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mercredi 16 janvier 2019

C'est un oiseau, c'est un avion...



J'ai beaucoup apprécié cette lecture, en vf chez Urban
Tous les fans de comics connaissent, au moins dans les grandes lignes, l'histoire de la création de Superman par Siegel et Shuster, le chèque qu'ont reçus ces deux jeunes gens, lançant ce  qui deviendra la grande mode des super héros et les dépossédant par ce même geste de tous leurs droits à venir sur le perso, sur tous supports, le combat qu'il eurent à mener vers la fin de leur vie, aidés par Neal Adams entre autres, et leur accordant une rente et un crédit...
Ce livre synthétise pas mal de choses, ajoute des détails que j'ignorais, d'autre que je me suis amusé à retrouver sous  un autre angle (comme le procès au cours duquel Eisner eut à expliquer pourquoi il a créée une "copie" de superman) le tout du point de vue du narrateur, le dessinateur Joe Shuster
Le trait du début, sans flash back, est proche de celui de Gipi, puis le livre change de ton, pour adopter des ambiances pastelles (la page d'exemple que je montre est avant lettrage). Ca peut heurter un peu, avec un côté guimauve s'ajoutant au pathos de l"histoire, et pour tout dire c'est ce qui fait que j'ai retardé mon achat, mais on s'y fait et le boulot, très sensible, de Thomas Campi est assez admirable
 Julian Voloj est bien sur du côté de Shuster, mais il n'élude pas le contexte, l'aspect légal, les personnalités parfois grises de certains intervenants, et bien sur, le contexte
 On apprend sans s'ennuyer, et on passe un très agréable moment, ce qui est déjà bien. J'ai un petit regret : le livre met en avant l'ironie, glaçante, d'être à l'origine de la création d'une icône de la pop culture, censée symboliser le bien absolu (selon les critères américains) et de se retrouver exploités par le système, par la grosse machine que deviendra DC. Et bien ce parallèle, ce mordant, aurait, je pense, gagné avec l'utilisation de 2 styles graphiques distincts : celui qui fut choisi, pour le corps du récit, et un autre, au trait, reprenant ou détournant les images/cases de superman, pour faire ce parallèle fiction/réel de façon plus marquée, et graphique
C'est un petit regret qui n'enlève pas grand chose au plaisir de cette lecture

Le "mot" de la fin, laissé au grand Neal Adams

10 commentaires:

Laurent Lefeuvre a dit…

Lu aussi.

C'est étonnant : je n'avais même pas remarqué le changement de technique entre le début et la fin. J'étais dedans.

J'ai du mal à savoir quoi en penser.

C'est un bon album, et utile, sans doute.
Il est bien écrit, très bien dessiné (l'approche européenne est une grande idée, très bien traitée).

Après..., je ne peux m'empêcher de penser que j'aurais aimé être immergé plus que ça dans la naissance d'une mythologie, que le dessin soit mis au service de faire du lecteur, le témoin, au fil des pages, d'une sorte de naissance d'univers (les super-héros, de 1939 au film Superman de 1978 - 40 ans après (voire jusqu'à 2018 - ENCORE 40 ans plus tard), pour mieux faire comprendre encore à quel point les créateurs furent au mieux les témoins impuissants, au pire, les pionniers oubliés (combien pensent aujourd'hui que Stan Lee a inventé les super-héros ?).

Car ce n'est pas QUE Superman que ces deux-là ont inventé. Ils ont véritablement créé le trait d'union entre les héros de pulps de leur enfance (c'étaient alors eux-même des ados !). Devant ce fait, l'injustice de leur destin est encore plus criante.


De mon point de vue (celui de quelqu'un qui a passé un pourcentage assez conséquent de son temps de vie à lire des comics de super-héros) j'aurais aimé lire deux histoires parallèles (celle des créateurs de Superman au centre, et celle des super-héros qui sont leur héritage). Et de ces deux récits, assister comment celle de Siegel et Schuster serait devenue de plus en plus mineure au fil des décennies.

A la fois, cet album est donc vraiment un boulot remarquable, mais quelques semaines après lecture, je me prends à y repenser en rêvant au chef-d'œuvre encore plus édifiant que ça aurait pu être.

Je recommande néanmoins, évidemment.

Philippe Cordier a dit…

ne dirais tu pas, au final, autrement mais mieux que moi, ce que je dis? Quand je parle de regretter de ne pas avoir eu deux histoires croisées, dans deux styles différents
Nous aurions eu un canevas plus vaste et,en effet un livre magistral au lieu d'un bon livre

Laurent Lefeuvre a dit…


Ah ben oui, tiens !

"Mieux" : je ne sais pas. Plus bavard, sans doute ! =:^)

Disons que j'ai une idée précise en tête, sur la forme que j'aurais choisie, ou plutôt "les" formes, car il y aurait en effet deux traitements différents, sous la forme d'une lente distanciation entre un récit et l'autre (niveau de gris pour les spoliés, couleurs de plus en plus bariolées, stylisées, artificielles, tramées, pour les autres.
Une place des cases de plus en plus petites dans l'espace de la page Shuster/Siegel (dans un coin ?), avec des pourtours de plus en plus épais, et lentement gagnés par le noirs, au dessin de plus en plus raide, rèche, dépouillé, à l'image de l'état moral de Shuster/Siegel au fur et à mesure.

Le rêve qui se transforme lentement en cauchemar à la Maus.

Dans le livre, l'omniprésence des teintes pastels du début à la fin, rend presque douceâtre à mes yeux... un récit socialement, éthiquement de bien plus VIOLENT !

Laurent SIEURAC a dit…

Beaucoup aimé ce récit !
Après en effet, on aurait pu avoir une vraie mise en abyme afin que l'immersion soit totale....Vous savez ce qu'il vous reste à faire maintenant ;)

Philippe Cordier a dit…

Oui laurent (L) c'est l’effet "guimauve" que je notais en le regrettant, je suis entièrement d'accord
Alors écoutons l'autre Laurent, et faisons une version perso (et illégale bien sur, pour rester dans le ton)
Lionel le livre reste intéressant cela dit

Laurent SIEURAC a dit…

Mais quel rebelle tu fais, Phil !!!!

Philippe Cordier a dit…

je veux juste tester le service juridique de DC
C'est de la curiosité

Anonyme a dit…

Je fais un petit retour sur la remarque de Laurent "(combien pensent aujourd'hui que Stan Lee a inventé les super-héros ?)".

Je dirais que depuis le traitement de la mort de Stan Lee par certains médias (médias que j'apprécie pourtant par ailleurs quotidiennement), on a franchi un nouveau cap !

Le lendemain de la mort de Stan Lee, les rédactions de France TV et Radio France annoncèrent en effet que "le dessinateur américain Stan Lee, créateur des super-héros Marvel Spider-Man et X-Men, est mort hier à l'âge de 95 ans".

Ce fut consternant, et, en même temps, poilant (tout proportion gardée par rapport à la tristesse liée à l'événement lui-même), de voir ce bon gros iceberg se balader en toute tranquillité sur France Info (TV et radio), France 2, France 3 et France Inter aux heures de pointes matinales...

Copies écrans à votre dispo si vous en voulez.

J'en profiterai pour vous joindre une copie écran de cette analyse d'une amatrice experte de la série TV Daredevil, qui, dans un gratuit bien diffusé, ventait les mérites de la série en ces termes, que je reprends ici :
"J'ai une nette préférence pour les héros, super ou non, de DC Comics : je trouve leurs personnalités, leurs doutes et leurs sentiments bien plus ambigus, compliqués et intéressants. Avec Daredevil, on est servi !"

Le niveau de la cours de récréation de notre enfance n'est pas loin... LOL

Philippe Cordier a dit…

Excellent
Pour ne pas être trop sidéré ou déçu je me dis, comme Miller avant l'arrivée des super slips en blockbusters cinoche, que c'est notre petit coin sombre et méprisé par les medias (sauf 48 h par an pour...Angoulême) et c'est (etait) très bien comme ça

Anonyme a dit…

Oui, moi-aussi, je regrette parfois le temps béni... :-)