attendre leur retour pour localiser les obstacles (écholocalisation)
 Rapidement il permet de "voir" les formes de tout ce qui entoure Matt

  Ce système de "formes" ne lui permet pas de discerner les détails.
Visuellement on a eu le pire (ici Colan)...
et du bien plus joli (encore Colan)
 ou Romita Jr/ Williamson (sobre)
 Récemment Waid a demandé à aller plus loin, et souhaitait utiliser cette perception des formes : Rivera comme Samnee présentent donc aujourd'hui ce genre de "formes". Intéressant, joli, mais parfois un peu trop détaillé...
 ...comme ici, où même la laideur de l'Homme Taupe devient "visible" en "inversion polarité" (alors que l'incapacité du héros à "lire" les formes fines, notamment les visages, est une faiblesse donc un intérêt de la série)
 Perdre son sens radar est une cata pour DD, même s'il compte beaucoup sur ses autre sens
 j'ai un souvenir très net de ces scènes sans le sens radar mais avec un DD en costume et aussi acrobate qu'avec son radar. Impressionnant
 Un radar qui, même présent, pose souci en cas de perturbation sensorielle, comme sous la pluie par exemple
 La forme la plus réelle/crédible d'explication de l’utilisation du radar vient, encore une fois, de Frank Miller. Des aveugles (peu) ont développé une fonction de l'oreille interne qui permet de percevoir des masses (véridique, plus d'infos à qui m'en demandera)
C'est donc cette scène qui est la plus proche du réel
 Pour conclure, merveilleuse illustration des sens en action dans le quotidien, par Marcos Martin
A vos claviers, pour vos avis

12 commentaires:

Laurent Lefeuvre a dit…

Merveilleux ! Une fois de plus !

Tu sais, cher phil, je crois vraiment que tu tiens un truc, là : Tu pourrais continuer sur cette voie, et proposer un bouquin qui revient, analyse, et décortique les pouvoirs et accessoires de super-héros, voire permet au lecteur de se mettre dans sa tête en lui faisant partager quelques-unes des meilleures séquences de description sensorielles : "Qu'est-ce que ça fait d'être Daredevil ? Spider-Man ? Wolverine ? ...

Philippe Cordier a dit…

C'est très gentil mais cette idée se heurte à un petit souci et un gros souci
-le petit : dans l'ordre de mes "priorités BD" il me manquera du temps
-Gros souci : je n'ai guère d'intérêt pour tous les autres perso. Éventuellement Wolverine peut se prêter à un angle intéressant avec son pouvoir auto guérisseur mais sinon j'ai bien peut d’avoir épuisé les sujets qui m'intéressaient

mais qui sait...

Laurent Lefeuvre a dit…

Je comprends.
Et puis autant ça peut être amusant le temps de faire un post ou quatre(aussi copieux et riches soient-ils), autant rentrer dans la démarche (plus littéraire) de relever les textes, choisir les dessins, qui tentent de décrire par les mots, par l'image, ce que ce doit être que de traverser l'infini sur un surf, ou d'être le fils immortel d'un dieu Viking, ou de voir le monde par les autres sens que la vue, ou de sentir en soi monter la sauvagerie du monde... BREF : C'est quoi d'être dans la peau de ces créatures là ?

Il faudrait alors convoquer des écrivains (je pense à Oliver Sachs qui a écrit sur la perception du monde par les aveugles, les autistes..., notamment dans "l'Oeil de l'Esprit" - cité en exergue du chap. 3 de Fox-Boy).


En tout cas, je crois, ça ferait un angle intéressant pour faire un bon bouquin. Pas un pavé, mais un petit guide sympa sur le genre.

Ou une série d'articles pour Comic-Box, why not ? =;O)

Philippe Cordier a dit…

vi, si faut aider/participer, mon sens (exacerbé comme ceux de Matt) du sacrifice rentrera en action

RDB a dit…

Excellent boulot !
Tu t'amuses bien, dis-moi...

Les illustrations choisies permettent de rappeler au passage l'importance du lettrage dans la série : c'est aujourd'hui (re)devenu une des signatures du titre avec le run de Waid-Rivera-Samnee, mais par le passé, on peut déjà relever les efforts dans ce sens par Miller (et ses dessinateurs quand il se contentait d'écrire).
Dans "DD", le lettrage est vraiment une partie entière de la mise en images pour souligner l'importance que ça a pour le héros.

C'est aussi l'occasion de déplorer le trop court passage de Marcos Martin sur la série, au début de la période Waid. Je crois me rappeler d'une interview où il avouait que DD ne le passionnait guère, et ça m'avait surpris parce que c'était un personnage fait pour lui. J'aurai aimé qu'il continue à alterner les arcs avec Rivera. Mais heureusement Samnee est arrivé (et quand il a besoin de souffler, Javier Rodriguez fait de belles choses, même si c'est un peu moins abouti).

Il est apparemment acquis que Waid et Samnee vont quitter la série, et même si DD a eu de la chance artistiquement à plusieurs reprises, je me dis que ça va quand même être compliqué de trouver des auteurs de cette trempe après eux (dommage que Immonen soit engagé sur "All-New Captain America" car il avait exprimé son intérêt pour tête à cornes il y a quelques années et je pense qu'il en aurait fait quelque chose de sympa).

En tout cas, bravo pour cet article (et merci pour les infos sur Mauricet dans un précédent commentaire).

Philippe Cordier a dit…

Oui je me suis bien amusé, avec si possible un peu de fond et des illues ad hoc, mais c'est long etcomme dit + haut seuls ces 2 perso me motivaient
Tu as raison sur Immonen il aurait été intéressant de le voir sur le perso
Le run de Waid/ Samnee était excellent mais la force de ce titre est de souvent inspirer les équipes donc je suis curieux de voir la relève. Quant à Marcos Martin je ne savais pas qu'il n'était pas plus intéressé que ça par DD mais je pense qu'il était encore plus adapté à Spidey en fait

JP Nguyen a dit…

Je suis déçu, j'attendais un article sur les TMS, moi!
Sinon joli tour d'horizon. En terme de niveau de détail du sens radar, je trouve que le rendu de Scott Mc Daniel était pas mal (pas trop détaillé ).

Philippe Cordier a dit…

aie je n'ai tellement pas aimé du tout ce run Chichester/MCDaniel que j'en ai gardé l'impression suivante : le lecteur lisait l'ensemble du comics en simulation de sens radar : -)
Mais je prends sur moi, je regarde ces numéros et que vois je? : tu as raison : le côté brouillon du sens radar colle plutôt bien

RDB a dit…

En repensant au run de Brubaker/Lark, je me suis souvenu d'une interview du scénariste au sujet de DD et ses sens (itw dans un n° de "Comic Box" il y a un bon moment maintenant).
Le journaliste (Xavier Fournier certainement) avait relevé que dans les deux premiers arc de son run Brubaker s'était concentré sur un sens chaque fois (l'ouïe et l'odorat) et Brubaker avait répondu qu'il comptait bien exploiter pour chaque histoire un des sens de DD.
Pourtant, en parcourant les épisodes suivants jusqu'à la fin de son run, ça n'a pas été le cas. Bon, on peut comprendre que construire toute une intrigue sur le goût par exemple aurait été difficile.

Un autre souvenir que j'ai, qui remonte à très loin, c'étaient des propos tenus par Denny O'Neill, qui a écrit des épisodes de DD entre les deux runs de Miller, quand a débuté Mazzucchelli.
O'Neill n'aimait pas le terme " sens radar" ni son utilisation, en fait il n'y croyait pas. Pour lui, DD était comme en symbiose avec New York, ce qui expliquait qu'il s'y repérait si bien, notamment au point d'y accomplir ses acrobaties.
Je pense que si cette direction avait été explorée après lui, ça aurait changé radicalement l'appréciation et l'exploitation du personnage - notamment maintenant que Waid l'a ramené à San Francisco (à moins de penser que DD peut entretenir un rapport spatial particulier avec la ville en général, quasiment comme Jack Hawksmoor dans "The Authority" qui ne fait qu'un avec les cités !).

Philippe Cordier a dit…

je n'ai pas souvenir de ce raisonnement de O Neil mais c'est intéressant. Délicat (car l'excès arrive vite) mais intéressant
La présentation de Miller (tout toucher en même temps) me plait davantage, en + d'uncfertaine...poésie

JP Nguyen a dit…

Dans ma périlleuse tâche de réhabiliter le duo Chichester/McDaniel, j'ose citer le passage final de "Fall from Grace" qui, je trouve, retranscrit pas mal le rapport de DD à New York :
" Daredevil reaches out. New York touches him back. And the hero and the city belong to each other."

Philippe Cordier a dit…

ouais ben réhabiliter un run bien "naze" avec une phrase, même jolie ...:-) Faudrait que je le relise je n'ai tellement pas aimé qu'il fait partie des rares périodes dont je n'ai pas pris tous les numéros; Un scénariste que je trouvais prétentieux et sans intérêt, un dessinateur pas toujours lisible en narration (le n et b devait être sympa par contre)un costume immonde...pas la joie