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mardi 22 juin 2021

Rythme d'Elektra

 

Un (tout) petit moment que je n'avais pas évoqué ce petit chef d'oeuvre qu'est Elektra Lives Again

Miller a beaucoup refait de pages, beaucoup jeté et il y a donc des pages entières non utilisées

Celle ci m'a beaucoup intéressé

Voici l'une des  nombreuses belles séquences du livre : Matt rencontre Alice, ils couchent ensemble, Matt se lève, pense à Elektra et saute dans le "vide" pour la rechercher

Je vous incruste dans la scène la page non retenue

Intéressante, belle ("Ne t'inquiète pas Alice, retourne te coucher, ce n'est qu'un rêve") mais elle cassait le rythme, à la fois en terme de cases/découpages et de voix off interrompue


8 commentaires:

Laurent Lefeuvre a dit…

Quelle trouvaille !

Alors oui, cette planche cassait sans doute le rythme de l'histoire... mais ce rythme était déjà lent.

Moi, je vois un autre raison à cette supression.

Alice n'est (à mon sens) là que pour montrer que Matt Murdock, incapable de faire son deuil, ne fait plus partie des vivants.

Il a beau consommer des corps, cela ressemble moins à de l'amour qu'à un chagrin partagé, une autre absence de chaleur, provisoire et inefficace.

Comme le papier sulfuré qui n'arrête pas une hémorragie (c'est l'anecdote d'enfance que Matt raconte en off, dans cette scène).

D'ailleurs, quitter, quasiment nu, la couche chaude d'un lit et son amante pour lui préférer le ciel glacé de New-York, c'est clairement rejoindre la morte Elektra.
Jusqu'au misérable cache-sexe blanc, virginal, d'un Matt débarrassé de Daredevil.

Un ange à la Wim Wenders da,s "Les Ailes du Désir"(lui-même remake de "La Vie est Belle" de Capara et déjà, son ange dans la neige).

De plus, le fait d'enlever cette planche et donc, qu'Alice ne lui parle plus le matin, cela permet de ne pas rompre le dialogue intérieur muet de Matt et Elektra.

De plus, en disparaissant avant qu'elle ne se réveille (peut-être qu'ELLE se contente de cet échange physique) Matt garde son secret ("je suis aveugle et je saute du haut des immeubles").

Disparaître sans la revoir, ça permet à Matt de disparaître à elle... comme Alice n'existe déjà plus pour lui.

Il y a un côté Victor Hugo à ce moment, ce fameux poème où il va comme un fantôme, sur la tombe de sa fille adorée :



"Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit."

(je vous passe la fin !)

Franck.Biancarelli a dit…

Oui, il demeure seul, métaphoriquement et donc physiquement.

Franck.Biancarelli a dit…

Merci en tout cas.

Philippe Cordier a dit…

Entièrement d'accord, et on sent le gars qui a une bonne idée de dialogue (la bande finale de l'inédit) mais la sacrifie pour le sens/intérêt supérieur de la séquence

Et Laurent tjs ces partages de cerveau, je pensais à Hugo aussi, terminant juste un livret sur sa vie offert par ma fille pour la fête des pères

Paul Raffy a dit…

Très bonne idée d'avoir replacé cette page abandonnée dans sa séquence initialement prévue.
C'est vrai qu'elle aurait apportée une rupture dans le dialogue intérieur de Matt Murdock.
Mais la planche suivante à la dernière que tu as montrée, celle ou Matt, entouré de la bande de Ninjas dans le cimetière, se dit "Nothing to worry about, It's just a dream" aurait fait écho à celle-ci.
https://alchetron.com/cdn/elektra-lives-again-be427821-98e1-4d09-92ef-12d75622bea-resize-750.jpeg
Bon, juste la preuve que Frank Miller est un génial Storyteller.

Sinon, j'ai lu quelque part que Geof Darrow avait participé au dessin, dans les éléments de décor très détaillés : murs de briques, tuiles sur les toits.
Je ne sais pas si c'est vrai, mais il est crédité dans les remerciements à la fin du bouquin.

Philippe Cordier a dit…

avant de voir les crédits, et sachant leur lien d'amitié je m'étais fait la même remarque à l'époque, devant la profusion de détails

Paul Raffy a dit…

Une phrase de Frank Miller trouvée sur HA qui illustre bien ce que tu as montré dans cette entrée : "Elektra Lives Again was a tough job, the kind you learn from at any stage of the process that resulted of my finding better methods of storytelling".

https://comics.ha.com/itm/original-comic-art/frank-miller-elektra-lives-again-story-page-24-original-art-and-hardcover-book-graphitti-designs-1990-total-2/a/7244-92121.s?ic4=GalleryView-Thumbnail-071515

Philippe Cordier a dit…

purée il faudrait un artist edition, avec en bonus toutes les pages non utilisées!!!