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lundi 8 avril 2019

This is the sound...

 J'ai parfois envie de survoler des sujets pour lesquels il faudrait, je le réalise en les préparant, un blog entier
Le lettrage en est un
Au sein même du lettrage, le rendu du son/bruit en est un autre.
Tant pis, je survole quand même
Attention, révélation : il n'y a pas de son dans les comics (ni dans les bd)! Pourtant il faut que le lecteur entende
Le lettrage vient donc compléter, sur ce point, ce que le dessin ne suffit pas à faire seul.

Si le coloriste est le chef op d'un film,le lettreur est l'ingénieur du son
Son boulot doit être bon et/donc discret

Un exemple de rendu (ultra) classique du son, sur Born Again, par Joe Rosen
Sons bien placés, rendu sonore fidèle aux conventions du genre...
 Le patron, ou plutôt  l'un des, c'est Eisner qui a souvent joué du son dans ses bandes
 Parfois on est stoppé net dans la lecture par la pauvreté ou l'étrangeté du choix de sonorité ou de placement d'une onomatopée (Chris Eliopoulos n'est pourtant pas un manche)

 John Workman était un chef, avec Simonson, dans le domaine des grosses onomatopées bien lourdes, mais bien placées, et raccord avec le style de dessin et le thème
 La finesse, c'est bien aussi, comme là avec Marcos Martin qui compose sa page avec élégance, et en intégrant dans le design une onomatopée qui, en plus, guide l’œil comme il faut
 Daredevil mériterait une entrée, ou plus, sur lui et le traitement du son chez un héros aveugle
 Je n'ai trouvé sur le net (flemme de scanner mon comics) que cette toute petite image avec un texte idiot, mal placé et inutile sur un coup de poing made in Romita Jr/Williams, qui se suffit sans texte (cf image d'après, l'original d'où s'est détaché le lettrage)
 
 Frank Miller était bon dans le choix des sons. Sur cette page de DKR un tiers de ladite page est consacré au son de l'orage
 et son intégration des sons dans le gaufrier m'a toujours intéressé
C'est ce qui s'appelle faire d’une faiblesse (pas de son) une spécificité/force visuelle
 Il a également souvent joué de l'absence de son pour une image forte.
Qu'apporterait un gros bruit collé sur cette trempe?
 Sur un dessin réaliste, un son collé en lettrage est souvent inutile, et viendrait même perturber la lecture par un mélange de styles
Ici, V For Vendetta/ David Lloyd
 En terme d'inutilité Byrne, ou son editor, a fait fort, en mettant un gros pavé pour indiquer qu'il n'y a pas besoin de texte sur l'image de Romita jr!
 Je termine avec celui qui est probablement le meilleur dans ce domaine (et d'autres) sur ces dernières années : Frank Quitely
Quelle intégration géniale du lettrage/son dans les dessins!
 
 Une image finale en forme d'hommage à celui qui fut l'un des pionniers du lettrage (ici sur des exemples de ses créations) Gaspar Saladino

12 commentaires:

Laurent Lefeuvre a dit…

Génial !
Le temps où la couv d'un comics :

1 - Racontait quelque chose en rapport direct avec l'histoire (même si exagéré).
2 - Intégrait bulles, textes

me manque.

Qui peut dire quel comics raconte quoi, de nos jours, rien qu'en en regardant la couverture ?
À plus forte raison, quand le dessinateur de la couverture n'est NI celui qui en a dessiné l'intérieur... et n'en connaît pas le contenu ?

(c'était un nouvel épisode de "Laurent râle encore sur le c'était mieux avant").

Frédéric Steinmetz a dit…

Les onomatopées chez Alan Davis, sur sa reprise du titre Excalibur, s'intègrent aussi à la mise en page et au dynamisme du dessin. J'aime beaucoup les auteurs qui jouent avec le lettrage, qui est une vraie spécificité de la bande dessinée. Si je ne suis pas un grand fan, Russell Dautermann s'amuse aussi avec les onomatopées, rappelant un peu ce que fait l'incroyable Quitely !

Philippe Cordier a dit…

Ah mais oui il me revient ce gars qui faisait des sons dans Excalibur! Brillant!
Plus que les onomatopées elles mêmes, je dirais que c'est bien le son au sens large, où plutôt le défi qu'il constitue en Bd, tout comme le mouvement, qui est, ou devrait être plus au coeur de l'approche d'une planche. Des auteurs savent l'intégrer, d'autres moins, certains jouent avec (ah, Quietly!!)d'autres nous donnent l'impression de l'entendre avec une économie de moyens, d'autres encore à gros renfort de lettrage énorme...C'est un art

Mysterycomics-rdb.blogspot.fr a dit…

Actuellement, un scénariste comme Tom King pense vraiment certains de ses scripts en fonction des onomatopées, des sons suggérées ou visuellement indiqués. Dans ses épisodes de "Batman", il n'hésite pas à consacrer la quasi-totalité des pages aux grognements, halètements, râles, etc, qu'expriment deux personnages se battant, courant, faisant des sauts, etc (une bagarre entre Batman et KGBeast dessinée par Tony S. Daniel, un chapitre où Batman poursuit sans un mot un fugitif conçu comme un hommage à Tex Avery par Lee Weeks et Jorge Fornes).

Je suis tombé sur des commentaires du genre :"il se moque du monde en écrivant des épisodes comme ça, sans dialogues, juste avec des personnages qui se cognent ou se poursuivent". Pourtant, c'est plus qu'un exercice de style parce que King découpe très précisèment ses scripts et donc doit donner des indications précises au dessinateur et au lettreur pour s'assurer que les effets seront bien respectés.

Sinon, rien à redire sur les artistes que tu cites : effectivement, Marcos Martin est un maître en la matière, et Quitely est génial aussi pour ça. Je suis particulièrement sensible à ce qu'ils font parce que le lettrage non seulement reproduit le son mais aussi dirige le regard, spatialise en quelque sorte l'onomatopée, voire modèle le cadre. C'est très fort.

Philippe Cordier a dit…

oui c'est vrai que l'épisode que tu cites de King/Weeks est fort en ce sens
C'est le débat, plus large, des comics silencieux, et de l'apport (évident) du scénariste dans ces cas (à croire que bien des lecteurs confondent scénariste et dialoguiste)

Anonyme a dit…

Phil,

Pourquoi parles-tu de John Workman au passé ("était") ?
Il n'est certes plus tout jeune, mais il est encore actif.
Je le lisais (ou plutôt ses caractères :-) pas plus tard que l'année dernière sur "Mother Panic", et j'espère bien continuer à le voir officier sur "Ragnarok" de Simonson, qui devrait reprendre normalement un peu plus tard dans l'année. Au stade où en est Simonson sur ses épisodes en cours, Workman doit être justement en train d'oeuvrer sur ses effets sonores "simonsoniens" (à rallonge)... :-)

Philippe Cordier a dit…

Très bonne nouvelle, j'étais persuadé, sans vraie raison, qu'il etait retraité

Anonyme a dit…

Ben, comme toujours avec ce genre de personne, si tu as la chance de suivre les rares titres sur lesquels ils officient encore, tu es au courant, sinon, effectivement, on les croit retirés des affaires... C'est fort normal. Je suis sûr qu'il doit y avoir des connaissances du monde comic-book que je pense de mon côté retraités alors qu'ils ne le sont pas (d'ailleurs, à ce sujet, Terry Austin travaille t-il toujours pour Archie Comics ?).

En vérité, concernant Workman, je ne serais pas étonné qu'il prenne sa retraite quand Simonson prendra la sienne, façon Moore/O'Neil et quelques autres...

Philippe Cordier a dit…

Et bien en fait tu m'apprends que Austin travaille/ait pour Archie :)
Mes infos cessent à son encrage des Superman adv pour les enfants (avec Manley je crois)

Plumoc a dit…

Assurément un sujet,surtout les onomatopées, que l'on ne prend pas assez en considération et qui pourtant peut vraiment nuire,si pas totalement intégré à la planche,au récit.Depuis la généralisation de l'outil numérique c'est pour moi de pire en pire,avec une sorte d'aseptisation générale .En BD le "fait main" n'est pas une simple nostalgie,mais capital'pour l'expérience de lecture.

En réaliste Chéret,le dessinateur/narrateur de BD par excellence, est aussi très bon et inventif avec ses onomatopées ,vivantes et très expressives.

Anonyme a dit…

A l'opposé de la discrétion et du feutré, tu as l'incroyable boulot de Ken Bruzenak sur American Flagg! de Chaykin. Une orgie de lettrage manuscrit et typo, de logos et d'icones Letraset collées. Un boulot vieilli mais précurseur. Et le fait que ça soit pas du photosohp, mais du travail sur mesure sur les crayonnés, rend le final étonnement "digeste", alors que American Flagg! est surement la BD la plus bruyante que je connaisse.

Philippe Cordier a dit…

Ca me donne envie de m'en relire du Flagg tiens