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lundi 12 juin 2017

Encore Bill

 Je reviens, encore et déjà, sur Sienkiewicz, car si j'ai montré la semaine dernière cette couv du mag Draw!, je viens d'en trouver 2 versions sur le net
Je sais que cette commande fut perdue/volée, mais je ne me souvenais plus qu'il l'avait refaite. Différemment
Les 2 sont classes, mais je préfère (de peu) la première, essentiellement pour le Joker
 
 Pareil pour cette couv, dont je retrouve des "sketchs" qui ressemblent à des esquisses préparatoires. Bonne idée d'avoir incliné la tête du perso au final je trouve
 
 
 Quand il officie en tant qu'encreur, je suis très admiratif du rendu qu'il donna à Lee Weeks...
 et à John Buscema
 mais je trouve sans intérêt de passer du temps à encrer Greg Land qu'il parvient à peine à "salir" (il aurait du aller plus loin)
 A la couleur/peinture il est excellent...
 mais parfois/très rarement, je suis déçu, comme sur cette couv
Pour relativiser il suffit néanmoins de voir comment certain peuvent saccager son boulot, comme avec cette approche stupide (pour moi en tout cas), et à l'opposé de ce que demande le dessin, du coloriste Tom Smith

12 commentaires:

Laurent Lefeuvre a dit…

Tout est dit !

Philippe Cordier a dit…

En vous remerciant

RDB a dit…

Ce qui me sidère avec Sienkiewicz, c'est que... Je ne l'aimais pas du tout quand j'étais ado. Je ne comprenais pas ce style de dessin/peinture, ses découpages, les tronches qu'il infligeait aux personnages... Mais je venais de loin : pour moi, sorti de Byrne, pas grand-chose ne valait le coup d'oeil ! Mais ça a provoqué des engueulades terribles avec un ami qui, lui, adorait Miller, Sienk' et tout un paquet d'hurluberlus (Steranko ! Kirby !). A cette époque, en vérité, j'étais un peu snob : je n'aimais que le beau dessin ou le dessin efficace. Si l'ado que j'étais avait su qu'un jour je vénérerai Mazzucchelli, il m'aurait lancé des pierres !

Mais j'ai fini par y arriver, de manière détournée, grâce à... Druillet ! Ce fut comme une révélation : je retrouvais chez Sienk' cette folie, cette démesure, cette liberté que Druillet, seul, semblait s'autorisait (au même moment, j'ai commencé à tolérer Moebius chez Giraud, et incidemment d'autres iconoclastes comme Steranko - qui considérait justement Druillet comme "le plus grand" - , Kirby). J'ai compris que des passerelles, parfois implicites, souterraines, existaient entre les artistes de partout.

Cela dit, si Sienk' m'impressionne aujourd'hui, je le préfère quand même comme illustrateur que comme narrateur parce qu'il faut quand même s'accrocher : voilà de la BD traversée de fulgurances, tourmentée, poétique aussi. En interview, c'est aussi un excellent client, qui n'a pas sa langue dans la poche et semble très cool (je me souviens d'un "Comix Box" où il s'estimait "dépassé", louait le talent de Jill Thompson, parlait d'Elektra comme d'"une salope ninja et un demi-dieu" - sacrée bonne formule !). Quand il signe des couv', des portraits, des visuels, c'est impossible de ne pas s'arrêter pour admirer.

En tant qu'encreur, par contre, j'ai encore un souci avec lui car je trouve que sa personnalité graphique est tellement puissante qu'elle écrase celui dont il s'occupe. Je reste attaché aux encreurs qui n'en rajoutent pas trop sur le travail du dessinateur, des "finisseurs" (Austin/Wiacek/Ordway avec Byrne, Wiacek avec Smith, Von Grawbadger avec Immonen ou Neary/Farmer avec Davis par ex). Sienk' me fait penser à Joe Kubert : quand ce dernier encrait ses fils par exemple, non seulement c'était magnifique, mais surtout meilleur que le dessin original. Je ne pense pas qu'il refaisait le dessin mais il se l'appropriait parce que c'était un dessinateur gigantesque qui aurait absorbé le dessin de n'importe qui.
Sienk' sur Byrne ou Buscema, ça produit quelque chose d'intéressant, de curieux aussi parce que lui est dans un registre anguleux, agressif, "dirty", sur des dessinateurs très forts sur les courbes, les volumes, la simplicité. Le mélange n'est pas moche (quand même), mais c'est comme mélanger du sel et du sucre : on sent bien que Sienk' n'est pas qu'un simple encreur, là pour repasser sur des crayonnés, pour finir l'ouvrage.

Philippe Cordier a dit…

Pour des raisons différentes je n'aimais pas non plus trop BS quand j'étais jeune et également aujourd'hui je le préfère en illue qu'en narration
Pour le reste je ne te suivrai bien sur pas sur Druillet :)
Et sur l'encrage je comprends que tu préfères ceux qui respectent le trait de crayon mais attention, dans ta liste il y a presque un intrus : Ordway n'a pas toujours respecté Byrne (un peu sur FF, très peu sur JLA) et je trouve ça "pire " que BS car au moins en embauchant Janson ou Sienk' on sait qu’ils vont mettre leur patte, alors que Ordway est censé respecter et ne le fait pas toujours
Pour les autres encreurs cités je suis d’accord

JP Nguyen a dit…

Je ne serais pas aussi sévère que toi sur la colo de Smith pour le dessin d'Elektra. Certes, c'est un peu froid mais ça n'écrase pas le dessin comme le ferait Dean White.

Sinon, BS (quelle feinte pour ne pas écrire le nom en entier !), c'est quand même un virtuose. Sur FB, les gens repostent souvent ses sketches/peintures et il assure grave (dernièrement un portrait d'Adam West à moitié masqué, suite au décès de l'acteur...)

Philippe Cordier a dit…

oui c'est aussi ce qui me fait le préferer en tant qu'illustrateur

Pour la colo de Tom Smith je persiste, je signe, et j'enfonce le clou car White aurait colorisé à la truelle certes, mais dans un esprit un peu "trash" pas sans aucun lien avec Sienk', même si pas avec le même talent. Tandisque Smith sur ce dessin, pour moi, est la parfaite antithèse de Sienk' : appliqué, scolaire, froid, sans virtuosité, plein d'effets automatiques faciles...bref, sans talent pour le coup

Laurent Lefeuvre a dit…

Tu me surprends, JP !

Second degré ?

La colo de Tom Smith est si mauvaise, mal sentie et à côté de la plaque, qu'elle pourrait servir de modèle à tout ce qu'il ne faut pas faire quand on bosse sur un sketch enlevé, nerveux comme celui de Sienkiewicz.

La peau traitée comme du plastoc, le sang (noir) traité à l'aéro, le fond Photoshop pour débutant qui la fait flotter... dans RIEN, alors qu'elle est campée au sol, la saturation extrême, les reliefs mal compris qui trahissent, obscurcissent, et contredisent l'économie du dessin...

C'est un complet mystère pour moi que certains editors aient l'air à la fois de mesurer le génie de certains (comme Bill S.)... et livrent malgré tout leur travail à de tels mauvais.

Philippe Cordier a dit…

on est d'accord


mais je pense que c'est une com, colorisée à la demande d'un fan (de mauvais goût) donc laissons, pour une fois, les editors en dehors

Laurent Lefeuvre a dit…

OK, mais ça vaut aussi pour les fans !
Aimer Tom Smith ET Bill S...

Greg Land ou Rob Liefeld, je comprends, mais en imaginant les tarifs de Bill S., c'est étrange de penser qu'on aie envie d'allier l'un et l'autre.

Enfin bon...

(smiley dépité)

Philippe Cordier a dit…

c'est sur
j'ai le même ressenti quand je vois des com au crayon, que le gars va faire encrer par le premier encreur venu (pas sur une copie/blueline... mais sur l'original)
Et que dire des idiots faisant colorier sur l'original des planches originales

JP Nguyen a dit…

Alala, les gars, vous êtes sans pitié !
Bon, en zoomant, j'admets que certains détails piquent un peu (la main droite, toute mal définie...)

Mais, au moins, on peut encore reconnaître le dessin de Bill S... Et je trouve ce dessin suffisamment puissant pour survivre à la colo...

A une époque, certains dessins de pinups en bonus dans les comics Marvel ou certaines images de poster-books ne bénéficiaient pas de meilleure colo...
Je suis loin de dire que je trouve ça beau ou génial, c'est juste que je suis beaucoup moins "choqué" par cette colo que Phil (ou Laurent...)

Philippe Cordier a dit…

oui je suis "choqué" par le manque de sensibilité artistique évident, mais plus encore par l'idée même qu'un coloriste pro puisse aller autant à l'opposé de l'approche d'un dessinateur
je préfère, de très loin, les colo en aplats des années 70/90 de chez Marvel, simples mais souvent avec bien plus de goût


et nous sommes méchants