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dimanche 29 mai 2022

Géniale simplicité

 

 

Je crois bien que je ne cesserai jamais de revenir à Will Eisner

Aujourd'hui, une toute petite séquence de ce qui est l'un de mes livres favoris de l'auteur, A Life Force

le personnage veut en finir

On rentre chez lui par la fenêtre, le flottement est symbolisé par l'absence de cadres à la règle, tout est lent, le temps s'étire jusqu'à la dernière seconde où le saut est interrompu

Tout s'accélère, le "sauvetage involontaire" donne lieu à une première bande 100% ellipse, on saute d'un lieu à l'autre, et dans le temps, en 3 cases (ce qui m'a également amusé est que pour l'anecdote mes parents, jeunes, ont vécu, sans dédommagement, la même situation, la même demande que celle faite au "héros")
La seconde bande nous renvoie à la fenêtre, signe que le lecteur doit s'apprêter, comme en page précédente, à sentir le temps ralentir à nouveau, cette fois encore il ne sautera pas, mais de son fait

Le lendemain tout est toujours à hauteur d'homme dans le cadrage, le lecteur doit faire appel à son ressenti du quotidien pour comprendre que le temps s'écoule complètement normalement, ni trop vite ni trop lentement
Le perso plonge, il "chute" socialement par le biais de l'escalier de la dernière case
Rupture du cadrage 


En bas, après une case d'exposition qui, à mes yeux, est ce que l'on peut faire de mieux en terme de compo simple et d'encrage, le temps va à nouveau se ralentir en bande 2, celle qui rappelle au héros qu'il y a toujours pire, socialement, que soi

Puis il trouve un travail, déclassé et signe de sa chute sociale complète

Ellipse, fin de journée, le passage du temps est marqué par la nuit et la déchéance du perso appuyée par la plongée (et quelle case au passage!!!) 
Il rentre chez lui, il s'élève lentement, sa voisine le perturbe, symbolise le changement, le cadrage bouge, vue d'en haut, plan serré, plan moyen, serré... sa vie va basculer, on le sait, on le sent maintenant

La suite... dans le livre (je vais pas vous décrire toutes les pages non plus : )


7 commentaires:

Lionel a dit…

Toujours aussi magnifique ! Les mots me manquent (une rareté :))

Lionel a dit…

Unknown se prénomme Lionel :)

Laurent Lefeuvre a dit…

Belle lecture commentée !

Je pense à Rocky.
Le premier film de la saga, en 1976 (7 nominations et 3 oscars dont meilleur scénario pour Stallone himself - toujours bien de le rappeler).

Une chronique modeste et touchante de communautés modestes en Amérique (Italienne pour l'un, juive pour l'autre).

Et je revois l'entrée de la façade en briques de chez Rocky, près d'un pont, les quelques marches qui mènent à se porte, l'éclairage public défaillant (il veut changer l'ampoule lui-même). La banlieue modeste de Philadelphie?

Il y a du Eisner là-dedans !

Même la musique de Bill Conti (oscarisée aussi) contribue à ce parallèle Eisner/Rocky.

Je regarde les pages que tu décris (faites en 1984), et avec leur ambiance en tête, j'imagine que Rocky 1er du nom... est une BD créée par Eisner.

Et après... je me dis que j'aurai bien du pain sur la planche pour tenter, dans une autre forme évidemment, de restituer un peu de cette magie locale (Rennes, en ce qui me concerne), quand je réaliserai mes futures séquences de Fox-Boy.

Jocelyn a dit…

Stallone est d'ailleurs né à hell's kitchen

Philippe Cordier a dit…

Moi dès que je vois des rues de New York je me crois dans un lieu dessiné par Eisner ou Miller

Lionel a dit…

"Moi dès que je vois des rues de New York je me crois dans un lieu dessiné par Eisner ou Miller" D'un coté la jungle urbaine avec sa violence de l'autre un lieu de vie peuplé d'invisibles :) Lionel

Philippe Cordier a dit…

Le mélange donnant la vraie vie