J'ai beaucoup apprécié cette lecture, en vf chez Urban
Tous les fans de comics connaissent, au moins dans les grandes lignes, l'histoire de la création de Superman par Siegel et Shuster, le chèque qu'ont reçus ces deux jeunes gens, lançant ce qui deviendra la grande mode des super héros et les dépossédant par ce même geste de tous leurs droits à venir sur le perso, sur tous supports, le combat qu'il eurent à mener vers la fin de leur vie, aidés par Neal Adams entre autres, et leur accordant une rente et un crédit...
Ce livre synthétise pas mal de choses, ajoute des détails que j'ignorais, d'autre que je me suis amusé à retrouver sous un autre angle (comme le procès au cours duquel Eisner eut à expliquer pourquoi il a créée une "copie" de superman) le tout du point de vue du narrateur, le dessinateur Joe Shuster
Le trait du début, sans flash back, est proche de celui de Gipi, puis le livre change de ton, pour adopter des ambiances pastelles (la page d'exemple que je montre est avant lettrage). Ca peut heurter un peu, avec un côté guimauve s'ajoutant au pathos de l"histoire, et pour tout dire c'est ce qui fait que j'ai retardé mon achat, mais on s'y fait et le boulot, très sensible, de Thomas Campi est assez admirable
Julian Voloj est bien sur du côté de Shuster, mais il n'élude pas le contexte, l'aspect légal, les personnalités parfois grises de certains intervenants, et bien sur, le contexte
On apprend sans s'ennuyer, et on passe un très agréable moment, ce qui est déjà bien. J'ai un petit regret : le livre met en avant l'ironie, glaçante, d'être à l'origine de la création d'une icône de la pop culture, censée symboliser le bien absolu (selon les critères américains) et de se retrouver exploités par le système, par la grosse machine que deviendra DC. Et bien ce parallèle, ce mordant, aurait, je pense, gagné avec l'utilisation de 2 styles graphiques distincts : celui qui fut choisi, pour le corps du récit, et un autre, au trait, reprenant ou détournant les images/cases de superman, pour faire ce parallèle fiction/réel de façon plus marquée, et graphique
C'est un petit regret qui n'enlève pas grand chose au plaisir de cette lecture
Le "mot" de la fin, laissé au grand Neal Adams